Ce week-end, un câble sous-marin a été endommagé en pleine mer Baltique entre la Suède et la Lettonie. Les autorités suédoises ont appréhendé, hier lundi, un bateau bulgare dans le cadre d'une enquête pour « sabotage aggravé » car ces câbles sous-marins sont stratégiques. Décryptage.
Comme souvent, quoi de mieux que des chiffres pour vous faire une idée ? Plus de 500 câbles sous-marins sont aujourd'hui déployés tout autour de la planète. Mis bout à bout on arrive à environ 1,5 millions de kilomètres. C'est évidemment beaucoup, à peu près 38 fois le tour de la Terre. Dans ces câbles, il passe tout un tas d’informations. De la télécommunication, des discussions en temps réel, des images, des vidéos, bref, tout ce que l'on peut trouver aujourd'hui sur nos ordinateurs, dans nos téléphones et dans nos télévisions. On y trouve aussi des données, évidemment essentielles et confidentielles, pour les grandes entreprises et les forces militaires.
C'est simple, 99 % des communications passent par ces câbles sous-marins d'à peine dix centimètres d'épaisseur.
Historiquement, ils appartiennent dans la majeure partie des cas à des consortiums, c'est un peu comme des copropriétés dans les immeubles. On parle ici d'alliance entre plusieurs acteurs comme des États ou des opérateurs de télécommunication. Ils fournissent ensuite l'accès à ces câbles à des clients moyennant rémunération. Mais le secteur a évolué et aujourd'hui il est porté dans l'écrasante majorité des cas par les GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft notamment sont de nouveaux entrants dans le marché.
À cela on peut ajouter — et ce n'est pas négligeable – que ces câbles sont toujours plus puissants, que les technologies évoluent très vite. Typiquement, un câble immergé il y a cinq ans est déjà surpassé par celui qui l'a été aujourd'hui.
Des autoroutes de l’info Du fait de la quantité de données qui transitent, ces câbles sont devenus des actifs essentiels qu'il faut protéger. Les câbles sous-marins sont ainsi des enjeux majeurs de sécurité, de souveraineté informationnelle, mais aussi économique.
De ce fait, ils font l'objet de toutes les attentions, mais pas à l'abri pour autant d'accidents : chaque année, on répertorie entre 150 et 200 incidents ou défaillance. Cela peut être des glissements de terrains sous-marins mais surtout, 80 % de ces incidents sont liés à un facteur humain, en général pas malveillant. On parle là de pêcheurs qui accrochent les câbles avec leurs filets ou des ancres marines qui traînent et qui les arrachent. Mais ces dernières années, on a assisté à une hausse des tensions géopolitiques et . On a vu ressurgir des actes de piraterie ou de malveillance. Des bateaux, y compris de pêche, sont soupçonnés de sabotage volontaire. C'est un épiphénomène certes, mais il est de plus en plus pris au sérieux.
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Plusieurs programmes ont été lancés par l'Union européenne ou par l'OTAN pour assurer la surveillance des infrastructures sous-marines. Mais il y aura toujours un risque ou une zone d'ombre car à 1000 mètres et plus de profondeur, difficile de surveiller chaque centimètre de câble !
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