• Chronique de Jean-Baptiste Placca

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Chronique de Jean-Baptiste Placca

By: RFI
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  • Jean-Baptiste Placca, chroniqueur au quotidien La Croix et fondateur de L’Autre Afrique livre sa vision sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entre analyse, réflexion et mise en contexte, cette chronique est l’occasion de donner du sens et de prendre du recul sur les événements de la semaine, mais également de revenir sur des sujets parfois traités trop rapidement dans le flot d’une actualité intense.

    France Médias Monde
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Episodes
  • Bienvenue au festin du sous-sol de la RDC !
    Jan 25 2025
    Rwanda : 26.338 km², 14 millions d'habitants, une armée de 33 000 hommes. RDC : 2,345 millions de km², 102 millions d'habitants, une armée de 134 000 soldats. Au regard des enjeux, les Congolais seraient bien naïfs de croire que des sanctions suffiraient à dissuader Paul Kagame de soutenir le M23. Pourquoi donc les dirigeants congolais peinent-ils autant à mobiliser la communauté internationale, y compris l’Afrique, en faveur des sanctions contre le Rwanda pour son soutien au M23, alors que la collusion entre Kigali et le M23 semble attestée par les Nations unies ? À l’évidence, aucun pays ne voudrait se brouiller avec Paul Kagame, pour faire plaisir à Félix Tshisekedi. Non pas qu’ils contestent la responsabilité du Rwanda dans cette rébellion, mais il se trouve que le dirigeant rwandais a acquis, sur l’échiquier africain, une envergure telle que nul n’ose l’embarrasser, pour juste contenter les Congolais. Tous ont conscience que nous vivons une ère d’injustices, auxquelles les États réagissent non pas en fonction de la nature ou de la gravité des faits, mais en fonction du poids ou de l’importance de ceux qui les commettent ou les subissent.À lire aussiRDC: Félix Tshisekedi demande des sanctions contre le Rwanda dans ses vœux au corps diplomatiquePlutôt que de s’agacer de l’indifférence bienveillante de la communauté internationale vis-à-vis du Rwanda, Félix Tshisekedi devrait peut-être convaincre son peuple de ce que le chemin de l’honneur, pour les Congolais, est de défendre leur patrie. Au regard des enjeux, les Congolais seraient bien naïfs de croire que des sanctions suffiraient à dissuader Paul Kagame de soutenir le M23, que le ministre congolais de la Communication lui-même qualifie de pantins.Mais comment combattre un M23 dont les forces semblent plus aguerries que l’armée congolaise ?Peut-être en redoublant d’efforts, de détermination et de sérieux. Que le Rwanda, pays de 14 millions d’habitants, tienne en respect la RDC et ses 102 millions d’âmes est une anomalie. Et que les rebelles du M23, même soutenus par les quelque 33 000 hommes de l’armée rwandaise, parviennent à mettre en difficulté l’armée de RDC et ses 134 000 hommes est une autre preuve des insuffisances d’un leadership systématiquement défaillant, dont Félix Tshisekedi n’est que l’impuissant héritier. Mobutu Sese Seko ne se souciait que de sa sécurité personnelle. Et sa tristement célèbre Division spéciale présidentielle, plus prompte à massacrer les étudiants sans défense qu’à défendre la patrie, a été incapable de lui sauver la mise, lorsqu’en 1997, Laurent-Désiré Kabila, porté par les troupes rwandaises et ougandaises, l’a renversé.À lire aussiLa Turquie se propose en médiatrice entre le Rwanda et la RDCMais cette chute de Mobutu partait d’une faute politique, comme partout où des nationaux vont chercher des mercenaires ou des armées étrangères pour conquérir le pouvoir ou le conserver. D’ailleurs lorsque, n’en pouvant plus de la tutelle de ses parrains rwandais et ougandais, Kabila a voulu s’en émanciper, il a eu droit à une suite de petites guerres, un assassinat, puis des générations spontanées de rébellions, dont le M23 n’est que l’ultime succédané. Et, chaque fois, les dirigeants ont appelé au secours des voisins qui se sont révélés être de gloutons prédateurs, trop heureux d’avoir table ouverte au festin du sous-sol congolais.N'est-ce pas un peu cruel de suggérer que les prédateurs ont été conviés par les Congolais eux-mêmes ?Toute l’Afrique crierait à l’impérialisme si des Chinois, des Français ou des Américains s’introduisaient dans tel pays africain, pour extraire les minerais de son sous-sol, sans autre forme de procès. Que l’Afrique se mure dans le silence, pendant que d’autres nations africaines pillent impunément la RDC, scandalise d’autant que d’authentiques chantres de la souveraineté africaine justifieront leur coupable cupidité par l’incapacité des leaders congolais à faire le bonheur de leur peuple, en dépit de toutes ces richesses.En RDC, les guerres sont aussi juteuses pour les prédateurs qu’elles sont sanglantes pour le peuple. Et la fâcheuse tendance de nombre de dirigeants politiques congolais à confisquer personnellement une part de la richesse nationale n’est, au fond, qu’une autre guerre, des politiciens contre leur propre peuple. D’où la perplexité des Congolais, lorsqu’ils entendent ces mêmes dirigeants dénoncer le pillage de leurs richesses par tel ou tel voisin.Pour convaincre de la sincérité de leur révolte, il ne reste plus à ces politiciens qu’un sursaut de probité dans la gestion de la part qui échappe aux étrangers. Ainsi, leurs concitoyens pourraient, un jour, dire que les prédateurs nationaux, eux, au moins, savaient voler avec empathie.
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    4 mins
  • Pauvre pays riche !
    Jan 18 2025
    Lorsque l'on évoque ce pays pétrolier, l'on n'entend parler que de dette, de maigres infrastructures insuffisantes et de privations diverses pour la population. Pour espérer rompre avec le sous-développement intégral, le Congo doit commencer par oser le courage de ne pas se tromper de diagnostic. Au Congo-Brazzaville, un nouveau grand argentier vient d’entrer au gouvernement. Et tout le monde semble attendre des miracles de Christian Yoka, ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public. Comment expliquer cette attente ? Cette nomination a remis sous les feux des projecteurs le marasme dans lequel semblent baigner depuis bien trop longtemps les finances du Congo, avec une dette d’autant plus insupportable que ce pays, producteur de pétrole, semble avoir vécu au jour le jour, oubliant d’investir dans des infrastructures convaincantes et de faire des placements rentables. Qu’ont-ils donc fait des bienfaits dont la nature a doté leur patrie ? Tel qu’il se présente aujourd’hui, Le Congo-Brazzaville donne l’impression de s’être endetté pour faire la fête. Car, en dehors du train de vie luxueux et clinquant des privilégiés du pouvoir, peu de réalisations rappellent aux Congolais que leur pays a longtemps figuré au troisième rang des producteurs subsahariens d’or noir. Les signes d’un pays bien géré se perçoivent à travers les écoles construites pour donner une bonne éducation à la jeunesse. À travers les hôpitaux où se soignent les citoyens. Et non dans les facilités que s’octroient les dirigeants et leurs clans.À lire aussiCongo-Brazzaville: les défis qui attendent Christian Yoka, le nouveau ministre des FinancesCes dirigeants ont tout de même réalisé quelques infrastructures. Peut-être n’en font-ils pas assez ?... Denis Sassou Nguesso, faut-il le rappeler, dirige le Congo depuis 1979, avec une petite parenthèse démocratique, entre 1992 et 1997. Lorsque l’on s’impose aussi longtemps à son peuple, l'on se doit, au moins, de satisfaire ses besoins fondamentaux. Beaucoup, en Afrique, critiquent le régime de Paul Kagame au Rwanda pour ses insuffisances démocratiques. Mais, tout aussi nombreux sont les Africains qui, ayant découvert son pays, en tout cas la capitale, se disent que ce régime autoritaire se soucie au moins du bien-être de sa population. C’est à cette seule et unique condition que les peuples peuvent tolérer les régimes qui s’éternisent. Sans quoi, l'on n'a que des dictatures stériles. La jeunesse du continent ne peut plus subir durablement des dirigeants qui ne lui apportent rien, ou si peu…À lire aussiAu Congo-Brazzaville, les grèves à répétition forcent le chef de l'État à s'exprimerDans son discours d’adieu au peuple américain, ce mercredi, Joe Biden a insisté sur les dangers de la concentration du pouvoir politique et économique aux mains d’une oligarchie. Cela est valable pour les États-Unis. Ce l’est aussi pour chaque pays d’Afrique. Au moment où Denis Sassou Nguesso arrivait au pouvoir, le président des États-Unis s’appelait Jimmy Carter. De Carter à Biden, l'actuel chef de l'État congolais aura vu passer huit présidents des États-Unis, et six chefs d’État français. La liste de tout ce dont manque le peuple congolais n’a d’égale que le temps passé par ce seul et même homme à leur tête.Le Congo n’est pas non plus immensément riche.Il est loin d’être un pays pauvre. Après plus de quarante ans à gérer la manne pétrolière, lorsque l'on vous parle du Congo, l’on n’entend que dettes, et quelques maigres infrastructures insuffisantes. La Norvège, par une gestion méticuleuse de son pétrole, a su créer un fonds souverain, géré dans la transparence, aujourd’hui, le plus important au monde, totalisant l’équivalent de 1 700 milliards d’euros. Ce pays assure une bonne éducation à sa jeunesse, un système de santé efficace pour sa population, et réussit des prouesses en matière de transition énergétique et d’innovation. À sa petite échelle, le Congo aurait pu faire de son pétrole un tremplin pour l’avenir de ses enfants.À lire aussiÀ Brazzaville, ces jeunes contraints d’étudier sous les lampadaires mis en lumière dans une expositionAutre exemple, le Qatar a su tirer profit de ses ressources gazières et pétrolières pour se propulser au rang des pays les plus riches du monde. Il n’est certes pas exempt de critiques, mais il a su faire fructifier la manne pétrolière, et préparer l’avenir pour les générations futures.En Afrique, le Ghana, qui n’a pas l’immensité des réserves pétrolières du Congo, s’est efforcé, par une gestion transparente et responsable de ses ressources naturelles, à poser les bases d’une économie plus diversifiée et d’une démocratie irréversible. Le Congo, pour espérer rompre avec le sous-développement intégral, doit commencer par oser le courage de ne pas se tromper de...
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  • Une trêve de bienséance en politique aux États-Unis
    Jan 11 2025
    Il souffle sur Washington DC une légère brise de tolérance. Sans doute l'esprit de Jimmy Carter et Gerald Ford, ces rivaux devenus amis. La coexistence est toujours plus simple, lorsque les adversaires politiques s'accordent sur quelques valeurs communes. Mais, ici, l'harmonie ne durera que le temps que voudront certains. À la cérémonie couronnant, ce jeudi, les obsèques de l’ancien président Jimmy Carter à la cathédrale nationale, à Washington, il régnait une harmonie, qui tranche avec les tensions politiques de ces dernières années dans la capitale fédérale. D’où vient donc l’impression que ce seul événement pourrait réconcilier la classe politique américaine ?Cette harmonie est à l’image de la vie politique de Jimmy Carter, tout en bienveillance, loin de ce détestable mélange d’intolérance et de vulgarité qui semblait être devenu la norme, ces derniers temps, à Washington DC. La décence, la dignité, la bonté, le souci des autres et de l’intérêt général propres à l’ancien président comptent aussi dans la place que fait l’Histoire à chaque homme d’État. Que démocrates et républicains s’accordent à lui reconnaître ces qualités à Carter prouve que dans l’esprit de tous, elles constituent des valeurs que tous attendent des leaders politiques. Jimmy Carter était comme sous-coté. C’est à sa mort que tous semblent découvrir qui il était vraiment, alors que beaucoup se fondaient sur son échec à se faire réélire pour conclure qu’il n’avait pas été un grand président. Lui-même n’était pas assez narcissique pour vanter ce qu’il a réussi, en un seul mandat.À lire aussiLes hommages se multiplient après la mort de l'ex-président américain Jimmy CarterQu’a-t-il donc réussi, que l’on ne savait pas ?D’abord, Jimmy Carter, premier président élu après la démission de Richard Nixon, avait ramené un peu d’intégrité à la Maison Blanche, après les années Watergate. Il osait des décisions courageuses, en associant, dans un esprit bipartisan, l’opposition républicaine à l’adoption de ses textes. Il mettait l’accent sur les droits civiques, aux États-Unis, et sur les droits de l’homme, à l’étranger. Il a fait libérer des centaines de prisonniers politiques en Amérique latine, piloté les Accords de Camp David, initié la création de l'US Holocaust Memorial Museum… C’est aussi lui qui a créé le Département de l’Education ; accru les financements en faveur des étudiants les moins bien lotis ; créé la FEMA, l’Agence fédérale de gestion des situations d'urgence, en première ligne dans les ouragans, feux de forêts et autres catastrophes naturelles.Jimmy Carter a promu des femmes dans d’importants départements ministériels : Commerce, Éducation, Habitat, Développement urbain, et ce que l’on appelle aujourd’hui Éducation Santé et Bien-être… 39e président des États-Unis, il a, en un seul mandat, promu cinq fois plus de femmes et de personnes de couleur dans divers postes de responsabilité que n'en ont promu ses trente-huit prédécesseurs réunis.Jimmy Carter a, le premier, installé des panneaux solaires sur le toit de la Maison Blanche ; fait passer des lois sur l’économie d’énergie, la dérégulation des prix du pétrole, et beaucoup investi dans les énergies renouvelables, comme alternative aux énergies fossiles, sans sacrifier l’indépendance énergétique des Etats-Unis. Grâce à son audace, la consommation d’énergie des Etats-Unis baissera de 10% entre 1979 et 1983. Pour affronter les défis importants, il savait se libérer des calculs politiciens.À lire aussiÉtats-Unis: Jimmy Carter, «peut-être le meilleur ex-président de notre histoire»Pourquoi, alors, n’a-t-il pas été réélu ?La prise en otages, à Téhéran, de cinquante-deux diplomates américains par des étudiants se réclamant de l’ayatollah Khomeini lui a été d’autant plus fatal qu’il s’est refusé à risquer la vie des otages dans une opération militaire. Pour l’opinion, sa prudence était un signe de faiblesse. Bien que battu, Jimmy Carter a continué à travailler à leur libération, finalement intervenue le dernier jour de sa présidence. Il a préféré perdre l’élection, plutôt que de risquer la vie d’un seul otage. Ainsi était l'homme. Après son départ du pouvoir, il a œuvré, tous azimuts, à la salubrité démocratique et aidé, partout, les démunis. Pour cela, il inspire un respect qui lui survivra, à jamais. Il inspirait aussi le respect à ses adversaires politiques. Tel le républicain Gerald Ford, qu’il a battu… en 1976, et qui lui a rendu le plus bel éloge. Sauf que le président Ford est décédé depuis 2006. C'est son fils qui a lu l'éloge. Mais ces deux rivaux-amis s’estimaient, au point de rédiger l’éloge funèbre, l’un de l’autre. D’où l’harmonie, ce jeudi, à la cathédrale nationale, et qui règne ...
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