• Questions d'environnement

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Questions d'environnement

By: RFI
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  • La Terre est en surchauffe, l’ensemble du vivant chaque jour plus menacé et la science très claire : les activités humaines sont responsables de cette situation. Le temps compte pour agir afin de préserver nos conditions de vie sur la planète. Quels sont les bouleversements en cours ? Comment les décrypter ? Et quelles sont les solutions pour enrayer cette dégradation, pour adapter nos modes de vie et nos infrastructures au changement du climat, pour bâtir un avenir plus durable pour tous ? À tour de rôle, les spécialistes environnement de la rédaction de RFI ouvrent la fenêtre sur notre monde en pleine mutation.

    France Médias Monde
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Episodes
  • Quel a été l’impact du cyclone Chido sur la biodiversité marine?
    Jan 30 2025

    À Mayotte, un peu plus de six semaines après le passage du cyclone qui a fait au moins quarante morts et ravagé l’ensemble de l’archipel, les agents du Parc naturel marin de Mayotte effectuent les premières plongées sous-marines pour évaluer les dégâts dans l’un des plus grands et des plus rares lagons fermés du monde.

    Mayotte est entouré d’un double récif corallien, avec un récif barrière qui ferme quasiment le lagon et un deuxième récif dit frangeant, c’est-à-dire relié à la terre dans des eaux peu profondes. D’après Météo France, lors du passage du cyclone, les vagues mesuraient neuf mètres avant de franchir le récif barrière. Elles ne faisaient plus que quatre à cinq mètres une fois ce dernier franchi. Puis le récif frangeant a lui aussi atténué l’ampleur des vagues et enfin la mangrove a joué son rôle de protection de la Côte. Selon les spécialistes, les dégâts sur terre auraient été plus dévastateurs sans ces deux écosystèmes.

    Les récifs ont subi de plein fouet l’impact du cyclone Chido

    Les récifs de la partie Est de l'île, celle par où le cyclone est arrivé, ont été particulièrement touchés. Mais il y a eu un facteur aggravant. En 2024, Mayotte a subi les effets du phénomène climatique El Nino. Avec le réchauffement de l’océan et son acidification, le récif corallien a subi un épisode de blanchissement qui l’a fortement fragilisé. Yoan Doucet est le chef de service ingénierie du Parc Naturel Marin de Mayotte: « En mettant une première fois la tête sous l'eau, on a des zones qui sont particulièrement bien préservée et d'autres où il n'y a plus rien alors qu'avant il y avait une richesse, une biodiversité assez importante. Et sur le phénomène El Nino de l'année dernière, on avait pu mesurer juste avant l'arrivée du cyclone, l'impact du blanchissement corallien dû à cet effet et on avait estimé une mortalité moyenne de 35% des coraux qui étaient présents, mais aussi la fragilisation d'un bon nombre d'entre eux. Il est donc possible que derrière, avec le passage du cyclone Chido, des récifs qui étaient déjà fragilisés n'aient pas pu résister à l'impact de Chido ».

    Certains lieux sous-marins iconiques de Mayotte ont été durement éprouvés, comme le Tombant des Aviateurs, ou « l'extérieur de la Passe en S ». Côté faune, les espèces mobiles comme les poissons, les mammifères, et les cinq espèces de tortues que compte le lagon, ont pu se mettre à l'abri. En revanche précise Yoan Doucet, elles ont perdu leur habitat. Cet écrin de biodiversité qu’est Mayotte a donc payé un lourd tribut lors du passage de Chido.

    Des décennies, pour reconstituer ce milieu marin

    Reconstituer ce milieu est essentiel pour les spécialistes et pour plusieurs raisons : reconstituer la barrière protectrice, protéger la biodiversité et ainsi les ressources alimentaires et économiques. Pour cela il faudra la collaboration de l’ensemble de la population pour protéger le lagon des menaces qui pèsent sur lui en temps normal, comme l’envasement provoqué par l’agriculture et les constructions, le braconnage et la gestion des déchets. Un appel aux citoyens pour voir revivre un trésor mondial de biodiversité.

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  • Pourquoi préserver les vieux animaux?
    Jan 29 2025

    Pendant longtemps, nous les avons négligé, pensant que l’âge avançant, ils contribuaient moins au bien-être et à la survie du groupe auxquels ils appartiennent. Mais une étude parue récemment dans la revue « Science » apporte un regard nouveau sur le rôle crucial de ces vieux animaux pour la biodiversité. Pour les auteurs de l’étude, cette catégorie d’âge est menacée et a besoin de protections particulières.

    Les vieux animaux sont plus menacés que les jeunes, d'après cette étude. Au départ, il s’agit d’une intuition de chercheurs qui étudient différentes espèces animales. Et grâce à la compilation d’innombrables travaux de recherche, ils remarquent que les classes d’âge les plus élevées d’un très grand nombre de populations animales ont décliné ou été éliminées sous l’effet des activités humaines.

    Ces animaux âgés sont souvent les plus gros. C’est vrai, chez les poissons, qui grandissent toute leur vie, leur taille a diminué en raison de la surpêche. Mais c’est également vrai pour les animaux terrestres, les plus gros et donc les plus âgés sont chassés en priorité, pour se nourrir ou pour le prestige. Les amateurs de chasse au trophée privilégient les animaux imposants pour faire une belle photo. Ceux qui chassent pour se nourrir également puisqu’il y a plus à manger sur un animal imposant. Tuer un bison ou un éléphant permet de se nourrir pendant des semaines et demande moins d’effort par calorie que de courser un lapin. C’était déjà le cas du temps des chasseurs-cueilleurs, en témoigne les peintures rupestres dans les grottes qui représentent toujours des animaux imposants, chevaux, mammouth, mais jamais les petits.

    À lire aussiL’impact de l’homme sur les poissons de Méditerranée

    Une remise en cause de la notion de sénescence

    La sénescence est un processus physiologique de dégradation des cellules. Pour schématiser, on pensait que plus un animal vieillit, plus ses cellules se dégradent. Or les chercheurs ont montré que sénescence et vieillissement ne sont pas synonymes. Chez les poissons par exemple, il y a bien vieillissement, mais peu de sénescence. Leur fertilité accroit même avec leur poids et donc avec leur âge puisqu’ils grossissent toute leur vie. En pêchant principalement des gros poissons, on se prive des animaux les plus fertiles et donc de tout un patrimoine génétique important. Et aujourd’hui, les poissons sont affaiblis sur le plan reproducteur.

    Les vieux individus jouent un rôle essentiel pour la survie de leur espèce

    Les chercheurs parlent de sagesse de ces vieux individus. Une des scientifiques qui a participé à cette étude étudie les éléphants dans un parc kényan. Elle a montré que le leadership dans un groupe d’éléphants est toujours assuré par de vieilles matriarches. Elles ont des connaissances et une expérience sociale qui profite à l’ensemble du groupe. Elles connaissent leur territoire, les points d’eau, les dangers. Elles enseignent aux petits à se protéger des prédateurs. Elles parviennent à régler les conflits entre éléphants, bref, elles ont un rôle fondamental. Et puis, grâce à elles, les éléphants parcourent de grandes distances puisqu'elles connaissent leur territoire. Et ce faisant, elles participent à la dissémination des graines des végétaux sur de grandes distances et permettent donc la régénération de cette biodiversité. Pour tous ces services rendus, les chercheurs estiment que la longévité des animaux devrait être une composante de la biodiversité qu’il faut absolument défendre.

    À lire aussiPourquoi faut-il combattre la pêche illégale?

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  • Faut-il fertiliser les forêts ?
    Jan 28 2025
    Fertiliser les forêts pour accélérer leur croissance et ainsi augmenter leur capacité d’absorption du CO2, c’est l’idée envisagée en Suède pour faire face à la diminution de ces capacités observées dans de nombreuses forêts européennes. La politique menée en Suède a entrainé une hausse des émissions de gaz à effet de serre, qui contraint le pays à séquestrer davantage de carbone pour compenser. Mais est-ce une bonne solution ? Selon les statistiques de l’Agence suédoise de protection de l’environnement, les forêts suédoises ont absorbé 31 millions de tonnes de CO2 en 2023 alors que la moyenne était de 52 millions de tonnes annuelles, dix ans auparavant. Et les causes de cette baisse sont connues et identifiées selon Alain Karsenty, spécialiste des forêts au Cirad : « Les forêts sont des puits de carbone tant qu'elles sont en croissance. Et pour que leur croissance soit importante, il faut qu'elles aient de l'eau et un certain nombre de conditions. Ce qui se passe en Suède, comme en France, c'est qu'il y a eu des sécheresses, donc les forêts poussent moins vite et elles absorbent moins. Il y a eu des attaques de pathogènes, des scolytes, qui sont des insectes ravageurs, dans toute l'Europe du Nord, ce qui signifie qu'il y a eu une mortalité accrue des arbres. En raison de cette mortalité, les arbres n'absorbent plus, donc le stock de carbone diminue, il y a moins de couvert forestier et donc moins d'absorption ».À lire aussiLa forêt de demain face au réchauffement climatiqueAutre explication, la Suède pratique une sylviculture intensive. Ces dernières années, la quantité d’arbres abattus dans le pays, a atteint des records, favorisée par la hausse du prix du bois. Mais les coupes rases réalisées diminuent également les capacités d’absorption de la forêt. Malgré les critiques des scientifiques et des ONG environnementales, la majorité au pouvoir n’entend pas changer de modèle d’exploitation de sa forêt. Elle mise donc sur leur fertilisation.Fertiliser les forêts : une solution pérenne ?Sur le court terme, la fertilisation peut effectivement augmenter les dispositions d’absorption de la forêt. Mais sur le long terme, c'est une catastrophe, selon Alain Karsenty : « Fertiliser les arbres, cela veut dire, d'une certaine manière, les rendre paresseux. Cela veut dire qu'ils auront beaucoup moins besoin de développer en profondeur leur système racinaire pour aller chercher les nutriments indispensables à leur croissance. Donc, ils vont se développer par le haut et beaucoup moins au niveau des racines. Du coup, ces arbres seront beaucoup moins équipés pour résister aux sécheresses. Cela signifie que cette idée que l'on peut se passer de réduire les émissions dans le secteur industriel ou des transports, en comptant sur les forêts, est une idée qui n'est pas viable. C'est cela la principale leçon qu'il faut retenir ».Fertiliser les forêts les rend moins résilientes au changement climatique.Les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, vont être de plus en plus fréquents, et cela risque de fragiliser davantage les forêts. Miser sur le pouvoir d’absorption des arbres sans s’attaquer aux causes du réchauffement climatique dans l’industrie et les transports est donc aberrant et contreproductif. Une forêt victime de sécheresse, de maladies ou de surexploitation, en raison des activités humaines, peut devenir une source d’émission nette de gaz à effet de serre, soit l’exact opposé de ce qui est recherché par la Suède.À lire aussiLes forêts sont en péril, leur capacité à absorber le CO2 aussi
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