Episodios

  • Côte d'Ivoire: par le chemin des écoliers
    Jun 28 2025
    Pendant que le sortant se donne le temps de décider, quatre des challengers, disqualifiés sur le terrain judiciaire, voudraient des mesures politiques, pour se porter candidats. Que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie, lorsque, pour satisfaire les uns et les autres, on aura fini, à coups de petits arrangements politiciens, de contourner la loi et les règles ? Retraite définitive ou candidature à sa propre succession ? Le chef de l’État ivoirien a promis à ses partisans une décision imminente. Mais certains n’y voient qu’un stratagème, pour briguer un quatrième mandat. Se peut-il qu’il hésite vraiment, parce qu’il peine à trouver le successeur parfait, soutenu par ses partisans et acceptable pour toute la Côte d’Ivoire ? Sur la légalité d’un éventuel quatrième mandat, plus personne ne débat, en Côte d’Ivoire. Surtout dans cet environnement d’Afrique francophone, où le nombre de mandats n’émeut plus guère, tellement les mandats à foison, les mandats sans fin et autres pouvoirs sans mandat sont à la mode. Observez donc l’indifférence générale dans laquelle Paul Biya pourrait, en octobre prochain, décrocher un huitième mandat, au Cameroun, à 92 ans ! Oui, Alassane Ouattara hésite, moins, certainement, par crainte d’être décrié, que parce qu’il n’a pas trouvé l’oiseau rare, pour rassembler son camp. Un piège, classique, l’obsession du successeur parfait ! Car il n’existe pas. Même prometteur sur papier, un bon dauphin peut se révéler décevant. Une fois en place, il peut même, pour s’affirmer, devenir hostile. João Lourenço, l’homme de confiance choisi en septembre 2017 par José Eduardo Dos Santos pour diriger l’Angola, s’est mis à traquer la progéniture de son « bienfaiteur » pour prévarication, emprisonnant certains, contraignant d’autres à l’exil. S’épuiser à vouloir installer un successeur sûr dans le fauteuil n’est peut-être pas indispensable, lorsque l’on a bien travaillé pour son pays, ce qui est manifestement le cas d’Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire. Ce peut même être contre-productif, comme l’a expérimenté Macky Sall, au Sénégal. À force de tergiversations, son camp a fini par tout perdre, avec un bon candidat, pourtant. N'est-il tout de même pas légitime, pour les partisans du président Ouattara, de vouloir conserver le pouvoir ? Certes. Mais il faut prendre garde à ce que le président ne devienne l’otage de tous. Certains savent qu’ils perdraient tout, si celui-ci venait à s’en aller. Leurs motivations personnelles sont parfois très égoïstes. De manière intéressée, chacun le voudrait au pouvoir jusqu’à la fin des temps. Ou jusqu'à ce que coma s'en suive. Comme s’il était en servage, pour tous. À ce stade d’un parcours riche et bien rempli, ce sujet d’élite, qui a eu une belle et brillante carrière avant le pouvoir politique ne devrait plus avoir, pour unique aspiration, que d’entrer définitivement dans l’Histoire. Pour cela, il lui faut commencer par sortir de la mêlée, et laisser son œuvre grandir, après lui. Sans lui. Peu importe si les continuateurs immédiats ne sont pas ses partisans d’aujourd’hui. Toute la nation, à terme, chantera ses louanges. Le plus bel exemple est Jerry Rawlings, du Ghana voisin. Aujourd’hui célébré, non pas pour avoir sécurisé le pouvoir pour sa formation politique, mais pour avoir eu le courage de faire confiance aux électeurs. En l’an 2000, il a cédé le pouvoir à son principal opposant, John Kufuor, car son propre vice-président avait été battu. Huit ans plus tard, Kufuor passera le flambeau à John Atta Mills, l’ancien vice-président en question. Depuis un quart de siècle, le Ghana conforte ainsi son image de démocratie irréversible, et Jerry Rawlings est devenu une référence continentale, pour avoir compris qu'une nation n’appartient ni à un parti politique ni à une région. Pour Alassane Ouattara, une telle place dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique serait bien plus valorisante – et plus durable – que la transmission, à tout prix, du flambeau à un des siens, qui pourrait le décevoir. Mais, en Côte d’Ivoire, certains candidats, disqualifiés, estiment le jeu faussé… On s’attendait à les voir démontrer l’illégalité de leur disqualification, mais ils ne font que revendiquer des mesures politiques. Or, tous ne sont pas disqualifiés pour les mêmes raisons. Il va donc peut-être falloir, pour réhabiliter chacun, contourner des décisions de justice, des dispositions du code électoral, ou même la Constitution. Lorsque l’on aura fini tous ces petits arrangements politiciens, que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie ? Le leadership clairvoyant dont rêvent les peuples africains est incompatible avec une certaine légèreté, l’improvisation et les maladresses rédhibitoires.
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  • Ce beau et juteux métier!
    Jun 21 2025

    156 millions de dollars imputés à Matata Ponyo, condamné à dix ans de prison, en mai dernier ; 50 millions, pour Vital Kamerhe, condamné en 2020, puis acquitté en 2022 ; 19 millions, aujourd’hui, qu’est présumé avoir détournés Constant Mutamba… En RDC, le peuple vivote en francs congolais, et l’élite détourne et s’engraisse en dizaines, sinon en centaines de millions de dollars. Faites de la politique ! Vous deviendrez riches !

    Indexé pour avoir détourné 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison, le Garde des Sceaux de la RDC a dû démissionner. Privé, par l’Assemblée nationale, du dernier verrou qui le protégeait, Constant Mutamba est désormais passible de poursuites. N’est-ce pas, là, un triomphe de l’État de droit ?

    Il faudra sans doute attendre encore un peu, pour crier victoire, dans cet environnement où les politiques, pour échapper à la justice, débordent de manigances et de subterfuges. Parce que le courage d’une démission est plutôt rare sous ces latitudes, la décision du ministre, en soi, est une excellente nouvelle. Les politiciens ont une fâcheuse tendance à se cramponner aux postes et aux privilèges, même lorsqu’ils ont atteint leurs limites, ou qu’ils ont simplement échoué. Même compromis ou discrédités, ils n’aiment pas céder la place à plus valeureux qu’eux. Et cette propension à se croire propriétaires, à tout jamais, des fonctions qui leur sont confiées, pèse de son poids mort dans la difficulté, pour l’Afrique, à avancer, à se développer.

    Certes, Constant Mutamba aurait pu prendre les devants, sans attendre d’être désavoué par l’Assemblée nationale. Il aurait ainsi préservé sa dignité, plutôt que de s’épuiser à quémander une bouée de sauvetage du chef de l’Etat, à coups de serments d’allégeance et de pathétiques assurances de loyauté. On imagine qu’il doit beaucoup à Félix Tshisekedi, qui lui a octroyé, à 36 ans, un portefeuille d’importance, la Justice, avec un rang de ministre d’État que ne justifiait certainement pas son score de 0,20 % des voix à la dernière présidentielle.

    N’est-il pas plutôt flamboyant, le bilan qu’il dresse de l’année qu’il vient de passer au ministère de la Justice ?

    Il semble tellement flamboyant, que l’on se demande si Constant Mutamba a effectivement réalisé tout ce qu’il décrit. Il lui fallait être un pur génie, pour réussir, en tout juste treize mois, à transformer le champ de ruines du système judiciaire congolais en un tableau si idyllique. À moins que, dans son esprit, les grandes ambitions qu’il disait nourrir pour la Justice soient, d’office, considérées comme des projets aboutis, dès lors qu’il en a rêvé. C’est un tout aussi authentique exploit que d’être parvenu, en si peu de temps, à brouiller les traces de 19 millions de dollars. Certes, en matière de détournement de deniers publics, la RDC nous a habitués à une certaine démesure. Et la petite poignée qui finit parfois devant la justice est rarement faite de… gagne-petit.

    À qui donc pensez-vous ?

    Il y a tout juste un mois, l’ancien Premier ministre Matata Ponyo était condamné, avec quelques comparses, à dix ans de prison, pour un détournement… de 156 millions de dollars ! La plus grande frustration des Congolais découle de ce que cet ancien Premier ministre, en quatre ans de saga judiciaire, ne s’est pratiquement jamais expliqué sur le fond. Plutôt que de convaincre ses concitoyens de sa probité, il préférait disqualifier les juridictions saisies dans son affaire.

    Vital Kamerhe, aujourd’hui quatrième personnage de l’État, a écopé de 20 ans de prison, en 2020, pour un détournement de quelque 50 millions de dollars. Après une généreuse réduction de la peine, cette affaire a donné lieu, en appel, à un spectaculaire acquittement. Que d’aucuns avaient qualifié de politique, alors que se nouaient, en 2022, les alliances en vue de la présidentielle de 2023.

    Ajoutés aux 19 millions imputés à Constant Mutamba, cela fait 225 millions de dollars, pour seulement trois figures politiques. En RDC, le peuple vivote en franc congolais, tandis que l’élite politique s’engraisse, en centaines de millions de dollars. Les populations y meurent par milliers, sur les voies fluviales, les lignes de chemin de fer, les routes et pistes du pays. Elles crèvent autant dans les dispensaires et hôpitaux mal équipés. C’est ici que l’on se met à rêver du nombre de milliers de Congolais qui échapperaient à une mort certaine, si ces montants faramineux, plutôt que d’atterrir dans les poches de politiciens indélicats, parvenaient au Trésor public !

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    4 m
  • Togo: vingt ans, et après ?
    Jun 14 2025
    En Afrique de l’Ouest, hormis les régimes putschistes, il était un des rares à refuser la limitation (à deux) des mandats présidentiels. Pour continuer à diriger indéfiniment, sans passer pour le mouton noir du groupe, il a opéré un réaménagement cosmétique de la Constitution. À présent, ses adversaires attaquent ses résultats. Sous prétexte qu’il a échoué sur tous les plans, Faure Gnassingbé a été, ce 12 juin, sommé de démissionner, par l’opposition et la société civile. Cette injonction a-t-elle quelque chance d’être entendue par le dirigeant togolais ? Ce serait un miracle. Mais, comment reprocher à un peuple qui ne croit plus au pouvoir du bulletin de vote d’espérer un signe du ciel ? De la possibilité d’éconduire Faure Gnassingbé par les urnes, les Togolais, depuis longtemps, ont fait leur deuil. Il ne sait pas perdre ! Après tout, la réforme constitutionnelle contre laquelle protestaient les jeunes arrêtés la semaine dernière visait à perpétuer son bail aux commandes du Togo, en s’épargnant les accusations de mandats sans nombre. Ce serait véritablement un miracle, si, après toutes ces contorsions, il démissionnait, à la suite d’une simple injonction d'opposant. Tout comme il serait illusoire d’espérer le voir abandonner, par fierté, à cause de l’allusion à son bilan peu glorieux. À lire aussiTogo: «Le président doit démissionner», exigent opposition et société civile Manque de légitimité, carences de la gouvernance, échec sur le plan économique, incapacité à offrir un modèle exemplaire aux jeunes générations… Le tableau dépeint par le professeur David Dosseh pour exiger sa démission est accablant. S’accrocher au pouvoir avec un tel bilan, corroboré, en plus, par certains membres de son propre camp, relève des motivations impénétrables. Il faut du courage, beaucoup de courage, pour renoncer au pouvoir. Peut-être croit-il que les opposants sont juste de mauvaise foi, et que ses anciens partisans sont aigris… Au-delà des opposants et des déçus de son propre camp, Faure Gnassingbé a un problème plus grave, qui est sous les yeux de tous : les performances plutôt étincelantes des pays voisins. Oublions le Burkina Faso, qui a ses problèmes, en plus d’être un pays enclavé, tributaire des États côtiers pour ses exportations et importations. À l’est, le Bénin, sur qui le Togo avait, dans les années 70 et 80, une avance certaine, accrue par les ravages de la Révolution marxiste, sous Mathieu Kérékou. Même les lycéens et collégiens béninois préféraient, à l’époque, aller terminer leurs études secondaires au Togo ou même plus loin. Après la Conférence nationale de 1990, le pays s’est relevé, progressivement. Mais, ces neuf dernières années, le Bénin s’est construit avec méthode, dans une modernité qui s’étend à tout le territoire national, pas seulement à Cotonou et à Porto-Novo. D’aucuns évaluent, aujourd’hui, à un bon quart de siècle le retard qu’accuse le Togo par rapport au Bénin. Qui a, lui aussi, ses problèmes politiques. Mais, même ses plus féroces détracteurs reconnaissent à Patrice Talon d’œuvrer au mieux-être du Bénin et des Béninois. Rien à voir avec ce qu’une ancienne ministre des Armées, membre du clan au pouvoir à Lomé, qualifie de petits projets aux objectifs inavouables, vantés par une propagande dont l’unique finalité est la conservation de pouvoir. À l’ouest du Togo, le Ghana, on l’a souvent dit ici, rayonne plutôt. Est-ce bien cela ? Plus que jamais ! Un diplomate angolais, devenu ensuite ministre, raconte que dans les années 80, en poste à Accra, ils allaient, en fin de semaine, faire leurs courses et se détendre à Lomé. Aujourd’hui, lorsqu’ils ont besoin de détente, les Togolais qui en ont les moyens vont en villégiature au Ghana. Qui a, lui aussi, ses problèmes, mais avance de manière irréversible. On pourrait même poursuivre le voyage un peu plus loin, à l’ouest du Ghana, avec la Côte d’Ivoire, qui continue de se construire et d’impressionner. Il se trouve que les Togolais visitent ces États voisins, et n’ont donc nullement besoin de mauvaise foi pour constater que leur Togo, dans ce voisinage, est d’une anormalité d’autant plus triste que Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir à moins de 40 ans, aurait dû brûler, plus que tous, d’envie de très bien faire. S’accrocher au pouvoir n’est tolérable que si on s’applique, au moins, à faire le bonheur de son peuple. Mais toute boulimie de longévité au pouvoir qui se nourrit du mépris de ceux dont on accapare ainsi le destin est, au regard de l’Histoire, doublement coupable.
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    4 m
  • Petite décrispation à Kinshasa
    Jun 7 2025
    Dans la rencontre de ce 5 juin entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, certains voient une victoire politique pour le chef de l’État congolais, tandis que d’autres soupçonnent un ralliement et parlent d’opposition, de connivence. Comment se faire un avis, avec des appréciations aussi contrastées ? D’abord, une certitude : cette rencontre est un événement marquant de la vie politique congolaise. Mais, avant de tirer des conclusions définitives sur les motivations de l'opposant Martin Fayulu, comme sur la sincérité du président congolais Félix Tshisekedi, les Congolais devraient observer calmement l’évolution de ce nouveau climat. En mettant une multitude de guillemets bien solides au substantif « rapprochement ». À lire aussiRDC: le début d’un rapprochement entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu?Le diagnostic posé par Martin Fayulu se fonde sur des réalités que vivent douloureusement, dans leur chair, des millions de Congolais. Oui, la RDC est dans une passe difficile, et même en danger ! Oui, le sang des Congolais a trop coulé. Mais, devant un tel tableau, les leaders politiques devraient-ils constater et laisser faire, en espérant voir le chef de l’État déstabilisé, disqualifié ou renversé ? Ou alors surmonter les rancœurs pour sauver l’essentiel, qui peut encore l’être ? Voici venus les jours où les hommes d’État, ayant le sens du sacrifice et de l’intérêt général, se distinguent. À l’opposé des tacticiens de la politique, qui rapportent tout au profit personnel qu’ils peuvent en tirer. Au regard du contentieux historique entre lui et Félix Tshisekedi, il a probablement fallu à Martin Fayulu un certain courage, pour oser une telle initiative.Accusations de se positionner en candidat au poste de Premier ministreEst-ce pour cela que certains le soupçonnent de se positionner pour le poste de Premier ministre ? Dans ce monde, beaucoup aiment prêter aux autres leurs propres mesquineries. Le souci de l’intégrité territoriale et des victimes du M23 ne devrait pas être irrémédiablement suspect. Il est facile, pour chacun, de désigner l’autre comme opposition de connivence, de se proclamer opposition de rupture, à bonne distance de l’opposition armée. Mais, certains se positionnent à leur manière, en laissant la gangrène se propager, avec le cynique et secret espoir que la déconfiture aura raison du pouvoir qu'ils combattent et leur profiterait. Comme Premier ministre, Martin Fayulu, qui sait, serait peut-être moins incompétent que d’autres. Après tout, en 2018, lorsque son nom a surgi dans la présidentielle en RDC, les échos venant de Bamako vantaient ses qualités de dirigeant, du temps où il officiait à la tête de la compagnie ExxonMobil, au Mali. La jeunesse y admirait son leadership stimulant, il l’incitait à se surpasser, accroissait la productivité de tous et de chacun, en payant mieux les salariés. Cela ne garantit évidemment rien. Mais, s’il était finalement l’exception, qui confirmerait la règle de l’incurie généralisée ?Félix Tshisekedi et Martin Fayulu pointent accusent Joseph KabilaMartin Fayulu et Félix Tshisekedi accusent ouvertement Joseph Kabila d’être derrière la rébellion du M23. Joseph Kabila avait sous-estimé Félix Tshisekedi, qu’il espérait sans doute manipuler, comme tant de politiques, plus préoccupés par leurs intérêts tortueux que par le destin de leur peuple. Et si lui-même faisait partie du problème ? Avant 1997, il était totalement inconnu des Congolais. Puis, en janvier 2001, du jour au lendemain, il s’est retrouvé aux commandes de ce grand pays, au mépris de tout cadre constitutionnel. Son grand mérite était d’être le fils de Laurent-Désiré Kabila, assassiné par une main aussi mystérieuse que les intérêts opaques des armées étrangères qui l’avaient porté au pouvoir, quatre ans plus tôt. À la faveur d’une rébellion expéditive, les Congolais ont donc eu le père pendat quatre ans, et le fils pendant 18 ans. En pure perte, comme les 32 ans de Mobutu ! Et personne ne s’étonne de cette maladresse qui consiste, pour un ancien chef de cet État-là, à transiter, pour regagner sa patrie, par Kigali, capitale accusée de télécommander la rébellion du M23. Et il n’imagine pas que s’afficher avec les mêmes rebelles, à Goma sous contrôle, est une faute politique. Quel consternant désastre serait-ce, si le sursaut auquel appelle Martin Fayulu devait consister à seulement redistribuer les places autour de la mangeoire, sous les yeux ahuris d’un peuple congolais qui, depuis six décennies, résiste frénétiquement à l’avilissement !À lire aussiÀ New York, la RDC brigue un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU
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    5 m
  • BAD: de quelle couleur est donc le développement ?
    May 31 2025
    Encore combien de décennies, pour que les peuples africains réalisent à quoi peut bien ressembler cette grande promesse des indépendances ? C'est là une question qui devrait préoccuper davantage la BAD, au moment où son président depuis dix ans s'en va, tout fier de son bilan, et que l'on vient d'élire son successeur pour les cinq prochaines années. Sidi Ould Tah, ex-grand argentier de la Mauritanie, élu, cette semaine, président de la Banque africaine de développement (BAD), prendra fonctions en septembre prochain. Vous évoquiez ici, la semaine dernière, cette élection avec d’infinies précautions. Le résultat vous paraît-il rassurant pour l’Afrique ?À présent que la messe est dite, on peut, non pas questionner les aptitudes et les éventuelles lacunes de certains prétendants, mais juste s’étonner que tel candidat d'Afrique centrale, pris en flagrant délit de népotisme dans des fonctions antérieures, ait pu aspirer à ce poste qui requiert impartialité, doigté et sens de l’intérêt général. Pour l’Afrique, c’est un véritable drame que de devoir subir les élites qui traînent d’institution en institution leurs tares et leurs échecs personnels.À la BAD, les problèmes sensibles que l’on retrouve dans la plupart des pays africains sont multipliés par cinquante. On ne peut donc la livrer à une élite capable de privilégier la médiocrité d’une culture de clan au sort d’un milliard et demi d’Africains. Ce n’est pas nécessairement le meilleur candidat qui l’emporte. Mais le niveau général est d’ordinaire suffisamment bon pour qu’un candidat qui a franchi l'étape de la pré-sélection puisse théoriquement diriger cette banque, où les compétences internes sont d'ailleurs telles que l’institution peut tourner normalement, sans président. En ces temps de déficit de respectabilité pour l’Afrique, le président dont a urgemment besoin la BAD est un leader d’envergure, capable d’imagination, de créativité, de vision, pour soustraire l’Afrique aux préjugés imbéciles dans lesquels l’enferment encore trop souvent certains.Quels sont donc ces préjugés ?Tel suggère, par exemple, que les difficultés de l’Afrique à se nourrir résultent de l’incapacité du paysan africain à travailler comme les autres. En oubliant que sous le chaud soleil, le paysan africain, avec sa houe rudimentaire, déploie parfois cinq fois plus d’énergie de ses muscles que les autres qui, eux, ont des engins agricoles mécanisés pour labourer leurs terres scientifiquement irriguées. Le paysan africain n’est pas paresseux, mais juste mal équipé. La BAD et les banques sous-régionales de développement devraient, en premier, trouver à tous des solutions, y compris coopératives, pour que la force de travail du paysan africain soit mieux utilisée.Les artisans du continent qui subissent des délestages intempestifs d’électricité amputant gravement leur productivité ne sont pas plus des fainéants. L’éducation, la santé et tant d’autres secteurs qui portent les conditions déterminantes de ce que l’on appelle le développement peuvent s’améliorer, avec une BAD plus proche des préoccupations de tous. Cela n’enlève rien à l’incurie de certains gouvernements, incapables, parfois, de simplement constituer des dossiers crédibles pour accéder aux financements disponibles.Où sont donc les certitudes d'espérance ?Taïwan, Singapour, Hong Kong et la Corée du Sud, qui étaient au même stade que les mieux portants des États africains dans les années 1970, disent aujourd’hui du développement : « Mission accomplie ! ». Ils sont passés au stade supérieur ! Le pire serait que les peuples africains en soient toujours à se demander, dans quarante ans, à quoi peut bien ressembler le développement. La crédibilité de la BAD réside plus que jamais dans sa capacité à proposer aux peuples africains des objectifs ambitieux, en précisant comment, par étapes, les atteindre.Babacar Ndiaye, président de la BAD entre 1985 et 1995, avait conforté la crédibilité l’institution en l’inscrivant durablement dans les notations des grandes agences. Il avait initié la création d’une Banque africaine d’import-export, pour que les États d’Afrique puissent vendre entre eux et hors du continent. Il a poussé à la création d’une table ronde des hommes d’affaires africains, en se promettant de pousser, le moment venu, à la jonction de ces deux entités avec la BAD, dans un objectif précis, qu’aucun de ses successeurs n’a vraiment repris. Sans continuité dans les ambitions, l’Afrique pourrait ainsi végéter encore longtemps. Et tous ces présidents qui prétendent avoir opéré des miracles, parce qu'ils ont simplement bien fait leur travail, convaincront d’autant moins que les peuples du continent ne perçoivent, dans leur quotidien, aucun signe de ces miracles.À lire aussiLe Mauritanien Sidi Ould ...
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    5 m
  • BAD: ce qui manque le plus: des leaders visionnaires
    May 24 2025
    Des profils pointus, capables de gérer valablement une institution comme la Banque africaine de développement, l’Afrique en regorge à profusion, autant sur le continent que dans la diaspora. « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». Tel est le thème des Assemblées de la Banque africaine de développement, qui se tiennent, la semaine prochaine, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. En quoi, précisément, ces assemblées sont-elles importantes pour la Banque et pour l’Afrique ?Dans le contexte international actuel, ces Assemblées auraient dû revêtir une importance majeure, qui ne transparaît, hélas, pas dans le thème retenu : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement » semble d’une banalité ennuyeuse, pour une institution créée il y a plus de soixante ans.L’Afrique n’en finit pas d’être humiliée, et ce thème sonne comme un aveu d’impuissance, au moment où les peuples ont réellement besoin de voir leurs espérances portées par un leadership de qualité. Si l’Afrique était une seule nation, la Banque africaine de développement en aurait été le ministère du Développement. Et, dans un pays sous-développé ou en voie de développement, quel département est plus important que le ministère du Développement ? La vision du président de cette institution a donc forcément une incidence sur la manière dont les autres traitent l’Afrique. Souvenez-vous du guet-apens dont a failli être victime, cette semaine, Cyril Ramaphosa dans le Bureau ovale ! Le chef de l’État sud-africain, une des trois premières, sinon la première économie du continent ne pouvait être traité comme l’a fait son homologue américain.Sauf que Donald Trump traite la plupart comme il a traité l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, en février dernier…Non, pas exactement. Nous avons vu le même Donald Trump doux, presque obséquieux, face aux dirigeants du Golfe. Il sait donc montrer du respect à ceux qui lui en imposent, au moins par leurs richesses, leur fortune sinon par leurs largesses. L’Afrique du Sud est un pays aux potentialités immenses. Comme une dizaine d’autres États du continent qui, s’ils étaient mieux gérés, feraient aussi bonne figure que certains de ceux que le locataire de la Maison Blanche révère, bon gré mal gré, dans le Golfe.Dans le nouvel ordre mondial qu’il nous conçoit, seule la puissance économique protège. Car, pour ce qui est de la démocratie, du respect des droits de l’homme et des grandes valeurs que prône habituellement les États-Unis, les amis devant lesquels Trump se fait tout doux dans le Golfe n’ont rien de plus que ceux qu’il méprise en Afrique. Pour se hisser à la hauteur de ses critères de respectabilité, l’Afrique a plus que jamais besoin de mieux se gouverner. D’où la nécessité d’un leadership visionnaire dans une institution comme la Banque africaine de développement, qui devrait être non seulement « la banque », mais aussi un prestigieux bureau d’études à la disposition des États du continent. Croire qu’il leur suffit d’apporter en offrandes à la Maison Blanche les richesses de leur sous-sol pour que Donald Trump leur montre du respect est une douce illusion.Qu’attend alors la BAD pour se trouver d’excellents dirigeants ?Des profils pointus capables de gérer valablement une institution comme la Banque africaine de développement, l’Afrique en regorge à profusion, autant sur le continent que dans la diaspora. Mais, dans un monde qui ne fonctionne plus que par intérêt, l’Afrique ne s’imposera pas juste avec des gestionnaires, aussi excellents soient-ils. Ce dont elle a cruellement besoin, ce sont des leaders visionnaires, capables d’anticiper et de relever les défis, de penser l’avenir pour valoriser au mieux les atouts d’un continent par ailleurs généreusement doté par la nature.Depuis sa création, en 1964, la Banque africaine de développement a eu des présidents bien formés, bardés de diplômes, souvent décrochés dans les plus prestigieuses institutions de la planète. Le Soudanais Mamoun Beheiry, premier président de l’institution, était diplômé d’Oxford. Et tous ses successeurs avaient de remarquables références à faire valoir. Mais seulement deux ou trois ont pu propulser la Banque à des niveaux significativement plus élevés que celui auquel ils l’ont trouvée. Peut-être que les actionnaires devraient, à l’avenir, demander aux postulants un véritable programme de gouvernement, avec un chronogramme, afin de s’assurer qu’ils ne vendent pas aux peuples des rideaux de fumée, comme en politique. C’est aussi cela, penser l’avenir.À lire aussiQui succédera à Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement?
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    4 m
  • Au Mali, consternant pari !
    May 17 2025
    Dans un pays, le Mali, où tant de jeunes sont morts, depuis mars 1991, pour la démocratie, dissoudre purement et simplement les partis politiques, avant d'avoir pensé, ensemble, l'avenir, n'a rien de rassurant. À bien des égards, cela revient à miser sur l'apathie, sinon la résignation de ce peuple. Une méprise. C’est par un décret, lu à la télévision nationale, ce 13 mai, que le pouvoir de Bamako a dissous les partis et organisations politiques du Mali. Peut-on, comme le font certains, assimiler cette décision à celle de Brice Oligui Nguema, qui a annoncé aux chefs de partis, ce 6 mai à Libreville, des réformes visant à réduire le nombre des formations, avec des critères plus contraignants pour la création d’un parti au Gabon ?Entre la démarche de la junte malienne et celle du président élu du Gabon, aucune comparaison possible. D’un côté, un pouvoir militaire sans l’onction démocratique se débarrasse de ce qui le gêne ou ne lui convient pas dans la vie politique. De l’autre, un président, certes, également parvenu au pouvoir par un putsch, mais qui a attendu d’être réhabilité par le suffrage universel pour engager – seulement engager – des consultations visant à réduire, sur la base de critères plus rigoureux, le nombre de formations. Pour le reste, la pléthore de partis politiques est préoccupante, au Mali, comme au Gabon et dans bien trop de pays africains.Trois cents partis pour 23 millions d’habitants, au Mali ; quelque 106 formations, pour seulement 2 millions d’âmes, au Gabon. C’est d’autant plus affligeant que, dans la réalité, la part de la population adhérant effectivement à ces partis représente rarement plus de 10% de l’ensemble. Mettre de l’ordre dans ce capharnaüm relève de la salubrité publique. Et, justement parce qu’il s’agit de salubrité publique, ce ne peut être l’œuvre, unilatérale, du seul pouvoir du moment, a fortiori lorsqu'il est issu d’un putsch. Pour emporter l’adhésion de tous, les décisions qui engagent autant une nation requièrent un minimum de consensus. N'est-ce pas ce que suggérait, cette semaine sur RFI, l’avocat malien Mamadou Ismaïla Konaté, qui s’interrogeait sur les motivations du général Assimi Goïta ?Maître Mamadou Ismaïla Konaté est un sujet brillant, articulé et d’autant plus crédible que nul ne lui connaît d’affiliation politique. Ancien Garde des Sceaux, il est un des rares ministres à avoir eu, durant la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, le courage de démissionner, quand les autres se faisaient congédier. Ces dernières années, sur les réseaux sociaux, pendant que beaucoup se taisaient, lui rappelait aux inconditionnels de la junte le côté risible de certaines de leurs incohérences. Comme lui, beaucoup se demandent en quoi, concrètement, la suppression des partis politiques sert les intérêts du peuple malien.À lire aussiMali: après la dissolution des partis, les réformes vont se poursuivre, la «résistance» s'organiseLa démarche des Gabonais semble bien plus cohérente, qui laisse à un président élu l’autorité, non pas pour tout abolir, mais pour engager des consultations (et un chantier) visant à assainir cet environnement, sur des bases rigoureuses, pour plus de représentativité des partis, d’ici aux législatives.Ces restrictions ne sont-elles pas, par essence, un frein à la liberté ?Aux États-Unis, pays de quelque 340 millions d’habitants, la vie politique est régie par deux grandes formations. Certes, il y en a quatre, dits « partis tiers », et une petite trentaine, périphériques, dits « partis nationaux », mais dont on ne parle qu’accidentellement sur l’échiquier politique. À part quelques grandes déceptions survenues ces derniers temps, la démocratie américaine fonctionne, en général, plutôt bien. Au Nigeria, pays de 230 millions d’âmes, deux partis dominent la vie politique, en plus d'une petite dizaine de formations végétatives. On pourrait aussi citer le Ghana, 33 millions d’habitants et seulement deux partis politiques majeurs. La démocratie y est vivante, davantage que dans toutes ces nations africaines où chaque groupe ethnique, chaque région dispose de « son » parti. Assainir cette jungle est un impératif. Mais, en la matière, les réformes durables et bénéfiques sont celles qui s’appuient sur un vaste consensus démocratique. Ce que déplorent les Maliens, c’est que, d’autorité, une junte démolisse tout, sans avoir pensé l’avenir. Un peu comme dans ces armées où on ne commence à réfléchir qu’une fois le coup de feu parti. Dans un pays où tant de jeunes sont morts, depuis mars 1991, pour la démocratie, cette méthode est juste consternante.
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  • Léon XIV a tout pour comprendre les Africains
    May 10 2025
    « L'homme humilié ne peut être voulu de Dieu », disait, au IVᵉ siècle, Saint Augustin l’Africain, évêque d’Hippone, Père de l'Église, théologien, père spirituel de l’ordre dont vient le nouveau pape. Dans un monde où tant d’hommes de pouvoir, chrétiens, semblent n’avoir pour programme politique que l’humiliation de l’autre, des autres, l’insistance de Léon XIV sur le fait qu’il était « un fils de Saint Augustin » n’était pas un rappel anodin. En l’espace de vingt-quatre heures, les cardinaux, réunis en conclave dans la chapelle Sixtine, ont porté l’Américain Robert Francis Prevost à la tête de l’Église catholique. Comment expliquer que l’enthousiasme déclenché par l’élection du pape Léon XIV gagne bien plus que le milliard et demi de catholiques que revendique la religion catholique ?Des obsèques du pape François à l’élection de son successeur, ce 8 mai, l’Église catholique, apostolique et romaine a rendu une copie plutôt propre, voire impeccable. Elle a exhibé son plus attrayant profil, et l’impressionnant faste romain a fait le reste. Le pape élu, rayonnant d’humilité, a conquis le monde aussi bien par sa simplicité que par la sincérité de ses propos. Par définition, le souverain pontife est un homme influent. Mais s’il séduit tant, c’est parce qu’il ne parle pas qu’aux seuls fidèles de son Église. Il parle pour tous, surtout pour les plus faibles, sans chercher à séduire ou à impressionner. Au-delà du prestige que confère a priori le Saint-Siège, la façon dont ce pape saura incarner la fonction déterminera son poids dans le monde. Ses premiers pas semblent convaincants, mais Léon XIV devra, face à chaque défi planétaire, prouver son courage et son souci de la justice. Son histoire personnelle laisse espérer qu’il saura être un grand pape.À lire aussiLéon XIV, nouveau pape élu: Robert Francis Prevost, un homme de synthèse modéré et premier pape nord-américainQuelle est donc cette histoire personnelle ?Cela a été dit et répété : il est le premier pape américain. Lui-même l’a précisé : il est aussi le premier pape péruvien. Mieux encore, il est un authentique citoyen du monde, grâce à la diversité et la richesse de ses origines. Même les non-croyants pourraient croire que le Saint-Esprit s’est effectivement mêlé de l’élection de ce pape.Entre le père, lieutenant de vaisseau de l’US Navy, d’ascendance française et italienne, et la mère, d’ascendances riches et variées, ce pape est un concentré de tant de peuples ! Son histoire interpelle les champions de l’intolérance et du rejet de toute différence. Il se glisse comme un subtil trait d’union entre les peuples et divers mondes. Léon XIV est comme un hymne à la tolérance, à l’ouverture. Américain, évidemment ! Péruvien, aussi ! Italien, également ! Français, aussi, quelque part. Mais alors, du côté de sa mère, la diversité des origines pousse à se demander si l’histoire n’est pas trop belle. Que les cardinaux aient choisi un pape né d’une mère aux origines aussi diversifiées est un… don du ciel.La mère de Léon XIV, bibliothécaire, est en effet d’ascendance créole, louisianaise, haïtienne et espagnole. Son grand-père maternel est natif d’Haïti, et sa grand-mère maternelle, une créole métisse de Louisiane, native de La Nouvelle-Orléans. Ses grands-parents maternels sont tous deux issus de familles mulâtres, avec des ancêtres esclaves noirs. De cette présentation, que confirment diverses sources, dont le New York Times, on pourrait conclure que Léon XIV, premier pape américain, premier pape péruvien, pourrait aussi être un lointain descendant d’esclaves, et le premier pape ayant une ascendance africaine depuis le Vᵉ siècle. Pape migrant, aussi, quelque part, Léon XIV est une cinglante interpellation à tout ce que proclament les plus intolérants des dirigeants du monde d’aujourd’hui. Une histoire personnelle aussi riche ne pouvait qu’influencer ses choix et son évolution comme missionnaire.En quoi, concrètement ?Parmi les nombreuses congrégations que compte l’Église catholique, il a choisi, pour donner à sa vocation une orientation pertinente, l’ordre de Saint Augustin, un de ces ordres mendiants apparus au XIIIᵉ siècle, avec vœu de pauvreté radicale, pour vivre de charité, en joignant vie contemplative et vie apostolique. Saint Augustin l’Africain, leur père spirituel, est né dans l’actuelle Algérie. Il disait que l’homme humilié ne pouvait être voulu de Dieu. En somme, que l’humiliation de l’autre ne pouvait être une attitude vraiment chrétienne. Voilà qui définit parfaitement le pape que viennent de se donner les catholiques.À écouter aussi[1] Émission spéciale : « Habemus papam »
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