• La Malienne Mariam Sy plonge ses racines architecturales dans la terre
    Jan 26 2025
    Mariam Sy est l’une des figures de l’architecture ouest-africaine, qui réussit à allier la modernité des bâtiments avec les techniques ancestrales de constructions à base de terre. Une construction adaptée au climat sub-saharien et respectueuse de l’environnement. Portrait d’un talent de l’architecture au Mali. « À 15 ans, j'ai dit à mes parents que je voulais être architecte. Ils ont trouvé que c'était une bonne idée et j'ai dû sortir de l'école de jeune fille pour aller faire un lycée professionnel à Bamako » se souvient Mariam Sy. Après ce lycée technique, elle obtient son diplôme d'architecte en Belgique et enchaîne une formation complémentaire en France, à Grenoble. Mariam est devenue aujourd'hui l'une des références en matière d'architecture traditionnelle. C'est d'ailleurs à Grenoble, au centre de recherche et d'application en terre, le Craterre, que cette quadragénaire a perfectionné son savoir-faire avec l'usage des matériaux traditionnels. « Que ça soit la terre, la pierre ou tout ce qu'on peut trouver localement, l'idée c'est vraiment d'utiliser le moins d'énergie possible pour construire et d'utiliser le matériau adéquat pour la température du lieu. Et il s'avère que, au Mali, la terre est un des matériaux locaux les plus répandus et les plus connus, et l'avantage pour nous Sahéliens, c’est que ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat ». « ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat »Dès lors, à Bamako, Mariam Sy au sein de son cabinet Architerre multiplie les constructions de maisons ou de centres médicaux, mais aussi la rénovation de mosquées, notamment à Tombouctou.Une technique architecturale qui séduit de plus en plus de clients au Mali, mais aussi en Afrique. « Cette question d'architecture écoresponsable concerne tout le monde. Même si au Sahel, on sait qu’on n’est pas les plus gros consommateurs d'énergie, on subit quand même les conséquences de cela. Donc, il est important que l’on prenne en compte aussi les nouvelles technologies, les questions qui se posent à tout le monde et qu'on se les applique à nous-même. On considère que voilà, nous sommes des militants au niveau du réseau « Fact Sahel ». Pour nous, vraiment, notre travail c'est du militantisme. Dans ce réseau, il y a des architectes, il y a des maçons, des ingénieurs, des étudiants, des chercheurs, des écrivains. On est un réseau, c'est toute une réflexion autour de ces enjeux-là. Comment expliquer aux gens le retour donc à ces matériaux qui ont vraiment beaucoup, beaucoup d'avantages sur beaucoup d'aspects de la vie, pas seulement sur la construction »Un des points d'avenir de l'AfriqueAu sein de l'association Fact Sahel, qu'elle a cofondé, Mariam Sy participe à cette réflexion à propos d'un retour aux techniques africaines de construction adaptées à un monde moderne, ce qui correspond à un mouvement de fond, comme l'explique un autre architecte français, Jean-Marc Lalo, qui organise régulièrement en Afrique des séminaires d'échanges entre architectes des deux continents. « Il y a à la fois une question d'identité architecturale africaine, un engouement pour retrouver des techniques traditionnelles de construction en terre et la deuxième chose, c'est aussi un des points d'avenir de l'Afrique : c'est de faire un saut directement vers des constructions avec des matériaux biosourcés, des matériaux locaux. La terre est parfaitement adaptée pour cela en fait. Il y a eu plusieurs architectes africains qui ont beaucoup travaillé sur ces points. Hassan Fathy, par exemple en Égypte, avait pensé à des projets faits autour de la construction en terre. Mais par contre, depuis que Francis Kéré a reçu le prix Prtizker (la plus haute récompense pour l’architecture, NDLR) il y a des choses qui bougent. Il y a des pays qui veulent effectivement aller vers cette direction-là. Je pense au Bénin, au Sénégal, au Maroc aussi. Il y a un centre de la construction en terre au Maroc qui a été ouvert il y a quelques années. Au Bénin, le président Talon a fait quelques commandes à Francis Kéré, dont l'Assemblée nationale. Il est possible de faire beaucoup en utilisation de la terre avec la BTC : la brique de terre comprimée. On la retrouve au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, aussi ». Prochain projet pour Mariam Sy, qui allie modernité, usage des techniques traditionnelles et conceptions écoresponsables, un centre scolaire en terres à Bamako, histoire que l'architecture durable continue de faire école au Mali.
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  • «Human empress», la jeunesse congolaise écoresponsable
    Jan 19 2025

    « Human empress », « Impératrice humaine » en français, est une association congolaise de Brazzaville qui milite pour une Terre plus propre et des pratiques plus responsables afin de préserver l’environnement. À la tête de cette association : Paule Sara Nguié, une femme dynamique qui met toute son énergie pour sensibiliser ses concitoyens à la cause écologique en commençant par la jeunesse.

    Il y a cinq ans que Paule Sara Nguié a créé Human empress à Brazzaville. Cette femme de trente ans, ancienne technicienne dans le secteur de l'énergie et qui fut également journaliste, a décidé de s'emparer de la question de l'écologie. Depuis son enfance, Paule Sara a vu lentement son environnement se dégrader dans son quartier à Brazzaville.

    « Je vivais dans un quartier assez reculé de la ville, Massengo », se souvient Paule Sara « Vous y avez une belle savane, vous faites encore de la cueillette. L'air est frais, je me baignais dans la rivière et mes grands-parents que je côtoyais sont des personnes qui ont de bonnes valeurs de développement durable. Pour moi, tout cela semble naturel. Et quand je commence à fréquenter la grande ville, la grande cité avec sa pollution, je suis suffoquée. Je me rends compte qu'il y a des problèmes et je décide d'agir, petit à petit ».

    Dès lors, Paule Sara organise avec son association des Rencontres citoyennes de la jeunesse dans les quartiers, dans les écoles et elle coordonne un concours. Ce challenge, baptisé « Couronne verte », permet à des porteurs de projet d'exposer et parfois de financer leurs inventions écoresponsables, nous décrit Paule Sara.

    Agir petit à petit

    « Sur l'agriculture biologique notamment, une équipe a mis en place un système aquaponique sur la gestion durable de l'eau. Vous avez sur les énergies ceux qui font dans la transformation énergétique à partir de déchets. Vous avez ceux qui fabriquent des charbons à partir de déchets, aussi. C'est ce type de programme que les jeunes ont mis en place et qui ont été retenus et qui sont financés pour répondre réellement aux besoins, ici, à Brazzaville ».

    C'est ainsi que Danielle Mbemba, étudiante, a remporté l'un de ces concours portant sur un projet de serviette hygiénique recyclable. Des serviettes qui évitent de polluer les cours d'eau.

    « Mon projet, il était axé sur la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables. Mon projet s'appelle Menga Ecoflux. C'est déjà un produit que j'ai commencé à développer. J'ai fait des prototypes que j'ai déjà donnés à certaines de mes amies et à quelques personnes de ma famille pour pouvoir les tester. On fait principalement avec du coton naturel et aussi de la fibre de bambou. »

    Des prototypes, des inventions et des projets exposés lors de ces rencontres régulières à Brazzaville ou à Pointe Noire et qui reçoivent le soutien de partenaires comme la délégation de l'Union européenne au Congo. Des initiatives précieuses, selon Anne Marchal, ambassadrice de l'UE à Brazzaville.

    Coton naturel et fibre de bambou

    « C'est la convergence en fait des centres d'intérêt qui fait que nous sommes partenaires de cette association, qui justement permet de donner une voix aux jeunes et de créer de la conscience sur les problèmes d'environnement. Et donc toutes les activités de Paule Sara, y compris au niveau du support et la création, la formation à des emplois de développement durable, est vraiment ce qui nous a attirés, en plus du fait qu'elle a organisé des rencontres citoyennes de jeunes. Nous tenons vraiment à avoir ces contacts avec les jeunes pour leur retour sur les attentes des jeunes dans les pays où nous sommes partenaires ».

    Le prochain projet que Paule Sara compte mettre en œuvre avec Human empress, c'est la création d'un écocentre. Un lieu de rencontre ou les jeunes congolais pourront venir exposer leurs projets, apprendre et transmettre les bonnes pratiques écoresponsables.

    À lire aussiCongo-Brazzaville: une ONG réclame un plan d’aménagement du parc national Ntokou Pikounda

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  • Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents
    Jan 12 2025
    Direction le Burkina Faso et le quartier de Dapoya, à Ouagadougou, où est installé le centre artisanal Lukaré. Un centre qui, depuis près de 15 ans, fait figure d'excellence en matière de création de meubles et d'accessoires à base de matériaux de récupération. Au centre Lukaré, la quinzaine d'apprentis ou de créateurs aguerris sont à l'ouvrage. Perceuses, ponceuses, poste à souder... Tous ces outils – entre deux délestages – s'activent, avec Inoussa Dao comme chef d'orchestre. « Lukaré ça veut dire ''le grenier'' en pulaar. C'est un grenier où on a beaucoup d'idées. Voilà, on aimerait aussi transmettre ces idées à d'autres jeunes », explique-t-il. Il y a 15 ans, Inoussa a fondé, avec son frère Hassan Dao et deux autres artistes, le centre d'apprentissage et la galerie Lukaré, qui font référence depuis au Burkina Faso :« L'idée de Lukaré, c'est vraiment la récupération. Je peux dire que 90% de nos créations, c'est de la récupération. C'est de donner une seconde vie aux matières mortes, si on peut dire ainsi. C'est du bois, des carcasses de voitures, de la récupération de bidons. Voilà, tout ce qu'on peut recycler et leur donner une seconde vie. On fait des tables, des meubles de rangements, des accessoires comme des dessous de plat, des lampes, des meubles d'intérieur et d'extérieur. » L'art de recycler des matériaux bruts comme des racines d'arbres ou bien des pots d'échappement de mobylette, pour les sublimer en meubles uniques, a fait école au Faso . D'autant plus que le centre Lukaré accueille des jeunes qui cherchent leur voie pour les former à la technique de la récup'. Une seconde vie aux matières mortes« On n'a pas besoin d'avoir un diplôme ou une formation quelconque, c'est la motivation personnelle qui compte, souligne Inoussa Dao. Après, nous, on les place à l'atelier soudure d'abord, et après, on les place à l'atelier bois pour qu'ils apprennent ces deux métiers de base. Après, c'est à lui de choisir la branche qu'il veut. Nous, on est à côté pour les guider dans cette création. Mais c'est lui qui créé après ! »C'est ainsi que de ce phalanstère créatif sont sortis de grands noms du design burkinabè qui ont fait leur chemin depuis, comme Ahmed Ouattara, Kader Kaboré, Ousmane Kouyaté ou encore Paulin Banigabou. Ce dernier est un virtuose dans l'art d'entremêler palissandre et fer à béton pour en faire des sièges :« Actuellement, on peut dire que je travaille à mon propre compte. C'est grâce à eux aussi (les encadrants de Lukaré, NDLR), parce que je suis passé par eux qui nous ont guidés, qui nous ont montré comment faire. Actuellement , mon travail est beaucoup basé sur les tabourets et des pièces uniques aussi. Des chaises et des tables aussi quoi, parce que j'ai été formé, mais j'ai ajouté ma ''touche'' aussi. Je fais un peu différent de mon patron parce qu'il faut créer aussi ta propre identité. Ainsi il y a des gens, quand il voit ça, ils disent ''Ça, c'est Paulin !''. »Finitions nickelLes meubles et accessoires de Lukaré font le bonheur des amoureux du design comme Eliot Martin. En Allemagne, à Francfort, il est le responsable de la galerie Moogoo. Il s'extasie :« L'idée, c'est de dire :''Nous, on veut du beau ! Et qu'en plus il y ait une histoire derrière.'' On a la volonté de vendre des beaux produits. C'est vrai que les finitions (chez Lukaré, NDLR) sont nickel, quoi ! Il y a une qualité ! Pour tout ce qui est soudure, tous les gens ici qui s'y connaissent sont toujours impressionnés par leur travail. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, mais ils n'ont pas le matos qui existe en Europe ! À part des postes à souder, ils n'ont pas beaucoup plus d'outils, quoi ! » Rendre la matière brute magnifique, c'est l'art de concilier l'indigence des moyens avec l'exigence d'artisans surdoués. Hortense Assaga, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Made In Africa est, elle aussi, admirative :« Ce centre illustre vraiment bien la pratique africaine. Il y a une espèce de regroupement qui se fait entre artisans, créatifs. Et puis, ils essayent d'organiser ça. On apprend les uns des autres pour en sortir souvent les objets fabuleux. Oui, c'est une pratique à l'africaine, une transmission qui se fait tout naturellement entre artisans, et c'est vraiment ça qu'il faut saluer. » Le mot de la fin, c'est Inoussa Dao qui l'a trouvé en cherchant dans son grenier peul à idées : « On va consommer ici ce que nos braves artistes et artisans produisent. Nous consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. »
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  • Une startup mauritanienne butine avec les abeilles
    Jan 8 2025
    L’Afrique en Marche s’en va butiner en Mauritanie. Dans ce pays sahélien, un jeune startupper, Oumar Diallo, a décidé de se lancer dans l’apiculture et de dispenser sa science auprès d’autres Mauritaniens et Mauritaniennes pour favoriser l’élevage des abeilles, si précieuses pour leur miel, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité. « L’abeille est très fascinante ! Même dans le saint Coran, Dieu a donné une sourate complète pour les abeilles ! Et il a mentionné aussi que le miel, c’est un remède pour toutes les maladies ». Oumar Diallo, 34 ans, est entré en apiculture comme d’autres entrent en religion. Spécialiste des énergies renouvelables, il décide en 2018 de consacrer sa vie et son métier à la récolte du miel et donc au développement de ruches. Dès lors, il dévore tous les ouvrages disponibles sur le sujet et suit des formations au Sénégal, aux États-Unis, en Roumanie ou encore au Burkina Faso. Une sourate complète pour les abeilles ! « Et là, je me suis mis à faire des recherches et j’ai compris que les abeilles, c'est une société très organisée où il y a des ouvrières, architectes, des butineuses… c’est vraiment une société très organisée », s’émerveille l’apiculteur mauritanien. « Chacune a un rôle à jouer et parallèlement aussi, les abeilles participent à la protection de l’environnement par la pollinisation des cultures. C’est après les recherches que j’ai faites en Roumanie, aux États-Unis d’Amérique, que j’ai compris que si l’abeille meurt, l’être humain n’aura que quatre ans à vivre. Donc, pas d’abeilles, pas de vie ! Raison pour laquelle nous, on se bat jour et nuit pour développer cette filière apicole en Mauritanie d’une manière durable et responsable surtout ». Devenu expert en apiculture, il installe un peu moins de 100 ruches dans la région de Taybatal Moktar, au sud du pays, non loin du fleuve Sénégal. Non content de récolter et de commercialiser son miel dans sa start-up Apidev, Oumar Diallo forme également des femmes et des jeunes Mauritaniens à l’art de développer les essaims d’abeilles et de récolter leurs hectares. Il a d’ailleurs publié deux manuels, dont un en langue fulfulde pour les Peuls. Manuel en fulfulde pour les apiculteurs peuls« Nous avons eu l’occasion de former cent-cinquante femmes et quatre coopératives féminines dans la production du miel, mais aussi la valorisation des produits de la ruche. Nous avons récolté la cire ensemble, nous avons récolté le miel ensemble et nous avons fait aussi des bougies et des savons à base de cire d’abeille. Donc, je me suis dit qu’avoir un manuel en puular parce qu’eux, ils comprennent la langue puular, ce serait aussi un atout pour moi. Je l’ai mis à leur disposition, ce manuel de l’apiculture moderne durable. Ils peuvent vraiment lire, comprendre et faire de l’apiculture. C’est une manière aussi de dire à la jeunesse que nous avons des ressources à exploiter. Il faut y rester, il faut y croire ! » Miel d’acacia, de karité, de jujubier ou encore de moringa, la variété des parfums de ces miels permet à sa marque de se vendre avec succès au-delà même de la Mauritanie. En installant ses ruches en bois ou en ciment dans les vergers ou dans les champs, il favorise, en outre, de meilleurs rendements pour les récoltes des paysans qui l’accueillent. Car ce n’est un secret pour personne : l’abeille est un vecteur précieux de rendement et de biodiversité, comme nous l’explique Alain Chevalier, président de l’association Apiflordev : « La pollinisation par l’abeille mellifère joue un grand rôle dans la production agricole. La FAO estime que, par exemple, sur le café, l’augmentation de rendement est de 40 %. C’est-à-dire qu’on double presque la production, grâce à la pollinisation. Pour les légumes, par exemple, la pollinisation permet d’avoir des fruits de plus grosses qualités, plus réguliers et en plus grand nombre ». Apiflordev, depuis 20 ans, forme un peu partout en Afrique à l’art de l’apiculture. À son simple niveau, la start-up d'Oumar Diallo a remporté plusieurs prix d’excellence. Et cet apiculteur heureux réinvestit le prix de ces récompenses dans l’achat de nouvelles ruches. Dans nos archives :L'abeille africaine : le trésor méconnu du continent
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  • Sofar, si proche des musiciens en Afrique
    Dec 29 2024

    La franchise Sofar (Songs from a Room) propose depuis 2009 des concerts intimistes et secrets dans des lieux inhabituels dans le monde et en Afrique. À Lagos, à Addis-Abeba, à Maurice ou à Dakar, c'est une expérience que les amateurs de musique et de spectacle vivants apprécient.

    Depuis une bonne quinzaine d'années, les premiers concerts Sofar ont vu le jour en Angleterre et depuis, le concept de ces shows intimistes et éphémères a essaimé à travers le monde et notamment en Afrique : en Éthiopie, au Nigeria...

    Des collectifs d'amoureux de la musique s'organisent pour préparer des concerts hors normes dans la mesure où ni le lieu, ni la date, ni même les artistes qui joueront, ne sont connus jusqu'au dernier moment. C'est ainsi qu'à Maurice, le premier concert organisé par Samantha Shegobin, a eu lieu dans un salon de coiffure.

    « C’était bien » se remémore cette ambassadrice Sofar mauricienne. « C'était le tout premier, donc les gens ne connaissaient pas trop Sofar avant. Le lieu est dévoilé 36 h avant le spectacle. Et les artistes restent secrets jusqu'à ce que le show commence. Donc oui, les gens ont aimé. C'est une bonne expérience communautaire parce que je pense qu'on construit une communauté mondiale qui soutient les artistes locaux et internationaux. Chaque événement rassemble ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture. »

    Rassembler ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture

    Raphael Hilarion, au Sénégal, adhère, lui aussi, à cette philosophie. Il y a trois ans, avec sa camarade Marie Nore, ils ont organisé leur premier événement musical Sofar dans une galerie d'art à Dakar, Plateau.

    « En gros, c'est un événement un petit peu exclusif, où l’on va accueillir entre 50 et 70 personnes, explique Raphael Hilarion. On organise cela tous les mois et demi et dans des lieux totalement différents : dans un musée, ça peut être dans une brasserie, dans un bateau… On essaye de trouver des lieux dans lesquels on ne s'attendrait pas à avoir un concert. Sur notre page Instagram les personnes qui nous suivent doivent nous envoyer un email pour dire qu’ils sont intéressés. Les personnes qui s’inscrivent nous font confiance. On dévoile le lieu 48 heures avant et ils découvrent les artistes. Chaque artiste va jouer trente minutes et ensuite, il y a quinze minutes de pause. Du coup, les artistes peuvent discuter aussi avec ce nouveau public. On a une proximité qu'on n'a pas forcément habituellement dans des salles de concert. »

    Généralement, les performances des musiciens sont entrecoupées de défilés de mode liées à une exposition d'art plastique ou encore à des dégustations gastronomiques.

    Jouer dans un lieu qui fait sens

    « Dans une exposition qui s’est déroulée au pied du Monument de la Renaissance la thématique de l’expo portait sur l'éco féminisme et l'agroécologie, et la place des femmes dans l'agroécologie » se souvient Marie Nore en évoquant leur dernier happening musical pendant la Biennale de Dakar. « Et pour moi, c'était magique parce que même si on fait jouer des artistes, là, on les faisait jouer dans un lieu qui fait sens ».

    Succès auprès du public avide de découverte, succès également auprès des musiciens qui se prêtent volontiers au jeu de l'improvisation. « Ces concerts Sofar, ce sont des concerts intimistes, on est proche du public, il y a une connexion avec le public, raconte la chanteuse sénégalaise et joueuse de kora Senny Camara. Après le concert, c'est familial. On pose des questions et moi, j'aime beaucoup ce concept-là. C’est comme dans un salon, tu es là, tu discutes et tu partages. Un vrai partage. Bravo à eux d'avoir pensé à faire ça parce qu'on n'avait pas ça au Sénégal. C'est super pour la jeunesse. »

    Le prochain rendez-vous pour le Sofar à Dakar, ce sera d'ici fin janvier. Si vous voulez savoir où, quand et avec qui, il faudra consulter leur compte Instagram et s'inscrire pour un moment musical unique.

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  • Africa Kid, le fabricant de jouets sénégalais ludiques pour les enfants et les écoles
    Dec 22 2024

    Noël approche à grands pas. Une occasion pour « l’Afrique en marche » de prendre le chemin de Dakar et d’un fabricant de jouet spécifiquement sénégalais et africain. Afrika Kid propose toute une gamme de jeux ludiques, mais aussi éducatifs, aux enfants et aux écoles du Sénégal. Reportage.

    Dans les ateliers de Ouakam à Dakar, on s'active, on y coupe, ponce, vernit les jouets en bois d'Afrika Kid. Il s'agit d'une marque de jeu ludique et éducatif, que le Franco-Suisse Patrick Jacquier a conçu depuis une dizaine d'années à Dakar.

    « On à au moins une quinzaine de modèles de Memory, c'est ce jeu qui a comme objectif de faire des paires entre deux pièces qui ont un lien évident et qui permettent d'associer le chiffre avec l'écriture du chiffre, le chiffre dans une langue avec une autre langue, un drapeau avec un pays », explique-t-il. « C’est quelque chose de très puissant comme jeu éducatif. Les éléments importants en fait, c'est la fabrication 100% Dakar C'est fait à Dakar. C'est en bois, tous les produits sont naturels. La plupart des plateaux sont recouverts d’une huile végétale qui vient de Casamance, donc on essaie vraiment d'assumer le fait d'être local et puis le fait que cela vienne de la tradition sénégalaise, wolof depuis quelques siècles. »

    Assumer le fait d'être local

    Patrick Jacquier a imaginé des jeux de mémoire, de calcul, de géographie en wolof, en français, en sérère ou en langue bambara. Des jeux auxquels on souscrit plusieurs établissements scolaires de Dakar commel'école franco-sénégalaise dirigée par Cécile Chauvel.

    « Moi, j'étais en recherche de quelqu'un qui serait en capacité de fabriquer notamment du matériel de manipulation mathématique. L'approche qu'avait Patrick notamment avec le bois, le fait qu'il fasse travailler des femmes, que ce soit fait localement… ça, ce sont aussi des critères qui correspondent aux souhaits en termes de développement durable de l'établissement », se félicite Cécile Chauvel. « L'année dernière, on a fait une grosse commande de matériel de numération et c'est un matériel qu'on n'avait pas forcément de manière assez présente dans l'école pour développer la manipulation et le fait de pouvoir avoir accès à du matériel en bois - qui change du matériel plastique qu'on peut commander assez facilement - et que ce soit fait localement, c'était un point qui nous intéressait particulièrement, donc on en est très content ! »

    Des enseignants et des enfants d'autant plus contents que la finition des jeux est particulièrement soignée. Pour cela, Africa Kid a fait appel aux talents de menuisier dakarois expérimentés comme Oumar Diallo qui a son atelier à Ouakam, Cité Avion.

    « Si tu fais de la menuiserie, cela demande de la précision, de la finition. D'après ce que Patrick demande de faire cela demande beaucoup de précisions parce que c'est des bois que l’on coupe au millimètre. Il y a différents jeux, il y a le yoté. Cela développe l'esprit des enfants, ça demande de la réflexion ».

    Développer l'esprit des jeunes

    Et pour développer l'esprit des jeunes et de l'ensemble des sénégalais attachés à leur culture, Patrick Jacquier a remis au goût du jour un jeu typique : le yoté. Un jeu de plateau qui rappelle le jeu de Go ou le jeu de dames. « C'est d'abord un jeu de positionnement et après, c'est une stratégie de prise qui est intéressante et qui a quelques spécificités. Ce support, au niveau de l'oralité bien connu en Afrique, est important par rapport à l'histoire du yoté. On prend les pions de l’adversaire tout simplement comme au jeu de dames ».

    Jouer en apprenant ou bien s’éduquer en s'amusant. Les jeux d'Afrika Kid ont encore le temps d'arriver d'ici mardi, au pied du sapin ou du baobab de Noël.

    Les koras de Noël des moines de l'abbaye de Keur Moussa au Sénégal pour clore cette dernière chronique de l'année 2024.

    « Africa Kid »

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  • Low Tech Yaoundé, l'art et la manière d'accomoder le matériel de récupération au Cameroun
    Dec 17 2024

    Au Cameroun, Loïc Oum a fondé il y a quatre ans, une association : la Low-tech Yaoundé. Une structure qui permet de recycler des matériaux usagés afin de limiter leur impact environnemental tout en profitant à certains camerounais dont les ressources sont limitées.

    « Au Cameroun et en Afrique en général, ce sont des tonnes et des tonnes de déchets électriques et électroniques qui sont déversés chaque année » ce constat, Loïc Oum le fait depuis des années. Cet ingénieur trentenaire dans le quartier d’Ekoumdoum à Yaoundé a un but dans la vie : réduire la masse de déchets électroniques qui s'amoncelle dans les décharges et dans les entrepôts du pays. Réduire et, par la même occasion, procurer à tout le confort minimal pour la vie quotidienne. Avec son association Low Tech Yaoundé, il a mis en place des solutions technologiques simples et accessibles pour des camerounais aux ressources limitées.

    « Dans d'autres pays, il y a de petites associations qui se créent où l’on répare au lieu de jeter. Et je pense que c'est la philosophie qu'on veut apporter chez nous de ne pas surconsommer parce que beaucoup dans beaucoup de villages, les gens achètent des dispositifs qui sont polluants et qui ne sont pas adaptés ou qu'on ne peut pas réparer, ici localement. Et quand ces dispositifs s'abiment, ils vont dans l'eau et les déchets polluent. Et pour nous, c'était le but, de montrer aux gens qu'ils sont capables de réparer eux-mêmes les déchets au lieu de continuellement jeter. Et deuxièmement, pouvoir les rendre autonomes. Pourquoi ne pas autonomiser aussi, la jeunesse des localités et créer même de l'émulation en terme de métier d'avenir ? Cela permettrait d’aider les jeunes localement à sortir de la pauvreté, à sortir d’une léthargie locale et pouvoir rêver d’un lendemain meilleur ».

    Avec l'aide d'associations commeSolidarité Technologique etLow Tech Lab, Loïc Oum et sa dizaine de bénévoles ont multiplié les solutions pratiques à partir de batteries, de panneaux solaires ou d'ampoules usagés qu'ils recyclent en lampe solaire, en lampadaire de village ou bien en éclairage individuel.

    « Parfois, explique Loïc, dans certains villages, selon les besoins des communautés, on fait des fours, des déshydrateurs solaires low tech, c'est-à-dire de petits fours pour sécher le manioc, le maïs, les légumes de saison. Le but aussi est de mettre en place justement des tutoriels pour permettre à d'autres communautés, de pouvoir répliquer et copier justement ces dispositifs-là. On veut permettre, avec des ateliers au plus grand nombre de pouvoir s'en approprier et en répliquer davantage ».

    L'association de Loïc Oum partage largement et gratuitement ses techniques pour fabriquer ces solutions pas chères et écoresponsables. Car dans un monde surchargé de déchets, il y a véritablement un débouché permettant de préserver l'environnement en procurant une activité à ceux qui n'en ont pas.

    À Goma en RDC, Frédéric Famba est chercheur et membre du World Ressources Institute, une organisation spécialisée dans les questions environnementales.

    « Le recyclage permet d'abord une forme de traitement pour éviter les effets néfastes de la pollution du lithium par exemple qui résulte de ces déchets et puis de l'autre côté la réutilisation ou le recyclage de panneaux permet aussi une meilleure gestion, une très bonne gestion de ressources naturelles. Du point de vue économique, cela crée d'abord de l'emploi local où le jeune profite de ce dynamisme-là pour acquérir de nouvelles compétences dans le recyclage de ces différents matériaux, mais aussi dans ces transferts-là de la technologie. Ce transfert de savoir-faire et cela permet aussi de raviver l'économie locale dans le contexte africain ».

    Et du savoir-faire. Low tech Yaoundé n’en manque pas. En revanche, ces activités se font sur fonds propres ou sur quelques dons. On a cru comprendre qu'un partenaire financier concerné par les questions d'environnement ne serait pas de trop du côté d’Ekoumdoum.

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  • Au Rwanda, bien nourrir la terre pour bien se nourrir soi-même
    Dec 8 2024
    Agriculture durable, sécurité alimentaire et respect de l’environnement... Depuis près de sept ans l’association « Frères des Hommes » finance un programme de soutien aux paysans de la province du sud au Rwanda avec des associations locales : Duhamic-Adri et Adnya, l’objectif est d’accompagner les familles paysannes pour renforcer leur capacité à produire et à gérer leur production dans le respect de l’environnement. Permettre l'autosuffisance alimentaire, c'est bien, mais si en plus on peut se nourrir sainement, c'est mieux ! C'est, en quelque sorte, la philosophie du projet Recasé porté par l'association Frères Des Hommes depuis sept ans.Ce renforcement des capacités sociales et économiques accompagne près de 7000 paysans au Rwanda, pour s'initier aux bonnes pratiques agroécologiques en matière d'élevage ou d'agriculture. Flavie Lauvernier, responsable de la gestion des projets Frères des Hommes nous explique l'action des formateurs sur le terrain. Actions paysannes collectives« Il y a déjà toute une partie de formation en gouvernance, en gestion et la bonne gestion des fonds qui leur permettent de mettre en œuvre les actions paysannes collectives. Et puis ensuite plein d'actions concrètes qu'ils mettent en œuvre dont des pépinières et des champs collectifs pour permettre de produire des plants maraîchers, des plants fruitiers forestiers et aussi c'est toute une partie de formation sur le petit élevage et notamment la démultiplication de porc. Ce qui permet aux familles et aux enfants de ces familles d'avoir un apport en protéines également avec l'élevage de poules et de poulets ».Flavie Lauvernier insiste également sur l'aspect formation en nutrition « puisqu'on sait que la malnutrition est toujours une problématique au Rwanda, nous avons une nutritionniste sur le projet avec des paysans qui sont formés pour, eux-mêmes ensuite répliquer ces formations auprès des autres membres des collectifs pour disséminer les bonnes pratiques alimentaires, notamment basées sur les différentes productions agricoles, les légumes et les fruits qui sont produits grâce aux activités collectives. Comment bien se nourrir pour avoir les apports nécessaires, en particulier pour les enfants ». Léonie Uwamariya est l'une des formatrices dans la province du Sud, à Kigoma, Ruganza ou encore Rusenge. « Quand on utilise les engrais organiques et les pesticides naturels l'investissement est moindre. Par exemple sur la culture des haricots sur un an tu peux investir 10 000 avec la fumure organique mais lorsqu'on utilise les engrais ou les pesticides chimiques c'est 20 000. Aussi du point de vue de la santé, on sait que lorsqu'on utilise les engrais chimiques il y a des maladies qui apparaissent et des conséquences négatives sur la santé ». À cet accompagnement éco responsable des paysans rwandais s'ajoute une sensibilisation dans les écoles sur les bonnes pratiques agroécologiques. Notamment avec l'instauration de jardins potagers dans les cours d'une trentaine d'établissements scolaires où l'on mange à la cantine, ce que l'on a fait pousser dans les potagers, nous explique Léonie Uwamariya.Les acquis de cette formation, les enfants les mettent en pratique« On met en place les jardins scolaires dont les enfants peuvent s'occuper. On les forme aussi sur la gestion des déchets et nous voyons que les enfants comprennent ça. Il sont sensibilisés aussi à l'agroforesterie avec la plantation d'arbres. Et nous voyons que les élèves sont conscients de ces enjeux environnementaux. Les acquis de cette formation, les enfants les mettent en pratique après dans leurs ménages ». Bien entendu, tout cela a un coût. C'est pourquoi Frères des Hommes lance régulièrement des campagnes de financement participatif pour récolter des dons. Laure Caillier est la responsable de ces appels de fonds pour Frères des Hommes. Cagnotte en ligne« Les personnes qui vont contribuer à la page de collecte, ce sera plutôt pour financer kit de semences potagères qui sont redistribuées aux populations locales et aussi l'achat de matériels pour la construction de champs de démonstration aux pratiques agroécologiques dans les écoles, et également du matériel pour les sessions de formation pour les paysans aux pratiques durables ». Depuis 7 ans d'activité au Rwanda, Frères des Hommes a permis à plus de 1800 familles de bénéficier de dons de petits détails. À plus de 900 ménages de lutter contre la malnutrition infantile et, après de 700 élèves rwandais, d'affronter l'avenir avec les notions nécessaires aux enjeux environnementaux du moment. Si vous souhaitez donner un « coup de pouce » à cette opération en faveur des familles d’agriculteurs rwandais un financement participatif est en ligne.
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