C’était le 6 janvier 2021, le monde entier assistait en direct, stupéfait, à l’attaque du temple de la démocratie américaine à Washington par des centaines d’insurgés qui contestaient la défaite de Donald Trump à l’élection présidentielle.Le Soir à Bruxelles nous rappelle ces images incroyables : « le vacarme, la fumée, les hurlements sauvages des assaillants, énergumènes peinturlurés escaladant la façade du Congrès des États-Unis, déambulant dans les travées désertées, vêtus de peaux d’ours et de cornes de bison, les cris de douleur des policiers écrasés dans l’embrasure des lourdes portes du Congrès ou battus au sol à coups de barres en métal : ce sont les instantanés furieux d’un putsch mal ficelé, en ce glacial 6 janvier 2021, gravés à jamais dans la mémoire des Américains. (…) Cette jacquerie à l’américaine échoua d’un rien ». Mais, s’exclame Le Soir, « la fronde, puissante, solidement ancrée dans les vastes terres du Midwest, de la Rust Belt et de la Sun Belt, demeure. Donald Trump, cet apprenti sorcier appelé à succéder à Joe Biden à la Maison-Blanche, a juré de libérer les 1500 condamnés du 6-Janvier. L’Amérique, malade de désinformation, a perdu le sens commun, s’emporte le quotidien belge. Tous les sondages le confirment : un Américain sur trois croit le FBI responsable du 6-Janvier ; la même proportion n’y voit qu’une prolongation légitime du débat politique et soutient l’idée d’un pardon des émeutiers ; 15 % approuvent carrément la prise d’assaut du Capitole ».« Je me demande parfois pourquoi j’ai risqué ma vie… »Dans le New York Times, le sergent Aquilino Gonell se souvient avec effroi… « Pour avoir fait mon devoir de sergent de la police du Capitole, j’ai été battu et frappé par des émeutiers enragés sur tout le corps, jusqu’à ce que je sois couvert de mon propre sang. J’ai été blessé à la main, au pied et à l’épaule. J’ai cru que j’allais mourir (…).Au cours des quatre dernières années, j’ai été dévasté d’entendre Donald Trump répéter sa promesse de gracier les insurgés le premier jour de son retour au pouvoir. (…) Je me demande parfois pourquoi j’ai risqué ma vie pour défendre nos élus d’une foule manipulée par Trump, pour le voir revenir au pouvoir plus fort que jamais ».« Nous ne devons pas oublier… »4 ans après donc, le Capitole sera sous les projecteurs ce lundi, avec la cérémonie de certification de l’élection présidentielle. Et dans une tribune publiée par le Washington Post, le président Joe Biden met les points sur les i : « pendant une grande partie de notre histoire, cette procédure a été traitée comme un acte de routine. Mais après ce que nous avons tous vécu le 6 janvier 2021, nous savons que nous ne pourrons plus jamais la considérer comme acquise. (…) Nous ne devons pas oublier. (…) Quatre ans plus tard, en quittant mes fonctions, poursuit Joe Biden, je suis déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour respecter le transfert pacifique du pouvoir. Mais, nous ne pouvons pas oublier ce 6-Janvier. Nous devons nous en souvenir comme d’un jour où notre démocratie a été mise à l’épreuve et a triomphé. Et se souvenir que la démocratie - même en Amérique – n’est jamais garantie ».Qui sera gracié ?Le Wall Street Journal s’interroge : jusqu’où ira Trump dans sa volonté de gracier les insurgés ? « “Une grande majorité d’entre eux ne devraient pas être en prison“, a-t-il récemment déclaré ». Alors, se demande le journal, « qui va-t-il gracier ? Cet ex-trafiquant de drogue, qui a frappé des policiers à coups de matraque et qui a été condamné à 5 ans de prison ? (…) Au total, environ 1600 personnes ont été inculpées pour des faits de violence. Et le pardon de ces crimes, estime le Wall Street Journal, serait en contradiction avec la volonté affichée de Trump de préserver l’ordre public, et enverrait un message terrible sur l’acceptabilité de la violence politique commise en son nom ».Vers une démocratie « illibérale » ?Enfin, le point de vue, plutôt tranché, du Monde à Paris, sur l’arrivée au pouvoir de Donald Trump : « son élection est en soi une atteinte à la pratique démocratique américaine. Repris de justice, condamné pour escroqueries, fraude fiscale, inculpé au titre de sa tentative de renverser par la force le résultat des élections de novembre 2020, Trump n’aurait jamais été éligible en novembre dernier sans l’émergence de pratiques contraires à l’esprit, sinon la lettre, de la Constitution : politisation de la justice, tropisme illibéral du Parti républicain, polarisation idéologique annihilant la pratique du compromis démocratique ».Et Le Monde de s’interroger : « les États-Unis sont-ils sur la voie de la démocratie dite “illibérale“ ? 2025 ...