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  • Salon du Bourget à Paris: Medicaero, l’ONG qui livre des médicaments par avion à Madagascar
    Jun 27 2025
    Record d'affluence battu cette année au Salon de l'aviation à Paris. L'un des stands les plus originaux sur le tarmac du Bourget était celui de Medicaero. L'Association humanitaire se compose de pilotes et médecins bénévoles. Depuis 10 ans, leurs petits avions transportent des médicaments dans les zones les plus reculées de Madagascar, au sud-est de l'Afrique. Le docteur Jean-Jacques Dumesnil en est le fondateur. RFI : vos avions transportent des médicaments et du matériel médical à Madagascar. Pourquoi Madagascar ? Jean-Jacques Dumesnil : C’est un pays au sud-est de l’Afrique où les besoins sont importants et où il y a énormément de gens malades. Et aussi beaucoup de zones sans routes praticables. Nos appareils se posent très bien en brousse et sur les chemins isolés et grâce à nos pilotes, dans toutes les conditions météorologiques. Sans les soins d’urgence, beaucoup de gens risquent de mourir alors que leur maladie peut se guérir. Quelle maladie soignez-vous en priorité ? Madagascar, comme beaucoup de pays africains, est touché par les maladies des yeux. Nous avons une priorité sur la cataracte qui rend les gens aveugles et qui finit par les faire mourir plus tôt qu’ils ne devraient. Il nous est arrivé de transporter des femmes enceintes vers la capitale à Antananarivo, lorsque l’accouchement fait courir un risque de mort pour la maman ou le bébé. J’ai déjà opéré également des enfants avec des problèmes de malformations nerveuses dans les bras et les mains, mais ce n’est pas de la grosse chirurgie. Rencontrez-vous des difficultés pour convaincre les patients de se faire soigner ou de se faire transporter vers les villes ? Oui ! Cela est arrivé, mais surtout à nos débuts. Nous avons compris et corrigé le problème en incluant des chefs de village pour leur expliquer ce que nous faisons et les guérisons que nous sommes capables d’apporter. Mais il arrive, c’est vrai, que du jour au lendemain, certains de nos patients ne reviennent plus, et cela, sans explications. Nos efforts portent là-dessus : le dialogue culturel lié à la santé et aux transports nécessaires. Comment imaginez vos avions ? Ils sont capables de se transformer en salles d’opérations de chirurgie ? Non ! Mais grâce aux progrès techniques, nous installons un mini-hôpital, avec du matériel de premiers secours devant l’avion qui est ainsi capable d’accueillir les patients. Nous sommes alimentés à l’énergie solaire donc en respect de la nature. De plus, nous avons la capacité de désinfecter l’eau que nous prélevons dans les rivières ou les marigots les plus proches des endroits où nos avions atterrissent. Au Salon International de l'aéronautique et de l'espace, vous avez fait appel aux dons pour pouvoir franchir un cap, celui de l’avion médical que l’on appelle avion-hôpital, expliquez-nous ! C’est un prototype d’appareils où là, nous ferions des opérations chirurgicales directement dans l’appareil. Ce type d’avions existe déjà, mais reste très cher. C’est pourquoi nous avons besoin de dons. Avec un avion-ambulance, nous serions plus à même d’assurer de soins de proximité tout en respectant la volonté des villageois de se faire soigner près de chez eux. Dans le domaine de la santé, on parle beaucoup des drones transporteurs de médicaments, vous utilisez ce genre d’engins ? Là encore, comme l’avion-hôpital, ce sont de fabuleux engins, mais qui sont trop chers pour Medicaero. Avec des drones médicaux, il est possible de parcourir jusqu’à 1 000 km avec des charges de 150 kg de médicaments. Ils sont aussi très utiles si une urgence nécessite des poches de sang. Les températures sont froides et les drones en vol ne s’échauffent pas. Ce sont vraiment des appareils idéaux pour le transport médical. Dans quels pays envisageriez-vous pour transporter des médicaments et soigner à l’avenir ? Nous réfléchissons à des pays où la situation politique est stable et où il n'y a pas de guerre. Dès que ce sera possible, j’aimerais travailler au Gabon ou en République démocratique du Congo (RDC). À lire aussiMadagascar: des sources médicales contestent l'empoisonnement défendu par les autorités lors du drame d’Ambohimalaza
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  • Comment l'intelligence artificielle va révolutionner nos villes et nos transports
    Jun 20 2025
    Le Salon Vivatech vient de fermer ses portes à Paris. Cinq jours de rencontres autour des technologies du futur. Du président français Emmanuel Macron aux industriels du transport, tous ont salué le rôle de l'intelligence artificielle dans l'économie de demain. Routes, ports, aéroports, véhicules, le transport mondial a déjà commencé sa transformation. L'un des concepts évoqués entre professionnels est le jumeau numérique. Explications avec Clément David, directeur de l'entreprise Theodo Cloud. RFI : Qu’est-ce qu’un jumeau numérique dans le transport ? Clément David : Le jumeau numérique est en fait la copie conforme de votre infrastructure – bateau, voiture, aéroport, route, pont, rails – sur ordinateur qui permet de le dessiner ou d’en recréer l’image en toutes dimensions et de le faire vivre en situation réelle. Cela signifie le soumettre à la pression atmosphérique, aux sécheresses, aux hauteurs de vagues. La technique est déjà répandue chez les constructeurs et ingénieurs, un exemple emblématique ? Le port de Rotterdam aux Pays-Bas, le plus grand port d’Europe. Imaginez le nombre de grues qui déchargent les paquebots sur les quais. Là-bas, grâce aux jumeaux numériques de l’infrastructure du port et des outils, ils peuvent calculer les capacités des grues, mais également des paramètres ambiants comme le personnel. Et donc être en mesure d’évaluer les moments de risques ou de pénurie. C’est simple, si un jour, il y a une épidémie de grippe ou une grève, la simulation permet de gérer et de prévoir la quantité d’ouvriers ou d’autres personnels sur l’ensemble du port. Le jumeau numérique d’un port agit pour la prévention des risques et aussi la gestion des accidents survenus. On sait à quel moment une grue va bloquer sous les chargements ou combien il faut ajouter de personnes ou de grues en cas d’arrivages massifs de bateaux en même temps. La technique, dites-vous, a du succès en Europe. C’est l’une des réussites européennes qui sont à la pointe des simulations et des calculs numériques dans les transports. D’ailleurs, la SNCF va travailler à la construction et la rénovation de ses chemins ferrés en utilisant les jumeaux numériques. Ailleurs dans le monde, le transporteur de colis UPS, se sert du jumeau numérique de ses véhicules, dotés de capteurs et d’imageries des routes pour optimiser ses stockages et ses délais de livraison. C’est une technique qui reste coûteuse ? Mais comparés aux bénéfices qu’une entreprise fait en utilisant les jumeaux numériques, il n’y a pas de doute, c'est très rentable. Imaginez, si vous construisez un pont, cela vous évite le risque de tout détruire ce que vous aviez construit à cause de paramètres imprévus. Cela s’est vu et cela se voit encore dans l’histoire des constructions. Durant ce Salon Vivatech, comme dans tous les autres salons, ce sont principalement les avancées technologiques américaines ou bien chinoises qui ont été mises en avant. Mais l’Europe a-t-elle une carte à jouer dans le domaine du jumeau numérique ? C’est certain, en tout cas pour le moment. Et pourquoi est-ce que l’Europe n'a pas saisi le développement de la voiture autonome par exemple et a investi davantage dans le jumeau numérique que les États-Unis ou la Chine ? C’est parce qu’elle souffre de ses infrastructures vieillissantes. Chez nous, les chemins de fer, les chaînes de véhicules, etc. Tout est basé sur des modèles d’il y a 50 ou 100 ans. Ce que permet le jumeau numérique est de gagner du temps et de l’argent en prolongeant la durée de vie des modèles existants et vieillissants. Pour l’Afrique, ses constructeurs et ses ingénieurs, cela va permettre des bonds extraordinaires en sautant les étapes vers de constructions résistants aux sécheresses à venir ou aux aléas des déserts ou des métropoles ? Parfaitement. Pour un pays en développement, c'est un atout majeur pour l’avenir de ses infrastructures et de sa logistique de transport de marchandises et de passagers. Singapour en Asie avec ses aéroports est l’exemple d’un pays qui a su se servir des techniques numériques sur ordinateur pour construire ses villes. L’Asie est-elle adepte de ce concept de jumeau numérique ? Prenez une ville en Chine que je connais très bien : Shenzhen. Il y a 30 ans, c’était un petit port et village de pêcheurs. Aujourd’hui, le port est l’un des hubs – plateforme de routes et de connexions – les plus importants du monde. C’est incroyable, ils ont su construire en intelligence avec le port relié à des entrepôts proches des industries qui elles-mêmes sont reliées aux chemins de fers et aux routes vers l’intérieur du pays et les autres ports. Les axes se connectent sur l’ensemble de la Chine. À lire aussiBIM, le jumeau numérique
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  • Syrie: «L’ONU estime que la pays mettra 50 ans pour reconstruire» ses infrastructures
    Jun 13 2025
    Malgré les attaques et les divisions, la Syrie vient de célébrer les six premiers mois depuis le départ de Bashar el-Assad. En décembre dernier, Ahmed al-Charaa a remplacé l'ancien dictateur. Les avis divergent sur ce gouvernement de transition. Mais l'une de ses priorités commence à se voir dans la capitale : le retour des touristes. Mais si les avions arrivent à Damas, ailleurs dans le pays, les ravages de la guerre empêchent encore de circuler. Les routes sont à reconstruire. Entretien avec Émile Bouvier, chercheur, auteur pour la revue Les Clés du Moyen-Orient. RFI : Ce retour du tourisme en Syrie est-il déjà visible ? Émile Bouvier : Ce n’est pas encore un phénomène de masse. Des voyageurs syriens ou étrangers arrivent à Damas, la capitale. Mais ailleurs dans le pays, les infrastructures, les routes sont en trop mauvais état pour permettre la circulation. Vous dites que le transport de marchandises et de personnes sera l’une des priorités du nouveau gouvernement de transition d’Ahmed al-Charaa ? La remise en état du pays passe par l’économie. Le transport permet l’arrivée des personnes, des marchandises et des matériaux pour reconstruire le pays. Les hôpitaux, les écoles, les administrations, tout est en ruine aujourd’hui. La volonté, en tout cas affichée, de ce gouvernement de transition est de reconstruire le pays et le développement de l’économie. Cela prendra du temps ? Beaucoup de temps, parce que les villes et les infrastructures sont détruites. Tout le pays est à reconstruire. D’ailleurs, l’ONU estime que la Syrie devrait mettre 50 ans pour arriver à tout reconstruire et vivre dans un pays disons standard, avec des connexions viables et des circulations possibles. Aéroports, chemins de fer, ports… Quelles sont les infrastructures les plus endommagées par la guerre en Syrie ? Toutes, absolument toutes. Toutefois, les ports ont été peu touchés parce qu’ils ont servi à l’armée russe qui a bombardé massivement la Syrie. L’autre raison qui explique la protection des ports est qu’ils étaient en zone alaouite, la communauté de l’ancien dictateur Bachar el-Assad. Les seuls aéroports qui ont déjà rouvert sont les aéroports de Damas et d’Alep au nord-ouest du pays. Mais en dehors de cela, il faut vraiment tout remettre sur pied. Pour des millions de dollars. Qui va payer ? C'est un prix et une charge exorbitante. C’est bien pour cela que les pays voisins comme le Qatar ou l’Arabie saoudite – qui voient dans ce nouveau gouvernement un gage de stabilité dans la région, même relative avec des conflits larvés – ont décidé de rembourser les dettes syriennes auprès de la Banque Mondiale et de payer une partie des salaires des fonctionnaires du pays pour alléger le poids de la tâche immense de cette nouvelle autorité syrienne. Mais l’axe majeur de connexion Alep-Damas passe par les villes principales comme Homs dans le centre de la Syrie. Quel rôle des États-Unis après l’entretien le mois dernier entre Donald Trump et Ahmed al-Charaa ? Les États-Unis, après l'entrevue entre les deux présidents, ont levé les sanctions et vont se positionner pour les échanges commerciaux et la participation à la reconstruction avec des entreprises américaines. Et l’Europe, qui a elle aussi levé les sanctions, va-t-elle faire travailler ses entreprises en Syrie ? Sans doute, puisque la Commission européenne a, elle aussi, levé les sanctions à l’encontre de la Syrie. L'Italie s'est déjà positionnée. De plus, l'Europe reste dans une position d'entre deux, partagée entre l'observation de cette nouvelle autorité syrienne qui devra donner des gages de stabilité politique et le désir de ne pas rater l'opportunité de la reconstruction économique en Syrie. Vous croyez plutôt à l'action rapide de la Turquie. C'est certain. La Turquie sera la première à investir et à s'investir en Syrie. La Turquie va jouer un rôle majeur en Syrie, le président Recep Tayyip Erdogan l’a annoncé officiellement en public, la Turquie sera un partenaire économique et politique majeur de la Syrie. On parle beaucoup des grandes villes comme Damas, Homs ou Alep. Qu’en est-il des villes et des villages ruraux, dans les déserts ou les campagnes ? Là-bas, les populations touchées par la guerre sont réduites et très fragilisées. Elles ne sont pas encore en mesure, mentalement et physiquement, de reprendre un train de vie régulier. Les impacts sont gigantesques et leurs routes éloignées de villes, souvent démolies. Ou si elles ne sont pas détruites, elles sont dans extrême mauvais état. L’ancien président Bachar el-Assad n’a jamais eu une politique volontariste dans les transports. Les routes n’étaient pas entretenues, pas remises à niveau ni reliées au reste du pays. L’est et le nord-est de la Syrie, des régions où les besoins de reconstruire seraient parmi les plus ...
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  • L'Inde, ses Airbus et ses plans transport
    Jun 6 2025
    Dans un an, l'Inde aura 50 destinations mondiales de plus. La semaine dernière, les patrons d'Airbus se sont déplacés pour fêter une vente record d'avions à New-Delhi. Trente gros porteurs pour la compagnie indienne Indigo, déjà principale cliente de l'avionneur européen. Ce contrat record répond à un développement des transports indiens. Aujourd'hui, le secteur reste financé par les sociétés privées. Éclairage avec l'enseignant-chercheur, Yves-Marie Jules Rault-Chodankar. RFI : Yves-Marie Jules Rault-Chodankar, vous êtes un des spécialistes mondiaux de l'Inde et de ses infrastructures. Vous connaissez bien le transport, vous allez en Inde souvent. Et vous dites que l'inde est l'un des plus grands pays à construire des infrastructures : des routes, des aéroports, etc.Yves-Marie Jules Rault-Chodankar : Oui, effectivement. Aujourd'hui, les besoins de transports sont énormes. La population est en forte croissance, la croissance économique aussi et les infrastructures sont soit vieillissantes, soit absentes. Parlez-nous des plans de développement initiés dans les années 2000 par les gouvernements précédent l'arrivée du Premier ministre Narendra Modi.Ce sont des plans de modernisation sous forme de corridors visant à construire des espaces industriels en reliant les plus grandes villes du pays. L'exemple le plus abouti est celui entre la capitale et New Delhi et Bombay. Jusqu'ici, les trains étaient très lents, il fallait 20 heures de voyage, l'ouverture d'aéroports va faciliter le commerce et la vie des populations. Que signifie cette vente record de 30 avions supplémentaires pour la compagnie indienne Indigo qui possède déjà une flotte d'Airbus ?En quelques années, la compagnie indienne Indigo s'est imposée sur le marché. Non seulement pour les lignes intérieures, mais aussi au plan international puisqu'elle est aujourd'hui l'une des plus grandes compagnies mondiales. Cinquante nouvelles destinations permettant de relier la capitale et les grandes villes indiennes vont naître d'ici à 2026.Dès son arrivée au pouvoir, le Premier ministre a dit son intention de développer les transports. Pourtant, vous dîtes que le gouvernement verse peu d'argent. Parfaitement. Il faut préciser que l'actuel gouvernement ne fait que suivre les plans décidés par les gouvernements précédents. Mais nous sommes aujourd'hui dans une forme de partenariat public-privé. Où l'action du gouvernement se concentre surtout sur des autorisations de cession de terrain, des facilitations en réalité pour les projets immobiliers et de transport financés en majorité par les entreprises privées. Un exemple à Bombay : le bidonville de Dharavi. L'idée est d'en faire d'ici à 2030 un grand centre industriel en rasant toutes les constructions pour y mettre à la place des tours. Il est prévu des ports, des aéroports. Ce projet est pris en charge à 80% par le groupe Adani, l'un des plus grands groupes indiens du pays. Comment la population ressent-elle ces plans de constructions ?Les réactions sont mitigées et dépendent des États. Ici en Europe, on oublie assez vite les échelles gigantesques de ce pays-continent qui compte plus de 1,4 milliard d'habitants. Mais en majorité, ils sont vus d'un bon œil puisque les promoteurs facilitent la vie des millions de personnes dans des villes congestionnées par la circulation routière. La construction de nouveaux métros satisfait les classes moyennes. Et cela flatte l'égo des Indiens. Toutes les inaugurations sont assurées par le Premier ministre Narendra Modi. Il sait très bien profiter de ces moments pour son parti. Ce sont en fait des ponts, des routes, à l'exemple de la Coastal Road tout autour de Bombay, des autoroutes qui relient la côte maritime que Narendra Modi a ouverte sous les caméras.Y a-t-il entre les villes et les zones rurales vis-à-vis des habitants et des constructions de transports nouveaux ? Oui. Je pense aux ports et aux zones économiques spéciales du pays où le secteur privé construit sans se soucier de la protection de l'environnement ni des villages de pêcheurs. Il y a des cas où on ne leur demande même pas leur avis, on les chasse pour construire des bâtiments, des routes, des rails. Et là effectivement, des associations tentent de s'y opposer, mais sans grand succès. Un État, du Bengale, qui se situe plus à l'ouest de l'Inde avec une tradition communiste, et un gouvernement d'opposition, a montré que les autorités ont réussi à faire arrêter les travaux. À lire aussiInde: boom dans le secteur du transport aérien
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  • Le tourisme de l'espace, un bonus européen
    May 30 2025
    Avec un ticket moins cher, seriez-vous partant pour l'espace ? Déjà développé en Inde, aux États-Unis ou en Chine, le tourisme spatial reste méconnu des Européens. Pourtant, ce nouveau tourisme est porteur d'emplois et redynamiserait l'Europe. C'est en tout cas l'avis de Michel Messager, l'ancien directeur de l'Agence européenne du Tourisme spatial. Pour le lancement de sa nouvelle association, Space Consult, il répond aux questions de Marina Mielczarek. Et il nous apprend le rôle de l'Afrique. RFI : Space Consult, votre nouvelle association, vise à faire connaître le tourisme spatial en Europe. Sommes-nous si en retard que cela ? Michel Marchand : Oui ! Le secteur se développe aux États-Unis, en Inde, en Chine et aux Émirats-Unis. Ici en Europe, nous connaissons mal les énormes débouchés pour la France et ses voisins. Il suffirait d’une volonté politique plus forte. Vous dîtes que ce serait une façon de réveiller et renouveler l’industrie européenne ! C’est vrai. Le tourisme spatial englobe un champ de thématiques insoupçonnées : les parcs d’attraction, les hôtels, les restaurants, mais également l’industrie médicale et du textile. Adidas, Converse, autant des marques mondiales fabriquent des vêtements spatiaux pour les professionnels et s’en inspirent pour lancer des habits auprès du grand public. Avec les Français, c’est surprenant, racontez-nous l’aventure des pâtés en boîte Hénaff.Le public français va être surpris d’apprendre que c’est la Maison Hénaff qui a décroché l’un des rôles clé dans le conditionnement des aliments spatiaux, la nourriture des astronautes. À l’échelle industrielle élargie, ce sont des milliers d’emplois à créer. Vous avez visité des parcs d’attraction (notamment aux États-Unis) entièrement dédiés au tourisme spatial. Pariez-vous pour le même succès en Europe si le continent s’engageait ? Parfaitement ! Regardez, en Espagne, le constructeur automobile Ferrari a ouvert son parc à thème, c’est un succès ! Pourtant, il y a huit ans, personne n’y croyait. En 2024, le tourisme spatial devait connaître une valorisation de 1 500 millions de dollars. Une croissance de 36,6 % par an d'ici à 2033. L’Europe a une carte à jouer. Elle a d’excellents ingénieurs et les jeunes, j’ai moi-même des petits-enfants, ils sont fascinés dès qu’on leur montre des fusées. Mais il ne faut pas attendre, sinon comme pour l’internet, l’Europe risque de passer à côté. Au-delà des ingénieurs, on aura besoin d’employés sur terre, des cuisiniers, des serveurs, des designers. Jusqu’ici, à part les astronautes, seulement une soixantaine de personnes ont pu faire des voyages en capsule pour tourner autour de la terre. Que recherchent-ils, voir la terre d’en haut ? Oui, et n’oubliez-pas que ces vols servent la science. Les professionnels ne s’arrêtent pas à basse altitude comme les vols pour le grand public. Ils se poseront sur des planètes comme ils se sont posés sur la Lune. Saviez-vous que les appareillages cardiaques d’aujourd’hui, les pacemakers, sont issus de la recherche lunaire ? La Lune a beaucoup de minerais et là encore, on va reparler d’Elon Musk, l’industriel américain avec ses recherches pour conquérir Mars. Lors du 11e vol touristique suborbital, la chanteuse Katy Perry et ses partenaires de voyage (scientifique, productrice de cinéma…) ont été critiqués pour avoir pollué l’atmosphère à bord de la fusée de Blue Origin, la firme de Jeff Bezos, parce qu’elles se revendiquent en même temps écologistes.C’est là que les critiques parlent trop vite. On ne les a pas entendus lors d'autres voyages ces dernières années qui n’avaient pas de stars à bord. Oui, le tourisme pollue, mais comme toutes les activités liées au tourisme : les croisières, les avis, les voitures. De toute façon, comme tout secteur voué à se démocratiser, les débuts vont être pour des ultra-riches, et petit à petit les prix vont baisser. Pour le moment, le billet pour voyager en orbite à 100 km et redescendre est autour de 300 000 euros. Pour l’avion, ça a été la même chose. Plus on multiplie les vols, plus on améliore la sécurité et les prix des vols. Vous dites également que l’écologie en bénéficiera avec les travaux scientifiques de l’espace. Là encore, le potentiel est gigantesque et porteur d’avenir pour l’humanité. Ne serait-ce que pour l’étude des nouveaux minerais, qui aboutiront à fabriquer de nouvelles énergies, qui elles-mêmes amélioreront la qualité des carburants ! Un autre secteur, la santé : les passagers servent à la science, car les réactions de leurs corps sont enregistrées. La médecine va développer de nouveaux médicaments, l’histoire scientifique et les grandes avancées ont toujours fonctionné comme cela. Protéger la terre et développer le spatial, l'un ...
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  • Transport aérien: pourquoi les carburants «verts» tournent au ralenti
    May 23 2025
    L'accord va marquer l'aviation bon marché. Ce printemps, EasyJet renforce ses carburants écologiques. Comme toutes les flottes aériennes, cette compagnie est retardée par la lenteur de fabrication et les complications de nouveaux fuels moins polluants. Pour répondre aux objectifs de dépollution en Europe et au Royaume-Uni, EasyJet vient de lancer (c'était fin avril 2025) une alliance à quatre têtes. Compagnie, fabricant, distributeur et groupes financiers. La formule réussira-t-elle à débloquer les freins du marché ? Aujourd'hui, les compagnies européennes ont le choix entre deux sortes de carburants écologiques. D'un côté, les biocarburants appelés issus des déchets de l'agriculture (plantes, bois, résidus d'huiles de cuisines et des graisses animales, etc.). De l'autre, les carburants de synthèse. Fabriqués en laboratoire grâce à l'électricité dite « propre » ou « verte » comme l'hydrogène hydraulique ou la transformation du dioxyde de carbone.Seulement voilà, l'hydrogène n'est pas facile à fabriquer ni à stocker. Même chose pour la technique au dioxyde de carbone. Ce qui est rare est cher. Quel que soit le carburant vert, il reste cinq à six fois plus cher par rapport aux diesel et carburants hybride (mélange biocarburant et diesel) d’aujourd’hui.Seulement 2% de biocarburants dans les avions en EuropePour le moment, les avions décollant des aéroports européens doivent compter 2% (taux minimum) de biocarburant pour chaque vol. L’Aviation civile internationale vise 2030 à en imposer 5% de biocarburant dans les avions du monde entier. Mais même avec ces taux, aujourd'hui la facture reste élevée. Il faut donc pour les compagnies une vraie volonté économique à long terme pour assurer ses approvisionnements.Parmi les compagnies aériennes bien engagées dans l’utilisation de carburants « verts », on trouve la compagnie Air France dont la clientèle a réclamé des efforts pour réduire la pollution. En revanche, du côté des vols low-cost, peu chers, la clientèle ne répond pas autant. Bertrand Godinot, directeur la Compagnie easyJet pour l'Europe et le Royaume-Uni a signé l'alliance Atoba-EasyJet-World Fuel pour assurer non seulement la quantité, mais l’assurance des approvisionnements des carburants écologiques : « Ce que nous constatons, c'est que les clients des vols low cost ne veulent pas payer leurs billets plus chers pour compenser le prix des nouveaux carburants ou des appareils modernes (moins gourmands en carburant.) Or, nous savons qu’à l’avenir, les taux de biocarburants imposés dans les avions en Europe augmenteront. Les progrès pour de nouveaux produits et de nouveaux moteurs vont nous aider. Le marché va donc connaître une demande d’offres et de demandes croissantes. EasyJet vient donc de signer avec Atoba et World Fuel (un fabricant et un partenaire financier spécialisé) pour ne pas être pris de court. L’idée est d’assurer nos approvisionnements sur le long terme. D’autre part, nous voulons jouer un rôle de modèle à l’échelle planétaire. Pour arriver à dépolluer le secteur aérien, toutes les compagnies du monde doivent s’y mettre ! Dans le monde aérien, les professionnels disent de plus en plus que l'Afrique, avec son énergie solaire, pourrait très bien devenir pionnière en nouvelle énergie aérienne. Toutes les volontés seront bonnes puisque aujourd'hui, l'Europe est un peu seule. Dans son étude, l’Organisation non gouvernementale Transports & Environnement estime que près de 87% des compagnies du monde négligent l'utilisation de carburants moins polluants dans leurs appareils.Subventionner ou imposerPour Laurent Timsit, directeur de la Fnam (Fédération française de l'aviation et de ses métiers), les pays les plus engagés se trouvent en Europe qui est une pionnière. Mais parmi les autres pays fabricant ces carburants écologiques, on trouve des raisons bien différentes. À l’image des États-Unis versus Europe : « Il est vrai qu’en Europe, les taux minimums de biocarburants incorporés aux carburants standards sont imposés sur les vols décollant de l’Union européenne. Tandis qu’aux États-Unis, les compagnies bénéficient d’un marché où sont subventionnés ! Les producteurs vendent donc leurs biocarburants à bon marché. L’Asie avec Singapour et la Chine ont aussi développé leur industrie de production. Alors quel avenir pour les nouveaux carburants aériens ? Je dirais qu’on avance lentement, mais sûrement. L’hydrogène à base d’énergies renouvelables arrivera un jour à être produit et stocké à grande échelle. Mais là encore, nos gouvernements doivent comprendre qu’il faut soutenir l’industrie des carburants et des concepteurs d’avions. » À lire aussiEn 10 ans, l'Afrique a doublé ses capacités de production d'énergies renouvelablesParmi les solutions en attendant, des carburants à 70% écologiques, des ...
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  • Dans le Grand Nord, le Groenland préside le Conseil de l'Arctique pour deux ans
    May 16 2025
    Depuis lundi, le Groenland, préside le Conseil de l'Arctique. Huit grands pays nordiques, dont la Russie, le Canada et les États-Unis, appartiennent à ce groupe scientifique. C'est une inuite, l'actuelle ministre des Affaires étrangères du Groenland, qui orientera le développement de la région. Pour le chercheur à l'École de guerre de Paris, Mikaa Blugeon-Mered, les enjeux dépassent le refus d'appartenir aux États-Unis de Donald Trump. Le Groenland veut devenir un modèle de transport écologique en adoptant l'hydrogène et en développant une pratique du tourisme limitée. RFI : Une petite révolution cette nouvelle présidence du Conseil de l’Arctique ? Mikaa Blugeon-Mered : C’est en effet le Danemark (auquel le Groenland est rattaché) qui a décidé de donner la main aux inuits pour ces deux années de présidence tournante. Avec les huit pays membres – États-Unis, Russie, Danemark, Norvège, Canada, Suède, Finlande, Islande – ajoutés à plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) et à l’OMI, l’Organisation maritime internationale, les inuits vont orienter les choix économiques du Grand Nord. Avec deux grandes priorités, la fabrication d’hydrogène écologique (à partir de l’énergie de l’eau, hydraulique) et le tourisme encadré. Quels changements pour le transport ? Les changements sont majeurs et ils ont déjà commencé. Il faut savoir que l’Arctique est une région glaciale avec peu de routes. Le principal mode de transport entre pays voisins est l’avion. Par ailleurs, les étrangers du monde entier ne peuvent pas venir en train ni même en voiture. Il faut donc le bateau et l’avion.Avec, en ligne de mire, le développement du tourisme ? L’an dernier, le Groenland a ouvert le nouvel aéroport de Nuuk, la capitale, au sud-ouest du pays, et deux autres aéroports dont les travaux seront définitivement terminés en 2026. D’autre part, l’énergie qui alimentera ces aéroports pourrait devenir un modèle écologique pour le monde.Grâce à la fabrication de l’hydrogène vert, à base d’eau. Mais comment peut-il se préserver du tourisme de masse qui a causé des dommages, par exemple à Venise en Italie ? Le Groenland avait besoin de ces aéroports pour se moderniser. Il a déjà régulé son tourisme maritime en limitant la distance des paquebots sur certaines de ses côtes. Par ailleurs, il y a plusieurs types de tourisme selon les endroits où se trouvent les aéroports. Par exemple, à Nuuk, le tourisme d’affaires, tandis qu’au sud du pays, où il n’y pas d’ours blancs, les autochtones préfèreraient un tourisme d’agriculture, car les terres sont cultivables.Le Groenland est à sa façon à l’avant-garde du tourisme écologique à l’hydrogène ? Pour les batteries, pour les nouveaux transports, il faudra de l’hydrogène sur lequel elle mise tant avec l’idée de développer son économie sur cet hydrogène. Aujourd’hui, 70% de l’énergie du Groenland est déjà à base d’énergie renouvelable, hydrogène.Avec une retombée politique majeure, l’indépendance.Parfaitement. Le Groenland est un territoire rattaché au Danemark, il veut son indépendance. Avec cette nouvelle économie basée sur le tourisme et l’hydrogène, il pourrait s’émanciper et devenir indépendant.En exportant son énergie ? C’est le projet. Générer des profits avec une nouvelle économie plus exportatrice. Fabriquer des nouveaux carburants – hydrogène, e-carburants, e-méthanol – dont l’aviation a tant besoin pour remplacer les carburants lourds comme le diesel et de cette façon, les constructeurs et les compagnies aériennes pourraient atteindre leurs objectifs de dépollution.Le Groenland pourrait servir de modèle pour l’Afrique avec leur énergie à eux, qui n’est pas l’hydrogène, mais le solaire.Ce serait tout à fait possible. D’ailleurs pas uniquement pour l’Afrique, mais pour de nombreux territoires en Asie, en Amérique latine également. L’administration américaine de Donald Trump veut s’installer au Groenland pour développer son industrie des minerais. Le Groenland s’y est opposé, il en aura vraiment les moyens ? Ce refus reste le choix du Groenland et du Danemark. La Chine a cherché un temps à développer l’extraction des mines du sud du pays où le Groenland ouvre son nouvel aéroport. Pour le moment, le choix des inuits s’oriente vers le tourisme vert et non pas l’extraction des minerais, des batteries électriques, à savoir des terres rares faites de composés de métalliques ou de l’uranium.À lire aussiAujourd'hui l'économie: pourquoi l'Arctique est un territoire si convoité
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  • Automobile: la Slovaquie en première ligne face aux tarifs douaniers américains
    May 9 2025

    Lorsqu’on évoque les taxes d’importation américaines sur les voitures européennes, c’est naturellement l’Allemagne qui vient à l’esprit, tant elle est un poids lourd de l’export automobile. Pourtant, c’est un autre pays qui pourrait être le plus exposé : la Slovaquie. Le pays joue un rôle central dans la fabrication d’accessoires et de composants automobiles destinés à l’exportation, notamment vers les États-Unis. Une réalité que souligne une récente étude de la banque néerlandaise ING, qui pointe ce pays comme l’un des plus vulnérables aux nouvelles mesures douanières américaines.

    Il faut se concentrer un peu pour comprendre le paradoxe ! Pourquoi l’Allemagne, premier fabricant européen de véhicules et principal exportateur vers les États-Unis, souffrirait-elle moins des tarifs douaniers que la Slovaquie ?

    L’Allemagne produit du volume, la Slovaquie du pourcentage

    Parce qu’il s’agit de pourcentage, pas de volume ! La Slovaquie consacre presque toute son industrie à l’automobile. Volkswagen, Peugeot-Citroën, Jaguar, Land Rover tirent profit de ce modèle unique en Europe, avec des usines multifonctions. Sur un site slovaque, on trouve tout sur place : la fabrication de la carrosserie, des composants (phares, vitres, pièces électroniques…), mais aussi des équipes ultra-formées. Nouvelles technologies, écoles d’ingénieurs, centres de recherche et de développement : tout est en place. 80% des véhicules produits sont destinés au marché américain.

    80% de la production pour les États-Unis

    La Slovaquie a mis tous ses œufs dans le même panier. Forcément, comme le souligne Bernard Jullien, directeur du GERPISA (Groupe d’étude et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile), dans une économie mondialisée, la moindre hausse des droits de douane se paie très cher.

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    En Europe, les usines automobiles sont principalement concentrées en Allemagne et en Suède. La France, l’Espagne ou l’Italie comptent relativement peu de sites. Cela renforce encore la position particulière de la Slovaquie, avec ses usines spécialisées tournées vers l’exportation américaine. Par exemple, Volkswagen a confié à ses sites slovaques la production de ses modèles haut de gamme. Certes, la Slovaquie risque d’en souffrir. Mais les acheteurs de ces modèles très chers seront-ils vraiment sensibles à une hausse de prix ? Il faudra attendre pour voir.

    Une régionalisation du marché européen, plutôt que la Chine

    Quant à l’avenir, les avis divergent. Certains économistes envisagent un rapprochement des marchés européens et chinois. Bernard Jullien, lui, n’y croit pas. Pour lui, la conséquence la plus probable des hausses de prix aux États-Unis, c’est la relocalisation : des constructeurs européens qui se recentrent sur leurs marchés intérieurs, dans des zones régionales élargies. Le report des ventes vers la Chine reste donc très incertain. Les États-Unis viennent d’alléger la facture en renonçant aux taxes sur les pièces détachées destinées aux véhicules assemblés sur leur sol, mais aussi au Mexique ou au Canada.

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