• En Provence, les communautés mahoraise et comorienne continue la mobilisation pour Mayotte
    Jan 29 2025

    Il y a plus de sept semaines que le cyclone Chido a ravagé Mayotte et deux semaines depuis la seconde tempête tropicale Dikeledi. En métropole, la communauté mahoraise et comorienne est toujours mobilisée. C’est le cas en Provence, où des collectifs continuent inlassablement de récolter et envoyer de nombreux dons vers l'île.

    De notre correspondante à Marseille,

    Départ de Marseille avec un camion prêté par un bénévole de l’association Ambre. « On part en direction de Toulon. Et là, c'est parti, on a rendez-vous là-bas pour 14h. On va récupérer des denrées alimentaires ».

    Naïr est le président de l’association, qui s’occupe d’aller chercher les dons : « Actuellement, on est en train de charger tout ce qui est eau et lait. Ensuite, on va charger tout ce qui est denrées alimentaires, comme les pâtes, le riz, les conserves, et le couscous. Puis par la suite, si on a de la place, on va mettre tout ce qui est matériel médical. Et si vraiment il nous reste de la place, on va prendre les vêtements ».

    Mais rapidement le camion marseillais est plein à craquer. « Nous, on va essayer de trouver un deuxième camion pour tout transporter ». Abdou est président de l’union mahoraise de Toulon : « Comme ça, on vous suit. Comme ça, on amène tout là-bas. Ça serait bien que tout parte quoi. Si ça reste ici, on va encore attendre une semaine, cela pourrait retarder l’aide. Et il y a des gens qui en ont besoin. On va essayer de trouver un camion, c’est mieux ».

    Vingt minutes plus tard, un semi-remorque appartenant à un des bénévoles se gare sur le parking. « Nous, ce qu’on aimerait bien, c'est que tout parte vers l'île de Mayotte, parce qu’il y a des gens qui meurent de faim, d’autres qui n’ont même pas d’endroit pour dormir, s’habiller, manger. On essaie de faire le geste ».

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    Il n’y a pas que de l’alimentaire, il y a de tout

    « On a beaucoup d’alimentaire, mais aussi beaucoup de vêtements. Il y a des jouets, des produits d’hygiène, du dentifrice. Il y a vraiment de tout ». Plus de soixante gros cartons en tout. Des dons qui affluent depuis des semaines ici à Toulon, explique Kassim, un bénévole comorien. « On a rassemblé tous les gens de Toulon, qu'ils soient Malgaches, Anjouanais, Comoriens, Mahorais. Et franchement, ça a bien marché ».

    Une mobilisation qui ne doit pas s’arrêter là pour lui. « Ce n'est pas qu’aujourd’hui seulement. La crise ne va pas s’arrêter aujourd’hui. S’il faut relancer les dons une fois par mois, il faudra le faire. La reconstruction de Mayotte ne se fera pas en un jour. Les vies, les gens, la misère, ça ne s'arrêtera pas en un jour, donc il faut continuer ».

    Une fois les camions chargés, puis les dons sont déposés dans un hangar à Marseille. L’heure du bilan : « Alors là, on vient de décharger tous les dons qu’on a récupérés à Toulon chez les collègues. On a entre sept et huit tonnes de denrées alimentaires, ainsi que des vêtements et du matériel médical ».

    Des dons qui partiront par la mer et mettront un peu moins de deux mois à arriver à Mayotte.

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  • Une ambulance ukrainienne mitraillée fait le tour de la France
    Jan 28 2025

    L'Ambulance Mitraillée France (AMF) est un projet humanitaire qui rassemble plus de 45 associations dont l'ONG Pharmaciens sans frontières. En septembre 2022, une ambulance ukrainienne dans la région de Kharkiv est prise pour cible par la Russie. Tout un symbole pour cette opération qui permet de ne pas oublier les atrocités de cette guerre qui dure depuis trois ans. Pendant deux jours, ce véhicule inattendu a fait escale sur la place du marché à Sucy-en-Brie en banlieue parisienne.

    Patrick Angelvy est secrétaire général de l'ONG Pharmaciens sans frontières dans le Val-de-Marne. « "Slava Oukraïni", ça veut dire "Gloire à l'Ukraine !", et les gens répondent "Heroïam slava !" ou "Héros, la gloire !", et ça montre un petit peu leur résistance et leur courage ».

    Résister et surtout ne pas les oublier

    C'est le message porté par cette ambulance qui sillonne l'Europe. Pour Patrick Angelvy c'est un témoin précieux : « Quand on voit un trou, deux trous de balle, trois impacts de balle. On peut toujours dire que ce sont des balles perdues. Là, quand il y en a, je crois, 402, on peut quand même comprendre la façon dont Monsieur Poutine lit la Convention de Genève, qui indique qu'on ne tire pas sur les ambulances. Et en même temps, cette ambulance, c'est le symbole de la résistance et le symbole du courage ukrainien. Je veux dire que cette ambulance ne parle pas, et pourtant, elle nous interpelle. Cette ambulance, c'est un véritable cri silencieux qu'elle nous lance pour nous interpeller sur le drame que vivent ces gens. À moins de deux heures d'avion de chez nous, ce n'est pas acceptable, et ça nous permet, en montrant ce qui se passe, de pouvoir lever des fonds pour acheter plus d’ambulances ».

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    Un spectacle qui ne laisse personne indifférent

    Sur la place du marché, certains s'arrêtent, observent, et ont du mal à trouver les mots : « Quand je l’ai vue et que j’ai pu toucher les impacts des balles, c'est assez effrayant. Vous voyez, c'est une expérience malheureuse, mais indispensable pour les gens qui vivent loin de la guerre et des atrocités ».

    À quelques mètres de l’ambulance, un petit groupe d’Ukrainiens, collectent de l'argent pour financer de nouveaux véhicules de secours. Elisabeth fait partie des 50 familles qui ont été hébergées à Sucy-en-Brie au tout début de la guerre. Aujourd'hui, elle étudie à la Sorbonne. « Mon appartement est bombardé, donc je ne peux pas y retourner, et pour le moment, je suis en France, je suis à l'université et je reste ici. J'apprends la langue, et je vois mon avenir aussi en France ».

    Après des escales dans plusieurs villes de France, l'ambulance mitraillée repartira en avril en Espagne.

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  • Quand des familles à la rue saisissent la justice
    Jan 27 2025

    En France, plus de 2 000 enfants vivent à la rue. L'État a pourtant la charge d'assurer à toute personne sans-abri et vulnérable un hébergement d'urgence. À Paris, un avocat passe ses semaines à défendre devant la justice des familles avec enfant à la rue. Parmi les cas les plus courants de Maître Samy Djemaoun sont des familles demandeuses d'asile. Le temps de la procédure, l'OFII, l'Office français de l'immigration et de l'intégration, est pourtant censé leur fournir une allocation journalière et un logement. Mais faut-il encore que ces familles connaissent leurs droits ?

    Dans une petite salle d'audience mal éclairée, Samy Djemaoun donne ses derniers conseils à ses clients. Les parents de la petite Kadija viennent du nord de la Côte d'Ivoire.

    « J’ai demandé l’asile avec l'enfant, parce que moi, j'ai été excisée. Je ne veux pas que ma fille vive la même douleur que j’ai subie ». En échangeant avec une amie, ils découvrent qu'ils ont le droit de rester : « Elle m'a dit : non, tu as le droit puisque vous avez un enfant malade, et elle a une pathologie très grave, la drépanocytose ».

    Un avocat qui gagne presque huit fois sur dix

    Cette amie leur conseille donc d'appeler Maître Djemaoun. Dix jours après, ils se retrouvent au tribunal. En moins de trois ans, Samy Djemaoun, leur avocat, a saisi près de 80 fois la justice pour contraindre l'OFII, l'Office français de l'immigration et de l'intégration, à loger des familles à la rue. L'avocat a gagné près de 70 fois. Comme souvent, l'administration a fait parvenir au tribunal un mémoire en défense. Un texte expliquant sa position : « Vous avez un certificat médical qui indique que le pronostic vital de l'enfant peut être engagé à tout moment et qu'elle a besoin d'un endroit sain et stable. Et l'OFII répond, elle a un traitement et un suivi médical, donc c'est bon. Tout en reconnaissant dans le mémoire en défense qu'elle fait partie des familles les plus prioritaires. Une famille prioritaire, c'est une famille avec des enfants. Point. On ne va pas commencer à faire une hiérarchisation de la détresse ».

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    L'audience n'aura duré qu'une petite demi-heure. Hasard du calendrier, ce même jour, l'avocat apprend que la petite Kadija obtient le statut de réfugiée. Un soulagement pour ses parents, mais aussi beaucoup d'amertume.« On a perdu tellement de temps dans ce parcours où tout repose sur la débrouille. Ce sont les associations qui nous aident. Si un logement est trouvé, tant mieux, sinon, on attend ».

    Trois jours après la condamnation de l'OFII, la famille obtient les clefs d'un logement. Impossible de savoir combien d'autres sont à la rue, faute d'information sur leurs droits. Pour l'avocat, l'administration compte là-dessus. « Sur 100 personnes, je dirais que Maître Djemaoun va saisir pour 20, parce qu'il n'y en aura que 20 qui auront eu accès à des associations, à tout un tas de dispositifs d'aide juridique. Et si l'OFII est condamné pour ces 20 dossiers ? Ce n'est pas si mal que ça ».

    L'OFII, contacté par téléphone, affirme que le couple avait signalé être hébergé de façon précaire chez un ami, raison pour laquelle aucune proposition ne lui a été faite. Son directeur, Didier Leschi, assure qu'un signalement de la part de la famille aurait suffi à son hébergement.

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  • Camp des Milles: transmettre la mémoire aux générations futures
    Jan 26 2025

    Le 27 janvier, journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Cette date correspond à la libération du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau par les Soviétiques en 1945 - il y a 80 ans. Mais qu’en est-il de la transmission de la mémoire, près d’un siècle après la Shoah ?

    De notre correspondante au Camp des Milles, à côté d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône,

    Aux abords du petit village provençal des Milles, un énorme bâtiment en briques rouges brise l’horizon au milieu d’une pelouse coupée à ras. À l’intérieur, on découvre le site mémorial : « On va rentrer dans le parcours et les deux premières phrases qui nous interpellent sont : que ferai-je demain si ? Comment est-ce arrivé ? »

    Charlotte, médiatrice du site, raconte l’histoire de ce camp. On y raconte la Shoah sur de grands panneaux et les engrenages qui l’ont rendu possible. Au début de la guerre, ce camp servait à enfermer les étrangers et dissidents. « Là, ce que vous voyez à côté, c’était vraiment le lieu où ils vivaient. Le sol, c'était une poussière d’argile, qui faisait tousser et cracher du sang ». Puis, le camp prend une autre tournure. « D'août à septembre 1942, il devient un camp de déportation, où cette fois hommes, femmes, enfants, bébés vont être déportés jusqu’à Auschwitz. »

    Dans l’auditorium du site, plusieurs classes de CM2 répètent le Chant des marais – aussi appelé le Chant des déportés. C’est Blandine, professeure des écoles et médiatrice auprès des élèves de primaire, qui encadre cet atelier. « Le travail s’est fait à la fois dans la compréhension des paroles, mais aussi dans le lien avec le site ».

    Est-ce qu’en CM1 ou en CM2, on est réceptifs, à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ?

    « On va dire que c’est difficile parce que plus on avance dans le temps, plus on est dans ce qui fait partie de l’Histoire. Mais après, il y a pleins d’autres possibilités pour toucher les enfants, en faisant des chants comme ça, en participant à des commémorations, explique Blandine. Pour les enfants, on va beaucoup plus travailler sur les vidéos. Ça peut être les différentes formes de discrimination, comment est-ce qu’ils les voient à l’école et ce qu'on peut faire pour lutter contre les discriminations, notamment le harcèlement scolaire ». Car la particularité du Camp des Milles, c’est le volet réflexif qui clôt la visite. Dans cet espace, on répond aux questions posées en début de parcours.

    Le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact

    Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS et président de la Fondation du Camp des Milles : « Tout notre propos, c'est l’Histoire au service du présent : comment faire pour que plus jamais ça. Et d’ailleurs, c'est ce qui fonctionne le plus pour des jeunes publics éloignés de ces sujets qui nous disent parfois : la Seconde Guerre mondiale, ce n'est pas mon affaire. Ils s’aperçoivent que quelque part tous ces grands événements parlent d’eux. Parlent des racismes, de ce qu’ils vivent au quotidien, d’effets de groupes, des petits chefs ».

    Et ainsi, ajoute Alain Chouraqui, parler de l’Histoire, transmettre cette mémoire, c’est espérer que justement, cela ne se reproduise plus.

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  • France: 1,5 million de pannes d'ascenseurs par an, un calvaire pour les usagers à mobilité réduite
    Jan 23 2025

    Ne pas pouvoir remonter ses courses quand on habite au 15e étage ou simplement sortir de chez soi à cause de l'ascenseur en panne : chaque année, 1,5 million de pannes d'ascenseurs sont recensées en France. Pour venir à bout de ce problème récurrent et préoccupant, qui touche des milliers de personnes, une proposition de loi, visant à lutter contre les pannes d'ascenseurs non prises en charge, est en débat depuis jeudi 23 janvier à l'Assemblée nationale.

    Dans une banlieue résidentielle, à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, Abdeladim Outtaleb se déplace en fauteuil roulant. Il loue un appartement situé au 2e étage et, suite à de fortes pluies, l'ascenseur de son immeuble est en panne. Une situation qui dure depuis deux mois.

    « Je vis un enfer, confie-t-il. Je ne peux pas descendre. Je ne peux rien faire à part télétravailler chez moi. J'ai envie d'aller au musée, dans un parc, prendre l'air, comme tout le monde ! Moi, qui suis en situation de handicap, j'ai l'impression d'être en prison. Pour l'instant, moi, je subis. »

    Pour sortir enfin de chez lui. Abdeladim a trouvé la solution. Il fait appel aux services de Fouad Ben Ahmed. Ce militant au sein du collectif Plus sans ascenseur a lancé, il y a quelques années, SAMV (Solution d'assistance à mobilité verticale), une société qui travaille à ne plus laisser sur le carreau les personnes à mobilité réduite.

    « On a adapté un moteur électrique avec un équipement spécifique, répondant à nos usages, explique-t-il. On peut déplacer une personne du rez-de-chaussée au 18e étage, jusqu'à 130 kilos, sur tous types d'escaliers. Le plus important, c'est la formation, la compétence. Nos assistants sont un peu des guides de haute montagne. »

    Le guide de haute montagne en question, souriant, qui vient délivrer Abdeladim, s'appelle Willy. Abdeladim est alors arnaché à une chaise très particulière, avec un moteur électrique à sa base et dont le mouvement rotatif épouse les marches et permet de les descendre.

    Un travail très particulier pour Willy, jeune recrue de 22 ans : « Ce n'est un travail commun. Rendre service, j'aime cela, mais cela demande de la patience, notamment pour comprendre le mécanisme de la chaise. Il faut se mettre sur le bord. Il faut ensuite pencher la chaise, régler le bouton des trois vitesses, etc. C'est la chaise qui fait tout le travail. Nous, nous sommes là en qualité d'assistant. »

    Les pannes d'ascenseurs récurrentes s'invitent aussi au sein de l'Hémicycle. « Avec cette loi, on remet de l'ordre dans le système de la maintenance des ascenseurs : obligation de stocks de pièces pour les sociétés ascensoristes, obligation de délais d'intervention, obligation de mesures de prescription pour qu'il y ait, dans le cadre d'une panne prolongée, des mesures de substitution : portage de repas, portage de courses, portage de personnes dans les escaliers... Il y a des sociétés qui font cela aujourd'hui », détaille le socialiste Philippe Brun, porteur de la proposition de loi à l'Assemblée nationale.

    Alors que les députés planchent pour trouver une solution, Abdeladim a pu descendre les dizaines d'escaliers qui le séparent de l'extérieur. « Deux minutes pour descendre ! C'est une solution alternative utile, SAMV, mais uniquement à court-terme. J'ai envie de retrouver ma vie normale », clame-t-il. Chaque année, on recense 1,5 million de pannes d'ascenseurs en France.

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    3 mins
  • France: la CGT manifeste devant Bercy pour défendre un secteur industriel menacé
    Jan 22 2025

    En France, la situation économique continue d'inquiéter. Alors que les finances publiques sont dans le rouge, les défaillances d'entreprises et les plans sociaux se multiplient, particulièrement dans le secteur industriel. La CGT, l'un des principaux syndicats français, a organisé, mercredi 22 janvier, une manifestation devant le ministère français de l'Économie et des Finances pour réclamer des mesures d'urgence.

    Réunis le 22 janvier devant le ministère de l'Économie, dans le quartier de Bercy, à Paris, ils sont plusieurs centaines de militants venus de tout le pays à avoir répondu à l'appel de la CGT. Les chasubles rouges et les drapeaux fièrement agités portent les noms d'Auchan, Arcelor, Fonderies de Bretagne, Michelin, Vencorex et tant d'autres. Une carte de France des entreprises qui licencient et des usines qui ferment.

    À la tribune, le constat de Sophie Binet, la secrétaire générale du syndicat, est sans appel : « Nous sommes ici pour forcer le gouvernement et le patronat à sortir du déni et à regarder en face la situation. Il n'y a pas de réindustrialisation. Tous les experts partagent le constat de la CGT, nous sommes au début d'un tsunami de désindustrialisation. »

    Illustration près de Grenoble, où le chimiste Arkema vient d'annoncer cette semaine plus de 150 suppressions de postes, alors que les 450 salariés de leur principal fournisseur Vencorex se battent depuis des mois pour sauver leur entreprise en redressement judiciaire.

    « Vencorex n'est même pas encore mort qu'Arkema a déjà commencé à lancer son plan social, déplore Séverine Dejoux, technicienne-chimiste et élue CGT de Vencorex. Dans l'industrie chimique, c'est comme cela. Toutes les entreprises sont liées les unes aux autres, et quand il y en a une qui tombe, ben ça tombe en chaîne derrière. »

    Elle l'assure, la survie de Vencorex et d'Arkema, c'est pourtant une question de souveraineté. « Nous, on produit du sel, que l'on revend à Arkema. De notre sel, sont produits les éponges de zirconium pour le refroidissement des réacteurs nucléaires en France, le carburant de la fusée Ariane et le carburant des missiles de défense français », énumère-t-elle.

    « Quand on a rencontré le ministre de l'Industrie, poursuit la jeune syndicaliste, la seule chose qu'il a été capable de nous dire, c'est "on a aidé à vous obtenir une prime de licenciement". Mais nous, on n'en veut pas. Nous, on n'était pas venu voir le ministre des Primes de licenciement, on était venu le voir le ministre de l'Industrie. » La réponse politique n'a pas satisfait les premiers concernés.

    La CGT réclame donc des nationalisations et un moratoire sur les licenciements. Deux concepts qui ne figurent pas vraiment dans le vocabulaire du Premier ministre François Bayrou. L'instabilité politique de ces derniers mois n'a en tout cas pas facilité les choses pour Sophie Binet. « ​​​​​​​À l'étranger, la Chine et les États-Unis en tête, on n'hésite pas à nationaliser, à protéger ses fleurons industriels, à mettre en place des plans d'investissements massifs », affirme la secrétaire générale du mouvement syndical.

    La situation, elle, risque encore de s'aggraver. Auditionné le même jour par l'Assemblée nationale, le président d'ArcelorMittal France a prévenu que « ​​​​​​​tous les sites de sidérurgie européens » risquent la fermeture en 2025 « si rien n'est fait pour protéger l'acier européen », notamment de la concurrence chinoise.

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  • Mayotte: un mois après la catastrophe, retour sur l'élan de solidarité des cagnottes en ligne
    Jan 21 2025

    Il y a un mois, au lendemain de la catastrophe du cyclone Chido, des appels aux dons ont été lancés pour venir en aide aux Mahorais. Des collectes de matériel et de nourriture ont été organisées par de nombreuses associations. Près de 700 cagnottes ont vu le jour sur la plateforme Leetchi.

    Face à l'urgence, l'élan de solidarité pour Mayotte a été immédiat. Ainsi, dès le lendemain de la catastrophe naturelle, des centaines de cagnottes ont vu le jour sur une plateforme en ligne bien connue des Français, Leetchi. « Pour Mayotte, il y a à peu près 700 cagnottes qui ont été créés, qui ont permis de collecter environ entre 700 000 et 800 000 euros. Au total, on a pu dénombrer 17 000 personnes qui, sur ces 700 cagnottes, se sont mobilisées pour aider les populations et leur apporter un soutien financier », énumère le directeur général de la plateforme, Jérôme Daguet.

    Johan Reboul, dit « Le Jeune Engagé » sur les réseaux sociaux, est un influenceur. Il a lancé une cagnotte pour aider Sarah Minas, professeur des collèges à Mayotte. Un mois après, celle-ci dépasse les 40 000 euros. « Je ne la connaissais pas directement, mais juste après ce qui s'est passé à Mayotte, j'ai eu un grand sentiment d'impuissance, confie-t-il. J'ai fait un stage aux Nations unies, où mon ancienne responsable m'a parlé de cette prof à Mayotte qui, en cherchant ses élèves dans les bidonvilles, constatait qu'il n'y a aucune assistance, qu'il n'y a aucun secours à apporter à cette population qui vient de subir un cyclone. C'est pour cela que j'ai lancé cette cagnotte. Cela pourra aider Sarah à chercher ses élèves et apporter de l'aide directement à la population. »

    À des milliers de kilomètres, grâce à ces dons, Sarah Minas organise des équipes de bénévoles sur le terrain. « Les distributions se font tous les deux jours selon les quartiers. À chaque fin de distribution, je centralise les dépenses qui ont été faites. Johan, qui tient la cagnotte, me dit alors combien d'argent reste sur la cagnotte. Avec ce qui reste, je planifie les prochaines journées de distribution », explique la jeune enseignante. Durant la collecte, la plateforme opère des contrôles. « De notre côté, chez Leetchi, on est extrêmement vigilant à ces sujets de destination des fonds et de vérification des identités », confirme Jérôme Daguet.

    C'est grâce à la communauté de plus de 140 000 personnes suivant Johan Reboul sur les réseaux sociaux que la cagnotte a eu du succès. Mais, pour l'influenceur, c'est avant tout une responsabilité importante : « La cagnotte a marché aussi parce qu'il y a eu de la confiance de la part de la communauté. Il fallait démontrer concrètement comment on allait utiliser cet argent. Au début, j'ai dû avancer de mes propres fonds puisque, justement, la plateforme a bloqué le transfert de fonds pour s'assurer que l'argent était bien dépensé. Ils m'ont demandé des preuves, ils m'ont demandé des comptes. Il y avait toute une logistique à faire pour vraiment démontrer que cela allait bien directement sur place. »

    Aujourd'hui, cette cagnotte d'urgence est fermée. La générosité des donateurs a permis d'aider des familles démunies, même si, pour Sarah, il reste encore beaucoup à faire pour ses élèves et pour leurs parents.

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  • En Martinique, l'ouverture du procès de Rodrigue Petitot, figure du mouvement contre la vie chère
    Jan 21 2025

    Le procès de Rodrigue Petitot, ainsi que de trois autres membres et sympathisants du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), s’ouvre ce mardi 21 janvier à Fort-de-France. Condamné à dix mois de prison ferme aménageable pour intimidation d’élus, le leader du Rpprac est actuellement en détention provisoire dans l'attente de son procès pour violation de domicile après s’être introduit chez le préfet de l’île le 11 novembre.

    De notre correspondante en Martinique, Peggy Saint-Ville

    Alors que cette audience des deux prochains jours suscite une grande attente en Martinique, les solutions politiques mises en place pour lutter contre la vie chère restent discutées. En réponse à la hausse significative des prix des produits de consommation courante, un dispositif a été instauré depuis le 1ᵉʳ janvier par la grande distribution, l'État et la collectivité territoriale de Martinique. Toutefois, cela ne semble pas encore satisfaire pleinement la population, qui se fait plus rare dans les rayons des grandes surfaces.

    Du côté du Rpprac, les manifestations se font aussi plus discrètes à la suite des condamnations de plusieurs sympathisants ayant exprimé ouvertement récemment leur colère contre la justice et ses représentants. Quatre mois après le lancement du mouvement contre la vie chère, se pose la question de la place de la mobilisation dans un contexte de crise économique et des perspectives d’avenir du Rpprac.

    À écouterMobilisation contre la vie chère en Martinique: «Le soutien populaire déterminera la durée du mouvement»

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