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  • Le lancement raté d'un destroyer provoque un «coup de Trafalgar» dans la marine nord-coréenne
    Jun 1 2025

    La Corée du Nord a entamé une enquête approfondie après un accident survenu le 21 mai dernier lors du lancement d’un navire de guerre. Le bateau a partiellement coulé lors de l’inauguration à laquelle assistait Kim Jong-un. Un fiasco qui a provoqué l’arrestation de quatre personnalités de haut rang.

    Sur les chantiers navals de la côte orientale, ce devait être une journée glorieuse pour la marine nord-coréenne. Autour de Kim Jong-un, était réunie la fine fleur de l’état-major de l’armée populaire. Mais le lancement du destroyer, dont le nom n’a pas été communiqué ne s’est pas passé comme prévu, plusieurs hypothèses ont pu conduire à ce fiasco note Vincent Groizeleau directeur du journal Mer et Marine : « Leur système est manifestement un système de lancement par le travers, donc le bateau est parallèle au quai. Les lancements par le travers sont des lancements traditionnels, ça se fait couramment y compris aux États-Unis où ils ont lancé à peu près tous les bâtiments de la classe Freedom comme ça. Donc deux hypothèses ont pu se produire : soit quand ils ont lancé le navire, les rails qui sont tous censés glisser ensemble, n’ont pas tous glissé ensemble. Ou alors il y a pu avoir aussi un phénomène d'écrasement qui a déséquilibré le bateau et donc il est tombé et le poids a fait que les rails de la partie arrière sont quand même partis. Avec à la fin donc, l’étrave qui reste sur le quai et tout le reste qui est dans l'eau ».

    Les sanctions n’ont pas tardé

    Les sanctions n’ont pas tardé, le vice-directeur du département de l’industrie des munitions du Comité central du Parti et trois autres responsables du chantier naval ont été placés en détention. Une affaire qui fait les choux gras de la presse sud-coréenne, souligne le journaliste de RFI Stéphane Lagarde, présent en Corée du Sud,« Plus que les détails de l'incident, ce qui intéresse les médias en Corée du Sud, ce sont les conséquences politiques et sur l'appareil militaire nord-coréen. Un journal des finances ici s'attend à une purge sanglante et écrit « On arrête d'abord et on enquête ensuite ». Plusieurs procureurs et experts sont mobilisés en Corée du Nord pour comprendre ce qui s'est passé. Mais d'ores et déjà, les propos de la commission militaire centrale nord-coréenne cités par le Journal du parti du travail de Corée du Nord, sont sans appel puisqu'ils qualifient cet accident d'acte criminel. Il y a des dégâts matériels, mais c'est aussi une gifle pour le régime nord-coréen, rappelle-t-on ici en Corée du Sud, sachant que le dirigeant Kim Jong-un assistait à la scène, donc à ce lancement ».

    Un immense camouflet pour la Corée du Nord

    Des analystes estiment que le navire a potentiellement été construit avec l’aide de la Russie. Allié de Moscou, le régime nord-coréen ambitionne de peser sur les mers grâce au lancement d’une flotte moderne, composée de sous-marins nucléaires et de navires de premier rang comme ce fameux destroyer. C’est donc un revers immense pour un lancement symbolique pointe Vincent Groizeleau : « Le naval, le maritime, ce sont de très gros objets, c'est des objets de prestige. Là, on est sur un objet très gros et extrêmement coûteux. C’est des objets qui sont extrêmement puissants, un bateau de guerre, c'est toujours plus puissant qu'un avion, ou qu'un char, donc évidemment c'est prestigieux. Et surtout, Kim Jong-un, il était là ! C'est un camouflet qui est terrible pour eux parce que c'est quelque chose qu’ils n'ont pas pu cacher. On ne peut pas cacher un truc comme ça, c'est trop gros ».

    Le leader nord-coréen a exigé que le navire soit renfloué d’ici juin, mais en chutant du quai sa coque a peut-être vrillé, auquel cas estiment les experts le bateau est bon pour la casse.

    À lire aussiCorée du Nord: un navire de guerre endommagé lors de sa cérémonie de lancement

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  • Andreï Mordvitchev: un opérationnel à la tête de l’état-major de l’armée de terre russe
    May 25 2025

    Ancien commandant militaire du siège du port ukrainien de Marioupol en 2022, le général russe Andreï Mordvitchev a été nommé jeudi à la tête des forces terrestres russes. Ce général expérimenté, blessé au combat et même donné pour mort par les ukrainiens, est un adepte de la guerre totale, il a largement contribué à améliorer l’efficacité des troupes russes.

    Mâchoire carrée et regard d’acier, Andreï Mordvitchev, 49 ans est un général, sans états d’âmes, pointe Anissa El Jabri correspondante de RFI à Moscou, un officier qui est une figure de la guerre d’Ukraine, « C’est même une figure haute en couleur ! Dans une rare interview donnée à la télévision russe en 2023, il professait aimer l'humour d'officier, et disait notamment qu’un ordre donné sans juron, ce n'est pas un ordre, c'est un souhait. C'est aussi dans cette interview qu'il avait clairement laissé entendre qu'à ses yeux, la guerre en Ukraine, n'était qu’un tremplin avant un conflit plus large avec les pays d'Europe centrale, à commencer par la Pologne. Alors à cette époque, Andreï Mordvitchev était déjà un commandant très remarqué en Russie, c'est lui qui avait dirigé la bataille de Marioupol, l'assaut sur Azovstal. L'Ukraine et des ONG, l’avait alors accusé de crimes de guerre ».

    Une stratégie axée sur la mobilité

    Adepte de la vitesse et de la manœuvrabilité ce général a promu l’utilisation de moyens de transport léger, comme les motos pour faire avancer l’infanterie. Sa nomination n’est pas une surprise, c’est un renouvellement dans la continuité, il est dans le moule de l’institution militaire dit Vincent Tourret spécialiste de la pensée stratégique russe : « Il a l'air d'être un officier solide et peut être même compétent. Mordvitchev, c'est quelqu'un qui a fait une carrière classique, je pense qu’il y a une part de symbolique aussi. On a élevé à la tête de l'armée de terre russe une personne qui a démontré des succès sur le terrain. Il a démontré du moins des capacités de planification rares dans l'armée russe avec la complexité entre comment on intègre les drones, comment on intègre les blindés, les armes traditionnelles et comment on fait ça pour le maintenir dans le temps ».

    Un changement de génération sans rupture doctrinale

    Blessé à la tête de la VIIIe armée lors de la bataille de Marioupol, Andreï Mordvitchev s’est à nouveau illustré lors de la prise de la forteresse d’Avdiivka en février 2024, ce qui lui a valu, souligne Anissa El Jabri, la médaille de Héros de Russie,« C'est la récompense militaire la plus haute. Andreï Mordvitchev avait notamment été crédité par certains blogueurs d'avoir utilisé un tuyau pour faire déboucher ces hommes derrière les lignes ennemies. Parmi les plus jeunes gradés de l'histoire militaire, il est aussi mis à son actif d'avoir été le tout premier commandant russe à introduire l'utilisation obligatoire de drones dans chaque unité sous sa responsabilité. Mordvitchev occupe désormais des positions beaucoup moins proches du champ de bataille, mais ils sont nombreux ici à déjà le voir en pôle position pour remplacer le chef d'état-major des armées Valéry Guérassimov ».

    L’arrivée du Général Mordvitchev marque un changement de génération à la tête des forces terrestres, mais pas de doctrine. C’est une transition naturelle, assurent les spécialistes de l’armée russe et les kremlinologues.

    À lire aussi«La défense ukrainienne n'a pas été percée mais elle est fragile», estime le général Paloméros

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  • L’armée française en quête d’une artillerie longue portée
    May 18 2025
    Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a montré le rôle primordial de l’artillerie pour frapper loin de la ligne de front en l’absence de maîtrise ciel. L’armée française fait le constat qu’elle doit rapidement se doter de systèmes d’artillerie à longue portée. Car les systèmes qui équipent les forces seront bientôt obsolètes, pointe une mission d’information menée par l’Assemblée nationale. Un trou capacitaire est à redouter, disent les députés. Jusqu’à présent, les feux dans la profondeur étaient l’apanage de l’armée de l’Air. Grâce à leurs missiles de croisières, les chasseurs bombardiers avaient pour mission d’attaquer les cibles stratégiques, à plusieurs centaines de kilomètres derrière les lignes ennemies. Mais la démocratisation des défenses antiaériennes, fait planer un véritable doute sur les chances de l’aviation à pouvoir franchir les bulles de déni d’accès. Pour s’affranchir de ces barrières, l’artillerie roquette est donc redevenue centrale, souligne Vincent Tourret, chercheur à l’Université de Montréal : « On a besoin à la fois d'une puissance de feu dans la profondeur qui ne soit pas aérienne, mais en plus de ça, on a besoin d'une puissance de feu qui soit en fait beaucoup plus cheap, ou du moins qui a des effets de neutralisation qui sont plus vastes. Tout notre modèle quand même depuis la guerre froide, c'est comment on arrête des chars russes. On passe là, de trois ou quatre cibles bien identifiées, à une centaine de fantassins qui courent dans tous les et sens ou qui circulent sur des motos ! Jamais on aura le volume de feu pour traiter ça ! Et donc c'est pour ça qu'on revient à une logique roquette »Foudre, un système proposé par Turgis et GaillardArmé par le 1er Régiment d’Artillerie de Belfort, les 9 derniers systèmes LRU (pour lances roquettes unitaires), arriveront en fin de vie en 2027. Ce trou capacitaire, Turgis et Gaillard l’a identifié il y a deux ans. En mode agile, cette entreprise de taille intermédiaire, vient donc proposer un système appelé Foudre : c’est-à-dire un châssis, un panier de guidage et un système de conduite de tir capable de recevoir tous les missiles existants de 75 à 1000 kilomètres de portée. L’entreprise s’est déjà fait remarquer avec l’Aarok, un prototype de drone de reconnaissance et d’attaque longue distance, rappelle la présidente de l’entreprise, Fanny Turgis. « On a une capacité à effectivement fabriquer rapidement les choses, mais ça, c'est inhérent à la configuration de notre société. On a des capacités qui sont duales, du personnel civil qui peut aller vers le militaire et nous on était déjà prêt il y a quelques années à cette économie de guerre. On est à l'avant-garde du combat connecté, donc en présentant, à la fois notre drone Aarok et également ce lance-roquettes qui est sorti très rapidement, on veut démontrer qu’on a la capacité de pouvoir faire de la reconnaissance avec un système aérien, et de la frappe dans la profondeur et que toutes ces plateformes peuvent communiquer entre elles. » À lire aussiL’armée de terre française à l’heure de la guerre totaleDeux consortiums, Safran-MBDA d’un côté et Thales-Arianegroup de l’autre, développent également des projets de systèmes d’artillerie roquette.Les drones d’attaque longue portée comme alternativeMais les premiers tirs de démonstration n’auront lieu que l’an prochain, et si l’un des projets n’aboutit pas, à un coût raisonnable, les armées seront contraintes d’acheter ce matériel sur étagère, à l’étranger, alerte le député Jean-Louis Thiériot, « Ce dont il faut bien se rendre compte, c'est qu'aujourd'hui, on a un 'time to market' avant de mise sur le marché qui n’est pas bon puisque la plupart des pays européens ont déjà passé des commandes, que ce soit d’HIMARS américain, de PULS israélien ou encore les Polonais qui ont acheté coréen.Ça veut dire que les chances de succès commercial sont limitées. Donc il faut vraiment se poser la question : qu'est-ce qui est stratégique ? C’est d'être capable de produire de la roquette sur le territoire national, éventuellement sous licence et qu'est-ce qu'il l'est moins ? C'est le châssis, le panier, la conduite de tirs à partir du moment où elle est interopérable puisque ça, il n’y a aucun saut technologique dedans. » La roquette n’est pas non plus l’alpha et l’omega de l’artillerie longue portée, souligne Vincent Tourret et le chercheur de rappeler qu’en Ukraine, les drones d’attaque longue distance ont prouvé leur efficacité à moindre coût.
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  • Affrontements entre l’inde et le Pakistan: la Chine en embuscade
    May 11 2025
    Après l’attentat du 22 avril dernier dans le Cachemire Indien, la réponse de New Delhi est intervenue cette semaine avec un raid de représailles mené dans la nuit du 6 au 7 mai par l’Indian Air Force. Le Pakistan affirme avoir abattu cinq avions de combat indiens, puis peut-être un Rafale de fabrication française. Si le sort des appareils indiens est incertain, Pékin observe de très près ces tensions, malgré l'annonce d'un cessez-le-feu : l'industrie chinoise fournie les forces pakistanaises. C’est un test grandeur nature pour l’industrie de défense chinoise, à même de fournir de précieux retours d’expériences. Car le Pakistan, étroitement lié à Pékin, est équipé à plus de 80 % d’équipements militaires chinois, et achète de tout : missiles, avions, drones.Islamabad affirme avoir abattu trois Rafale, un Sukhoi 30 et un Mig 29. L’utilisation possible de missiles air-air chinois PL 15 embarqués sous les ailes d’avion chinois J10C est évoquée. Un Rafale aurait possiblement été détruit, disent les experts sans certitude, mais ce serait la première fois que l’avion français est perdu en situation de combat.C’est donc l’occasion de jauger les systèmes d’armes, mais aussi la préparation opérationnelle des pilotes. Et dans le cadre de l’opération aérienne sindoor (« vermillon », en français), l'Armée de l'air indienne semble avoir été un peu légère pointe l’expert aéronautique Xavier Tytelman : « Les Indiens l’ont très clairement dit, on n'a pas attaqué et on ne s'en est pas pris aux infrastructures militaires pakistanaises. Cela veut dire que, s'il y avait par exemple de la défense sol-air pakistanaise, ils ne l'ont pas détruite. Alors que normalement; c'est un préalable quand on entre dans une situation de guerre et de bombardements. Et à partir du moment où vous êtes dans une zone dans laquelle vous êtes à portée de missile, logiquement, malgré des très bons systèmes d'auto protection, vous n’êtes pas infaillible. » À lire aussiL'Inde et le Pakistan s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu conclu plus tôt dans la journéeLes faiblesses de l’Indian Air ForceL’Indian Air Force, forte sur le papier de 1 500 appareils, reste essentiellement dotée d’avions russes vieillissants, elle a aussi probablement péché par excès de confiance et manque de maitrise des nouveaux appareils Rafale acquis récemment par New Delhi.L’armée indienne ne semble pas au niveau, souligne Olivier da Lage chercheur associé à l’Iris : « Alors, la réponse officielle des Indiens, c'est "nous ne voulions pas entrer dans une logique d'escalade et donc nous n'avons pas visé les installations militaires pakistanaises". N'empêche que cela révèle aussi une sous-estimation des capacités militaires pakistanaises, qui est préoccupante. Mais clairement, l'armée de l'air indienne n'est pas capable de faire face à un conflit de très grande ampleur, ce qui n'est pourtant pas le cas aujourd'hui, et à fortiori si la Chine devait mobiliser sur sa frontière en immobilisant une partie des armes indiennes, que ce soit l'armée de terre bien entendu, mais aussi l'armée de l'air. »Deux puissances nucléairesDepuis 1947, l’Inde et le Pakistan se disputent la région du Cachemire, les escalades sont fréquentes et toujours potentiellement dangereuses.Ce sont deux puissances dotées de l’arme nucléaire. Le Pakistan est doté de près de 170 armes sol-air, ainsi que d’une composante aérienne, notamment. Les risques sont donc d’autant plus élevés qu’entre les deux nations, les doctrines divergent, rappelle Olivier Da Lage : « L'Inde s'est ralliée à la doctrine quasiment universelle de l'engagement de ne pas utiliser en premier l'arme nucléaire. Ce n’est pas le cas du Pakistan, qui considère qu’une menace conventionnelle d'ampleur de la part d'un ennemi, en l'occurrence l'Inde, qui menacerait l'intégrité du pays et ses institutions, pourrait justifier le recours à la force nucléaire. » Mais le pire n’est jamais certain, d’autant que le troisième acteur régional, la Chine, n’a aucun intérêt à un affrontement à ses frontières. « Géopolitiquement, la Chine est derrière le Pakistan et elle ne peut pas laisser un affaiblissement du Pakistan se produire au-delà d'un certain niveau, indique Olivier Da Lage. Par ailleurs, la Chine a aussi des intérêts en Inde, il y a des intérêts économiques énormes. Et enfin la frontière entre la Chine et l'Inde et instable y a eu des affrontements ces dernières années. Mais depuis à peu près un an, il y a un processus de rapprochement qui est très significatif, que la Chine ne peut pas négliger au moment où se prépare une grande confrontation, peut-être avec les États-Unis. La Chine a beaucoup à perdre dans une conflagration dans son voisinage. »Attaques et ripostes, les opérations militaires se sont intensifiées ...
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  • «Scramble!»: au cours de l’exercice «Jade», l’armée de l’Air disperse ses Mirage 2000D sans préavis
    May 4 2025

    Le 22 avril dernier l’armée de l’Air et de l’Espace a procédé à un exercice inédit, la dispersion d’une escadre de chasse comme elle le ferait en temps de guerre. Dans le contexte d’un entraînement des forces armées à la guerre de haute intensité, les pilotes de chasse réapprennent à se diluer pour éviter d’être ciblés.

    Sur la base aérienne 133 Nancy-Ochey, siège de la 3e escadre de chasse, personne n’avait été prévenu. Soudainement en début de journée, le Général Pierre Gaudillière patron de l’aviation de chasse a donné le « Go » de l’opération « Jade », pour « Jaillisssement d’Escadre » : « Ils ont été prévenus à 8h30 quand j'ai donné l'ordre de la dispersion. Donc vous aviez des pilotes dans les avions qui ont mis en route, qui n’avaient pas encore leur terrain de destination et qui l'ont appris au roulage lorsqu'ils quittaient leurs hangars ».

    Agilité, rusticité, adaptation

    Destination Orléans, Salon-de-Provence, Rochefort, Luxeuil - à l’exception de cette dernière - 25 Mirage 2000 D de la 3e escadre de chasse ont pris le large, par petits groupes de cinq appareils, vers des pistes qui d’ordinaire n’accueillent jamais ce type d’avions, « c'est pas banal, parce que c'est quelque chose qui nous permet d'entraîner et de se plonger dans un contexte qui demande de plus en plus d'agilité, de rusticité, d'adaptation. Attention, là je vous parle des pilotes et des avions. Vous vous doutez bien que derrière, il faut aussi déployer des mécaniciens pour pouvoir réceptionner les avions et puis faire la maintenance avant de les faire redécoller. Et le fait de déployer ces avions de chasse sur des bases aériennes qui ne sont pas habituées à une activité quotidienne d'avions de chasse, évidemment que ça faisait partie de l'exercice ».

    Un retour d’expérience de la guerre d’Ukraine

    La dispersion d’avion de chasse s’inspire directement de ce qui a pu être observé en Ukraine. Préparation à la guerre de haute intensité oblige, l’armée de l’air sait que l’aviation de chasse est la première cible des bombardements, il faut donc renouer avec une pratique courante, en cas de conflit : la dispersion sur tous les terrains possibles, Pierre Gaudillière : « La survivabilité d'une capacité militaire, elle passe également par sa capacité à se reconfigurer et donc ici en l'occurrence, à se redéployer avec des moyens qui sont ceux qu'on trouve lorsqu'on se déploie et qu'il faut continuer l'activité aérienne et repréparer des missions, et remettre en œuvre des avions, les réparer le cas échéant. Il est évident qu'on peut très bien être amené à envisager cette activité dans d'autres contextes, à partir de terrains disponibles, donc civils. Bien sûr que c'est quelque chose qui intéresse grandement le commandement ».

    30% de missions en plus en trois jours

    Trois jours durant, les pilotes de la 3e escadre de chasse ont donc opéré depuis cinq bases différentes, et dans ce contexte inhabituel ils sont parvenus, à augmenter significativement le rythme des missions, « à chaque fois qu'on met ces mondes sous tension, on constate que non seulement ils arrivent à réaliser l'activité qui est prévue, mais ils la dépassent même. J'ai eu à peu près sur les 3 jours, 30% de plus d'activités que ce que nous pourrions réaliser lors d'une activité quotidienne à partir d'une base chasse. Ce n'est pas un hasard, le réseau des bases aériennes a parfaitement fonctionné alors que nous mettons à la fois les équipages et les mécaniciens sous tension ».

    Après plusieurs décennies d’engagement sur des théâtres d’opération où la supériorité aérienne était acquise, l’aviation de chasse se prépare à des conflits plus durs. Très prochainement une autre escadre de chasse, sera, elle aussi amenée à se disperser, sans préavis.

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  • La Marine française part à la conquête des grands fonds marins
    Apr 27 2025
    La Marine française porte l’ambition de devenir une référence mondiale dans la maitrise des grands fonds marins où reposent des câbles stratégiques. Pour maîtriser ces espaces, depuis trois ans, les forces navales françaises développent une capacité souveraine pour agir dans la profondeur des océans.Rediffusion du 23 mars 2025. D’une importance majeure, les grands fonds marins sont pourtant moins connus que la surface de la Lune. Et pour la Marine nationale, le réveil a sonné en 2007, quand un sous-marin russe a réussi l’exploit de déposer à l’aplomb du pôle Nord, par 4 000 mètres de fond, un drapeau en titane aux couleurs de la fédération de Russie. Un véritable signalement stratégique, se souvient le contre-amiral Cédric Chetaille, coordinateur central pour la maîtrise des fonds marins : « Un message qui voulait nous dire, c'est un espace commun, mais en fait, c'est un espace qui appartient à ceux qui sont capables d'agir et d'intervenir à cet endroit-là et de dire "moi, je suis capable de le faire, Vous, vous n'êtes pas encore capable de le faire". Donc aujourd'hui, on est en train de rattraper ce retard et on sera à très court terme capable de faire le même type de mission. » Objectif : 6 000 mètres de fondPour accéder aux grands fonds, la Marine nationale peut déjà compter sur plusieurs robots autonomes pouvant descendre jusqu’à 2 000 mètres. Et à court terme, dit Cédric Chetaille, l’objectif est 6 000 mètres : « les 6 000 mètres correspondent à une ambition et à la vocation mondiale de la Marine française. On déploie nos forces partout dans le monde. On est capable d'atteindre 97 % du plancher des océans quand on est capable d'aller à 6 000 mètres de fond. Pour pouvoir percer l'opacité de ce milieu-là, il faut être à quelques dizaines de mètres. Et quand on a la volonté, avec un robot, d'être capable de ramasser, de sectionner, de rassembler, de nouer, d'agir, il faut maintenir ce robot à quelques dizaines de centimètres de sa cible. » À lire aussiLes câbles sous-marins : une bataille géopolitique à surveillerNature des sédiments, variations du champ magnétique, cartographie : autant d’éléments qu’il faut maitriser et la vitesse des manœuvres sous l’eau est également un élément clé. « Le milieu sous-marin ne permet pas une communication continue avec l'engin, poursuit le contre-amiral Cédric Chetaille. Rapidement, le drone va aller plus loin, plus profond. Il leur faut une autonomie décisionnelle pour optimiser leur mission en fonction de ce qu'ils vont voir. Après la mission, quand on récupère le drone, il faut tout décharger rapidement pour pouvoir réorienter la mission suivante. Et c'est ce cycle d'observation par le drone, puis exploitation de la mission, décision et orientation de la mission suivante qu'il faut mener le plus rapidement possible pour obtenir un cycle qui soit supérieur à celui de nos adversaires. » Le Yantar: un navire espion russe taillé pour les grands fondsL’intensification de la compétition au large s’accompagne de nouvelles menaces sous la surface, câbles de télécommunications sectionnés accidentellement ou volontairement, la guerre hybride se joue aussi dans les grandes profondeurs.Et dans le collimateur des marines de l’Otan, il y a le navire espion russe Yantar, un bâtiment souvent présent le long des côtes européennes. « Le navire russe Yantar, c'est un navire très intéressant parce que c'est un des très rares navires au monde qui est spécialisé et qui est très moderne pour mettre en œuvre des capteurs et des engins en toute discrétion et qui vont aller très profond, explique le contre-amiral Cédric Chetaille. C'est un navire qu'on surveille, c'est un navire qu'on traque pour l'empêcher de nuire à nos intérêts et de restreindre ce qu'on appelle notre liberté de manœuvre. Ça veut dire qu'on ne veut pas que l'usage potentiel des fonds marins à partir d'un navire comme le Yantar ne nous contraigne. On peut imaginer que le Yantar militarise les fonds marins en disposant des capteurs, et ainsi dispose d'une meilleure connaissance des fonds marins que nous. Il faut donc aller observer le Yantar, aller dans les zones où son activité nous semble suspecte et se donner les moyens de l'empêcher de nous nuire. »Nouveau lieu de compétition, la maîtrise des grandes profondeurs s’impose en particulier pour la France qui possède le deuxième domaine maritime mondial. Mais c’est aussi un défi technologique qui à ce jour n’est à la portée que de quelques marines.À lire aussiLe sous-marin nucléaire «Suffren» va changer la donne pour la marine française
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  • L'Armée de terre française veut employer un «commandement par l’intention» en 2025
    Apr 20 2025

    L’armée de terre française a reçu pour mission de se préparer à la guerre de haute intensité. Le conflit ukrainien a changé la donne pour les soldats français et les ordres se modifient et c’est toute une stratégie qui se durcit, avec l’ambition du commandement par l’intention. Entretien avec Pierre Schill, chef d’état-major de l’Armée de Terre.

    Le commandement par l’intention n’a rien d’une formule creuse, dit le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre. Le commandement par l’intention est au cœur de la réforme à l’œuvre pour le modèle d’armée de terre de combat 2025 : « Mon ordre principal, c'est, penser opération, penser effets opérationnels. D'où cette injonction vers l'armée de terre d'ajuster son style de commandement, ses méthodes de commandement, vers ce commandement par l'intention. C'est-à-dire donner le sens, laisser le pari de l'intelligence et puis être au rendez-vous sur l'objectif. »

    Le commandement par l’intention à tous les niveaux

    L’intention est de dire les choses de manière claire et courte pour donner le cadre de l’action, mais chaque subordonné conserve une prise d’initiative possible pour atteindre l’effet majeur de son chef.

    « C'est clair que c'est une méthode qui doit s'appliquer à tous les niveaux. Cette notion de sens à donner, la façon dont on attend que tout soldat, quel que soit son niveau, puisse inscrire son action dans une action plus large, plus ample, qui est l'atteinte de l'intention de son niveau supérieur. Cela me semble primordial. C'est clairement une façon de gagner de la vitesse. C'est surtout une façon de gagner de l'adaptabilité, de prendre acte du fait que dans la complexité de la bataille, le plan peut difficilement être posé définitivement d'emblée et qu’il sera important que chaque niveau puisse exercer son intelligence, son initiative. De façon à contribuer à l'atteinte de l'objectif collectif en ayant compris l'intention, le pourquoi de l'action et de la mission qu'il a reçu. »

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    Un état-major ne sera jamais omniscient

    Les ruptures technologiques, la multiplication des capteurs ne permettront jamais aux Etats-Majors d’être omniscient, estime Pierre Schill. Face au déluge de feu d’un conflit moderne, les troupes auront toujours l’absolue nécessité de se disperser : « Il pourrait y avoir une illusion qu’un jour, on aura des systèmes de commandement tellement puissants qu'on saura en permanence où se trouve chacun, et qu’un commandement tout à fait central pourrait donner des ordres à chacun des soldats sur le champ de bataille, un peu comme on le ferait dans une équipe cycliste. Je pense que c'est une illusion fondamentale. C'est une illusion parce que les unités militaires, et surtout dans les guerres qui sont potentiellement celles auxquelles nous aurons à faire face, appellent des unités de plus en plus nombreuses. Ce paradoxe va plus loin, le brouillard de la guerre, la rugosité du terrain, de l'adversité, de la peur, de la pluie, des tranchées font qu’on ne pourra jamais diriger et avoir la totalité de la perception des sentiments de chacun. Et donc des échelons de responsabilité de commandement intermédiaire devront continuer à exister : le régiment, la compagnie, la section, les brigades et cetera. »

    Pour emporter la victoire : le dernier des soldats, comme le premier des généraux, doit avoir la compréhension de la mission de l’échelon supérieur, l’initiative individuelle, insiste le général Pierre Schill, passe donc par le commandement par l’intention.

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  • Champ de bataille: la miniaturisation des appareils de guerre électronique
    Apr 13 2025

    Détection des émissions radars, captation des communications adverses ou encore brouillages, le conflit ukrainien a rappelé l’importance de la guerre électronique dans les conflits de haute intensité. Au Sofins, le Salon de l’armement terrestre qui s’est tenu il y a quelques jours dans le sud-ouest de la France, les entreprises du secteur ont dévoilé leurs derniers produits. Des appareils de plus en plus puissants et de plus en plus petits.

    Avec peu d’innovations, en particulier en termes de taille et de poids, les appareils de guerre électronique furent longtemps le parent pauvre des équipements terrestres. Une fois de plus, la guerre d’Ukraine est venue bouleverser l’offre.

    Au Sofins, Thalès, géant du secteur, a présenté l’Eagle Traker, l’un des plus petits capteurs du marché : 40 centimètres par 10. Nicolas Fauvet, ingénieur, décrit l'appareil : « On va couvrir avec ce type d'équipement les radios soldats, la téléphonie par satellite. On va pouvoir détecter des drones, on va pouvoir détecter des brouilleurs de GPS, on va pouvoir détecter de l'i OT, tout ce qui est dans la gamme de fréquences, des moyens de communication. Et vraiment, la nouveauté sur ce type d'équipement, c'est le fait de l'avoir miniaturisé. D'avoir un équipement qui fait de la classe 4 kilos, ce qui permet du coup de l'installer sur un drone. Là, on ciblait un bunker, on va effectivement détecter qu'il y a des moyens de communication qui sont dans le bunker. On va pouvoir du coup remonter ce type d'information pour mener une opération. »

    Détecter, classifier, localiser grâce à un appareil de 4 kilos

    L’appareil détecte les menaces, les classifie, il permet aussi d’avoir accès au contenu des télécommunications. « Le cas d'usage typique de ce type de drone, c'est un véhicule d'opération qui va passer à côté d'un relief, qui va peut-être contourner un relief, une montagne et qui veut voir avant de contourner s'il n’y a pas une menace de l’autre côté, donc il va envoyer le drone, poursuit l'ingénieur. L’appareil va juste regarder au-dessus la végétation, là où normalement les moyens de goniométrie qui seraient au sol ne verraient pas d'éventuelles menaces, lui va pouvoir détecter la menace. De plus, de l'autre côté, les forces ennemies voyant un drone arrivé, vont commencer à communiquer pour dire, attention, il y a un drone, et ce sera encore plus simple de les détecter. »

    Un capteur totalement passif

    Autre innovation, l’Eagler Traker positionne directement sur une carte les émissions repérées, sans lui-même pouvoir être détecté. « Le capteur est totalement passif, précise Nicolas Fauvet. Ce n’est pas comme un radar qui va émettre une onde qui sera réfléchie. Là, on va vraiment capter l'ensemble des signaux qui peuvent être dans les environs. Donc ce capteur-là n'est pas détectable. Si on utilise ce type de drone alimenté par un câble de fibre optique, c'est la totalité du système qui est passive et donc on peut protéger un campement. Ça va donner l'équivalent d'une antenne, d'un pylône d’une hauteur de 100 mètres et on va avoir une capacité de détection des signaux qui est de plusieurs dizaines de kilomètres. Cet équipement fait également ce qu'on appelle de la remontée de réseau. Par exemple, quand on va détecter que plusieurs communications arrivent à un même point, c'est en général un centre de commandement, on va pouvoir remonter comme ça le réseau de communication, établir une situation tactique. »

    Les premières unités de série seront disponibles en fin d’année. C’est aussi pour les industriels l’un des retours d’expérience ukrainien : être capable de produire vite et en quantité.

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