Episodios

  • «L'Art Brut», l'art hors norme des marges, en majesté au Grand Palais à Paris
    Jul 4 2025

    Une sélection d'œuvres d'art brut (une partie de la collection de Bruno Decharme donnée au Centre Pompidou en 2021) est exposée au Grand palais à Paris tout l'été et jusqu'au 21 septembre. L'art brut a été défini par Jean Dubuffet au milieu du XXe siècle, l'artiste collectionnait les œuvres de ces exclus, anonymes, aliénés, marginaux qui, sans formation artistique, inventent des univers qui touchent au cœur.

    Pour aller plus loin : « Art Brut » Dans l’intimité d’une collection au Grand Palais

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  • Thomas Shütte à la Punta della Dogana: des œuvres grinçantes à l'image du monde
    Jun 28 2025

    Thomas Schütte, grand artiste contemporain allemand, est en majesté à la Punta della Dogana, l'un des deux musées appartenant au milliardaire François Pinault (avec le Palazzo Grassi) à Venise. La cité des Doges consacrait déjà l'artiste il y a vingt ans avec le Lion d'Or à la Biennale de 2005. L'exposition montre aujourd'hui ses œuvres depuis les années 1970. On retrouve ses fameuses sculptures monumentales difformes ainsi que des œuvres et dessins moins connus du public.

    ► L'exposition « Thomas Schütte, Genealogies » est à voir jusqu’au 23 novembre à la Punta della Dogana à Venise (collection Pinault).

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  • The distorted party: les mutations d’un rituel collectif à Lille 3000
    Jun 27 2025

    L'événement majeur d'art contemporain Lille 3000, déploie cette année sa septième édition autour du thème « Fiesta ». Plus de trente expositions à découvrir dans du nord de la France. L'événement propose un large éventail de rendez-vous, artistiques et ludiques, dans un contexte marqué par la sinistrose mondiale.

    Parmi les temps forts de Lille 3000, The distorted party au musée de l’Hospice Comtesse, ancienne institution religieuse dédiée aux soins et à l’accueil des plus démunis. Ce lieu chargé d’histoire porte en lui une ambivalence qui se reflète dans les thématiques de cette édition 2025 : célébration et réflexion, chaos et beauté, distorsion et clarté.

    Cette exposition repense la fête à l’aune des grands défis contemporains : changement climatique, inégalités sociales, instabilité politique, conflits et guerres à travers le monde.

    Ces zones d’ombre soulignent la fragilité de l’existence humaine, contrastant avec les moments d’enthousiasme, parfois porteurs de malaises sous-jacents. The distorted party dépeint ainsi l’image d’une fête souterraine, à la fois euphorique et troublante.

    Au-delà de son rôle de sanctuaire historique, l’Hospice Comtesse se transforme en une toile où se croisent et se réinventent les sens de la fête. L’architecture paisible du bâtiment s’oppose à la scénographie contemporaine et à l’énergie intense, parfois dérangeante, des œuvres présentées.

    L'artiste Willehad Eilers investit la cour historique de l’Hospice Comtesse avec une installation immersive. Son œuvre in situ plonge le visiteur dans un univers vibrant et surréaliste, où le désordre contemporain dialogue avec l’architecture.

    Connu pour son style brut et expressif, Eilers offre une critique ludique de la condition humaine. Son installation s’inspire de l’épidémie dansante de 1518, événement historique de manie collective qui pousse des populations à danser jusqu’à l’épuisement et crée un commentaire viscéral sur une société consumée par ses désirs et inconsciente des conséquences imminentes. Par l’absurde et le grotesque, son travail révèle les distorsions des comportements sociaux modernes avec une ironie anthropologique.

    Lille 3000 The distorted party au musée de l'Hospice Comtesse jusqu'au 9 novembre 2025

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  • 18e Saison d’art à Chaumont-sur-Loire: un dialogue poétique entre création et environnement
    Jun 23 2025

    Éveiller les imaginaires tout en abordant des enjeux contemporains : tel est l'objectif de la Saison d'art qui se déroule depuis près de 20 ans au Domaine de Chaumont-sur-Loire, situé à 200 km au sud de Paris. Pour cette nouvelle édition, une quinzaine d'artistes, français et internationaux, sont invités à investir le château, ses parcs aux cèdres centenaires, ainsi que ses granges et ses écuries, afin de tisser un dialogue à la fois enchanteur et engagé entre l'art et la nature.

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  • Electrorama à Lille 3000: la fête techno, dernier rempart contre le chaos
    Jun 16 2025

    L’exposition Electrorama donne le ton de Fiesta, thématique de l'édition 2025 de Lille 3000, la grande manifestation culturelle dans le Nord de la France. Une immersion visuelle et sonore dans l’univers des nuits techno françaises et belges, deux pays de transes collectives historiques depuis les années 80. Un pied de nez à un monde en crise.

    Danser pendant que la planète tangue, c'est dans ce vertige entre urgence climatique, instabilité politique et besoin vital de lâcher prise que Fiesta, installe son tempo à Lille 3000. Une manière, selon les organisateurs, de « rester debout » là où tout vacille. Parmi les temps forts de la manifestation, figure Electrorama.

    Conçu comme un voyage dans les marges de la techno, l'événement met en lumière un territoire nocturne celui de la fête ou l'insouciance devient un acte de résistance. Clubs, parkings, champs, festivals autant de lieux qui basculent dans un ailleurs halluciné, juste derrière les portes de la nuit.

    À l’origine des images, Nikita Teryoshin. Photojournaliste russe aujourd'hui exilé en Allemagne, il a été primé par le World Press Photo en 2020 pour son travail sur les coulisses de la guerre. Il s’attaque ici à un tout autre champ de bataille : l'univers du dancefloor. Son objectif saisit les corps en mouvement, les visages troublés, les torses tatoués, les règles renversées.

    « Il capture des moments de communion », résume Audrey Hoareau, commissaire de l’exposition. « L’intensité, la diversité, et parfois la fragilité des scènes électro transfrontalières. »

    Au-delà des clichés grand format, Electrorama, enveloppe le visiteur. Beats envoûtants, lumières saturées, ambiance hypnotique, Lille 3000 devient une rave-party dans laquelle on entre à la fois en tension et en transe intergénérationnelle.

    Electrorama, exposition jusqu’au 6 juillet 2025 à l’Espace Le Carré, dans le cadre de Lille 3000.

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  • Exposition: «Sorcières ! Fantasmes, savoirs liberté» au Musée de Pont-Aven
    Jun 14 2025

    Pour souffler ses quarante bougies, le Musée de Pont-Aven en Bretagne convoque les sorcières. Elles sont au cœur d'une exposition foisonnante intitulée « Sorcières ! Fantasmes, savoirs, liberté ». Plus de 200 œuvres - peintures, sculptures, photographies et objets d'art, mais aussi extraits de littérature, de danse, de musique et de cinéma - explorent l'évolution de l'image de la sorcière au XIXe siècle : de la figure effrayante à la femme fatale, jusqu'à devenir un symbole d'indépendance, de connaissance et de résistance face à l'obscurantisme. L'exposition est à découvrir jusqu'au 16 novembre.

    Entourées de serpents, de chauves-souris et de chats noirs, ces sorcières aux nez crochus et chapeaux pointus, volant sur leurs balais, hantent notre imaginaire depuis le Moyen Âge. Sophie Kervran, conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven, souhaite mettre en lumière la femme derrière cette allégorie du mal, de la mort, du vice et de la vieillesse : « Notre exposition se centre vraiment sur la vision qu'ont les artistes du XIXe siècle sur cette figure qui a connu un renversement notamment avec la parution de l'ouvrage de Jules Michelet, qui s'intitule "La Sorcière" en 1862 et qui, pour une fois, montre une sorcière jeune, une femme positive en osmose avec les éléments naturels ».

    « Dans la campagne, on n'est jamais savant sans être quelque part sorcier », disait George Sand, romancière éclairée et femme farouchement indépendante du XIXe siècle, évoquant ainsi les guérisseuses du village et leurs connaissances de la médecine alternative. Mais l'exposition débute bien avant : « Quand le visiteur entre dans notre exposition, il est confronté à un tableau assez inquiétant qui s'appelle "Victime" de Gustave Moreau où on voit une femme avec un poignard dans le flanc et qui nous montre nous d'un signe accusateur. Et dans une vitrine, on a mis en parallèle le "Malleus Maleficarum", le Marteau des Sorcières, qui a été écrit en 1486 par deux moines dominicains, des inquisiteurs qui est en fait un traité, un véritable best-seller qui indique comment chasser la sorcière - la chasse aux sorcières a eu lieu du 15e au 17e siècle -, comment les torturer pour leur extorquer des aveux ».

    On estime entre 60 000 à 90 000 personnes pendues ou brûlées pour sorcellerie, dont deux tiers de femmes - victimes de superstition, de règlement de comptes, de misogynie, rappelle la directrice de ce musée en Bretagne qui fait également un clin d'œil à son propre patrimoine : « C'est un tableau d'Edgard Maxence qui s'appelle "La légende bretonne". Et là, pas d'attribut de la sorcière, pas de balai, pas de chapeau pointu, même pas de chat noir. Mais cette femme qu'on reconnaît sorcière parce qu'elle a cette chevelure rousse - et on sait combien le roux était symbolique du diable. Et puis sous sa houppelande d’hermine, on aperçoit ses pieds. Mais est-ce que ce sont des poulaines, ces chaussures médiévales, ou est-ce que ce sont des pieds de bouc ? ».

    L'ambivalence est reine dans cette exposition aux visions tantôt cauchemardesques, tantôt enchanteresses, des visions masculines que l'exposition met en contrepoint avec une vingtaine d'œuvres d'artistes femmes d'aujourd'hui. Dans sa série « Innocente », Dalila Dalléas Bouzar, d'origine algérienne, montre des sorcières noires, nues, libérées. Sans oublier que le sous-titre « Fantasmes, savoirs, liberté » de l'exposition rend aussi un hommage discret au mouvement iranien « Femme, Vie, Liberté », un rappel que la chasse aux sorcières n'est pas totalement éradiqué dans ce monde.

    À lire aussi«Sorginak»: à la redécouverte des sorcières du Pays Basque

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  • Sakifo 2025: Applause, la claque du samedi soir
    Jun 7 2025

    Le festival Sakifo tire le rideau sur sa 22e édition ce dimanche 8 juin. Et il le fait avec bruit, sueur et décibels. Un uppercut rythmique venu des tropiques et des Sound Systems pour dire au revoir avec le collectif Applause qui a fait monter la fièvre du samedi soir sur scène. Reportage de notre envoyé spécial à La Réunion, José Marinho.

    Aux manettes de ce projet depuis 2023 : Matteo, tête pensante du groupe marseillais Chinese Man et Aash, producteur mauricien de musique électronique, nourri au feu du dancehall et du shatta. Ensemble, ils déploient une cartographie sonore sans frontières, calibrée pour secouer le corps et faire fondre les barrières géographiques, culturelles et identitaires.

    Le collectif ne cherche pas la fusion polie, mais le choc frontal. Basses lourdes, rythmiques tropicales, bass music et samples qui fendent l’air : le set a été pensé comme un manifeste. Une manière de dire que la fête peut être aussi politique. À La Réunion, île de métissages et de cohabitations ethniques, cette salve d’Applause est la bienvenue. Une dernière vibration qui fait du bien en ces temps gouvernés par la peur, déconnectés de la joie collective.

    À lire aussi«Le Sakifo assume une dimension politique au sens noble du terme»

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  • Artemisia Gentileschi, héroïne de l'art, au panthéon de la peinture
    Jun 6 2025

    Artemisia Gentileschi, peintre du début du 17ᵉ siècle à la carrière immense, a été adulée de son vivant dans toute l'Europe. Redécouverte au milieu du 20ᵉ, elle symbolise l'effacement de ces artistes femmes qui ont fait l'histoire de l'art. Une rétrospective de grande ampleur lui est consacrée à Paris. Une exposition à voir au musée Jacquemart-André à Paris jusqu'au 3 août 2025.

    Des romans, des films, des bandes dessinées, célèbrent aujourd'hui la légende d'Artemisia Gentileschi. L'œuvre de cette peintre italienne du début du 17ᵉ siècle n'en finit pas d'être redécouverte, complétée par de nouveaux documents et de nouveaux tableaux. Des recherches récentes dessinent plus précisément sa forte personnalité à sa peinture virtuose, sensuelle et éclectique.

    Artemisia Gentileschi a grandi dans l'atelier de son père Orazio à Rome, c'est là qu'elle s'est formée, c'est là aussi qu'elle sera violée à 16 ans par un des assistants. S'ensuivra un procès intenté par son père contre l'agresseur, dont les minutes sont restées célèbres.

    Pierre Curie est commissaire de l'exposition du musée Jacquemart André. « Agostino Tassi est condamné, mais à peine, il doit s'exiler, mais ne s'exile pas, c'est Artemisia qui quittera Rome pour Florence, elle se marie – mariage arrangé par son père – parce qu'après ce procès, elle est une personne sociale détruite, violée, non mariée, sans protection, sans métier. Elle se sauve à Florence où elle va développer une carrière très différente, déployer ses ailes comme artiste, adopter un style qui lui est personnel et qui va varier tout au long de sa vie ».

    La grande peinture

    Artemisia Gentileschi est influencée par Le Caravage, maître du clair obscur au réalisme cru. Comme lui, elle attaque la toile sans dessin préparatoire. À Florence, elle fréquente la cour des Médicis, apprend la musique, la poésie, participe à plusieurs grandes commandes de peinture, vit de son art et possède son propre atelier. Elle n'hésite pas à représenter l'action violente, sujet à la mode, comme dans le tableau Judith et sa servante portant nonchalamment la tête décapitée du général Holopherne dans un panier. « Ce n'est pas une artiste féminine, ce n'est pas une femme qui fait dans la dentelle, c'est un grand peintre qui se met artistiquement au niveau des hommes de son temps, qui peint les mêmes choses avec la même puissance ».

    Le nu féminin

    Artemisia Gentileschi est aussi une rare femme peintre du 17ᵉ siècle à représenter des nus féminins, une caractéristique de son travail. « Elle peint un autoportrait où elle se représente entièrement nue, et nous avons aussi une très belle Cléopâtre. Ce sont presque toujours des autoportraits corporels très sensuels avec des formes rondes et elle y pose son visage. C'est étonnant d'autant qu'à l'époque le grand miroir en pied n'existe pas ».

    De Rome à Florence, en passant par Londres ou Naples, Artemisia Gentileschi laisse une œuvre résiliente menée sur près de 40 ans, une durée tout à fait exceptionnelle pour l'époque.

    À écouter aussi1. Artemisia, pouvoir, gloire et passions d'une femme peintre

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