• Pour les Kurdes syriens réfugiés au Kurdistan irakien, l'impossible retour?
    Jan 30 2025

    Le retour chez eux est-il possible pour les Kurdes de Syrie réfugiés au Kurdistan irakien voisin ? Ils sont 300 000 à y vivre depuis plus de dix ans, dans des camps pour la plupart. Soulagés par la chute du régime de Bachar el-Assad, ces réfugiés sont néanmoins inquiets de la place qui sera faite aux Kurdes dans une Syrie en gestation. Tandis que des tractations politiques intenses ont lieu pour définir les contours que pourrait y prendre l’autonomie kurde.

    Ayaz, 29 ans, fait défiler les pages d'un album qu'il garde précieusement au fond d'une armoire. « Ce sont nos photos de famille. Ces albums sont les souvenirs qui nous restent de la Syrie et que nous avons pu emporter avec nous. C'est la seule chose qui nous relie à la Syrie. Avec la guerre, il y avait deux options : devenir un meurtrier ou bien se faire tuer. J'ai pris la meilleure décision ou en tout cas la plus sûre, celle de quitter la Syrie. »

    Son exode le conduit de l'autre côté de la frontière, dans le camp de réfugiés de Kawergosk, au Kurdistan irakien. Dix ans ont passé et les tentes de plastique ont laissé place à des maisons de parpaings. Si les 1 800 familles kurdes syriennes qui vivent là ont célébré la chute du régime de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, aucune ne s'est empressée de prendre le chemin du retour. « Bien sûr que je vais rentrer, nous n'allons pas rester ici. Mais pour l'instant, la situation est trop mauvaise en Syrie, explique Ayaz. Je ne veux y retourner que si l'on construit un État civil et décentralisé, qui protège les droits de toutes les communautés syriennes, c'est-à-dire des Kurdes et de toutes les autres minorités. Il faut une protection constitutionnelle de nos droits, qui ne soit pas seulement des mots, mais qui se traduisent par des faits. »

    Ces attentes sont largement partagées par ces réfugiés. Mais pour les faire entendre aux nouvelles autorités à Damas, les factions politiques kurdes doivent afficher un front uni. Or, les habitants du camp ne se sentent pas représentés par les milices au pouvoir au Kurdistan syrien, réputées proches du Parti des travailleurs du Kurdistan, en guerre contre la Turquie.

    Accoudé à son échoppe de vêtements, Alan-Walid a justement quitté la Syrie à 14 ans, de peur d'être enrôlé contre son gré. « Dans les régions kurdes de Syrie, le parti politique en charge opère un recrutement forcé. Mais nous ne souhaitons pas nous battre pour un parti politique ou une idéologie. Nous souhaitons nous battre pour les Kurdes. Si les parties parviennent à s'unir, alors nous rentrerons nous battre pour la cause kurde, pour le Rojava », clame-t-il.

    Depuis plusieurs jours, les promesses de discussions vont bon train entre ces milices qui administrent le Kurdistan syrien et l'opposition, principalement exilée, en Irak. Cependant, pour cette jeune femme croisée dans l'allée principale du camp, ces négociations ne suffiront pas à la faire rentrer chez elle. « Si nous retournons en Syrie, nous n'aurons plus rien. Nous finirons à la rue. Ici, au moins, nous possédons une maison, nous vivons au jour le jour. Je sais qu'il faudrait encore dix ans à la Syrie pour se reconstruire et revenir à la situation antérieure à la guerre. Et peut-être que ça n'arrivera jamais », soupire-t-elle.

    Au-delà de ces tractations politiques fragiles, les bombardements turcs et les combats entre les forces kurdes syriennes et les mercenaires soutenus par la Turquie se poursuivent. La situation sécuritaire reste trop instable pour permettre aux réfugiés de Kawergosk d'envisager un retour.

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  • Cinq ans après le Brexit, un bilan mitigé pour les agriculteurs
    Jan 29 2025

    Cela fait cinq ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l’Union européenne. Le 31 janvier 2020, une période de transition s’ouvrait pour faciliter le passage, mais les Britanniques n’étaient déjà plus citoyens de l’UE. En 2016, ils avaient voté en majorité pour le Brexit, et le milieu agricole comptait parmi les fervents partisans de la sortie. Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé.

    Cela fait cinq ans que la cloche du Big Ben, au Parlement de Westminster, a retenti. À 23h, elle annonçait la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Cette cloche-là, c’est celle qui annonce le début des enchères aux moutons du marché de Melton Mowbray. Richard est présent ce matin, bien qu’il n’ait pas de moutons à vendre cette fois-ci. Cet éleveur apprécie l’ambiance du marché.

    « On nous avait dit qu’avec le Brexit, les prix allaient chuter et que l’agneau britannique n’aurait plus de demande à cause des droits de douane. Mais c’est tout le contraire. La demande est là, et aucune taxe n’a été imposée sur l’agneau britannique, pour l’instant en tout cas. La demande la plus forte vient du Moyen-Orient, d’Arabie saoudite, d’Israël et de Turquie. Hors Union européenne. Mais également plus près de nous, d'Espagne et d'Italie et de France. Et puisque ces clients avaient une relation commerciale avec nous avant le Brexit, ils continueront cette relation après le Brexit ».

    Un avis, qui n’est pas partagé par tous

    Andrew Wheeler, cultivateur de céréales à quelques kilomètres de là, a stocké toute sa récolte dans son entrepôt. Lui aussi avait voté pour la sortie de l’Union européenne en 2016. « J'ai voté en faveur du Brexit pour quitter l'UE pour un certain nombre de raisons. Mais c'est probablement mon cœur qui l'a emporté sur ma tête. L'une des raisons pour lesquelles je voterais différemment aujourd'hui, c’est que je vois que notre gouvernement ne s'intéresse pas à l'agriculture. Lorsque nous étions membres de l'Union européenne, il ne fait aucun doute que la pression exercée par les agriculteurs, surtout les français, avait de l’impact à Bruxelles. L'UE avait peur, elle a toujours peur, des agriculteurs. Ce n'est pas le cas du gouvernement britannique ».

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    Le principal syndicat de fermier britannique, le NFU, tient une permanence au marché de Melton Mowbray. James Haddon, son représentant local, reçoit de nombreuses plaintes, notamment de la part des producteurs de fruits et légumes, qui peinent à recruter la main-d’œuvre saisonnière venue d’Europe de l’Est avant le Brexit.

    « Vous travaillez toute l'année pour avoir une récolte et vous n'êtes pas en mesure de la faire. C'est pourquoi la NFU souhaiterait un plan stratégique quinquennal pour les travailleurs saisonniers. Pour qu’ils puissent venir en nombre raisonnable, donc sans plafond arbitraire, afin que tous les aliments cultivés puissent être récoltés avec succès ».

    Le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet, veut revoir et améliorer la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Mais il reste catégorique : un retour à la liberté de mouvement est exclu.

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  • Accord UE-Mercosur: les attentes des éleveurs de bétail argentins au marché Cañuelas
    Jan 28 2025

    « Non au Mercosur ! » L’Assemblée nationale française résonnera d’oppositions fermes contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). À l’initiative du Parti socialiste, les députés examineront une résolution visant à rejeter cet accord, qui divise profondément les 27 États membres de l’UE. La France, préoccupée par l’impact sur sa filière agricole, s’y oppose fermement, aux côtés de la Pologne. D’autres pays, comme l’Italie, adoptent une position plus nuancée, tandis que l’Allemagne se montre clairement favorable à l’accord. Outre-Atlantique, la filière bovine espère une issue positive après 25 ans de négociations, voyant dans cet accord une opportunité économique majeure. Reportage de notre correspondant au plus grand marché de bétail d'Argentine, le marché de Cañuelas.

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  • Pourquoi le Groenland intéresse Trump?
    Jan 27 2025
    Donald Trump a déclaré que la propriété et le contrôle américain du Groenland étaient essentiels à la sécurité nationale. L’île Arctique occupe en effet une position géopolitique unique. Le réchauffement climatique est en train d’ouvrir de nouvelles routes maritimes et la fonte des glaces dévoile petit à petit les trésors de son sous-sol, minerais critiques et terres rares. De notre correspondante à Nuuk,Quand on survole le Groenland en avion, on aperçoit des étendues de glace à l’infini. Et pour cause : une gigantesque calotte glaciaire recouvre 80% du territoire. Alors que peut bien vouloir Trump de cette immense terre gelée ? Qupanuk, inuite et ingénieure minière de l’île Arctique a son explication : « La raison pour laquelle il dit qu'il veut acheter le Groenland et que son fils visite le Groenland, c’est juste pour montrer qu'il est là, c'est juste une manière politique et tactique d'éloigner la Chine et la Russie du Groenland en déclarant "Je suis ici, c’est mon territoire" ». Donald Trump le sait bien, sous ces épaisses couches de neige et de glace repose un petit trésor géologique sur le point d’être révélé au grand jour, car au Groenland, la glace fond aujourd’hui six fois plus vite que dans les années 1980. « Nous avons beaucoup de minéraux, le Groenland est comme un paradis pour les géologues, nous avons des terres rares, nous avons de l'or, nous avons du fer, nous avons des diamants, des rubis, du titane, du zinc, du plomb… Sérieusement, nous avons de tout ».À écouter aussiImage carrée Reportage international Groenland: Trump, l’allié improbable des indépendantistesCe jour-là, une journée portes ouvertes se tient à l'Institut des ressources naturelles du Groenland. Les habitants viennent en famille pour découvrir et en apprendre davantage sur les ressources de leurs terres. Beaucoup veulent parler avec Majken Djurhuus Poulsen, première géologue groenlandaise. Devant elle, des dizaines de roches différentes sont exposées. Elle en pioche une multicolore. « Ça, c'est une terre rare par exemple. Elle vient d’un des plus gros gisements que nous possédons dans le sud du Groenland. C’est même l’un des plus grands au monde ». Ce minéral est indispensable à la transition écologique enclenchée par de nombreux pays dans le monde. Il est utilisé dans la fabrication de toutes sortes d'appareils électroniques de notre quotidien, notamment les fameuses voitures électriques d’Elon Musk.Le Groenland, terre gelée, devient une terre de conquêteAu centre de recherche sur l'Arctique, ce jour-là, on trouve aussi Pénélope Ruth How, glaciologue et climatologue. Devant elle, une carte du Groenland sur laquelle elle pointe la face nord-ouest du territoire. C’est cette zone précise qui intéresse également Donald Trump. Avec la fonte des glaces, ce passage au nord du Canada, infranchissable il y a quelques années, commence à devenir accessible durant la courte période de l'été, entre fin juillet et mi-septembre. « Ça ouvre beaucoup de possibilités, mais remet aussi en cause la sécurité dans l’Arctique ».La Russie et la Chine manifestent un intérêt croissant pour l’Arctique. Les deux pays y construisent des infrastructures et investissent dans des projets miniers. Contrôler ce nouveau passage maritime ainsi que le territoire tout entier serait donc un moyen pour les États-Unis de contrer ces deux grandes puissances. Un moyen aussi d’assurer ses arrières militaires et de protéger la base américaine de Thulé, cruciale pour la surveillance et haut lieu de sécurité, avec des systèmes de défense antimissile. À lire aussiDonald Trump veut-il sérieusement rattacher le Groenland aux États-Unis?
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  • Pologne: Dorota, la guide de Auschwitz
    Jan 26 2025

    C’est devenu le site touristique le plus visité de Pologne. Le camp d’Auschwitz-Birkenau accueille chaque année près de deux millions de visiteurs, venus découvrir ce qui demeure le symbole de la Shoah. Un pèlerinage rendu possible grâce à une équipe de guides au métier hors du commun, qui ont fait de la transmission de l’histoire de la Shoah leur métier.

    De notre envoyé spécial à Auschwitz,

    « Cette partie est devenue le secteur des femmes, et vous connaissez au moins un témoignage d’ici. Le témoignage de madame Simone. »

    Au cours de ses 27 ans de carrière, Dorota a guidé plusieurs milliers de touristes au cœur du tristement célèbre camp d’Auschwitz-Birkenau. Chaque jour, elle enchaîne des visites de trois heures et demie, en répétant inlassablement l’horreur de la Shoah face aux visiteurs. « Parfois, il y a des journées difficiles. Imaginez quelqu’un qui a perdu toute la famille ici, il y a beaucoup de mauvaises émotions qui se retrouvent sur nos épaules. Alors après une telle visite, on a besoin de temps pour se détacher de ce lieu, de ce sujet. Je pense que tout le monde ne pourrait pas être guide ici, et enseigner aux visiteurs et rester longtemps ici. »

    À écouter aussiAnniversaire de la libération du camp d'Auschwitz: comment la Shoah est-elle enseignée?

    Un public de moins en moins sensibilisé

    Avec le temps, elle a vu évoluer non seulement le profil, mais aussi le comportement des visiteurs. Face à un public parfois moins respectueux de l’histoire de l’Holocauste, elle reconnaît que les guides ont dû adapter leur discours jusqu’à déborder de leur fonction première. « La fonction des guides a évolué, nous sommes parfois enseignants, parfois psychologues, pédagogues. Mais nous sommes aussi là pour protéger le site, pour dire que tel ou tel comportement est incorrect, pour parler du respect, ou pour réprimander des gens qui font des choses à ne pas faire ici. »

    Au total, le musée compte 320 guides venus de tous horizons qui animent des visites dans vingt langues différentes. Âgés de 25 à 70 ans, les collègues de Dorota sont tous des passionnés d’histoire dont certains ont un autre travail à côté. Tomasz Michaldo, en charge de leur recrutement, leur impose les jalons de la visite, tout en leur laissant la possibilité de la personnaliser.

    Tomasz lui-même s’efforce d’ailleurs de raconter celles des survivants qu’il a rencontrés en personne, et dont certains ont disparu aujourd’hui : « C’est sûr qu’être guide à Auschwitz, ça n’est pas un travail classique que n'importe qui pourrait faire. Mais il me semble qu’il n’y a pas un seul bon moyen universel pour gérer l’expérience que constituent ces visites. Je dirais que 5 à 6% de ceux qui commencent à travailler avec nous finissent par démissionner. »

    En cause, une charge émotionnelle trop intense pour les moins aguerris. Fort de quinze ans d’expérience, Tomasz se fait un devoir de transmettre cette histoire, dont il ne restera bientôt plus aucun témoin.

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  • Chemnitz, capitale européenne de la culture: un regard vers l’avenir
    Jan 25 2025

    Chemnitz en Saxe dans l'Est de l'Allemagne est depuis quelques jours capitale européenne de la culture pour 2025. La ville a organisé pour les douze prochains mois un programme ambitieux de manifestations avec les communes de la région pour faire mieux connaître une partie de l'Allemagne peu connue et dont la réputation n'est pas la meilleure.

    « Chemnitz, capitale européenne de la culture 2025, est lancée ». Sur la scène, devant l’énorme tête de Karl Marx qui a donné son nom à la ville sous la RDA communiste, le président Steinmeier donnait il y a une semaine le coup d’envoi d’une année de festivités avec 225 projets et 1 000 événements à Chemnitz et dans les 38 communes de la région.

    Ce titre de capitale européenne de la culture pour Chemnitz, décroché en 2020, n’allait pas de soi, comme se le rappelle Martin Bauch : « C'était une grande surprise. À côté des autres grandes villes qui ont candidaté, on ne s'est pas attendu à ça. Ça peut vraiment donner un coup de pouce pour que l'on puisse être plus fier de notre ville ».

    Il est vrai que Chemnitz n’était pas favorite. La ville au riche passé industriel, autrefois baptisée le « Manchester saxon », vit aujourd’hui dans l’ombre de ses voisines, Dresde et Leipzig. Détruite à 80% durant la guerre, le régime est-allemand y a construit une ville nouvelle, avec des tours et des barres peu glamours, rebaptisée Karl-Marx-Stadt.

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    Une ville anti-migrants

    Chemnitz avait été le théâtre d’une chasse aux migrants en 2018 dont l’écho médiatique négatif avait été mondial. Khaldun Al Saadi participe au projet de centre de documentation sur les crimes du groupe néo-nazi NSU qui doit ouvrir en mai à Chemnitz : « La ville a montré qu’elle est prête à se confronter à l’extrémisme de droite. Cela nous donne du courage, car il y a aussi ici des personnes qui voient ça différemment ».

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    L’extrême-droite rejette ce projet

    Dans un discours de l’extrême-droite qui manifestait le week-end dernier, elles réclament : « Ce sont des projets soutenus avec 100 millions d’euros. C’est de l’argent dont on nous prive. C’est une honte ».

    35 ans après la réunification, Chemnitz veut se donner une nouvelle image, se faire mieux connaître et reconnaître, redonner confiance à une population qui a subi des transformations difficiles depuis la chute du mur. Le week-end dernier, l’heure était à la fête : « Nous sommes heureux d’être capitale européenne de la culture. C’est un bel événement. C’est sympa que Chemnitz donne une image positive au lieu d’infos négatives ».

    À écouter aussiExtrême droite, récession : les grandes peurs allemandes

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  • Basket: la NBA, un rêve américain pas si inaccessible pour les supporters français
    Jan 24 2025
    C'est l'un des événements sportifs de ce début d'année en France et en Europe. La plus grande ligue de basket a délocalisé deux rencontres régulières à Paris. Pour assister à l'un des deux matchs, les 16 000 spectateurs de l'Accor Arena ont dû casser leur tirelire : environ 350 euros la place en moyenne. Un prix inaccessible pour la plupart des passionnés de basket américain, qui sont en revanche de plus en plus connectés aux contenus proposés par la National basket-ball association (NBA). Chaque jeudi soir, après l'entraînement, les joueurs d'un petit club de basket-ball de l'est parisien se retrouvent autour d'un verre. Cette semaine, le planning n'a pas changé : ils n'assisteront pas à la rencontre des San Antonio Spurs contre les Indiana Pacers, une des deux affiches de saison régulière de NBA exceptionnellement délocalisées en France. Tous confient avoir espéré une offre plus accessible. « Ils auraient au moins pu faire quelque chose pour les licenciés de la fédération de basket », regrette l'un d'entre eux.Ces deux matchs de NBA offrent aux spectateurs européens des horaires plus confortables pour suivre ces rencontres. Car c'est aussi le décalage horaire qui rend les matchs de basket-ball américain plus difficiles à suivre. « Quand tu es au chômage, c'est facile, parce que tu peux mater le match le lendemain matin. Mais évidemment, quand tu travailles de 9 heures jusqu'à 18h30, c'est compliqué de regarder les matchs. Mais si tu es un vrai passionné, tu peux mater un match par semaine, en général. Moi, c'est mon rythme. J'ai oublié qu'il y a aussi le dimanche soir, c'est un match qui commence à 20h30. Donc là, c'est abordable pour nous, on peut regarder. Tu peux aussi suivre sur Instagram, tu peux voir tous les résumés, les meilleures actions d'un match… », détaille Fabien, grand passionné de basket américain. Délocaliser ne suffira pas pour conquérir un nouveau public. Adam Silver, patron de la NBA, l'a bien compris : « Je pense que la NBA en Europe se développera en grande partie par le biais de diverses formes de médias. Nous parlons de délocaliser plus de matchs en Europe, mais ce n'est pas extensible. Ce n'est rien par rapport à notre public mondial : deux milliards de personnes sur la planète consomment la NBA d'une manière ou d'une autre au cours d'une année. »Selon lui, les réseaux sociaux permettent de cultiver l'intérêt pour les matchs. Contrairement à la plupart des ligues de football, qui verrouillent les contenus, la ligue nord-américaine adopte une stratégie inverse. « Les technologies de diffusion en continu nous permettent de personnaliser les flux, consommateur par consommateur, fan par fan. Si je veux regarder les matchs des Spurs et Wembanyama et voir tout ce qu'il fait pendant ce match, c'est possible », détaille le dirigeant américain.George Eddy aurait eu du mal à imaginer ça, il y a 40 ans, quand il est devenu la voix du basket en France, puis en Afrique sur la chaîne Canal+. « Quand on compare avec les premiers matchs que j'ai faits dans les années 1980, c'étaient des matchs qui étaient joués deux semaines auparavant et diffusés en différé. Maintenant, il y a des matchs tous les jours. C'est une prolifération, grâce à internet et à la communication moderne. La NBA en profite pleinement et la France aussi », se réjouit le journaliste sportif.Illustration avec ce contrat faramineux que vient de signer la NBA avec Disney et Amazon : 76 milliards de dollars au total pour les droits télévisés aux États-Unis ces 11 prochaines années.À lire aussiBasket: le Français Victor Wembanyama porte-étendard de la NBA à Paris
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  • Syrie: le retour de l'électricité, priorité du nouveau gouvernement de Damas
    Jan 23 2025

    En Syrie, les 13 années de conflit ont entraîné un effondrement des infrastructures électriques. Depuis le début de la guerre civile, l'approvisionnement en électricité est tombé à moins de 25% du niveau d'avant-guerre. Les coupures de courant sont fréquentes, et la majorité de la population ne vit qu'avec deux heures d'électricité par jour. Rétablir le courant est l'une des priorités du nouveau gouvernement de Damas.

    La lumière vacille, tremble puis s'éteint. Sous l'unique ampoule, ils sont une quinzaine, réunis autour d'un poêle, installés dans le salon de la famille Alomr. L'aînée, Fatima, explique qu'ils n'ont plus d'électricité après 21 heures, malgré le panneau solaire installé sur le toit. Quatre ans d'économies ont été nécessaires pour se l'acheter, mais l'électricité ainsi générée n'est pas suffisante pour avoir du courant toute la journée.

    « Étudier et faire la lessive sont les deux choses les plus compliquées, estime Fatima. Les coupures de courant sont constantes ici. C'est aussi très difficile d'avoir de l'eau, car l'électricité n'est pas assez puissante pour faire fonctionner la pompe. »

    Une fois l'obscurité, chacun sort de sa poche un briquet, au bout duquel une petite lumière est intégrée. Ce sera l'unique source de lumière dont ils disposeront ce soir. « Nous l'utilisons uniquement pour que la famille puisse se réunir et se voir avec un éclairage adéquat. Nous sommes habitués. C'est comme ça depuis 2014, ou 2015, depuis le début de la guerre ici », selon la jeune femme.

    Dans ce quartier, le plus pauvre d'Alep, toutes les familles sont concernées. Karm Al Jazmati, c'est son nom, a longtemps été le théâtre de violents combats entre les rebelles et l'armée de Bachar el-Assad. La centrale électrique d'Alep, l'une des plus grandes de Syrie, a été endommagée, et seules deux turbines sur cinq fonctionnent désormais. « À cause des bombardements. La station a été bombardée », explique Emad Abo Ali, le manager du complexe.

    Sur ses parois, des impacts de shrapnels rappellent la guerre civile récente. Cette centrale a été tenue par le groupe État islamique entre 2013 et 2016 avant d'être reprise par le régime. « La station a été complètement vandalisée puis sabotée par les deux camps. L'État islamique l'a d'abord saboté en partant. Ensuite, le régime a recommencé en arrivant. Regardez les transformateurs, regardez l'état de cette station ! Tout a été volé, le cuivre, les câbles, tout », se désole le manager.

    L'objectif du nouveau gouvernement de Damas est de faire passer la production d'électricité de 1 200 à 7 000 mégawatts. La compagnie nationale d'électricité a annoncé début janvier que le Qatar et la Turquie allaient envoyer deux navires pour produire de l'électricité. « Notre principal objectif aujourd'hui est que la situation s'améliore, afin que l'électricité soit disponible non plus deux heures, mais huit par jour, indique Mahmoud El-Ahmad, directeur général de la compagnie dans la région d'Alep. La deuxième étape consistera à réhabiliter les centrales électriques afin d'augmenter la quantité d'énergie disponible. »

    Longtemps, les sanctions imposées au régime de Bachar el-Assad ont compliqué l'importation de pétrole. Pour que le courant reparte, le nouveau pouvoir en réclame la levée. D'après Mahmoud El-Ahmad, de premiers accords sont en cours de négociation : « Le gaz sera acheminé par un gazoduc appelé gazoduc euro-arabe, qui traversera la Jordanie. Le carburant sera, lui, acheminé par voie maritime depuis des pays pétroliers. »

    Pour l'heure, les plus importants champs pétroliers et gaziers du pays sont situés dans la région autonome kurde. Ils échappent ainsi au contrôle du pouvoir central. L'électricité, vitale pour la reconstruction du pays après 13 années de guerre, sera un enjeu décisif des négociations avec les Kurdes dans les prochaines semaines.

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