Amnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge Podcast Por  arte de portada

Amnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge

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Avec la Birmanie et le Laos, le Cambodge est le centre du monde de l’escroquerie en ligne. Les victimes sont bien sûr les internautes, qui se font arnaquer, mais un nouveau rapport d’Amnesty International documente l’autre face de la médaille : sur 242 pages, l’ONG plonge dans l’enfer de ces centres d’arnaque. Torture, esclavage, travail forcé, autant de violations des droits humains que Amnesty a retracées. Cette enquête, la plus complète à ce jour, a permis de mettre en lumière les cas de 58 victimes. Leurs témoignages donnent un aperçu du cauchemar qu’ils ont vécu et que des dizaines de milliers d’autres vivent encore. Selon une estimation des rapporteurs spéciaux des Nations unies, plus de 100.000 personnes de différentes nationalités étaient victimes de trafic d’être humains en 2022 au Cambodge. Dix-mois d’enquête ont été nécessaires pour ce rapport d’Amnesty International intitulé « J’ai été la propriété de quelqu’un ». Être la propriété d’une bande criminelle, c’est exactement ce qui est arrivé à une jeune Thaïlandaise de 18 ans, qui cherchait sur les réseaux sociaux un travail pour ses vacances scolaires. Des recruteurs lui envoient alors de belles photos d’un hôtel avec piscine, accompagnée de la promesse d’un bon salaire pour un job administratif en Thaïlande. Une promesse qui tourne au cauchemar, car elle sera emmenée de nuit au Cambodge. Cette victime de traite des êtres humains y passera dix mois, séquestrée par des hommes armés et forcée d’escroquer des internautes dans le monde entier. « Leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique » Lorsqu’elle tente de s’échapper, elle est violemment battue. Voici ce que la jeune femme a déclaré aux enquêteurs d’Amnesty International : « Il y avait quatre hommes, trois d’entre eux m’ont maintenue par terre pendant que leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique. Ils m’ont dit que si je n’arrêtais pas de crier, ils continueraient à me frapper jusqu’à ce que j’arrête ». Cinquante des 58 victimes qu’Amnesty a pu interviewer, n’ont pas été payés pour des journées de travail de 12, voire 16 heures. À l’instar de Chao, un Chinois à qui ses geôliers disent qu’il doit travailler pendant au moins deux ans ou bien payer 30.000 dollars pour retrouver la liberté. Bao, un Chinois de 37 ans, qui ose demander de rentrer chez lui, est, lui, torturé avec des décharges électriques et restera attaché à son lit durant 20 jours. Impossible de toute façon de s’échapper : les réseaux criminels qui gèrent ces camps de travail enferment leurs victimes dans d’anciens hôtels ou casinos, derrière de hauts murs surmontés de barbelés, avec des caméras de télésurveillance. « Le dépeçage du cochon » Le travail de ces « d’arnaqueurs en ligne » consiste à contacter des personnes sur Facebook, Instagram ou TikTok pour entamer une conversation, en promettant une histoire d’amour, un bon investissement ou encore des produits, qui ne seront jamais livrés. Le but : extirper de l’argent à leur proie. Dans le jargon de ces bandes, cela s’appelle « le dépeçage de cochon ». À lire aussiLe Cambodge sur le bout de la langue avec Jean-Baptiste Phou Qui tire les ficelles dans ces centres d’escroquerie qui brassent des milliards d’euros ? Ce sont des réseaux criminels tentaculaires, selon Amnesty, qui prolifèrent au Cambodge depuis que la Chine y a massivement investi. « Des Chinois ou des intérêts chinois se trouvent derrière la quasi-totalité sinon tous ces centres que nous avons identifiés, dit Montse Ferrer, directrice régionale Asie de la recherche pour Amnesty International et l’une des auteures du rapport, la corruption et la collusion sont systémiques entre les dirigeants de ces centres et la police. Qu’est-ce que le Cambodge fait contre cela ou ne fait plutôt pas ? La réponse des autorités a été totalement inadaptée, prouvant un consentement face à ces violations des droits humains, ce qui nous fait dire qu’elles sont complices. » Amnesty estime que le Cambodge a tout à fait la capacité de mettre fin à cette industrie de l’escroquerie, mais que le gouvernement a choisi de fermer délibérément les yeux.
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