Côte d'Ivoire: par le chemin des écoliers Podcast Por  arte de portada

Côte d'Ivoire: par le chemin des écoliers

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Pendant que le sortant se donne le temps de décider, quatre des challengers, disqualifiés sur le terrain judiciaire, voudraient des mesures politiques, pour se porter candidats. Que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie, lorsque, pour satisfaire les uns et les autres, on aura fini, à coups de petits arrangements politiciens, de contourner la loi et les règles ? Retraite définitive ou candidature à sa propre succession ? Le chef de l’État ivoirien a promis à ses partisans une décision imminente. Mais certains n’y voient qu’un stratagème, pour briguer un quatrième mandat. Se peut-il qu’il hésite vraiment, parce qu’il peine à trouver le successeur parfait, soutenu par ses partisans et acceptable pour toute la Côte d’Ivoire ? Sur la légalité d’un éventuel quatrième mandat, plus personne ne débat, en Côte d’Ivoire. Surtout dans cet environnement d’Afrique francophone, où le nombre de mandats n’émeut plus guère, tellement les mandats à foison, les mandats sans fin et autres pouvoirs sans mandat sont à la mode. Observez donc l’indifférence générale dans laquelle Paul Biya pourrait, en octobre prochain, décrocher un huitième mandat, au Cameroun, à 92 ans ! Oui, Alassane Ouattara hésite, moins, certainement, par crainte d’être décrié, que parce qu’il n’a pas trouvé l’oiseau rare, pour rassembler son camp. Un piège, classique, l’obsession du successeur parfait ! Car il n’existe pas. Même prometteur sur papier, un bon dauphin peut se révéler décevant. Une fois en place, il peut même, pour s’affirmer, devenir hostile. João Lourenço, l’homme de confiance choisi en septembre 2017 par José Eduardo Dos Santos pour diriger l’Angola, s’est mis à traquer la progéniture de son « bienfaiteur » pour prévarication, emprisonnant certains, contraignant d’autres à l’exil. S’épuiser à vouloir installer un successeur sûr dans le fauteuil n’est peut-être pas indispensable, lorsque l’on a bien travaillé pour son pays, ce qui est manifestement le cas d’Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire. Ce peut même être contre-productif, comme l’a expérimenté Macky Sall, au Sénégal. À force de tergiversations, son camp a fini par tout perdre, avec un bon candidat, pourtant. N'est-il tout de même pas légitime, pour les partisans du président Ouattara, de vouloir conserver le pouvoir ? Certes. Mais il faut prendre garde à ce que le président ne devienne l’otage de tous. Certains savent qu’ils perdraient tout, si celui-ci venait à s’en aller. Leurs motivations personnelles sont parfois très égoïstes. De manière intéressée, chacun le voudrait au pouvoir jusqu’à la fin des temps. Ou jusqu'à ce que coma s'en suive. Comme s’il était en servage, pour tous. À ce stade d’un parcours riche et bien rempli, ce sujet d’élite, qui a eu une belle et brillante carrière avant le pouvoir politique ne devrait plus avoir, pour unique aspiration, que d’entrer définitivement dans l’Histoire. Pour cela, il lui faut commencer par sortir de la mêlée, et laisser son œuvre grandir, après lui. Sans lui. Peu importe si les continuateurs immédiats ne sont pas ses partisans d’aujourd’hui. Toute la nation, à terme, chantera ses louanges. Le plus bel exemple est Jerry Rawlings, du Ghana voisin. Aujourd’hui célébré, non pas pour avoir sécurisé le pouvoir pour sa formation politique, mais pour avoir eu le courage de faire confiance aux électeurs. En l’an 2000, il a cédé le pouvoir à son principal opposant, John Kufuor, car son propre vice-président avait été battu. Huit ans plus tard, Kufuor passera le flambeau à John Atta Mills, l’ancien vice-président en question. Depuis un quart de siècle, le Ghana conforte ainsi son image de démocratie irréversible, et Jerry Rawlings est devenu une référence continentale, pour avoir compris qu'une nation n’appartient ni à un parti politique ni à une région. Pour Alassane Ouattara, une telle place dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique serait bien plus valorisante – et plus durable – que la transmission, à tout prix, du flambeau à un des siens, qui pourrait le décevoir. Mais, en Côte d’Ivoire, certains candidats, disqualifiés, estiment le jeu faussé… On s’attendait à les voir démontrer l’illégalité de leur disqualification, mais ils ne font que revendiquer des mesures politiques. Or, tous ne sont pas disqualifiés pour les mêmes raisons. Il va donc peut-être falloir, pour réhabiliter chacun, contourner des décisions de justice, des dispositions du code électoral, ou même la Constitution. Lorsque l’on aura fini tous ces petits arrangements politiciens, que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie ? Le leadership clairvoyant dont rêvent les peuples africains est incompatible avec une certaine légèreté, l’improvisation et les maladresses rédhibitoires.
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