Les nouvelles technologies au service des narcotrafiquants Podcast Por  arte de portada

Les nouvelles technologies au service des narcotrafiquants

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Ce jeudi 26 juin, l’ONUDC, l'Agence des Nations unies chargée de la lutte contre la drogue et la criminalité, publie son rapport annuel sur les drogues dans le monde. Un monde de tech s'intéresse à l'utilisation des nouvelles technologies, notamment l'intelligence artificielle, par les narcotrafiquants. Ces nouvelles technologies permettent aux barons de la drogue de s'adapter aux nouvelles pratiques des consommateurs et d’échapper aux mesures de coercition utilisées par les forces de l’ordre. C’est une nouvelle habitude identifiée chez les consommateurs de drogue : ils sont de moins en moins nombreux à se rendre à un point de deal pour récupérer leurs marchandises. La multiplication des règlements de comptes rend la démarche de plus en plus dangereuse et les forces de l’ordre veillent au grain. Les nouvelles technologies apparaissent donc comme des alternatives intéressantes pour les barons de la drogue. La mise en relation entre dealers et consommateurs passe désormais par des plateformes en ligne et des messageries cryptées. Les vecteurs utilisés pour livrer la drogue sont aussi de plus en plus sophistiqués. Le plus connu, ces dernières années, est le drone. En décembre 2024, c’est un chien-robot que la police de Moscou a arrêté en pleine rue. Ce faux canidé transportait deux sachets contenant une poudre douteuse. Il faisait aussi la publicité d'une plateforme du dark web où acheteurs et dealers entrent en contact. Pour les trafiquants, utiliser les nouvelles technologies est donc un moyen de s’adapter aux nouvelles habitudes des consommateurs. Marie Jauffret-Roustide, sociologue et chercheuse à l’INSERM, y voit un autre intérêt : « Certains investissent les réseaux sociaux ou l’intelligence artificielle pour capter de nouveaux consommateurs. L’IA va pouvoir être utilisée pour améliorer les techniques de marketing en demandant, par exemple, à une intelligence : "rend les messages que je peux adresser à mes consommateurs plus attractifs." » L’intelligence artificielle est le dernier outil exploré par les narcotrafiquants pour faire prospérer leurs business. Pas plus tard qu'en début de semaine, trois trafiquants de drogue ont été condamnés par la justice française. Ils ont été reconnus coupables d'avoir piloté un réseau grâce à l'IA. Quantité à vendre, calcul du prix, choix du lieu, heure de la transaction : tout était déterminé par IA. Au total, ce sont 20 000 commandes qui ont été passées en un an et demi pour un chiffre d’affaires estimé à plus d'un million d'euros. Risque de détournement de l’IA L'utilisation de l'intelligence artificielle par des narcotrafiquants demeure pour le moment rare. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'inquiétudes pour l’avenir. En 2022, un article de la revue en ligne Nature Machine Intelligence, alerte : des scientifiques expliquent utiliser l'IA pour trouver de nouvelles formules de médicaments. Problème, ils constatent que leur modèle est aussi capable de générer des molécules toxiques, voire mortelles pour l'être humain. Ils s'inquiètent du risque de détournement de ces outils à des fins criminelles. Des narcotrafiquants pourraient, par exemple, utiliser l’IA pour produire de nouvelles drogues de synthèse, toujours plus addictives. Elles inondent aujourd'hui le marché de la drogue à l’échelle planétaire et échappent pour beaucoup à toute réglementation nationale ou internationale. C’est la force des narcotrafiquants : innover en permanence. En matière de nouvelles technologies, on l’a vu, les trouvailles ne manquent pas. Et cela rend d’autant plus difficile la traque de ces narcotrafiquants par les forces de police, explique Bertrand Monnet, professeur à l’EDHEC et spécialiste des économies criminelles : « Ce sont des techniques qu’ils utilisent pour essayer de garder le plus possible les forces de l’ordre à distance. Je ne pense pas que la maîtrise de ces technologies leur donne un coup d’avance, en revanche, ça leur permet de rester au niveau des forces de l’ordre quand ils les traquent », explique le professeur. Un constat qu’il dit vérifier dans certains pays, notamment d’Afrique, mais aussi d’Europe, où la lutte contre les narcotrafiquants souffre parfois d’un manque de moyen. À lire aussiDrogue: cinq clés pour comprendre un marché en mutation permanente
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