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Menaces sur l’information

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De: RFI
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Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

Diffusion : tous les samedis à 6h17, 7h53 et 18h17 TU.

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  • Cambodge: tentative d’assassinat contre deux journalistes environnementaux
    Jun 28 2025

    Au Cambodge, deux journalistes environnementaux ont été la cible d'une tentative d'assassinat le 5 juin 2025, alerte Reporters sans frontières (RSF). Les journalistes en question - Thlang Tao et Hang Chenda - rentraient d’un reportage sur un trafic de bois illégal dans le nord-ouest du pays. Pour RSF, c'est une nouvelle escalade des violences contre la presse au Cambodge, qui en trois ans a chuté de 19 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF, devenant 161e sur 180.

    C'est en pleine nuit, au nord-est du Cambodge, que le journaliste Thlang Tao et son confrère subissent des tirs, alors qu’ils circulent à moto. Après un sentiment de confusion, Thlang Tao prend conscience d'avoir été victime d'une tentative d'assassinat. « Ce jour-là, j'étais loin de m'imaginer ce qui allait se produire. Et je ne savais pas du tout que c'était une tentative d'assassinat. J'ai eu peur quand ils ont tiré, et puis ils m'ont pourchassé, et ils ont tiré vers moi une deuxième fois. Mais j'ai gardé en tête qu'il fallait être courageux et qu'on les arrête pour qu'ils répondent de leurs actes aux autorités ».

    Deux suspects ont été interpellés à leur domicile le lendemain de l'attaque, placés en détention, puis inculpés pour violences, possession d'armes illégales et usages de drogue, mais pas pour tentative d'assassinat. Thlang Tao a déposé un rapport de plainte pour demander une requalification. « J'en appelle à la Cour... Et je demande aussi à la Justice de faire pression sur ces traitres qui m'ont tiré dessus. Ils nous ont tiré dessus comme si nous étions des poules ! Et on les laisse se faire accuser de faire partie d'un gang violent. Mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour mettre la pression sur des traîtres publics, ils devraient recevoir une pression énorme de la part du système judiciaire cambodgien », dit-il.

    « La liberté de la presse a l'air inexistante au Cambodge »

    Au-delà de cet incident majeur, le journaliste dit avoir déjà fait face à d'autres formes d'intimidation, provenant d'autres personnes, incluant des autorités locales. « Elles ne souhaitent pas nous voir rester, et travailler sur certains sujets », explique-t-il. « Malgré la liberté de la presse présente dans le monde entier, elle a l'air inexistante au Cambodge. Ici, si les journalistes font une toute petite erreur, on peut annuler leur permis de travail. Et si on est un journaliste pauvre, c'est très injuste. Sans notre travail de journaliste, les forêts seraient détruites, mais aussi toutes les ressources naturelles, les miennes et celles de toute la population du Cambodge. Elles seraient entièrement exploitées ».

    À lire aussiCambodge: un journaliste environnemental arrêté après ses enquêtes

    C’est après avoir informé les autorités du trafic illégal de bois dans une réserve naturelle que Thlang Tao et son collègue ont été pris pour cible. « Ce que l'on observe en général dans ces cas au Cambodge, les violences contre les journalistes, c'est une passivité des autorités. On sait qu'au Cambodge, il y a une certaine accointance entre les autorités et les groupes criminels qui sont en lien avec les activités de déforestation. On peut légitimement se poser la question plus largement, s'il y a un vrai besoin de protection physique des journalistes. Résoudre ces questions passe par une enquête systématique sur les agressions et les assassinats des journalistes pour que toutes ces affaires soient prises au sérieux », indique Arthur Rochereau de l'ONG Reporters sans frontières.

    En décembre 2024, un journaliste environnemental avait été tué par balle après avoir révélé des activités de déforestation au Cambodge.

    À lire aussiAmnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge

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  • Le bureau assistance de RSF croule sous les demandes de journalistes
    Jun 21 2025
    C'est là que tout est centralisé. Le bureau assistance de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) est un repère pour bon nombre de journalistes menacés à travers le monde. Des journalistes ont bien souvent besoin d'un soutien en urgence. Aide financière, visa, soutien psychologique. Et les demandes sont chaque année plus nombreuses... « On a énormément de demandes. Je dirais qu'on reçoit une dizaine de demandes par jour a minima. On a soutenu l'année dernière 700 journalistes qui veut dire qu'on a traité à peu près 1500 dossiers ». Victoria Lavenue dirige le bureau assistance de RSF depuis six ans. Elle a vu le nombre de demandes exploser depuis son arrivée. « On est contacté par des journalistes qui viennent de publier quelque chose qui les a mis face à un risque et qui font face à des attaques physiques, soit à de la répression juridique et qui ont besoin de médecins, de psys, d'argent, d'avocats pour se mettre à l'abri et continuer leur travail », explique-t-elle. 200 demandes par semaine depuis la RDC Récemment le bureau recevait jusqu'à 200 demandes par semaine en provenance de République démocratique du Congo. Des journalistes de l'est qui ne cherchaient pas à fuir mais à se réinstaller ailleurs dans le pays pour échapper aux menaces du M23. Le journaliste togolais Ferdinand Ayité, lui, a été contraint de quitter son pays. C'était il y a deux ans, après avoir été emprisonné pour une affaire révélée dans son journal L'Alternative. « Comme nous sommes dans l'investigation au Togo, on avait déjà pas mal de déboires. RSF a toujours réagi à chaque fois qu'on a eu des suspensions, des menaces et tout. Et donc dès que j'arrive en France, naturellement je les informe que je suis sur le territoire français et que je vais demander l'asile. Nous avons échangé avec RSF pour voir la possibilité de continuer à travailler pour que ce journal ne s'éteigne pas. Et ensemble, on a convenu de relancer le journal en ligne et nous l'avons relancé depuis Dakar. À partir du bureau RSF à Dakar », indique-t-il. Avec ses sept bureaux régionaux dont ceux de Dakar et Tunis, Reporter sans frontières est devenu un repère pour les journalistes menacés. « Le bureau d'assistance n'est pas connu en tant que tel, mais RSF en général est connu de tous les journalistes en Afrique et particulièrement les journalistes togolais. Lorsque vous avez des difficultés que vous êtes dans le cas comme le mien, que vous vous rendez compte que, en fait, dans l'ensemble de la structure RSF, il y a des sections où il y a des départements où il y a des bureaux comme le bureau d'assistance qui vient au secours des journalistes qui sont en difficulté », dit-il. Afghanistan, Syrie, Ukraine : adapter l’aide au terrain Car les exactions contre les journalistes augmentent. Afghanistan, Syrie, Birmanie, Russie, RDC, les crises durent longtemps et se superposent. Le bureau assistance de RSF a dû adapter ses réponses. « On n'a pas seulement une palette d'outils qui sont l'argent, les avocats, les médecins, les psys. On essaye aussi de s'adapter aux besoins. Par exemple, quand la crise en Ukraine a éclaté, on s'est rendu compte que pour la première fois, on avait affaire à des journalistes qui ne voulaient pas quitter le pays mais qui voulaient y rester et continuer à exercer, mais en devenant des reporters de guerre. Et donc on a mis en place de nouvelles choses. On a proposé du prêt de gilet pare-balles, on a ouvert un centre pour la liberté de la presse, on a travaillé plus sur les formations. Donc je trouve qu'on est aussi très adaptable et très créatif dans la manière dont on répond », indique Victoria Lavenue. Depuis une semaine, les six membres du bureau parisien reçoivent de nombreux mails de journalistes iraniens. Des journalistes sans connexion internet dans l'impossibilité de faire leur travail alors que la guerre fait rage. À lire aussiLa liberté de la presse en recul à travers le monde en 2024, selon Reporters sans frontières
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  • Ouzbékistan: Sharifa Madrakhimova, une journaliste et militante primée empêchée de sortir du pays
    Jun 14 2025

    En Ouzbékistan, une journaliste indépendante et engagée a récemment été empêchée de sortir du pays pour recevoir un prix. Cela fait des mois qu’elle était soumise à différentes formes d’intimidations et de pressions de la part des autorités. Son tort: enquêter de manière engagée sur le sort des agriculteurs forcés de planter du coton, une culture stratégique pour ce pays d’Asie centrale, mais où perdurent des pratiques abusives. Rencontre avec Sharifa Madrakhimova, une journaliste sous pression.

    C’était en février dernier. Sharifa Madrakhimova vient de publier une vidéo en ligne. Elle fait parler un agriculteur pourchassé par les autorités. Il avait en effet osé planter des fraises dans son champ pour agrémenter ses revenus, alors que le gouvernement ouzbek lui impose de se concentrer sur le coton. Une culture stratégique mais moins rentable.

    Tout de suite, les menaces arrivent contre Sharifa : « J’ai eu une convocation de la police en charge de la lutte contre le terrorisme : ils affirmaient qu’un fonctionnaire avait déposé plainte contre moi. C’était suspect, car je n’avais jamais rencontré cette personne. »

    Grâce à un avocat fourni par une association, Sharifa a pu contester cette convocation, et éviter une possible arrestation. Mais ce n’était pas la première intimidation : l’année dernière, elle a été attaquée par deux hommes proches du pouvoir. Cette fois, la police n’a pas enquêté.

    Pour Umida Niyazova, directrice du Forum ouzbek pour les droits de l'homme, les reporters sont des cibles régulières dans le pays. « Les autorités considèrent que les journalistes et les militants qui enquêtent sur les droits des travailleurs menacent la sécurité nationale, c’est pour cela que les policiers en charge de suivre les militants des droits de l'homme appartiennent au service de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. »

    En Ouzbékistan, l'État contrôle largement la presse et la télévision. La répression des journalistes indépendants s'était toutefois réduite avec l'arrivée d'un nouveau président, en 2017, mais elle a repris depuis 3 ans. Surtout pour les reporters qui traitent de cette filière stratégique du coton, comme Sharifa Madrakhimova. Et c'est certainement pour cela qu'elle a été empêchée de sortir du pays: en mai dernier, elle devait recevoir un prix de l'ONG internationale Front Line Defenders, mais son passeport lui a été livré endommagé, et donc inutilisable. Ces menaces n'entament cependant pas le courage de cette journaliste.

    À lire aussiEn Ouzbékistan, Emmanuel Macron cherche à sécuriser l'approvisionnement en uranium de la France

    « Quelqu'un doit diffuser les voix des personnes qui souffrent. Si tout le monde a peur de le faire, nous perdons le combat. Je le fais car on ne peut pas m'obliger à me taire. Et maintenant, je ne peux plus reculer. Ce prix a attiré l'attention sur moi. Quand il a été annoncé, j'ai constaté que j'étais surveillée par les autorités, mais en général, je pense que cette attention internationale peut me protéger. »

    Lors de la remise de ce prix à Dublin, fin mai, sa voix a bien été entendue: Sharifa avait enregistré un message vidéo, qui a été diffusé sur grand écran lors de la cérémonie.

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