• Souleymane Bachir Diagne: «Les réseaux sociaux amplifient les différences et tuent la liberté d'expression»
    Jan 11 2025

    Notre Grand invité Afrique ce samedi 11 janvier au matin est philosophe. Enseignant à la Columbia University à New York, le Sénégalais Souleymane Bachir Diagne s’interroge, dix ans après l’attentat qui a décimé Charlie Hebdo à Paris, sur l’évolution des rapports à la liberté d’expression, sur les oppositions entre les visions européennes et africaines, sur les difficultés à mener un débat serein aujourd’hui sur ces thèmes, sur l’espoir néanmoins de croire que l’humanité saura se relever. Il répond aux questions de Guillaume Thibault.

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  • Soudan: «Les sanctions américaines contre le général Hemedti (FSR) sont symboliques» dit T. Vircoulon
    Jan 10 2025

    Au Soudan, les paramilitaires des FSR sont accusés de génocide, une accusation formulée mardi par les États-Unis. « Les Forces de soutien rapide, FSR, et ses milices alliées ont systématiquement assassiné des hommes et des garçons sur une base ethnique, et ont délibérément ciblé les femmes et les filles de certains groupes ethniques pour les violer et leur faire subir d'autres formes de violence sexuelle brutales », a déclaré Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour utiliser ce terme de génocide ? Quelles conséquences peuvent avoir les sanctions contre le général Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti », le commandant des FSR et contre les sociétés liées aux paramilitaires ? Éléments de réponses avec Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’IFRI.

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  • O.Gaoual Diallo (Guinée): «Aucun responsable politique n'est poussé à l'exil à ce jour du fait des critiques»
    Jan 9 2025

    En Guinée Conakry, le référendum constitutionnel pourrait avoir lieu au mois de mai et les élections générales au mois d'octobre. C'est le calendrier que dévoile le porte-parole du gouvernement sur RFI. Ousmane Gaoual Diallo s'exprime aussi sur Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, six mois jour pour jour après la disparition forcée des deux leaders de la société civile. De passage à Paris, Ousmane Gaoual Diallo, à la fois ministre des Transports et porte-parole du gouvernement guinéen, répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

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  • A. M. Ndieck Sarre: «Le départ des troupes françaises a été décidé de façon souveraine par le gouvernement sénégalais»
    Jan 8 2025
    Le Sénégal, tout comme le Tchad, a vivement réagi aux propos du président français Emmanuel Macron, qui a notamment reproché aux dirigeants africains d’avoir « oublié de lui dire merci » pour les interventions militaires françaises au Sahel et affirmé que les retraits des troupes françaises étaient le résultat de négociations avec les différents pays du continent. Faux et « regrettable », répond le porte-parole du gouvernement sénégalais et ministre de la Formation professionnelle, Amadou Moustapha Ndieck Sarre, qui se dit lui aussi indigné par les déclarations d’Emmanuel Macron. Il est l’invité de RFI. RFI : Le président français qui a affirmé avoir réorganisé sa présence militaire sur le continent et avoir laissé la primeur de l'annonce du départ des troupes françaises par politesse aux pays africains, qu'en pensez-vous ?Amadou Moustapha Ndieck Sarre : Permettez-moi d'abord de parler de la forme de sa déclaration, diplomatiquement parlant, on a vu un président particulièrement condescendant et même hautain sous bien des formes. On l'a entendu parler de politesse, on l'a entendu également parler d'absence de remerciements et tout ça, ce n'est pas diplomatique et c'est à déplorer. La 2ᵉ chose, c'est que dans le fond, nous avons bien vu que le président Macron est totalement passé à côté. Et pour ce qui concerne leSénégal, ce qu'il a dit n'a rien à voir avec la vérité. La présence de l'armée française n'a eu aucune influence sur la stabilité du Sénégal. Le Sénégal a toujours été un pays stable et jamais on a eu besoin de recourir à des forces étrangères pour permettre à notre pays d'être stable. À la place de cette condescendance, le président français devait au moins présenter des excuses aux africains. Malheureusement, il a eu cette sortie que nous trouvons tout à fait malheureuse.Pour revenir au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye annonçait le 28 novembre dernier, puis à nouveau le 31 décembre, le départ des troupes françaises qui restent au Sénégal dès 2025. Qu'en est-il, est-ce que c'est un départ qui a été négocié, est-ce que des échanges avec la France ont eu lieu sur ce sujet ?Ce départ a été décidé de façon souveraine par le gouvernement Sénégalais. Vous savez, nous, quand nous étions dans l'opposition, nous avions toujours réclamé la souveraineté totale de notre pays. Et arrivé à la tête du Sénégal, justement, il fallait donner corps à cette volonté, à cette promesse faite au peuple sénégalais. Voilà pourquoi le président de la République a décidé de manière souveraine à revoir les accords de défense avec les étrangers d'une façon générale, et c’est ainsi qu'il a donné des instructions au ministre des forces armées pour déterminer les modalités de renégociation de ces accords de défense et la conséquence de cette décision a été de demander aux forces étrangères de quitter le sol sénégalais.Est-ce qu'il y a eu des échanges sur le fond entre Sénégalais et Français entre avril et maintenant, sur le départ de ces troupes françaises du Sénégal ?Il n'y a eu aucun échange, c'est le Sénégal qui a décidé de son propre chef de demander aux forces françaises de quitter et actuellement, le ministre des Forces armées entend déterminer les modalités.Le 20 juin dernier, Bassirou Diomaye Faye a rencontré le président français Emmanuel Macron. Quand Emmanuel Macron lui a demandé s'il souhaitait le départ des troupes françaises, il a répondu ne pas avoir pris encore de décision pour le moment. Est-ce qu'il y a eu quelques mois d'hésitation entre juin et novembre ?C'était certainement le timing de la réflexion. Mais ce qui est sûr et certain, c'est que la décision de faire quitter les forces étrangères du sol sénégalais était prise depuis très longtemps. Diplomatiquement parlant, il ne pouvait pas publiquement dévoiler la décision qu'il allait prendre.200 militaires français environ sont encore basés au Sénégal. Quel est le chronogramme envisagé pour le départ de ces troupes ?Le ministre des Forces armées fera certainement une sortie pour déterminer les modalités. Vous serez informé.Du côté des militaires français, on me dit qu’ils sont en attente de savoir ce que souhaite le gouvernement sénégalais. Qu'en est-il, est-ce qu'il y a des réunions prévues pour pouvoir parler de tout ça ?Ça n'a pas encore été décidé, mais ça, ça se décidera.Est-ce que vous savez quelles emprises sont concernés ? Parce qu'il y a deux emprises près du port, une emprise à Ouakam, il y a aussi cette base d'écoute à Rufisque. Est-ce que ce sont ces quatre emprises qui vont partir ?Mais forcément, quand on parle de sortie des troupes françaises, des troupes étrangères du sol sénégalais, il s'agit de toutes les troupes qui doivent quitter le Sénégal. Nous allons reprendre toutes les emprises entre les ...
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  • «Le départ des troupes françaises n'a jamais été négocié», affirme le chef de la diplomatie du Tchad
    Jan 8 2025
    « Nous nous en sortirons tout seuls », affirme le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, après la décision de son président, Mahamat Idriss Déby, de faire partir tous les militaires français du Tchad d'ici à la fin de ce mois de janvier. Comment le Tchad réagira-t-il si une nouvelle colonne rebelle attaque à partir de la Libye ou du Soudan ? Le Tchad envisage-t-il un partenariat stratégique avec un autre pays étranger ? Abderaman Koulamallah, à la fois chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement tchadien, répond sans détours aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ce lundi à Paris, le président français Emmanuel Macron a dit que le départ des soldats français du continent africain était une initiative de lui-même et a ajouté : « Nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence militaire et, comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l'annonce ». Comment vous réagissez ?Abderaman Koulamallah : Bon, d'abord. Les propos dans leur ensemble sont désobligeants et carrément irrespectueux vis-à-vis des chefs d'Etat africains et de l'Afrique tout entière. Nous avons dit que ces propos étaient des propos méprisants vis-à-vis des dirigeants africains et que la France doit comprendre que le temps des colonies est terminé. Pour notre part, la décision du départ des troupes françaises du Tchad est une décision souveraine, qui n'a jamais été négociée avec qui que ce soit, ni avec les dirigeants français, ni avec le président Macron. C'est une décision que le président Mahamat Idriss Déby, le maréchal Mahamat Idriss Déby, a prise et qui est conforme à son programme politique : revisiter les accords de coopération militaire. Nous ne voulons plus de bases militaires sur notre territoire. C'est une décision politique, une décision de souveraineté et une décision pour notre indépendance.Alors vous dites que c'est une décision politique, mais c'est aussi une décision stratégique. À plusieurs reprises ces 20 dernières années, les militaires français, notamment les avions Mirage 2000, ont aidé le gouvernement tchadien à repousser les offensives rebelles. La dernière fois, c'était il y a juste six ans en 2019. Qu'est ce qui se passera en cas de nouvelle tentative d'incursion d'une colonne rebelle en provenance de Libye ou du Soudan ?Mais plus récemment, en 2021, l'armée tchadienne s'est battue toute seule contre les groupes terroristes, qui ont même porté atteinte à la vie de notre cher et bien aimé défunt maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. Et c'est l'armée tchadienne, avec à sa tête le président de la République de l'époque lui-même, qui a repoussé et anéanti les colonnes rebelles. A ce moment, nous n’avons pas eu besoin de l'aide de la France. Nous avons pris cette décision que vous dites stratégique. Effectivement, c'est stratégique. Je peux vous affirmer que ça, c'est parce que nous avons pesé nos capacités de riposte, de vaincre tout ennemi qui s'aventurerait sur notre territoire. Nous n'avons besoin de personne, que cela soit dit une bonne fois pour toute.Vous n'avez plus besoin de l'appui aérien de la France ?On n’a besoin de l'appui de personne. Nous nous en sortirons tout seuls.Avec peut-être aussi de nouveaux amis sur la scène internationale ? On pense aux Émirats arabes unis qui peuvent éventuellement vous apporter un soutien stratégique ?Mais pourquoi voulez-vous qu'on décide de faire partir une puissance militaire étrangère et de faire les yeux doux à d'autres puissances ? Il n'y aura aucune autre base étrangère sur notre territoire.Dans son discours de lundi à Paris, Emmanuel Macron a dit aussi que la France avait eu raison d'intervenir militairement en Afrique contre le terrorisme en 2013, mais que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci ». Qu’est-ce que vous en pensez ?Mais ça, ce sont des propos qui sont extrêmement blessants, il ne faut pas réduire les relations entre la France et l'Afrique simplement à la lutte contre le terrorisme. Il y a des milliers de soldats africains qui sont morts pour la France et ces propos, comme le président Macron les a dits, sont vexants, humiliants et inacceptables pour les Tchadiens et pour tous les Africains. Nous avons aussi combattu auprès des Français et la France n'a pas toujours dit merci aux soldats africains qui sont morts sur son territoire.Historiquement, en janvier 2013, est-ce que l'intervention française au centre du Mali n'a pas sauvé Bamako qui était menacée par une colonne rebelle de jihadistes ?Vous interrogerez le ministre malien des Affaires étrangères sur cette question, je ne veux pas me prononcer sur cette question.Oui, mais en février 2013, les militaires français et tchadiens combattaient côte à côte dans le nord du Mali contre ...
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  • Lassane Zohoré: «Je suis toujours Charlie, la résilience dont a fait preuve Charlie nous inspire tous»
    Jan 7 2025
    Que reste-t-il de la vague d'émotion qui a gagné une grande partie du monde, il y a dix ans, après l'attentat contre le journal satirique français Charlie Hebdo ? En Côte d'Ivoire, Lassane Zohoré est caricaturiste et directeur de publication de l'hebdomadaire satirique Gbich !, qui fait rire les Ivoiriens depuis plus de 25 ans. « Il y a un avant et un après-Charlie, dit-il, car aujourd'hui, nous, les dessinateurs, on est ramollis ». En ligne d'Abidjan, il répond en toute sincérité aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Il y a 10 ans, vous avez participé à des manifestations de solidarité à Abidjan en disant « Je suis Charlie ». Aujourd'hui, est-ce que vous êtes toujours Charlie ?Lassane Zohoré : Oui, je suis toujours Charlie, parce qu'il faut dire que la résilience dont a fait preuve Charlie nous a inspiré tous et je peux affirmer que je suis toujours Charlie. On ne savait pas qu'on faisait un métier dangereux, au point de chercher à assassiner des dessinateurs. Je crois que ça nous a ouvert un peu les yeux et, sans qu'on ne s'en rende compte, peut-être qu'il y a une autocensure que les dessinateurs eux-mêmes se sont imposés. Il a fallu les remotiver pour leur dire qu'ils pouvaient faire leur métier comme ils le souhaitaient. Ils pouvaient faire leur métier librement, voilà.Gbich est né à Abidjan en 1999. Ça fait déjà donc plus de 25 ans et vous tirez à plusieurs milliers d'exemplaires. Est-ce que la caricature ça compte en Côte d'Ivoire ?Oui, ça compte beaucoup en Côte d'Ivoire. Donc, du coup, je pense quand même que la Côte d'Ivoire qui a une culture d'autodérision a vraiment adopté cela et nous continuons notre chemin par rapport à ça.Alors pour Riss, le directeur actuel de Charlie Hebdo à Paris, la liberté d'expression a reculé en France depuis 10 ans. Est-ce que vous constatez la même chose en Côte d'Ivoire ?Je dirais que oui, quelque part quand même, parce que ce qu'on pouvait dire il y a peut-être 10 ans, aujourd'hui on ne peut presque pas rire ou plaisanter avec certains sujets. Malheureusement, c’est ce qu'on constate ! Parce qu'avant, nous, on pouvait se moquer par exemple des ethnies de la Côte d'Ivoire, comme les Baoulé contre les Bétés, ou les Dioula contre les Agnis, et cetera. Mais aujourd'hui, on ne peut pas faire ça. Les gens prennent cela en mal et ça peut créer des frustrations. Ça peut être mal perçu. Voilà, donc aujourd'hui, je pense que la liberté d'expression a reculé. Et si vous avez bien remarqué, le métier d'humoriste même est en train de disparaître pratiquement à cause de cela.On connaît la tradition anticléricale de Charlie Hebdo. Pour ce 10e anniversaire de l'attentat, l'hebdomadaire français a publié un numéro spécial où il veut rire de Dieu à travers quelque 40 caricatures. On voit par exemple une mère qui protège son enfant dans un paysage en ruines, et qui dit « un dieu, ça va, trois dieux, bonjour les dégâts ». Est-ce que ce type d'humour est possible chez vous en Côte d'Ivoire ?Bon, ici, il y a quand même une nuance. Gbich a traité beaucoup de thèmes sur la religion, mais la nuance vient du fait que, au niveau de Gbich, vous avez des personnes qui croient en Dieu. Contrairement à Charlie Hebdo où c'est un journal qui est athée. Donc, on croit en Dieu, mais on peut se moquer des serviteurs de Dieu, de ceux qui pratiquent la religion. Il nous est arrivé de faire des numéros sur des imams, faire des numéros sur des pasteurs ou des prêtres, mais on ne s'attaque pas à Dieu.Et on ne s'attaque pas à ses symboles.Exactement. C'est ça.Alors, toujours Riss, directeur actuel de Charlie Hebdo, affirme que si la liberté d'expression recule en Europe, c'est peut-être parce que la démocratie elle-même est menacée par les forces obscurantistes. Qu'en pensez-vous ?Bon, je suis d'accord avec lui. Je constate simplement qu'aujourd'hui, avec la liberté qu'il y a sur les réseaux sociaux, il y a une sorte de tribunal qui s'est installé au niveau des réseaux sociaux qui peuvent faire et défaire les choses. Et malheureusement, il suffit d'avoir 2 ou 3 personnes dont la voix porte, et qui remettent en cause un certain nombre de choses, pour que ça tire tout le reste. Il y a vraiment un tribunal qui ne dit pas son nom sur les réseaux sociaux, qui amène les gens à moins accepter des choses qui étaient banales hier. Voilà, hier on pouvait tout dire, on pouvait se marrer de tout. Mais aujourd'hui, c’est difficile. Moi-même je faisais des dessins dans le journal gouvernemental Fraternité matin. Tous les jours, je faisais un dessin, des blagues, mais aujourd'hui, je ne peux plus faire ces mêmes blagues là ! Je pouvais me moquer de la femme, du policier, des ethnies. Aujourd'hui là, tout est complètement barricadé et il y a des épines partout ! Vous ne pouvez pas trop bouger.Et sur ce tribunal des réseaux sociaux, vous arrive-t-il d'être menacé à cause ...
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  • Fabrice Arfi: Paris a donné à Kadhafi «une notabilité qu’aucun autre pays occidental n’a pu lui offrir»
    Jan 6 2025
    Nicolas Sarkozy de nouveau devant les tribunaux. Mais il s'agit cette fois d'une affaire hors norme, qui a tout du scandale d'État entre l'ancien président français et Mouammar Kadhafi. La justice française accuse Nicolas Sarkozy d'avoir touché de l'argent du « guide » libyen pour financer la campagne électorale qui le portera à l'Élysée en 2007. Nicolas Sarkozy est poursuivi pour corruption, association de malfaiteurs, recel de détournement de fonds publics et financement illicite. Il risque dix ans de prison. L'histoire éclate en 2012, suite aux révélations du site d'information français Mediapart, qui conduira l'année suivante à l'ouverture d'une enquête judiciaire. Fabrice Arfi est le responsable du pôle Enquêtes de Mediapart, c'est aussi lui qui est à l'origine des révélations. Il répond aux questions de Sidy Yansané. RFI : Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rencontrent pour la première fois en 2005. Et lorsqu'il est élu président deux ans plus tard, il parvient à faire libérer les infirmières bulgares injustement détenues en Libye depuis des années. C'est là que débute officiellement la lune de miel entre les deux chefs d'État. Quelles étaient les raisons de ce rapprochement ? Fabrice Arfi : Les raisons officieuses, celles qui vont peupler les audiences du procès historique, du procès de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, concernent une histoire de compromission à divers niveaux, qu'il soit diplomatique, financier, économique, dans des perspectives de financement occulte de la Libye en direction de la France et en contrepartie, d'après l'accusation judiciaire, de tout un tas de faveurs que la France a octroyé à la Libye de Mouammar Kadhafi, à partir du moment où Nicolas Sarkozy a été élu président de la République.Parmi ces faveurs, par exemple, lesquelles sont les plus notables ?La contrepartie la plus significative car c’est la plus vertigineuse de mon point de vue, c’est l'un des dignitaires libyens qui s'appelle Abdallah Senoussi, beau-frère de de Mouammar Kadhafi et ex-chef des services secrets militaires, et qui est connu de sinistre mémoire en France, puisqu'il a été condamné en 1999 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir fait sauter l'avion de ligne DC10 de la compagnie française UTA. C'était en 1989 au-dessus du désert du Ténéré au Niger, et ça a fait 170 morts. Parmi les contreparties, la justice accuse l'équipe Sarkozy d'avoir, contre de l'argent versé, promis de faire sauter le mandat d'arrêt d'Abdallah Senoussi, visé par un mandat d'arrêt international depuis sa condamnation en France. Donc on va avoir, pour la première fois dans l'histoire politique et pénale française, une affaire de terrorisme, et non des moindres, qui va se retrouver au cœur d'un procès de corruption.Et c'est d'ailleurs cette affaire de terrorisme qui va contribuer largement à l'isolement de la Libye au niveau international. Et l'élection de Sarkozy, c'est aussi une grande victoire pour Kadhafi car six mois après cette élection, il est invité à Paris. On se souvient tous de sa tente qu’il a dressée dans la cour de l’hôtel Marigny, situé devant le palais de l'Élysée. Vous considérez que c'est aussi une victoire pour Kadhafi ?D'autres démocraties, bien sûr, ont accueilli Mouammar Kadhafi. Mais seule la France l’a fait avec un tel faste, et c'était pour Mouammar Kadhafi une victoire totale pour laquelle il était prêt à payer très cher. La France, pays de la Révolution française, de la Déclaration des droits de l'homme, lui a offert une notabilité qu'aucune autre démocratie occidentale, libérale, comme on dit, n'était en mesure de lui offrir.Seulement quatre ans plus tard, c'est le Printemps arabe. Une coalition de l'Otan décide de soutenir les rebelles contre Kadhafi. Le président Sarkozy se montre particulièrement volontaire. Rappelons qu’avant l'intervention, le guide libyen « révèle » dans le quotidien français Le Figaro avoir financé la campagne de son homologue français. Les enquêtes, médiatique comme judiciaire, font-elles un lien entre les deux événements ?Je ne suis pas de ceux qui considèrent que la guerre en Libye est une fabrication de Sarkozy visant à se blanchir, mais il y a quand même des questions qui se posent sur la manière dont la guerre a été déclenchée. Je rappelle qu'il y a un rapport du Parlement britannique qui a mis en cause les mensonges qui ont présidé au déclenchement de la guerre en Libye, dans le sillage des Printemps arabes, d'abord en Tunisie puis en Égypte. Des questions qui se posent aussi sur certaines opérations menées en Libye, jusqu’à la mort du dictateur Kadhafi, dont on ignore les circonstances précises encore aujourd’hui. Mais le fait est que le Nicolas Sarkozy de 2007 et le Mouammar Kadhafi de 2011 sont bien les deux mêmes hommes de 2007 et de 2011. S’il y a un secret qui...
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  • Angel Kaba: «Jamais je n'aurais imaginé créer un spectacle qui touche le cœur des gens comme ça»
    Jan 4 2025

    Danseuse, chorégraphe et directrice artistique, Angel Kaba est la première femme africaine à diriger un spectacle Off-Broadway. « Breakin’ NYC » est une plongée dans l'univers du hip-hop (de ses origines à aujourd'hui) et une célébration des danses afro-urbaines, dont Kaba est considérée comme une ambassadrice incontournable. De son héritage multiculturel à son rêve de créer un centre artistique en Afrique, rencontre avec une artiste qui n’a pas peur de briser les frontières. Elle est l’invitée de Christina Okello.

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