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  • La crainte de taxes américaines fait grimper les cours du cuivre
    Jul 3 2025

    C'est une des conséquences de la guerre commerciale initiée par Donald Trump : il y a de moins en moins de cuivre sur le marché, les acheteurs de cuivre peinent à s'approvisionner, mais aux États-Unis, depuis plus d'un an, les stocks ne font que grossir.

    Il y a eu un appel d'air très fort aux États-Unis, avec des transferts de gros volumes, grâce à des primes payées Outre-Atlantique incitatives. Tous ceux qui pouvaient, ont fait rentrer du cuivre sur le sol américain, par précaution, avant que le métal rouge ne soit éventuellement taxé.

    Résultat, les stocks nationaux ont augmenté pour la seizième semaine consécutive et ont plus que doublé depuis mi-février. Ils sont plus fournis que ceux de la bourse aux métaux de Shanghai et de Londres (LME) réunis, une première, selon Saxo Banque.

    Plus précisément les stocks du LME ont baissé des deux tiers en quelques mois et sont aujourd'hui à leur plus bas niveau depuis deux ans alors que les stocks chinois sont en baisse depuis février et oscillent depuis mi-mai entre 80 et 110 000 tonnes, peinant à redécoller au-delà malgré une augmentation de la prime à l'achat par les opérateurs chinois.

    Production ralentie

    L'approvisionnement est aussi perturbé par des difficultés de production dans plusieurs pays. On peut citer les inondations au mois de mai dans la grande mine de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo, et des barrages routiers érigés par les mineurs artisanaux au Pérou qui ont fait obstacle ces derniers jours au transport du minerai.

    Un minier canadien est aussi en difficulté au Panama. La mine de First Quantum Minerals a été fermée, il y a un an et demi, par le gouvernement, suite à des protestations de la population. Les 120 000 tonnes de cuivre semi-transformé attendent de quitter le site.

    Pression sur les prix

    À plus de 10 000 dollars la tonne, les prix ont atteint cette semaine, à Londres, leur plus haut niveau depuis trois mois. Preuve du stress qui règne sur le marché, les prix immédiats sont plus élevés que ceux pour une livraison dans trois mois, alors que c'est l'inverse dans un marché normal.

    Au vu de la demande en cuivre qui se profile, les perspectives de long terme sont celles d'un marché en tension car « le rôle du cuivre en tant que conducteur industriel le plus efficace devient de plus en plus vital, rappelle l'analyste en chef du département matières premières de Saxo Banque. La demande d'énergie liée à l'IA, le déploiement de véhicules électriques, les infrastructures de recharge, la relocalisation industrielle aux États-Unis et la demande croissante de refroidissement soulèvent des vents arrière de la demande ».

    À court terme, les prix pourraient rester élevés, tant que l'administration Trump n'aura pas clarifié sa position sur les taxes douanières, car d'ici là, la prime américaine pour le cuivre devrait rester élevée, selon Saxo Banque, ce qui confortera les flux vers les États-Unis au détriment d'autres pays alors que les besoins américains ne représentent que 8% de la demande mondiale.

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  • Les cours du coton dévissent sur fond de bonnes récoltes mondiales
    Jul 2 2025

    Les prix du coton sont en chute depuis un an et demi et ont atteint leur plus bas niveau depuis mai 2020. Cet effondrement des prix traduit d'abord l'abondance de coton.

    Le Brésil poursuit son ascension sur le marché du coton. Les surfaces ont atteint plus de deux millions d'hectares et devraient produire 3,9 millions de tonnes de coton fibre en 2025, soit une augmentation de 5,5% par rapport à l'année dernière, selon la Conab, l'agence agricole du pays.

    Aux États-Unis, le dernier rapport du ministère américain de l'Agriculture a revu à la hausse ses prévisions de production pour la campagne en cours à 19,9 millions de balles, soit près de 6% de plus que l'année dernière. Ce à quoi il faut ajouter des superficies en augmentation de 8% en Inde et des stocks mondiaux au plus haut depuis trois ans. Des nouvelles qui sapent tout espoir de remontée des cours à court terme, selon le site Trading Economics.

    Demande plus que tiède

    Cela fait plus de deux ans que les prix du coton sont affectés par la faiblesse de la croissance économique mondiale. Ils sont également, depuis le début de l'année 2025, pris dans la tourmente des tarifs douaniers américains. L'incertitude sur la demande aux États-Unis entraîne un ralentissement de l'activité des filatures et des usines textiles des pays, qui sont sous la menace de taxes particulièrement élevées. C'est le cas notamment du Sri Lanka et du Bangladesh. Cette incertitude affecte directement la demande en coton.

    Dans ce contexte, la Chine a également moins acheté cette année. Le ministère chinois de l'Agriculture a abaissé, en juin, ses estimations d'importation de coton de 300 000 tonnes par rapport à celles du mois de mai, soit un volume total prévu d'1,2 million de tonnes.

    Des marges qui se resserrent pour les producteurs

    Avec des prix à terme qui ont chuté de 12% au cours des 12 derniers mois à New York, et des cours en ce début de semaine à moins de 60 cents la livre, les producteurs brésiliens voient leur marge se resserrer et luttent pour rester au-dessus du seuil de rentabilité.

    La question est de savoir si ceux qui déchantent vont moins planter l'année prochaine. L'association brésilienne des producteurs de coton (ABRAPA) table pour l'instant sur des surfaces toujours supérieures à deux millions d'hectares pour la campagne 2025-2026.

    Au-delà du Brésil, ces prix affectent tous les producteurs et en particulier ceux d'Afrique de l'Ouest qui « sont dans l'incapacité structurelle » de réduire leurs coûts de production, comme le constate le négociant français Mambo Commodities dans sa note de marché du 10 juin.

    Les cotonculteurs vont devoir prendre leur mal en patience car les prix devraient, au mieux, se redresser modestement d'ici la fin de l'année, selon le cabinet de conseil Oxford Economics.

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  • Coup de frein sur les prix du café robusta et arabica
    Jun 26 2025

    La course effrénée des prix du café serait-elle terminée ? Après les records historiques atteints en février, le marché repart à la baisse : ces trois derniers mois, les prix de l'arabica ont chuté de 17% et ceux du robusta de 30%.

    Le premier signe rassurant pour les marchés, c'est la production brésilienne et en particulier celle de robusta, qui entre dans la composition des cafés solubles : la récolte est en cours au Brésil, mais elle s'annonce déjà record, selon Rabobank.

    Cette bonne nouvelle compense la récolte brésilienne d'arabica a priori plus basse que celle de l'année dernière et elle fait grossir les bilans mondiaux estimés pour l'année prochaine : les analystes de Rabobank prévoient une augmentation de 1,4 million de sacs de 60 kg pour la campagne 2025/2026.

    Bilan 2024/2025 satisfaisant

    À ces perspectives qui impactent les prix, il faut ajouter le bilan de la saison qui se termine avec des exportations brésiliennes qui ont atteint près de 43 millions de sacs sur la période qui va de juillet dernier à mai et un bilan de production aussi très bon en Colombie avec 14 millions de sacs.

    À ces facteurs physiques s'ajoute une composante financière : des fonds d'investissements se sont désintéressés du café quand les prix ont commencé à baisser. L'un d'eux, Managed Money, s'est séparé de la moitié de ses contrats en quatre mois, selon Rabobank, ce qui a rajouté artificiellement du café sur le marché.

    Exportations éthiopiennes exceptionnelles

    L'Afrique a aussi contribué à rassurer le marché. À côté des deux mastodontes que sont le Brésil et le Vietnam, l'Ouganda et surtout l'Éthiopie ont mis plus de café sur le marché cette année.

    Les exportations éthiopiennes ont été exceptionnelles : + 66% sur un an, soit sept millions de sacs entre avril 2024 et avril 2025, contre 4,2 millions de sacs, selon les données de l'Organisation internationale du café.

    Ce chiffre s'explique par une bonne production, mais aussi par une forte incitation des autorités à exporter et des prix très compétitifs : à l'export les prix éthiopiens sont 1 à 2 dollars par kilo plus bas que les cafés sud-américains, à qualité égale, selon Jacques Chambrillon, directeur Sourcing Afrique Café & Cacao chez Belco. Selon Rabobank, l'augmentation des exportations éthiopiennes serait liée aussi à une mise sur le marché d'une partie des stocks, et à une baisse du commerce informel vers le Soudan et le Soudan du Sud.

    La hausse des exportations a aussi été permise par une baisse de la demande intérieure, en raison notamment des guerres qui secouent la région Amhara et Oromo et qui font obstacle au commerce.

    Demande en baisse

    La hausse des prix du café a été telle, ces derniers mois, qu'elle a fini par se répercuter sur les prix au détail avec un impact prévisible sur la demande.

    La consommation a diminué sur des marchés importants autres que l'Éthiopie : en Europe et en particulier en Allemagne, mais aussi au Brésil. Le prix annuel au détail a augmenté de 80% et les ventes brésiliennes ont baissé, en avril 2025, de 16% par rapport à la même période l'année dernière, selon l'association des torréfacteurs brésiliens.

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  • Le jour où les exportations de cobalt congolais reprendront...
    Jun 25 2025

    La République démocratique du Congo, numéro 1 mondial de la production de cobalt, minerai qui entre dans la composition des batteries de voitures, a reconduit pour trois mois son interdiction d’exportation. Mais la filière a déjà les yeux rivés sur la suite, et spécule sur les modalités de la reprise, tant le cobalt congolais est incontournable.

    La RDC s’est donnée jusqu’au 21 septembre pour décider, mais pourrait communiquer avant ce délai. La question, c’est évidemment de savoir jusqu'à quand le pays peut tenir : le cobalt est une ressource minière capitale pour les finances de l'État congolais et le manque de redevances sur le cobalt va finir par se faire sentir.

    Les stocks nationaux se sont accumulés ces quatre derniers mois, et devraient encore grossir, mais personne ne sait si la RDC cherche à assécher totalement le marché avant d’ouvrir à nouveau les vannes ou si elle attend seulement que les cours aient atteint un niveau jugé satisfaisant.

    Un quota d'exportation demain ?

    Officiellement, toutes les portes restent ouvertes. La RDC pourrait donc encore prolonger l'interdiction d'exporter, mais ce n'est pas l'hypothèse privilégiée. Ce qui semble le plus probable pour les analystes, c'est une reprise des exportations, de manière progressive, faute de quoi le marché risquerait d'être inondé de cobalt, ce qui serait catastrophique pour les prix.

    L'instauration d'un quota de production ne semble pas faisable, le cobalt étant produit au même rythme que le cuivre auquel il est associé dans les mines de RDC. Le quota d'exportation pourrait être une solution, mais il posera le défi de contrôler de manière stricte ce qui sort du pays, ce qui « peut s'avérer coûteux et inefficace », pointe Jack Bedder de Project Blue.

    De l'avis de Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, la seule solution durable, c'est d'arriver à un marché équilibré, avec une offre stable, et une demande forte. Pour l'instant, aucun de ces critères n'est rempli.

    Des industriels découragés ?

    L'impossibilité d'importer du cobalt congolais et la remontée des prix pourraient laisser penser que les industriels cherchent à se détourner du cobalt. Mais à court terme, le contexte actuel ne devrait pas peser sur la demande. Le cobalt représente en effet moins de 5% du coût d'une batterie classique, donc une hausse du prix n'aura pas d'impact significatif sur les coûts de production, résume Thomas Matthews, analyste en matériaux pour batteries, chez CRU Group.

    Les alternatives de batteries sans cobalt ont par ailleurs commencé à se développer avant même que la RDC n'interdise l'exportation de son minerai. L'exemple, c'est la technologie LFP (phosphate fer lithium) largement développée dans le secteur de l'automobile électrique en Chine.

    L'autre facteur qui ne plaide pas pour un changement radical, c'est que l'essentiel de la production de cobalt repose sur des contrats à long terme, explique Thomas Matthews. Sans compter, ajoute l'expert de CRU Group, que certains fabricants de batteries comme CATL ont des intérêts dans des mines de cobalt : le premier fabricant mondial de batteries, détient des parts dans CMOC, le plus grand minier du secteur, ainsi qu'une participation directe dans KFM, la plus grande mine de cobalt au monde, située en RDC.

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  • Trois mois de plus sans cobalt congolais, quels impacts sur le marché?
    Jun 24 2025

    Comment mettre fin à l'offre excédentaire en cobalt, et redresser les prix ? La République démocratique du Congo a choisi, en février, d'interdire les exportations pour quatre mois. Elle vient tout juste de renouveler la mesure pour trois mois. Ces restrictions ont eu un effet sur les prix, mais il n'est pas encore suffisant aux yeux de Kinshasa.

    Les prix ont rapidement augmenté en février lorsque les exportations se sont arrêtées, mais ils se sont stabilisés dès mi-mars, probablement dans l'attente des suites qui seraient données par les autorités congolaises. Assez vite, le cobalt a augmenté de plus de 60 % par rapport à son plus bas niveau de février, mais sur un an, l'augmentation n'est finalement que de 20 %.

    Le nouveau délai de trois mois annoncé a relancé la dynamique sur les marchés asiatiques. Le prix de plusieurs produits dérivés du cobalt a immédiatement augmenté. Mais il s'agirait plus d'une réaction spéculative que d'achats réels. Les prix hors de Chine sont restés relativement stables, avec peu de transactions physiques. Le signe, selon Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, que de nombreux acteurs avaient peut-être déjà anticipé la prolongation et constitué des stocks à l'avance.

    La RDC produit les trois quarts du cobalt mondial et espère continuer avec son poids à peser sur les prix dans les prochains mois. Kinshasa n'a cependant pas fait mention officiellement du niveau de prix qui serait jugé acceptable pour permettre une reprise des exportations.

    Des stocks mondiaux finalement pas si bas

    L'Autorité congolaise de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a décidé de reconduire sa mesure en raison du « niveau des stocks toujours élevé sur le marché ». En tout début d'année, les stocks, hors RDC, étaient estimés à environ quatre mois de consommation. La situation devrait être, en théorie, critique aujourd'hui. Mais elle ne l'est visiblement pas encore.

    Une des raisons, explique Jack Bedder du cabinet Project Blue, c'est qu'une partie du cobalt congolais a continué à être acheminé en Chine après le 22 février : 51 000 tonnes seraient arrivées dans le pays pour le seul mois de mars, selon les douanes chinoises. De janvier à mai, la Chine aurait même importé autant d'hydroxyde de cobalt qu'une année normale, selon un négociant, ce qui pose, pour l'expert d'Argus Media, la question de l'application de la mesure congolaise.

    À l'expiration du délai de trois mois, le 21 septembre, les stocks devraient avoir atteint un niveau très bas si rien ne change, selon Project Blue. Surtout que ce qui sortirait éventuellement après cette date mettrait encore 90 jours pour arriver en Chine.

    En RDC, les stocks s'accumulent

    Le cobalt est un sous-produit du cuivre, et la montée en puissance de la mine de Kisanfu a fait gonfler mécaniquement les stocks intérieurs de cobalt. Des estimations d'Argus Media font état de stocks qui auraient atteint 70 000 tonnes près des mines du géant chinois CMOC.

    Les exportations devront donc tôt ou tard reprendre, c'est une certitude : « Un cobalt cher qui ne se vend pas ne profite à personne, ni aux miniers, ni à la République Démocratique du Congo, ni aux négociants », commente un analyste.

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  • Guerre Israël-Iran: le prix de l'urée, l'un des engrais les plus utilisés au monde, s'envole
    Jun 23 2025

    Comme le secteur du pétrole, celui des engrais est aussi plongé en pleine inconnue depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et l'Iran. Le conflit risque en effet de mettre en péril les exportations de gaz qui servent à fabriquer certains types d'intrants, et l'Iran est lui-même producteur d'engrais. Les marchés ont rapidement réagi. L'urée, un des engrais les plus utilisés dans le monde, a vu son prix s'envoler.

    Selon les régions du monde, l'urée a augmenté de 50 à 80 dollars par tonne, soit en moyenne une augmentation de 20% en une dizaine de jours, hausse qualifiée de « gigantesque » par un négociant.

    La première raison, c'est que l'Iran aurait fermé ses sept usines de production d'ammoniac et d'urée. Selon Chris Lawson, responsable des engrais au sein du cabinet de conseil CRU Group cité par l'agence de presse Bloomberg, plus rien ne sort donc du pays. Or, l'Iran exporte en temps normal 5 à 6 millions de tonnes d'urée par an, essentiellement vers la Turquie, le Brésil et l'Europe. Quand un fournisseur qui compte est empêché, comme c'est le cas aujourd'hui, les marchés réagissent souvent très vite, voire par anticipation.

    Arrêt temporaire de la production d'urée en Égypte

    Israël a par ailleurs dû suspendre les flux qui partaient de ses champs gaziers vers l'Égypte le 13 juin. Un coup dur pour les fabricants égyptiens d'engrais, qui souffrent déjà d'ordinaire en cette saison chaude de l'allocation d'une partie du gaz au secteur de la climatisation.

    L'arrêt de l'approvisionnement israélien en gaz n'a duré finalement que six jours, mais cela a suffi à alimenter la hausse des prix et l'inquiétude des Européens : l'Égypte est un fournisseur incontournable, d'autant plus depuis que l'Union européenne a décidé de sanctionner les engrais russes à compter du 1er juillet.

    Parmi les facteurs rassurants, il y a la Chine, qui devrait de nouveau exporter cette année après deux à trois années d'absence. De l'autre côté de la balance, il y a le Brésil, qui entre dans sa pleine saison d'achat et qui devra peut-être chercher d'autres fournisseurs pour remplacer l'Iran. Le Brésil achetait jusque-là 10 à 15% de sa production en Iran, soit environ 1 million de tonnes.

    Appel d'offres indien infructueux

    Ces tensions s'illustrent dans le dernier appel d'offres publié par l'Inde la semaine dernière, pour acheter de l'urée. Les deux meilleures propositions ont été validées. L'Inde a tenté de convaincre les recalés de s'aligner sur leur prix, mais personne n'a voulu s'engager tant la situation géopolitique, et son impact sur les cours, est incertaine. Résultat : le pays n'a pu acheter que 230 000 tonnes, alors que ses besoins sont estimés à plus d'un million de tonnes. « Et rien ne dit que ceux qui ont remporté l'appel d'offres indien pourront livrer au prix annoncé », commente un de nos interlocuteurs.

    L'Inde achète, par ailleurs, un million de tonnes d'ammoniac par an à l'Iran, pour fabriquer des engrais, en temps normal. Le pays devra, si le conflit dure, se fournir un peu plus encore en Arabie saoudite ou au Qatar. Une autre source d'inquiétude qui se traduit par une augmentation des prix de l'ammoniac de 10% dans le sous-continent indien.

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  • Perturbations des flux de pétrole iranien: quelles conséquences pour la Chine?
    Jun 22 2025

    La Chine est le plus grand acheteur de pétrole au monde, et le seul client pour le pétrole iranien. Cette relation commerciale est aujourd'hui suspendue à l'évolution du conflit entre Israël et l'Iran.

    En cas de défaillance de Téhéran, la Chine perdrait environ 12% à 15% de son approvisionnement, ce qui représente en moyenne – sur les premiers mois de 2025 – 1,6 million de barils par jour. Ces barils iraniens sont vendus avec une décote importante, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de cette origine.

    La réduction proposée par l'Iran est variable. Elle était mi-juin de 4 dollars par baril par rapport au prix du Brent, de 5 à 6 dollars par rapport au brut irakien ou saoudien. Et de 6 à 8 dollars par rapport au prix proposé par l'Afrique de l'Ouest ou le Brésil. Une réduction donc très avantageuse.

    Les acheteurs : des raffineries privées

    Ces remises ne profitent pas aux compagnies pétrolières étatiques, qui n'achètent plus de pétrole iranien depuis quelques années. Les clients sont essentiellement de petites raffineries chinoises indépendantes de la région de Shandong, explique Homayoun Falakshahi, chef analyste pétrole au cabinet franco-belge de suivi maritime Kpler. Leur marge est très mince : environ 8 dollars, d'où l'intérêt pour elles de se fournir au prix le plus bas.

    Si elles devaient remplacer demain le pétrole iranien par du brut d'autres pays du Golfe, l'addition serait plus salée. L'équilibre financier de ces raffineries vieillissantes et très polluantes est si précaire que certaines risqueraient de fermer.

    L'impact d'un éventuel blocage d'Ormuz

    D'éventuelles perturbations, voire une fermeture du détroit d'Ormuz, priverait la Chine de 47% de ses importations de brut, selon les données fournies par Kpler. L'Empire du Milieu achète en effet son pétrole dans plusieurs États du Golfe et en particulier en Arabie saoudite qui est un de ses plus grands fournisseurs avec la Russie.

    Un blocage d'Ormuz aurait aussi un impact sur les importations de gaz de la Chine : l'an dernier, un quart des commandes chinoises de gaz naturel liquéfié provenait des pays du Golfe, selon S&P Global, et transitait donc par ce passage maritime stratégique.

    À l'inverse, si l'Iran ne pouvait plus exporter son pétrole par le détroit, ce serait catastrophique pour son économie. Depuis la chute du régime syrien, la totalité de ses exportations de pétrole est destinée à la Chine, confirme l'analyste de Kpler, même si le transbordement d'une partie des cargaisons au large de la Malaisie rend parfois difficile le suivi des flux.

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