• Ukraine, les drones de combat, nouveaux rois du champ de bataille
    Jan 12 2025
    L'état-major de l'armée ukrainienne a dit mercredi 8 janvier, avoir frappé avec des drones, un dépôt pétrolier à Engels, où est basée l'aviation stratégique russe. L'attaque à 500 kilomètres de la frontière ukrainienne illustre l’omniprésence des drones dans ce conflit. Après bientôt trois ans de guerre, le retour d’expérience est sans appel, les drones de combat sont devenus les nouveaux rois du champ de bataille. Le chiffre est vertigineux : pour la seule année 2024, l’Ukraine a produit plus d’un million de drones et en majorité des drones suicides, responsables à eux seuls de la plupart des frappes sur la ligne de front. Ces machines de toute taille, souligne le colonel Frédéric, célèbre artilleur français et ex-commandant de la Task Force Wagram en Irak (Déployée de 2016 à 2019, la Task Force Wagram a participé au « pilier appui » de l’opération Inherent Resolve en Irak. Equipés de canons Caesar, les artilleurs ont soutenu l’action des forces partenaires engagées au sol dans les combats contre Daech), ont révolutionné dans tous les compartiments, l’art de la guerre : « Les drones permettent surtout de tirer dans la profondeur pour façonner l'adversaire, détruire ses propres moyens d'artillerie, c'est ce qu'on appelle gagner la supériorité des feux, c'est la contre batterie. On peut aussi détruire des postes de commandement, des dépôts logistiques ou des concentrations de force. Les drones permettent aussi de donner des éléments pour cloisonner l'adversaire. C'est-à-dire l'amener par exemple sur un endroit où on va lui tendre une embuscade. On a toujours besoin d'autres capteurs. Les observateurs d'artillerie sont toujours là, ça peut être aussi des radars qui vont détecter sur une route le déplacement d'une colonne blindée. C'est une combinaison de tous ces capteurs qui permettent d'ouvrir le brouillard de la guerre et d'aller détecter le dispositif adverse, comprendre sa manœuvre pour demander des feux d'artillerie, en utilisant les mortiers, le canon Caesar, et pourquoi pas un lance-roquette unitaire au besoin ».À lire aussiFrappes de drones et tirs de missiles: la Russie et l'Ukraine en pleine escaladeJusqu’à 10 000 drones utilisés chaque jour en UkrainePour compenser une pénurie d’obus l’armée ukrainienne s’est tournée vers les drones jusqu’à en consommer parfois 10 000 par jour. Les drones utilisés en masse, c’est une révolution, il faut en tirer les leçons dit l’expert aéronautique Xavier Tytelman,« En Ukraine, vous avez un drone pour 6 à 8 personnes et vous avez l'omniprésence des drones kamikazes. Que ce soient les États-Unis, ou l'Europe, personne n'est prêt à faire la guerre en consommant 10 000 drones par jour. Pourtant, c'est ça qui est nécessaire pour la guerre. Et c'est ça qui donne des résultats qui permettent à l'Ukraine de détruire toutes les offensives russes et d'avoir autant de succès en termes de rapports de force et de nombre de pertes. L'Agence européenne de défense a justement dit les 4 domaines dans lesquels il fallait absolument qu'on se renforce. Parmi ces 4 domaines, il y a les munitions à usage unique, les munitions télé opérées, les drones kamikazes et il y a également la guerre électronique. Et je pense que c'est les deux domaines dans lesquels on a réalisé qu'on n'était pas du tout au niveau et qu'il faut vraiment qu'on fasse une accélération ». À lire aussiComment le drone kamikaze révolutionne l’économie de la guerreL’importance du couple drone-canonPour rester à niveau, il faut donc accélérer et c’est le cas notamment pour l’artillerie, grâce au couple drone-canon, l’artillerie insiste le colonel Frédéric est de nouveau la reine des batailles, « Nous avions déjà utilisé le couple drone - canon dans d'autres opérations, notamment l'opération Inherent Resolve au Levant (L'opération Inherent Resolve (OIR) est le nom de l'opération militaire américaine menée dans le cadre de la coalition internationale en Irak et en Syrie, à partir d’août 2014). Il est vrai qu'aujourd'hui, grâce à la multiplication de tous les types de drones, cela permet de raccourcir encore plus vite la boucle entre le capteur et les effecteurs afin de traiter tout type de cible. Cela permet aussi de décentraliser jusqu'au plus bas niveau, l'emploi des feux d'artillerie pour traiter des cibles qui auraient été détectées par ces drones qui ont finalement créé une réelle transparence du champ de bataille. Cette rapidité dans la boucle de décision a permis une plus grande efficacité pour les belligérants ». 2025 verra la montée en puissance de l’automatisation des drones, notamment le vol vers les zones de combat et la frappe de cibles sélectionnées, là encore pour gagner un temps d’avance sur l’adversaire.
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  • Quels scénarios pour la guerre en Ukraine en 2025?
    Jan 5 2025
    L'année 2025 sera-t-elle synonyme de paix en Ukraine ? Après bientôt trois ans de guerre, et peut-être un million de soldats tués ou blessés des deux côtés du front, les belligérants sont exsangues. Les conditions d’un règlement du conflit semblent se rapprocher, mais quels scénarios sont sur la table ? Difficile pour l’Ukraine de continuer le combat : en ce début 2025, le rapport de force ne lui est pas favorable et les États-Unis, son principal soutien, pourraient se défausser.Le cessez-le-feu n’est pas loin, estime Jean pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques, « très certainement, on ira vers un cessez-le-feu parce que le président des États-Unis le veut et parce que je pense que les belligérants peuvent y trouver un intérêt. Les Ukrainiens, parce qu'ils sont en difficulté sur le terrain, les Russes pour obtenir leur gain. Et puis d'autre part, du fait qu’eux aussi, ça leur coûte sur le long terme cette guerre : ils sont en économie de guerre, ils ne peuvent pas éternellement maintenir un tel effort. » Pendant les travaux, « la vente continue »Mais l’ouverture de pourparlers ne fait pas nécessairement taire les fusils, car souvent, pendant les travaux, « la vente continue », ironise le diplomate Jean de Gliniasty, « comme une des deux parties ne souhaite pas le cessez-le-feu, d'abord parce qu'elle marque des points, c'est la Russie qui en ce moment grignote. Et donc plus le temps passe, et plus cela va jouer en sa faveur. »« D'autre part, la Russie, elle, veut un traité de paix qui consolide ses acquis territoriaux alors que les Ukrainiens, maintenant que Trump est là, souscrivent à l'idée d'un cessez-le-feu. Mais un cessez-le-feu provisoire, puisqu'ils se réservent la possibilité de récupérer leurs territoires soit par la diplomatie, soit par la guerre. Donc ici, il y a deux positions différentes et il est clair que pendant que l’on mettra ça au clair, "la vente continuera", c'est-à-dire hélas, la guerre et les morts et les blessés… » Pas de GI’s sur le sol ukrainien, dit Donald TrumpDifficile dans ces conditions de trouver un chemin vers la paix. Raison pour laquelle la question des garanties de sécurité offertes à Kiev est cruciale, insiste le géopolitologue Pascal Boniface : « Si l'Ukraine est contrainte de céder les territoires, on peut aussi comprendre qu'ils aient besoin de garanties pour l'avenir parce qu’ils ont une confiance très modérée dans les promesses de Poutine. Et donc pour cela, il faut donner des garanties de sécurité. Et la présence dans un pays qui n'est plus en guerre contre la Russie de troupes françaises et britanniques pourrait avoir un effet dissuasif pour cette dernière. Puisque dans ce cas-là, ça serait la Russie qui devrait prendre l'initiative du conflit et non pas la France ou la Grande-Bretagne. » La Russie face à deux puissances dotées de l’arme nucléaire que sont de la France et de la Grande-Bretagne, aurait aussi beaucoup plus de mal à agiter la menace nucléaire.Reste que Donald Trump a prévenu, même en cas d’accord de paix définitif, lui n’enverra pas de soldats en Ukraine. Alors tous les regards, et à raison, se tournent vers Paris et Londres, alternative à l’Otan, décrypte Jean de Gliniasty : « Au moment de l'ersatz de l'accord de paix d'Istanbul, qui avait été quasiment agréé en avril 2022, il était prévu qu'il y ait des garanties des pays membres du Conseil de sécurité et il se trouve que, membres du Conseil de sécurité, la France et l'Angleterre sont aussi membres de l'Otan. Donc c'est une façon de contourner ce qui est un non possumus, c'est-à-dire une impossibilité pour les Russes qui ne peuvent pas accepter que l'Otan en tant que tel garantisse l'Ukraine et joue un rôle dans la paix en Ukraine. » Une paix provisoireIl est aussi possible qu’en 2025 la guerre continue. « Toute pression pour des négociations trop tôt nuisent à l’Ukraine », estime ainsi Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne.Il est possible aussi que des accords ne débouchent que sur une paix provisoire, indique, fataliste, Jean Pierre Maulny : « Si c'est un cessez-le-feu, ils ne perdront pas la face parce qu'ils diront toujours : "l'Ukraine reste une et entière avec le Donbass". Si c'est un accord de paix formel qui re-délimite les frontières, ils perdront. Alors peut-être qu’il peut y avoir un entre-deux. Vous savez, dans des accords de paix, on trouve toujours des solutions pour essayer de contenter les deux parties. Aux négociateurs peut-être de trouver la solution qui contente Moscou et Kiev. Mais on peut craindre que ça soit bancal sur le long terme et que ça ne soit qu'une paix provisoire, avec un provisoire qui peut durer longtemps. »Un scénario à la coréenne en quelque sorte, avec une ligne de front démilitarisée courant du nord au sud de l’...
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  • FN Herstal: le fabricant et concepteur belge d’armes de petit calibre qui attire vivement la France
    Dec 29 2024

    La Fabrique nationale belge (FN) de la région de Liège est une véritable pépite, spécialisée dans les armes automatiques et les mitrailleuses. Si elle est déjà un fournisseur privilégié de l’armée de terre française, l’entreprise pourrait être amenée à jouer un rôle plus important encore dans le paysage industriel militaire français. Cela notamment grâce à sa capacité à produire des munitions de petits calibres. FN Herstal, peu connue du grand public, a exceptionnellement ouvert ses portes à quelques journalistes. [Rediffusion]

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  • Ascalon, le canon français des chars de combat du futur
    Dec 22 2024
    C’est un projet structurant pour l’Europe de la Défense, son nom : le MGCS, pour système principal de combat terrestre. Ce char du futur, qui doit remplacer le Leopard 2 dans l'armée allemande et le Leclerc dans l'armée française vers 2040, peine pourtant à décoller. Mais le canon de ce char du futur existe déjà, KNDS France a présenté l’Ascalon, mais il fait l’objet de désaccords entre industriels. Qu’il est difficile de s’entendre lorsqu’on est quatre. Le char du futur est porté par Thales, Knds France–anciennement Nexter- Knds Allemagne avec Krauss Maffei Wegmann et enfin Rheinemetall, le géant allemand de la défense. Pour garantir un partage équitable des tâches, huit piliers capacitaires ont été édictés. Mais les choix technologiques seront faits après évaluation et des deux côtés du Rhin, on s’écharpe sur le canon.Rheinmettal a fait le choix d’un tube de 130 mm, quand Nexter propose l’Ascalon deux tubes pour tirer des obus de 120 et 140 mm.L’Ascalon est doté d’une architecture Super ShotEt l’Ascalon, nous l’avons vu au dernier salon d’Eurosatory, monté sur un char Leclerc Evolution, François Groshanny directeur de programme Char de combat futur chez KNDS France nous en a fait la présentation : « Quatre caractéristiques essentielles, d'abord, un niveau de puissance délivré à la bouche et à la cible jamais égalé. On a là une capacité à changer de calibre en moins de 30 Min. Troisième caractéristique, il est extrêmement compact, donc on utilise une architecture dite super shot. On voit ici la munition qui est une munition de 140 qui fait donc 130 millimètres de haut. Dernière chose, on travaille beaucoup à l'intégrabilité de ce canon en tourelle pour avoir une empreinte à l'intérieur de la tourelle qui est minimale et donc on pourra loger plus de personnel en châssis. » À lire aussiÀ quoi servent les chars sur le champ de bataille?Côté français, l’on craint que Rheinmetall et Krauss Maffei Wegmann réunis impose le canon allemand, et ce, malgré le coup d’avance de Nexter qui avec l’Ascalon propose une technologie de rupture. « Ascalon, c'est d'abord une technologie. »,François Groshanny,« Ici, elle est déclinée en 140 et en 120. Mais c'est une technologie qui pourrait être déclinée dans un autre calibre si c'était de nature à faire l'assentiment d’une force occidentale intéressée par le canon. Tout le monde connaît bien le canon du César qui est aujourd'hui une référence mondiale. On espère faire de l’Ascalon également la référence mondiale, mais cette fois-ci, pas sur le segment de l'artillerie, mais sur le segment des chars. »Des arbitrages industriels lourds de conséquencesIl y a donc des arbitrages industriels lourds de conséquences, surtout dans un contexte de retour de la guerre de haute intensité. La France ne veut pas devenir un nain industriel dans le segment des chars de combat. Pour François Groshanny, « La guerre en Ukraine a remis sur le devant de la scène la guerre symétrique. La France était plutôt organisée autour d'une armée de projection. On voit que cette période est révolue. On est en train de changer d'ère. Et quand on change d'ère et qu'on revient au combat asymétrique, ça veut dire qu'il faut se rééquiper avec toute la gamme et pas seulement avec la gamme des véhicules médians. Et puis le segment du char est un segment stratégique puisque c'est autour de ce segment qu’est en train de se réorganiser l'industrie de défense terrestre. On est dans une phase un peu de concentration. On l'a vu, nous, avec la création de Knds Group qui résulte de la fusion de Nexter et de Krauss Maffei Wegmann. Mais cette concentration est plus générale puisqu'on voit maintenant que dans MGCS on intègre Rheinmetall. Donc c'est vraiment sur ce segment de produit que s'opère la concentration de l'industrie et chacun travaille ses domaines d'excellence pour arriver à construire dans la durée le Lego qui va faire matcher les différents industriels. »À lire aussiAccord franco-allemand pour le projet de char du futurEt pour que cela puisse « matcher » et satisfaire français et allemand, la Direction Générale de l’Armement émet l’hypothèse d’une coexistence de deux chars différents, rappelant que le projet commun ne préfigure en rien la nature du char du futur, MGCS étant avant tout un système de systèmes avec un cloud de combat et des drones. Mais qui pour l’heure reste à l’état d’ébauche.
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  • La chute de Bachar el-Assad, un revers militaire pour la Russie en Méditerranée
    Dec 15 2024
    La chute éclair du régime de Bachar el-Assad constitue un revers immense pour la Russie qui possédait deux importantes bases militaires en Syrie : le port de Tartous et la base aérienne voisine de Hmeimim. La perte de ces deux emprises est un revers géopolitique pour le Kremlin, et pose la question de la présence militaire russe en Méditerranée. Samedi 9 et dimanche 10 décembre : trois frégates et un sous-marin russes quittent précipitamment le port de Tartous. Officiellement, compte tenu des soubresauts politiques syriens, c’est une mesure de sauvegarde, mais pour les observateurs, la manœuvre s’apparente plus à un sauve-qui-peut général : les Russes évacuent en urgence Tartous, leur seule et unique base navale en Méditerranée. Évacuation également de la base aérienne voisine de Hmeimim. Un naufrage spectaculaire, car les bases syriennes sont la clé de voute des ambitions militaires de Moscou en Méditerranée et au-delà l'Afrique, souligne Vincent Tourret de l’Université de Montréal.« La base qui hébergeait l'escadron méditerranéen, qui était une flotte détachée en fait de la flotte de la mer Noire russe, assurait en fait, sa reconnaissance en avant, c'était comme une sorte d'avant-poste si vous voulez, pour la dissuasion russe de façon générale et notamment pour menacer le flanc sud de l'Otan, explique l'universitaire. Et le second point, c'est effectivement la projection vers l'extérieur, notamment pour du matériel lourd. C'est un hub extrêmement pratique vers l'Afrique et donc vers les tentatives russes d'y créer des États satellites ou clients, notamment avec des groupes paramilitaires ou privés de type Wagner ou maintenant Africa corps ».La flotte russe, coupée de la Mer Noire depuis le début de la guerre en Ukraine et la fermeture des détroits turcs, était déjà isolée en Méditerranée, les rotations de navires s'effectuent depuis la flotte du Nord, obligeant les navires de guerre à de longs transits. Sans base navale, il sera impossible pour cette flotte de se maintenir en Méditerranée. Le Kremlin va donc faire feu de tout bois pour conserver Tartous analyse le directeur de recherche à l’Iris (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) et diplomate Jean de Gliniasty. «Tartous est en plein réduit alaouite (région côtière dont est originaire le président déchu Bachar el-Assad). La base aérienne de Hmeimim est à 20 km de Lattaquié, donc c'est la zone que pour l'instant HTS (Hayat Tahrir al-Sham, groupe rebelle islamiste de la guerre civile syrienne, dirigé par Abou Mohammed al-Joulani, qui a pris le contrôle de Damas) n'a pas conquise et ça va être difficile. Je pense que ce n’est pas encore perdu pour les Russes. Ils doivent s'échiner, s'efforcer, de négocier de tous côtés pour essayer de garder cette base parce que c'est leur seule base en Méditerranée ». Quel point de chute pour la flotte russe en Méditerranée ?Premier port d’accueil : Tobrouk dans la Libye du Maréchal Haftar proche de Moscou, mais les infrastructures sont limitées et ne permettent pas l’entretien des navires. La flotte russe pourrait donc se tourner vers les ports algériens mieux équipés, mais cette réarticulation en urgence ne sera pas une mince affaire et l’image de la Russie en sort très abimée insiste Vincent Tourret : « Le coût le plus dur, il est surtout, je trouve, symbolique, parce que la Syrie, c'était la première victoire à l'époque, donc 2017, qui devait prouver au monde que la Russie était de retour dans les relations internationales. C'est un désaveu à nouveau de la puissance russe et un désaveu de sa capacité à stabiliser des conflits. La Syrie était censée être la vitrine d'une pacification à la Russe plus efficace, plus réaliste que les tentatives occidentales ». L’aventure syrienne de Moscou, abonde Jean Pierre Maulny chercheur à l’Iris, se solde par un immense revers. « Les Américains, ont eu l'Afghanistan dans les années 2000. Nous, on a eu Barkhane (Opération militaire française au Sahel 2014-2022) dans les années 2010. Eh bien eux, ils auront la Syrie dans les années 2010 - 2020, c'est-à-dire une opération militaire qui aboutit à un échec pour les Russes comme pour les Américains ou comme pour les Français. Ça, c'est quand même un enseignement qu'il faut retenir ».La Russie a donc momentanément perdu la main et se retrouve en grande difficulté dans la très stratégique mer Méditerranée.À lire aussiChute du régime en Syrie: quel avenir pour les bases russes, essentielles aux opérations en Afrique?
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  • L'arrivée rapide des drones de combat au sein de l'armée de terre française
    Dec 8 2024

    La section technique de l’armée de Terre a présenté, lors d’un exercice d’évaluation, ses capacités nouvelles du combat aéroterrestre le mercredi 4 décembre sur le plateau du Larzac dans le sud de la France. Essaims de drones, drones suicides, capacité de cartographie, l’exercice avait pour objectif de démontrer la montée en puissance des drones dans les forces. Reportage

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  • La présence militaire française en Afrique sur la sellette
    Dec 1 2024
    Coup de tonnerre, jeudi 28 novembre au soir à Ndjamena… Quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, le Tchad a déclaré qu’il mettait fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec Paris. Le Tchad était le dernier point d'ancrage militaire français au Sahel, et plus largement un maillon clé de la présence militaire sur le continent. Cette décision unilatérale vient mettre à mal la nouvelle stratégie en Afrique portée par Paris. L’annonce du Tchad est un séisme, pourtant Paris avait pris les devants avec un vaste plan de réduction de sa présence militaire en Afrique, proposant une nouvelle philosophie, basée sur des dispositifs légers, réactifs pour répondre aux besoins des partenaires.Une offre, qui visiblement, n’a pas été jugée suffisamment rentable à Ndjamena, indique Thierry Vircoulon chercheur à l’Ifri : « La question fondamentale, c'est celle de ce 'nouveau paradigme', le président Macron avait employé cette expression, un nouveau paradigme de la coopération militaire donc, où la demande des partenaires devait primer sur l'offre française. Pour le moment, ce qu'on en a perçu était surtout focalisé sur la réduction des effectifs de l'armée française en Afrique et l'avenir des bases. Donc, on attend des décisions là-dessus, et on n'a pas l'impression que ça soit le cas. » À lire aussiLe Tchad annonce rompre ses accords de coopération de défense avec la FranceLe rapport de Jean Marie Bockel, sur la ré-articulation du dispositif militaire français, remis lundi 25 novembre à l'Élysée, semble aujourd'hui déjà caduc. Car le Sénégal aussi indique qu'il ne souhaite plus de base militaire étrangère sur son territoire.Pour être présent en Afrique, il faut un vrai partenariat, insiste Peer de Jong, docteur en sciences politiques et ex-colonel des troupes de Marine, « On appelle ça de la 'co-collaboration'. C'est le terme qui a été utilisé dans les discussions et dans les présentations. Les États africains de façon générale ne sont pas réfractaires à une présence française, mais ils ne la veulent pas sur ce modèle-là, ils la veulent plus fraternelle, moins donneuse de leçons. Donc, ils veulent un vrai partenariat. On doit impérativement se différencier. C'est ça le souhait des États africains qui, en plus de ça, émettent un souci d'exigence de la souveraineté des États. On ne peut plus faire ce qu'on veut en Afrique, ça, c'est sûr et certain ! »Encore une fois, c'est une surpriseAprès avoir été brutalement poussé vers la sortie du Mali, du Burkina, du Niger, vient donc le tour du Tchad et encore une fois, c'est une surprise.En particulier au Tchad où l’armée française a mené le plus d’opérations extérieures. À lui seul, le pays était presque le dépositaire de la relation militaire franco-africaine avec ses trois bases historiques : le camp Kosseï, Faya Largeau et Abéché. « Les bases, c'est le symbole de cette relation militaire franco-africaine qui est très décriée par les opinions publiques africaines », reprend Thierry Vircoulon ; « elles apparaissent comme un des derniers héritages de la France Afrique. Et du coup, dans ces bases, les effectifs français ont déjà beaucoup diminué, et vont diminuer davantage et donc la raison d'être de ces bases se pose. On s'interroge beaucoup puisqu'on a l'impression qu'on va avoir des bases vides et donc à quoi ça sert ? Dans la mesure aussi où il n’y a plus d'opérations extérieures, elles sont devenues taboues ; donc les bases, on ne voit pas trop quelle est leur justification. » À lire aussiLa France prise de court après l’annonce par le Tchad de la fin des accords en matière de défenseDes bases vides à offrir alors que sur plan sécuritaire, ajoute Peer de Jong, la concurrence fait rage en Afrique, « La concurrence Union européenne ! Qui a l'argent en Europe ? C'est l'Union européenne et non pas la France ! C'est la Russie, c'est la Chine, c'est la Turquie, ce sont les États-Unis. Mais même au sein de l'Union européenne, il y a la forte concurrence de l'Espagne, de l'Italie, de la Pologne, des Allemands qui sont également très présents en Afrique. Donc, en fait, on ne peut pas maîtriser ce flot, ce renversement incroyable qu'on n'a pas du tout anticipé. On est dans une situation extrêmement défensive. On est sur un modèle qui réduit ses effectifs, mais qui ne parle pas de politique. À mon avis, on va vers un modèle en totale rétraction. C'est comme ça que ça va terminer, bien évidemment. »L’armée et la diplomatie française semblent subir les évènements, quant à la position de l’Élysée, elle se fait attendre.
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  • Ukraine: l'inquiétante escalade nucléaire du Kremlin
    Nov 24 2024
    En réaction à l’autorisation de Joe Biden permettant à l’Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles américains, Moscou a franchi cette semaine plusieurs marches de l’escalier nucléaire. D’abord en rendant public une actualisation de sa doctrine puis en tirant jeudi un missile inquiétant sur l’Ukraine. Le tir de missile russe relève du pur signalement stratégique, le Kremlin envoie un message clair aux Occidentaux : il ne perdra pas la guerre en Ukraine. Jusqu'à présent, les menaces du Kremlin n'étaient que verbales. Cette fois, c'est un missile qui sent le souffre qui a été tiré. Un « missile expérimental », dit Vladimir Poutine, de portée intermédiaire, baptisé Orechnik, mais le missile qui se rattache à la famille des armes balistiques porteurs du feu nucléaire. Moscou a donc brisé un tabou.C'est une intimidation particulièrement rude, assure le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill : « Une attaque, c'est toujours inquiétant. Maintenant, je pense qu'il faut prendre du recul et nous, il faut qu'on regarde ce qui s'est passé. Quel est le signal envoyé. Tous les jours, il y a des attaques sur l'Ukraine. Il y a eu ces derniers jours des tirs très massifs sur l'appareil de production électrique. Nos outils de renseignement sont évidemment tournés vers l'observation de ce théâtre. Tout dans la guerre est signal. Tout ce qui se passe ces jours-ci en déclaratoire ou en manœuvre effective rentre dans une dialectique des volontés qui passent aussi par des questions d'intimidation et de contre intimidation, c'est clair. » À lire aussiTir inédit d’un missile stratégique par la Russie en Ukraine: un «signalement» destiné aux EuropéensUne grammaire que Vladimir Poutine, ex-officier du KGB, maitrise parfaitementIl en connait la limite : seul le nucléaire peut répondre au nucléaire. Mais sous ce seuil, l’escalade est permise. En début de semaine, il y a donc eu cette mise à jour de la doctrine nucléaire de la Russie. En filigrane, elle dit qu’essayer de vaincre l’armée russe est vain puisque l’option nucléaire est réaliste. La doctrine ajoute qu’elle ne laissera pas se prolonger les attaques de missiles en profondeur sur son sol.S’ajoute à cette ligne rouge, un élargissement, non pas du seuil, mais des conditions d’emploi de l’arme, il est aussi question de nouveaux vecteurs comme l’Orechnik tiré jeudi, précise Thibault Fouillet de la Fondation pour la recherche stratégique : « En matière stratégique, le discours doit toujours, pour être crédible, s’appuyer sur des faits. Donc, on ne peut pas juste annoncer un renforcement de posture ou la volonté d'une évolution de posture sans derrière insister sur la capacité à agir si le besoin s'en faisait sentir. On a bien cette nécessité de parler aussi des armements, de mettre en avant de nouveaux systèmes, de nouveaux vecteurs, de nouvelles possibilités. C’est pour crédibiliser cette posture. »Donald Trump aux portes du pouvoirOr, la Maison Blanche desserre les conditions d’emploi de ses missiles ATACMS, car le temps est compté. Donald Trump est aux portes du pouvoir et Moscou en attend beaucoup. « L'ambition qui a été affichée par Donald Trump d'un accord rapide avec Vladimir Poutine sur une ligne qui serait le gel du conflit selon la ligne de front actuelle, mais surtout une concession sur un principe de neutralisation de l'Ukraine, de renoncement à l'entrée dans l'OTAN. Si vous combinez un gel du front et un principe de neutralisation, on retombe rapidement sur les lignes de ce qu’était l'accord de Minsk ou même du mémorandum de Budapest. Et ça, la Russie a bien montré qu’elle n'était pas prête à le respecter », décrypte Elie Tenenbaum, directeur de recherche de l’Ifri.À lire aussiL'Ukraine demande de nouveaux systèmes antiaériens pour se protéger des missiles russesSur le terrain, la logique est celle d’un conflit qui ne semble pas porter de solution militaire, la menace nucléaire est donc une partie de l’équation des futurs négociations, précise Thibault Fouillet. « De toute façon, la sortie sera politique. Mais pour que la sortie soit politique, il faut une certaine crédibilité. Il faut user de tous les moyens. Il faut aussi rappeler que même si certains peuvent croire en un affaiblissement russe, ça reste une puissance dotée, l'une des principales puissances nucléaires. La Russie est inscrite dans le concert des Nations, il ne faut pas s'attendre à une Russie émoussée ou à une Russie qui s'effondrerait », dit-il.« L’apocalypse nucléaire n’est pas pour demain », abonde Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po, mais ces derniers jours marqueront l’histoire, « un cran », insiste-t-il, « a incontestablement été franchi dans les menaces nucléaires par la Russie ».
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