Bob Dylan, chanteur et poète, prix Nobel de littérature en 2016, revient sur le devant de la scène médiatique à l'occasion de la sortie en salles en France cette semaine du film Un parfait inconnu (A complete unknown) de James Mangold. Le réalisateur américain, auteur d'un biopic salué sur la star de la country Johnny Cash (Walk the line en 2005), s'intéresse à quatre années décisives de la vie de Dylan.
Timothée Chalamet incarne un jeune homme que l'on saisit en 1961 à son arrivée à New York, avec, pour tout bagage, sa guitare sèche. Il a à peine 19 ans et son premier mouvement est de se rendre à l'hôpital au chevet du grand chanteur folk Woodie Guthrie. Il se présente comme Bobby Dylan, son pseudonyme. On apprendra incidemment dans le film que ce jeune homme décidé, ambitieux, mais authentique dans ses choix et son génie musical, s'appelle en réalité Robert Zimmerman.
Le chanteur folk Pete Seeger (joué dans le film par John Cusak) le prend sous son aile, le fait se produire dans les salles de Greenwich Village où il va croiser celle qui est une vedette, Joan Baez. Bob Dylan enregistre à la fin de l'année 1961 son tout premier disque, principalement des reprises de classiques folk.
Le film montre donc Bob avant Dylan, quatre années cruciales où éclosent son talent et sa notoriété.
Et le film saisit aussi le son de l'époque : celle des droits civiques, de dénonciation du racisme systémique envers les Afro-Américains, d'opposition à la guerre du Vietnam.
Avec ses protest songs, Bob Dylan rencontre le succès et devient une star. Il se fait acclamer en ouvrant un concert avec ce qui est devenu un classique, l'hymne du changement : « The time, they are a changin ».
Timothée Chalamet interprète lui-même les chansons de celui qui devient une star de la folk. Il a pris des cours de chant et de guitare, et sa performance se révèle très convaincante, même si la voix est moins nasillarde que l'originale.
Timothée Chalamet que Bob Dylan lui-même a adoubé sur ses réseaux sociaux, salué également par Neil Young, est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur cette année.
Le film s'achève en 1965 avec la métamorphose de Dylan en chanteur rock, lui qui a toujours refusé de se laisser emprisonner dans quelque chapelle que ce soit, au risque de s'aliéner ses mentors folk.
On se quitte avec « Like a rolling stone », le titre qui contient le vers « a complete unknown », un parfait inconnu, tant ce biopic, qui assume de prendre des libertés avec l'histoire officielle, parvient à sauvegarder le mystère, l'opacité de Bob Dylan.