La récolte française 2024 a été l'une des plus faibles de ces quarante dernières années. Et comme si cela ne suffisait pas, la céréale française peine à se vendre. Deux des gros acheteurs de blés de l'Hexagone, l'Algérie et la Chine, sont aux abonnés absents cette année.
L'agenda des expéditions de blé, dans les ports français, est désespérément vide. Une preuve concrète de la lenteur avec laquelle la récolte s'exporte depuis le début de la campagne de commercialisation, en juillet dernier. Et pourtant, la France n'a cette année que 3,8 millions de tonnes à exporter, hors de l'Union européenne, soit 60 % de moins que d'ordinaire. Mais depuis juillet, le pays n'a pas réalisé la moitié de ses objectifs.
Le premier grand absent, c'est l'Algérie, partenaire traditionnel avec lequel les relations diplomatiques sont en dents de scie. Depuis le mois d'août, à peine plus de 30 000 tonnes sont parties vers les côtes algériennes : une goutte d'eau par rapport aux 1,8 million de tonnes de l'année dernière.
Une source du ministère français de l'Agriculture reconnaît que « l'Algérie est quasi fermée au blé français », car bien sûr le pays achète toujours des volumes de la céréale, mais il privilégie d'autres origines, telles que la Russie. « Le pays a mis un embargo sans le nommer », regrette un négociant français, qui n'arrive même plus à vendre aux algériens du blé d'une autre origine, preuve que son statut d'entreprise français est elle-même un facteur de blocage.
Peu d'espoir de voir la Chine s'intéresser au blé françaisL'autre pays qui fait défaut, c'est la Chine, dont l'économie peine à redémarrer. Le pays n'a pas acheté un grain de blé français depuis l'ouverture de la campagne alors qu'il en avait importé 2,2 millions de tonnes l'année dernière. La maigre consolation pour les exportateurs de l'Hexagone, c'est que la Chine ne s'est pas tournée massivement vers d'autres origines, pour l'instant. Il n'est pas exclu en effet qu'elle décide de privilégier un blé de proximité, le blé australien dont la récolte touche à sa fin.
Au-delà des freins économiques et politiques, le blé français pâtit cette année d'une moins bonne qualité qui impacte le travail des grains dans les moulins. Cela ne l'a pas empêché de se vendre au Maroc, devenu le premier client hors UE pour cette campagne, en Afrique subsaharienne ou encore en Thaïlande.
Concurrence argentine Il reste aujourd'hui cinq mois à la France pour vendre un peu plus de deux millions de tonnes de blé. Certains espéraient que la baisse du quota d'exportation des grains russes sur la deuxième partie de la campagne – soit 11 millions de tonnes maximum entre le 15 février et fin juin – libèrerait des parts de marché pour la France, mais la concurrence s'annonce rude.
« La nouvelle récolte d'Argentine est sur le marché à des prix très compétitifs, le Kazakhstan s'est aussi manifesté ces derniers jours pour annoncer une disponibilité de 4 millions de tonnes », précise Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage qui résume ainsi la situation : « Il y a du blé ailleurs, de bonne qualité et à des prix plus bas que le blé français ».
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