• Dmytro Kuleba, ex-ministre des Affaires étrangères ukrainien: «Nous sommes encore loin d'un quelconque accord»
    Jan 28 2025
    Dmytro Kuleba, ex-ministre des Affaires étrangères ukrainien de 2020 à 2024, est, ce mardi 28 janvier, le grand invité international de RFI. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche aux États-Unis, il est de nouveau question de négociations de paix entre l'Ukraine et la Russie. Vladimir Poutine se dit prêt à discuter avec le président Trump. Volodymyr Zelensky a réagi en mettant en garde contre une exclusion de l'Ukraine de ces pourparlers. RFI : Pensez-vous qu'il y aura bientôt des négociations ?Dmytro Kuleba : Je ne pense pas que de véritables négociations commenceront bientôt. Du moins, si nous imaginons une table à laquelle trois ou quatre, où je ne sais combien de dirigeants, s'assoient ensemble et trouvent des solutions. Il y a déjà un échange actif de messages sur les négociations entre Washington, Moscou et Kiev. En ce sens, nous pouvons conclure que les discussions sur la façon dont la guerre doit se terminer ont déjà débuté.Mais il ne s'agit pas de négociations en bonne et due forme telles que nous les imaginons habituellement. Le problème est que dire que l'on est prêt à discuter est une chose, mais parvenir à un accord en est une autre. Et si toutes les parties indiquent qu'elles sont prêtes à discuter, nous sommes encore loin d'un quelconque accord.Comment les Ukrainiens appréhendent-ils la présidence Trump ? S'agissant de Trump, je pense que les Ukrainiens ont les mêmes sentiments que le reste du monde, sauf que les enjeux sont beaucoup plus élevés pour nous. Nos sentiments sont mitigés. D'un côté, nous voyons cela comme une opportunité. De l'autre, nous savons que Donald Trump est un homme politique qui peut changer radicalement de position à tout moment. C'est donc vraiment l'art de la diplomatie qui va entrer en jeu, et qui, espérons-le, maintiendra Trump sur la bonne voie et l’aidera à rétablir une paix juste en Ukraine.Ces discussions autour d'éventuels pourparlers interviennent à un moment difficile pour l'Ukraine sur le champ de bataille. L'armée a cédé du terrain. Les troupes russes sont aux portes de la région de Dnipropetrovsk. De ce point de vue, la Russie ne semble pas avoir de raison d'arrêter la guerre. Est-elle réellement disposée à parler de paix ou d’arrêt des combats ?Non. À ce stade, Poutine pense qu'il va l'emporter à la fois sur l'Ukraine et sur l'Occident. Il pense que l'Occident vacillera et qu'il pourra s’emparer de toute l'Ukraine. C'est son rêve. Poutine ne sera donc prêt à négocier et à faire des concessions que lorsqu'il se sentira faible. Et cela dépend de deux sujets : le premier, c’est la situation sur le champ de bataille et le second, c’est la situation économique de la Russie. S'il sent qu’il peut tenir et qu’il a une stabilité dans ces deux domaines, alors il continuera à se battre.En trois ans de guerre, l'Occident a franchi à plusieurs reprises les lignes rouges de la Russie en donnant des armes à l'Ukraine. Mais il a également limité son aide militaire par crainte d'une escalade du conflit. Pensez-vous qu'il existe encore une peur de l'escalade, ou plus généralement une peur de la Russie de la part de certains partenaires occidentaux ?Oui, c'est le cas. S'il n'y avait pas de crainte d'escalade ou de peur de la Russie, cette guerre aurait déjà pris fin. Je dirais même que cette guerre n'aurait pas commencé s'il n'y avait pas eu de crainte de la Russie. Poutine a attaqué uniquement parce qu'il était sûr que l'Europe et les États-Unis avaient peur de lui, qu'ils n'allaient pas réagir, qu’ils n’allaient pas apporter de soutien à l'Ukraine et qu’il écraserait l'Ukraine assez rapidement. Aucun autre concept n'a infligé plus de dommages à l'Ukraine que le concept de non-escalade.La politique de non-escalade est une énorme erreur de l'Occident. Il doit en tirer les leçons. La non-escalade ne fonctionne que si, de l'autre côté, l'adversaire est sensible et réagit aux gestes de non-escalade. Par exemple, vous dites : « Je ne vais pas faire ceci » et vous arrêtez votre offensive. Lorsque l'autre partie s'arrête, la non-escalade fonctionne.Mais ce qu'il s'est passé en Ukraine, c'est que l'Occident a fait savoir à la Russie que nous ne ferions pas cela. Et vous devriez également ralentir. Mais Poutine n'a pas ralenti une seule seconde. Il n'a jamais rendu la pareille à la politique de non-escalade, alors que l'Occident continuait à suivre cette voie, ce qui a entraîné de lourdes pertes. Et de nombreuses personnes en Ukraine sont mortes uniquement parce que la politique de non-escalade a été entretenue par les grandes capitales.Le Kremlin et l'administration américaine semblent être d'accord sur un point : l'Ukraine ne devrait pas rejoindre l'Otan, du moins dans un avenir proche. Existe-t-il un espace de discussion sur ce sujet en Ukraine ? Que pensez-vous de la proposition de suspendre l'adhésion de l'Ukraine à ...
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    Ginette Kolinka, l'une des dernières survivantes du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, est l'invitée de RFI ce 27 janvier. À l'occasion des 80 ans de la libération des camps, elle raconte son histoire, sa déportation et son engagement pour lutter contre l'oubli.

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    Jan 24 2025

    Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT - Confédération française démocratique du travail est la grande invitée internationale ce vendredi 24 janvier. Elle évoque ses inquiétudes face au retour de Donald Trump et à ses mesures protectionnistes. Elle s’est également exprimée sur les défis économiques en France, les plans sociaux, la réforme des retraites et la précarisation des sans-papiers. Entretien.

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    Jan 23 2025

    Jimena Reyes, directrice du bureau des Amériques de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et représentante des victimes mexicaines devant la Cour américaine des droits de l’homme est l'invitée de RFI ce 23 janvier 2024. Après les premières mesures anti-immigration de Donald Trump, elle dit ses inquiétudes. Entretien.

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  • France-Cameroun: «Il faut regarder la vérité sur le passé de façon transparente»
    Jan 22 2025

    Thani Mohamed Soilihi, ministre français délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux est l'invité de RFI ce 22 janvier 2025. Après la remise du rapport sur le rôle de la France au Cameroun entre 1945 et 1971, il espère des relations nouvelles avec le Cameroun. Il annonce la remise du rapport au président Paul Biya, mardi 28 janvier. « Cette transparence, cette recherche de vérité est la meilleure façon de dialoguer et de continuer à travailler ensemble », dit-il. Il évoque aussi la baisse du budget de l'aide publique française au développement. Entretien.

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    Jan 18 2025

    L’accord de trêve signé entre Israël et le Hamas entre en vigueur dès demain matin, ce dimanche 19 janvier 2025. Objectif : permettre la libération des otages et la reconstruction de ce territoire sévèrement détruit. Cette trêve, ouvre-t-elle une page pour la réponse à la crise humanitaire qui sévit dans l’enclave, alors que les ONG dénoncent les entraves depuis un an ? Quels en sont les enjeux ? Alexandre Chatillon, co-fondateur et directeur de l’ONG Super-Novae, qui a été sur place et qui doit y retourner dans quelques semaines, est, ce matin, notre grand invité international.

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    Jan 17 2025

    L’attente de la mise en place de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est interminable, aussi bien du côté des familles des otages qui attendent fiévreusement la libération de leurs proches, que de celui des Gazaouis. Entre temps, les bombardements se poursuivent dans la bande de Gaza. L'accord doit encore être voté par le gouvernement israélien ce vendredi. Entre espoir d’une trêve effective et crainte d’un accord trop fragile pour tenir, quel est le sentiment et les émotions qui traversent les parents d’otages retenus à Gaza ? Pour en parler, Ariane Tamir, membre de la famille de Tal Shoham, otage israélien, est la grande invitée internationale de la matinale de RFI.

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