Lorsque l'on évoque ce pays pétrolier, l'on n'entend parler que de dette, de maigres infrastructures insuffisantes et de privations diverses pour la population. Pour espérer rompre avec le sous-développement intégral, le Congo doit commencer par oser le courage de ne pas se tromper de diagnostic. Au Congo-Brazzaville, un nouveau grand argentier vient d’entrer au gouvernement. Et tout le monde semble attendre des miracles de Christian Yoka, ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public. Comment expliquer cette attente ? Cette nomination a remis sous les feux des projecteurs le marasme dans lequel semblent baigner depuis bien trop longtemps les finances du Congo, avec une dette d’autant plus insupportable que ce pays, producteur de pétrole, semble avoir vécu au jour le jour, oubliant d’investir dans des infrastructures convaincantes et de faire des placements rentables. Qu’ont-ils donc fait des bienfaits dont la nature a doté leur patrie ? Tel qu’il se présente aujourd’hui, Le Congo-Brazzaville donne l’impression de s’être endetté pour faire la fête. Car, en dehors du train de vie luxueux et clinquant des privilégiés du pouvoir, peu de réalisations rappellent aux Congolais que leur pays a longtemps figuré au troisième rang des producteurs subsahariens d’or noir. Les signes d’un pays bien géré se perçoivent à travers les écoles construites pour donner une bonne éducation à la jeunesse. À travers les hôpitaux où se soignent les citoyens. Et non dans les facilités que s’octroient les dirigeants et leurs clans.À lire aussiCongo-Brazzaville: les défis qui attendent Christian Yoka, le nouveau ministre des FinancesCes dirigeants ont tout de même réalisé quelques infrastructures. Peut-être n’en font-ils pas assez ?... Denis Sassou Nguesso, faut-il le rappeler, dirige le Congo depuis 1979, avec une petite parenthèse démocratique, entre 1992 et 1997. Lorsque l’on s’impose aussi longtemps à son peuple, l'on se doit, au moins, de satisfaire ses besoins fondamentaux. Beaucoup, en Afrique, critiquent le régime de Paul Kagame au Rwanda pour ses insuffisances démocratiques. Mais, tout aussi nombreux sont les Africains qui, ayant découvert son pays, en tout cas la capitale, se disent que ce régime autoritaire se soucie au moins du bien-être de sa population. C’est à cette seule et unique condition que les peuples peuvent tolérer les régimes qui s’éternisent. Sans quoi, l'on n'a que des dictatures stériles. La jeunesse du continent ne peut plus subir durablement des dirigeants qui ne lui apportent rien, ou si peu…À lire aussiAu Congo-Brazzaville, les grèves à répétition forcent le chef de l'État à s'exprimerDans son discours d’adieu au peuple américain, ce mercredi, Joe Biden a insisté sur les dangers de la concentration du pouvoir politique et économique aux mains d’une oligarchie. Cela est valable pour les États-Unis. Ce l’est aussi pour chaque pays d’Afrique. Au moment où Denis Sassou Nguesso arrivait au pouvoir, le président des États-Unis s’appelait Jimmy Carter. De Carter à Biden, l'actuel chef de l'État congolais aura vu passer huit présidents des États-Unis, et six chefs d’État français. La liste de tout ce dont manque le peuple congolais n’a d’égale que le temps passé par ce seul et même homme à leur tête.Le Congo n’est pas non plus immensément riche.Il est loin d’être un pays pauvre. Après plus de quarante ans à gérer la manne pétrolière, lorsque l'on vous parle du Congo, l’on n’entend que dettes, et quelques maigres infrastructures insuffisantes. La Norvège, par une gestion méticuleuse de son pétrole, a su créer un fonds souverain, géré dans la transparence, aujourd’hui, le plus important au monde, totalisant l’équivalent de 1 700 milliards d’euros. Ce pays assure une bonne éducation à sa jeunesse, un système de santé efficace pour sa population, et réussit des prouesses en matière de transition énergétique et d’innovation. À sa petite échelle, le Congo aurait pu faire de son pétrole un tremplin pour l’avenir de ses enfants.À lire aussiÀ Brazzaville, ces jeunes contraints d’étudier sous les lampadaires mis en lumière dans une expositionAutre exemple, le Qatar a su tirer profit de ses ressources gazières et pétrolières pour se propulser au rang des pays les plus riches du monde. Il n’est certes pas exempt de critiques, mais il a su faire fructifier la manne pétrolière, et préparer l’avenir pour les générations futures.En Afrique, le Ghana, qui n’a pas l’immensité des réserves pétrolières du Congo, s’est efforcé, par une gestion transparente et responsable de ses ressources naturelles, à poser les bases d’une économie plus diversifiée et d’une démocratie irréversible. Le Congo, pour espérer rompre avec le sous-développement intégral, doit commencer par oser le courage de ne pas se tromper de...