À quel point les plages sont-elles polluées par les plastiques ? Podcast Por  arte de portada

À quel point les plages sont-elles polluées par les plastiques ?

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Entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique seraient déversées dans l’océan chaque année. Sous l’effet des courants marins, des « vortex de déchets » se sont formés. Selon des estimations, les deux tiers s'échoueraient in fine sur les plages. Une récente étude montre que du plastique est même enfoui sous le sable.

Toutes les plages n'étant pas envahies de montagnes de plastiques, des chercheurs se sont demandé où ils pouvaient bien passer.

Astrid Delorme, en post-doctorat à l’Ifremer et autrice d’une étude parue dans le Marine Pollution Bulletin, a mené des investigations sur des plages à Hawaï parce que l'archipel est le réceptacle de beaucoup de déchets venant de l’un des « vortex de plastiques » de l’océan Pacifique. Du sable a été prélevé jusqu’à un mètre de profondeur. Résultat : 91 % des plastiques n’étaient pas en surface, mais en dessous. « On a trouvé des plastiques jusqu'à un mètre de profondeur », explique Astrid Delorme. « On a trouvé par exemple 2000 à 3 000 particules de plastique à 60 à 90 cm de profondeur. Ce que nous on a trouvé, c'étaient plutôt des petits fragments, d’une taille comprise entre 5 à 6 cm. »

Fragmentation

Des plastiques susceptibles de se fragmenter encore pour devenir des microplastiques, d’autant que leur fragilité dans l’environnement a été mesurée. « On a vu que 92 % des plastiques qu'on a échantillonnés sont fragiles dans des environnements où il y a des vagues, des mouvements de sable, etc. Cette fragilité rend la formation de microplastiques hautement probable », explique Astrid Delorme.

La concentration varie en fonction des saisons. Davantage de plastiques ont été retrouvés en hiver, peut-être en raison du renouvellement du sable. La grosseur des grains de sable jouerait aussi sur la rétention et la taille des fragments de plastiques.

Impact environnemental et culturel

Quoi qu'il en soit, il est difficile d’y remédier. Nettoyer davantage en surface avant que les déchets se fragmentent pourrait permettre de réduire la pollution souterraine. Mais draguer et filtrer le sol en profondeur parait difficilement envisageable, sans compter que cela risquerait d’endommager les écosystèmes et à Hawaï des sites funéraires ancestraux.

Astrid Delorme voit d'ailleurs dans cette pollution de lieux de sépulture un manque de respect.

Dans le cadre de cette étude, l’impact sur l’écosystème n’a pas été analysé. Mais la chercheuse fait l'hypothèse de conséquences potentielles sur la flore et la faune qui vit dans le sable, comme des petits crabes.

Dans le nid des tortues

Ailleurs, le plastique sur les plages a été identifié comme un élément perturbateur de la reproduction des tortues. « On remarque sur des sites comme Aldabra que les tortues ne peuvent plus creuser leur nid à cause de l'accumulation de plastique », explique Simon Bernard, président de Plastic Odyssey, qui en accord avec l’Unesco s'apprête à nettoyer cet atoll des Seychelles. « Et la quantité de microplastiques dans le sable influe sur la température des nids et donc a une influence sur le sexe des tortues. Il y a moins de femelles qui naissent », ajoute-t-il.

En Chine, des microplastiques ont été retrouvés dans le fond de nids de tortues. En Floride, aux États-Unis, il en a même été détecté dans des œufs non viables.

Est-ce que le nettoyage des plages permettrait de réduire la quantité de grands et microplastiques ? Peut-être, mais la tâche est déjà titanesque d’où les appels à limiter la production.

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