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  • Un « petit livre » pour « sauver l’information de l’emprise des milliardaires »
    Jun 28 2025

    Olivier Legrain, un millionnaire français mécène de la presse indépendante, cosigne avec le journaliste Vincent Edin un livre intitulé Sauver l’information de l’emprise des milliardaires (Payot, 2025). Dans L’atelier des médias, tous deux détaillent la mainmise d’une dizaine d’oligarques, en France, sur les secteurs de la presse et de l’édition. Ils avancent aussi des pistes de solutions face au péril que cette situation fait peser sur la démocratie française.

    L'entretien débute par la présentation du livre Sauver l'information de l'emprise des milliardaires, publié par l'éditeur français Payot en mai 2025.

    Olivier Legrain, millionnaire français et mécène de la presse indépendante, et Vincent Edin, journaliste indépendant, y décrivent la « concentration inédite des médias français » aux mains de « 10 milliardaires qui accaparent à eux seuls 90 % des ventes de quotidien nationaux, 55 % de l'audience des télévisions et 40 % de celle des radios ». Olivier Legrain explique cette concentration par un « capitalisme d'influence » et une « guerre culturelle et idéologique ». Il affirme que pour ces milliardaires, « perdre de l'argent est complètement secondaire ».

    Les menaces sur la démocratie et la qualité de l'information

    Olivier Legrain exprime son inquiétude et sa révolte face à cette situation, prévenant d'un « risque très important » de « vrai basculement dans notre pays » lors de la présidentielle de 2027. Il dénonce une « information à bas coût » qui « bafoue » la Charte de Munich. Vincent Édin critique le manque de fermeté du régulateur français des médias (l'Arcom), soulignant que les chaînes de Vincent Bolloré ont été « sanctionnées 52 fois pour manquement à leurs obligations à la déontologie journalistique » sans interdiction temporaire d'émettre.

    Le projet d'une Maison des médias libres à Paris

    Olivier Legrain, multimillionnaire, affirme que l'achat de médias n'est « absolument pas [sa] philosophie ». Il se considère comme un citoyen engagé, utilisant son patrimoine pour « la liberté de la presse, le côté pluraliste » et l'accueil des réfugiés en France. Depuis une décennie, Olivier Legrain a accompagné financièrement plus de 50 médias indépendants.

    Son projet de la Maison des médias libres, situé au 70 boulevard Barbès à Paris, représente un investissement de 25 millions d'euros pour 4 500 m² et 350 postes. L'objectif est de « créer de l'émulation » et des « synergies » entre les médias indépendants, leur permettant de mutualiser des fonctions et de « créer une puissance de feu supplémentaire ». Vincent Edin perçoit ce lieu comme un « petit phalanstère qui protège les médias indépendants » et un moyen de « se rassembler pour pas se faire écraser ». L'ouverture est espérée durant l'année 2027.

    Pistes de solutions et réformes

    Les auteurs plaident pour « changer les lois » afin d'interdire à un milliardaire de posséder plus d'un média, souhaitant qu'ils « ne fasse plus système ». Ils proposent un renforcement des sanctions pour les manquements à la déontologie et une distribution plus proportionnelle des aides à la presse. Olivier Legrain souligne l'importance de « sanctuariser le service public de l'information » et milite pour un « droit d'agrément » des journalistes sur la nomination de leur directeur de la rédaction. Vincent Édin plaide pour généraliser l'éducation aux médias (EMI) à tous les âges, car l'information est un « bien commun » et non une marchandise.

    Un combat pour le pluralisme et la démocratie

    Olivier Legrain explique qu'ils se bat pour que « la science, les faits, les sources fiables soient débattues sans être considérés comme des opinions comme les autres », et pour « sauver le pluralisme de l'information ». Pour lui, l'information, la justice et la science sont « les trois combats fondamentaux pour une démocratie ». Il conclut en citant Jacques Kayser (1955) : « L'information, au lieu d'être un bien commun au service des peuples tend à devenir une marchandise livrée aux lois du profit. »

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    42 m
  • Informer à l'heure de la post-vérité: points de vue québécois
    Jun 21 2025
    « Informer à l’heure de la post-vérité » était le sujet d’une table ronde du 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-mer, au Québec, mi-mai 2025. L'atelier des médias propose un compte rendu des échanges qui réunissaient une universitaire et trois directeurs de médias francophones canadiens. Il a été question d’intelligence artificielle, de régulation des plateformes ou encore de la notion de confiance. Marie-Ève Carignan est professeure titulaire au Département de communication de l’Université de Sherbrooke et cotitulaire de la chaire Unesco en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents. Elle a aussi aussi été responsable des communications et analyste au Conseil de presse du Québec.Marc Gendron est éditeur chez Le Soleil et directeur principal croissance numérique des Coops de l'informationLuce Julien est directrice générale de l’information à Radio-Canada depuis 2018.Brian Myles est le directeur du quotidien Le Devoir depuis 2016 mais il y travaille depuis trois décennies. Il a enseigné le journalisme à l’UQAM, de 2000 à 2016. Il a aussi été président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de 2009 à 2013. Marie-Ève Carignan commence par rappeler que la post-vérité est un concept qui, bien qu'il ait été le mot de l'année du dictionnaire Oxford en 2016, ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs. Ce terme est apparu pour décrire une ère où l'on accorde moins d'importance aux faits et à l'information factuelle, et davantage aux émotions et aux croyances personnelles. Une époque du « tout se vaut ». Les évolutions technologiques, notamment la démocratisation d'Internet, l'explosion des réseaux sociaux et l'intelligence artificielle (IA), ont eu un impact sur le secteur des médias, ces derniers ayant perdu leur « centralité » dans la diffusion de l'information. Aujourd'hui, « n'importe qui peut devenir un créateur et surtout un diffuseur de contenu », et sur l'espace numérique, « on est presque tous à armes égales », explique Marc Gendron, du quotidien Le Soleil. Les théories du complot, auparavant confinées à des cercles restreints, peuvent désormais être diffusées à grande échelle et atteindre des personnes sensibles à ce type de propos. L'IA a encore amplifié ce phénomène, permettant l'existence de « fermes à fausses nouvelles ». Cependant, Brian Myles, directeur du quotidien Le Devoir, rappelle que « le premier facteur de désinformation, c'est un être humain », soulignant que la désinformation précède largement la révolution numérique. Pour lui, l'enjeu de notre époque est le passage de l'insulte « fake news » appliquée aux médias traditionnels à « un empire de fausses nouvelles » qui a engendré une « communauté qui est dans la croyance pour ne pas dire dans la crédulité », menant à une ère où « ce n'est plus je pense donc je suis, c'est je le pense donc c'est vrai ». Il précise que des études montrent qu'une personne sur quatre s'informe désormais sur les réseaux sociaux, et la moitié des personnes interrogées dans ces études considèrent Facebook comme « très crédible », alors que la plateforme a été un puissant véhicule de désinformation. Le blocage des contenus d'actualité sur Facebook et Instagram au Canada depuis le 1er août 2023, riposte de Meta à une loi canadienne obligeant le géant américain à payer les médias pour reprendre leur contenus, a eu des impacts mitigés. Un tiers des Canadiens ne sauraient même pas que les contenus d'actualités sont bloqués sur ces plateformes, rappelle Marie-Ève Carignan. À l'inverse, Brian Myles qualifie ce blocage de « bénédiction », car cela a poussé les utilisateurs à chercher directement l'information, apportant plus de trafic direct et d'abonnements numériques pour son média. À écouter aussi«L’ère de la post-vérité»: le regard d’un économiste sur les effets du capitalisme numérique Face à ces défis, plusieurs pistes de solutions ont été proposées pour continuer d'informer à l'ère de la post-vérité : Rétablir la confiance : Brian Myles insiste sur le fait que la confiance est le bien le plus précieux des journalistes. La transparence est essentielle : sur les méthodes, la structure de propriété, la séparation entre faits et opinions, l'admission et la correction des erreurs. Il faut également des journalistes de terrain qui reflètent la réalité des gens, des médias capables de connecter avec leur public et des espaces de rétroaction intégrants le lecteur.Développer les communautés et la proximité : Marc Gendron souligne l'importance de réinvestir dans des espaces de commentaires modérés sur les environnements propres (sites et applications) des médias pour créer un engagement et une communauté autour des contenus. Il faut que les médias de proximité aillent sur le terrain, ...
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    33 m
  • Information et migrations : la Charte de Marseille, nouvel outil pour les médias
    Jun 14 2025

    Un collectif de journalistes et de chercheurs a publié fin avril une charte consacrée au traitement des migrations par les médias. Ce texte a été pensé comme un outil pour transformer en profondeur la manière dont les médias abordent les questions migratoires.​ Eric Nahon, journaliste et formateur, co-auteur de la charte, et Tania Racho, de l'association Désinfox-Migrations, sont venus présenter cette charte dans L'atelier des médias.

    Pour Éric Nahon, cette Charte de Marseille sur l'information et les migrations, présentée durant les Assises du journalisme de la Méditerranée, vise à « mettre une pause sur le traitement médiatique de la migration et de se demander si on peut faire autrement ». Elle répond à un sujet « extrêmement complexe, émotionnel, polarisant » et parfois instrumentalisé.

    La Charte de Marseille est née du constat d'un « écart important entre la production émanant de la recherche en matière de migration et la couverture médiatique », explique Tania Racho, chargée de projet pour Désinfox-Migrations. Une notion comme la « submersion migratoire » n'est par exemple pas étayée par les études scientifiques.

    La charte vient en complément des textes déontologiques existants dans le journalisme, rappelle Éric Nahon, qui voit ce texte comme un « bouclier invisible » pour les rédactions et un outil de réflexion invitant les journalistes à « prendre un peu de recul, penser contre soi-même ».

    Parmi ses 11 principes, la charte promeut un traitement « transversal » des migrations. Elle exhorte à « rectifier les informations fausses » et à « exposer les mécanismes de la désinformation ». Un principe fondamental est de « veiller à ne stigmatiser aucune population ». Tania Racho insiste sur la nécessité de « ne pas invisibiliser les personnes migrantes » en leur tendant le micro et d'être « vigilant sur les termes employés ». Elle note que le mot « migrant », bien que correct, « véhicule une image qui est aussi stéréotypée ». L'utilisation d'images variées, loin des clichés de bateaux, est également recommandée.

    La charte souligne l'importance de « mettre en avant les faits, les replacer dans leur contexte ». Elle insiste aussi sur la formation des journalistes sur ces sujets et l'évaluation continue des pratiques médiatiques.

    À lire aussiUne charte adoptée à Marseille pour repenser le traitement médiatique des migrations

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    40 m
  • Radio Begum: les voix des femmes afghanes passent encore sur les ondes
    Jun 7 2025

    En écho à la Fête de la radio, L'atelier des médias reçoit la fondatrice de Radio Begum, produite par et pour les femmes en Afghanistan. Hamida Aman raconte le défi quotidien de cette radio qui diffuse des cours aux filles privées d'enseignement et apporte conseils et soutien psychologique.

    Depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul le 15 août 2021, la vie des femmes afghanes est faite d'interdictions. Face à cette situation, un média unique offre un espace de vie, d'éducation et de soutien : Radio Begum, pensée et faite par et pour les femmes afghanes.

    Lancée le 8 mars 2021, Radio Begum diffuse en FM via 18 antennes relais couvrant 20 provinces. Elle est aussi disponible par satellite et sur Internet.

    Au micro de L'atelier des médias, sa fondatrice Hamida Aman commence par rappeler l'importance du média radio en Afghanistan (« le média le plus accessible, le plus répandu ») puis raconte le contexte de violence et de déscolarisation dans lequel elle a lancé Radio Begum.

    La grille des programmes de cette radio est centrée sur l'éducation, avec 6 heures de cours radiophoniques par jour (3h en dari, 3h en pachto). Cette initiative, inspirée par le projet australien School of the Air, a pris tout son sens avec la fermeture des écoles secondaires pour filles. Des cours, enregistrés en studio, sont écoutés dans des « écoles secrètes » ou souvent par des groupes de sœurs, offrant une « fenêtre sur l'extérieur » et un espoir d'échapper au mariage précoce.

    Radio Begum est aussi une « caisse de résonance » du mal-être des femmes afghanes. Elle propose des programmes de soutien psychologique où des psychologues répondent aux appels de femmes exprimant leur détresse. Dans un pays où l'accès aux soins est difficile, les appels concernant la santé sont également nombreux. Les autorités talibanes, notamment le ministère de la Culture et le ministère des Vices et des vertus, surveillent la station et émettent des avertissements sur des sujets sensibles, comme la contraception.

    Radio Begum a récemment été suspendue suite à l'arrestation de deux employés accusés de collaborer avec des médias étrangers, en l'occurrence Begum TV. Lancée depuis Paris, Begum TV diffuse des contenus similaires, notamment des vidéos des cours scolaires, disponibles aussi sur une plateforme digitale et l'application Begum Academy. L'objectif est d'offrir un certificat reconnu par certaines universités étrangères, donnant une perspective d'études en ligne aux filles.

    Financée par des entités comme l'ONU, le ministère français des Affaires étrangères, l'Union européenne et par des dons privés, Radio Begum « se substitue en fait à l'État » en fournissant des services essentiels, explique Hamida Aman avant d'exprimer son admiration pour les femmes afghanes.

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    39 m
  • Le youtubeur Gaspard G raconte sa «mission d'information»
    May 31 2025

    Gaspard G, 27 ans, est un créateur de contenus d’information. Sur YouTube, 1,3 million de personnes sont abonnées à ses vidéos. Au micro de L’atelier des médias, durant le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer, au Québec, Gaspard G a raconté son parcours, présenté son approche et discuté de son rôle dans l’écosystème informationnel.

    Gaspard G est un créateur de contenu français connu pour ses vidéos postées sur YouTube. Dans cet entretien de 40 minutes, il raconte son parcours, de ses débuts précoces sur YouTube à ses études en école de commerce qui ont influencé son approche du financement médiatique.

    Il se définit comme "créateur de contenus d'information", ne se revendiquant pas comme "journaliste" ni "influenceur", bien qu'il respecte les règles d'éthique journalistique et travaille avec des journalistes traditionnels.

    La conversation aborde également ses formats vidéo populaires, le modèle économique de sa chaîne basé sur la publicité et les partenariats, le profil de son audience, et son rôle perçu dans la lutte contre la désinformation.

    Enfin, Gaspard G partage ses réflexions sur l'évolution du paysage médiatique, le rôle des plateformes numériques, son expérience en tant que chroniqueur sur France Inter, et encourage la diversité des voix dans la création de contenus en ligne.

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    45 m
  • Journaliste à la Maison Blanche, Richard Latendresse raconte la méthode Trump
    May 24 2025
    Depuis bientôt vingt ans, Richard Latendresse est le correspondant à Washington du réseau de télévision canadien TVA. Au micro de L'atelier des médias, ce journaliste québécois raconte comment les médias travaillent à la Maison Blanche et discute de la relation que Donald Trump et ses équipes entretiennent avec les professionnels de l'information accrédités à la présidence des États-Unis. Richard Latendresse, journaliste québécois établi à Washington depuis 2006, couvre la Maison Blanche pour le groupe canadien TVA. Ayant couvert les présidences de George W. Bush, Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden, il a un regard privilégié sur l'évolution des relations entre la présidence des États-Unis et les médias.Invité au 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer (FIJC), au Québec, Richard Latendresse a accordé un entretien à L'atelier des médias de RFI, abordant les coulisses de son métier et soulignant les défis posés par l'ère TrumpImprévisibilité et manipulationLe premier mandat de Donald Trump fut marqué par l'imprévisibilité et une gestion pleine d'« approximations » ; le début du second mandat est « tout aussi fatiguant », bien que Trump sache désormais « beaucoup mieux où il s'en va », explique Richard Latendresse qui note que la couverture de l'actualité de la Maison Blanche en 2025 reste dictée par « les états d'âme et les coups de gueule de Donald Trump ». Cette approche contraste fortement avec les administrations précédentes, comme celle de Barack Obama, jugée « bien organisée, structurée avec des annonces qui étaient déjà prévues, des projets fouillés ».Richard Latendresse exprime également un regret quant à la couverture de la santé du président Joe Biden durant son mandat, déclarant : « On a raté de ne pas avoir suffisamment contesté, questionné l'équipe de presse sous Biden sur la santé du président. » Le journaliste estime que les médias ont été « beaucoup trop indulgents » avec lui, comparé à l'acharnement dont Trump ferait l'objet dans une situation similaire. Il considère qu'il est « honteux à quel point l'équipe de Biden s'est arrangée pour manipuler les médias » sur cet aspect.Paradoxalement, Donald Trump, qui en 2017 qualifiait la presse d'« ennemi du peuple », se montre plus accessible que Joe Biden. « Il aime qu'on le questionne, il aime être à la une », invitant les journalistes dans le bureau Ovale et saisissant toutes les occasions de s'exprimer. Si Trump « dit tout et son contraire », « il le dit au moins », ce qui contraste avec les brèves réponses parfois inaudibles de Joe Biden.L'équipe de Donald Trump souhaite en outre que « ce que le président dit soit repris mot à mot par les journalistes », comme l'illustre le refus d'accès au bureau Ovale à un journaliste d'Associated Press pour ne pas avoir utilisé l'expression « golf d'Amérique », préférée par Trump à pour nommer le golf du Mexique. Correspondants à la Maison Blanche et salle de presseRichard Latendresse fait partie des quelque centaines de journalistes accrédités à la Maison Blanche, un statut nécessitant une enquête poussée. Il est aussi cofondateur de l'Association des correspondants étrangers à la Maison Blanche (créée en 2009), un groupe qui s'est fait une place au milieu des grands médias américains. Cette association, forte d'une trentaine de membres, a obtenu un siège au 3e rang de la salle de presse, « le meilleur spot » selon Richard Latendresse, et surtout, une place précieuse au sein du « pool » de journalistes ayant accès direct au président lors d'événements restreints, y compris les rencontres avec des dirigeants étrangers.La porte-parole de Donald Trump, Karoline Leavitt, 27 ans, figure de la nouvelle génération trumpiste, joue un rôle de « porte propagande », explique Richard Latendresse, en transmettant les messages présidentiels. Ses relations avec la presse sont parfois « tendues ». Toujours « sur la défensive », elle retourne fréquemment les questions contre les journalistes pour « dénigrer le messager ».Une autre évolution notable est l'arrivée dans la salle de presse de petits médias pro Trump, d'influenceurs et de podcasters de la sphère MAGA, qui posent des questions visant à « renforcer le message du président » et « dénigrer les adversaires ». Karoline Leavitt leur donne souvent la parole au début des conférences de presse, dans une « volonté claire de miner la crédibilité des des médias traditionnels ».L'importance de la contexualisationEn tant que Canadien à la Maison Blanche, Richard Latendresse ne se sent pas particulièrement visé malgré les commentaires de Trump qui veut faire du Canada le 51e État des État-Unis. Il y voit une « provocation », typique du « modus operandi » de Trump.La couverture de la Maison Blanche, et notamment sous Donald Trump, engendre une certaine ...
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    48 m
  • L'émotion prend sans doute trop de place dans les médias
    May 17 2025

    Dans les médias, le traitement éditorial de l’information passe trop souvent par le prisme de l’émotion au détriment de la raison. C’est ce qu’explique Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde diplomatique et professeure à l’Iris, dans son livre La stratégie de l’émotion, qui vient de reparaître.

    Au micro de L'atelier des médias, Anne-Cécile Robert discute de l'utilisation de l'émotion dans le journalisme, notant qu'il est courant et parfois utile d'utiliser le prisme émotionnel pour capter l'attention du public, surtout pour aborder des sujets complexes.

    Cependant, la journaliste souligne un problème croissant lorsque les médias se contentent de rester dans le registre émotionnel, se focalisant sur la description des souffrances sans expliquer les causes ou le déroulement des événements, en particulier dans les faits divers.

    Elle observe que les journaux et programmes télévisés accordent de plus en plus de place à l'émotion pure, même quand l'actualité ne s'y prête pas nécessairement, ce qui a pour conséquence d'occuper la place d'informations plus approfondies.

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  • «L’ère de la post-vérité»: le regard d’un économiste sur les effets du capitalisme numérique
    May 10 2025

    Dans L’atelier des médias, Steven Jambot reçoit Michaël Lainé, maître de conférence en économie à l’université Paris 8. Il publie L’ère de la post-vérité, aux éditions La Découverte, un livre dans lequel il explique comment les algorithmes altèrent notre perception du monde et favorisent la polarisation et l'essor de l'extrême droite.

    Michaël Lainé commence par définir le phénomène protéiforme de post-vérité : « Ça désigne une situation où la vérité est dévaluée. Où elle est assujettie à l'image de soi et du monde. J'insiste sur le fait que c'est protéiforme, c'est-à-dire que non seulement les gens valorisent moins la vérité, mais ils ont plus de mal à discerner le vrai du faux. Ils prennent plus leurs peurs, leurs fantasmes, leurs désirs pour des réalités... jusqu'à vivre dans des réalités parallèles pour certains et même il y a beaucoup de discours aujourd'hui qui sont presque dominants qui reposent sur l'inversion quasi systématique de la réalité. »

    Il rappelle que son livre est le fruit de trois ans de travail scientifique pluridisciplinaire, mobilisant de nombreuses études empiriques. Selon lui, « les preuves s'accumulent sur ce que les algorithmes font à nos croyances, ce qu'ils font à nos raisonnements, à nos émotions : quelque chose de très profond qui ne concerne pas que les États-Unis, qui ne se réduit pas aux infox et au complotisme ».

    « Je pense qu'il faut faire un diagnostic lucide et le diagnostic est grave. Je pense que jusqu'à présent nous avons tendu à minimiser ce qui se déroulait sous nos yeux et qui nous déroute et je pense que là maintenant il faut ouvrir les yeux et cet ouvrage est là pour ça, pour susciter le débat public car ce qui se passe a des conséquences très importantes. »

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    55 m