
Aux Philippines, l’IA s’immisce dans la crise politique
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La vice-présidente Philippine Sara Duterte fait face à une procédure de destitution. Elle est accusée de corruption, de détournement de fonds et d’avoir participé à un projet d'assassinat présumé de son ancien allié, l’actuel président Ferdinand Marcos Jr. Et alors que l’affaire fait rage dans le pays, deux vidéos, des micro-trottoirs, publiées sur les réseaux sociaux, ont alimenté le débat. Deux visions opposées de l’affaire Duterte s’y affrontent. Ils s’agissaient en fait de fausses interviews réalisées par l’intelligence artificielle. Explications.
Les vidéos ont été partagées par un compte Facebook, peu de temps après le refus du Sénat de se prononcer sur la destitution de Sara Duterte, remettant en cause la constitutionnalité de la procédure. Dans une rue bondée, un journaliste y interroge des passants sur l’affaire. Dans l’une des vidéos, des écoliers en uniforme soutiennent la vice-présidente. L’un d’eux affirme que l’affaire de destitution est motivée par des considérations politiques. L’autre que les élus en faveur de la destitution devraient balayer devant leur porte avant de s’en prendre à Sara Duterte. Il assure qu’en se concentrant seulement sur la vice-présidente, la justice est sélective. Soit mot pour mot, le discours du camp Duterte. Sur l’autre vidéo, qui reflète l’opinion du camp opposé, on voit une vieille dame vendant du poisson dans la rue. Elle reproche au Sénat de ne pas avoir procédé à la destitution de la vice-présidente.
Des vidéos virales
Ces vidéos ont fait des millions de vues. Celle des deux écoliers a même été partagée des dizaines de milliers de fois. C’est à s’y méprendre. Les images sont propres et si l’on ne s’attarde pas sur certains détails, tout porte à croire que ce sont de véritables interviews de rue comme on en voit souvent sur TikTok. Mais plusieurs choses clochent. D'abord, le logo VEO qui apparaît en filigrane en bas à droite de la vidéo. Et VEO, c’est le générateur de vidéos alimenté par l’intelligence artificielle de Google. D’autres détails permettent de comprendre qu’il s’agit de vidéo artificielle. Les inscriptions sur les polos des deux écoliers sont incompréhensibles, tout comme les écritures sur les devantures des magasins à l'arrière-plan.
Un retentissement national
La vidéo des deux écoliers a été reprise jusque dans le camp Duterte. Le sénateur Ronald Bato Dela Rosa a partagé la publication à son million de followers. Son commentaire : « Les jeunes comprennent ce qui se passe actuellement ! » Confronté à la fausseté de ces images, il ne s'est pas excusé : « Si c'est de l'IA, le créateur a raison. Si ce n'est pas de l'IA, alors les enfants qui parlent ont raison », a-t-il déclaré. La vice-présidente Sara Duterte aussi a réagi. Pour elle, il n'y a aucun problème à partager une vidéo d'intelligence artificielle pour la soutenir, “tant qu'il ne s'agit pas de se faire de l'argent avec.” La secrétaire philippine du Bureau des communications présidentielles a déploré un épisode qui allait éroder la confiance avec la population, d’autant plus quand la désinformation et les fausses nouvelles proviennent des élus eux-mêmes. Le créateur des deux vidéos, un Philippin de 34 ans, a indiqué que ses personnages créés par l'IA permettent d'exprimer des opinions sans s'exposer aux critiques d’internet.
Une tendance inquiétante en politique
Certaines entreprises d'IA comme OpenAI se sont déjà engagées à empêcher les utilisateurs de créer des deepfakes de personnes réelles, y compris de candidats politiques. Mais il existe une zone grise, celle de la génération de personnages anonymes comme c’est le cas dans cette affaire aux Philippines. Ce n’est pas la première fois que l’intelligence artificielle est mise au service de la désinformation politique. En 2024 aux États-Unis, un opposant à Joe Biden avait fait fuiter un faux enregistrement d’appel dans lequel l’ancien président américain décourageait ses partisans de voter aux primaires américaines.