Episodes

  • Guillaume Bardet et le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris
    Jan 11 2025
    100% création vous propose de partir à la rencontre des compagnons, artisans d'art ou designers qui ont travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris. Aujourd'hui : Guillaume Bardet, designer du mobilier liturgique de la cathédrale. Sa récente commande pour le mobilier liturgique de la cathédrale Notre-Dame de Paris témoigne de son engagement à allier savoir-faire artisanal et respect de l'histoire. « Dès le départ, quand nous commençons ce genre d'étude, nous sommes là pour créer, donc nous avons envie de créer nous-même » : Guillaume Bardet, designer et sculpteur, se confie à RFI.« J'ai l'impression que je n'ai pas grand-chose d'autre. Je ne fais que cela. Je n'ai pas le sentiment de travailler, mais je travaille tout le temps. Je suis toujours en train de dessiner quelque chose, de penser à un projet, de rêver un projet. Il y a beaucoup de plaisir là-dedans. C'est vraiment des moments de plaisir, des moments de dessin. Je passe beaucoup de temps dans mon atelier. C'est l'endroit où je suis le plus heureux. J'ai mon petit monde à moi. Cela peut être le bazar partout. Moi, je suis dans mon atelier, je suis très tranquille. »Né à Rouen, Guillaume Bardet a grandi dans un environnement propice à la créativité, encouragé par une mère artiste. À 15 ans, lorsqu'il arrive à Paris, sa passion pour la sculpture prend un tournant décisif. Son parcours académique aux Arts Décoratifs lui permet de toucher à de nombreuses disciplines, mais c'est dans le design mobilier qu'il se spécialise, tout en cultivant son intérêt pour la sculpture. Pendant son séjour à la Villa Médicis, il explore des thèmes profonds liés à la pérennité et à l'ancrage :« J'arrive à Rome, à la Villa Médicis. Je vois cet endroit et je me dis : "Mais c'est magique ! Moi, c'est simple, si je pouvais venir ici, je travaillerais sur le temps qui passe, sur la pérennité, sur la pierre." Je vais concourir et j'écris un texte qui s'appelle "Le mobilier immobile", où je propose des pièces totémiques en pierre, entre la sculpture et le design. Nous étions en pleine période de ce qui s'appelait le mobilier nomade. Nous circulions à travers le monde et le mobilier était nomade. Tous les objets avaient des roulettes et je trouvais cela ridicule, parce que ce n'est pas parce que nous mettons des roulettes que c'est nomade. Mon idée était de dire "plus, nous allons être nomades, plus nous allons bouger, plus nous aurons besoin au contraire de repères très forts". Les repères, cela va être nos maisons de famille, des endroits où nous revenons et où nous avons des souvenirs, des choses qui sont là. Moi, je vais faire des objets totémiques, qui ne pourront pas être enlevés, des endroits où s'asseoir, où manger, où discuter à deux ou, au contraire, pour être seul, qui seront mis dans des jardins. Et puis, peut-être à un moment, nous n'allons plus les aimer, mais comme ils sont très lourds, nous ne pourrons pas les enlever et nos enfants vont, eux, grandir avec et vont les aimer. C'est comme cela que ces pièces vont rester. Elles vont raconter et vont porter de l'histoire. Plus nous bougeons, plus nous avons besoin d'ancrage. J'ai, donc, écrit ce texte du "Mobilier Immobile" et j'ai été pris à la Villa Médicis. »À lire aussiLa peinture murale à Notre-Dame de Paris avec Marie Parant-AndaloroLorsqu'il est retenu pour la commande du mobilier liturgique pour Notre-Dame de Paris, Guillaume Bardet se retrouve face à un projet monumental. Il est également confronté aux défis et responsabilités liées à la fonctionnalité de ces pièces et leur interaction avec l'espace sacré : « C'était un appel à candidatures pour les cinq éléments principaux du mobilier liturgique, dans l'ordre d'entrée : le baptistère, l'autel qui est dans l'alignement du baptistère, dans l'axe, et puis à droite de l'autel, l'ambon, qui est l'endroit où on lit les textes, à gauche de l'autel, il y a la cathèdre et les fauteuils associés. La cathèdre, c'est le fauteuil de l'archevêque, mais surtout, si la cathèdre est enlevée de la cathédrale, la cathédrale redevient une église. C'est la cathèdre qui fait la cathédrale. Quand l'évêque – mais à Paris, c'est l'archevêque – est assis dessus, c'est directement la présence du Christ dans l'Église. C'est quelque chose de fort. Et puis, tout au fond, il y avait le tabernacle, qui pour moi était très mystérieux comme pièce.L'acte de candidature, c'est écrire un texte et puis, donner son book au début, c'est cela. Moi, j'écris un texte qui raconte pourquoi j'y vais, pourquoi je me sens naturellement légitime d'y aller. J'ai envie d'y participer. Ce qui aurait été le plus dur, c'est de répondre pour gagner, mais d'avoir une réponse qui ne me convienne pas. Si j'avais gagné avec une réponse qui ne me convenait pas, j'aurais eu ce truc-là en me disant "ce n'est pas moi jusqu'à la fin de ma ...
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    9 mins
  • La peinture murale à Notre-Dame de Paris avec Marie Parant-Andaloro
    Jan 4 2025
    100% création vous propose, cinq ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris, de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur ce chantier emblématique. Aujourd’hui, Marie Parant-Andaloro nous raconte son métier : restauratrice de peinture murale. Sur le chantier de Notre-Dame, elle est la mandataire d’un regroupement de quinze restaurateurs en charge de la restauration des peintures murales de trois chapelles. « Dans mon parcours professionnel, c'est un chantier extraordinaire à tous points de vue. Cela m'a pris deux ans et demi pratiquement à temps plein », détaille Marie Parant-Andaloro, restauratrice de peintures murales. « Beaucoup d’investissement, surtout avec beaucoup de chapelles à faire et une grande équipe à gérer. Moi, j'étais très heureuse pendant deux ans et demi, c'était un grand plaisir », ajoute Marie Parant-Andaloro.La restauratrice de peintures murales est une experte aguerrie dans le domaine de la conservation du patrimoine. Originaire de Toulouse, elle a suivi des études aux Beaux-Arts avant de se spécialiser dans la restauration. Elle commence sa carrière dans la peinture de chevalet avant de s’orienter dans la restauration de peintures murales. Depuis plus de 20 ans, Marie Parant-Andaloro travaille principalement dans des églises et d'autres sites historiques. Son parcours atypique mêle art et technique.Pour la restauration des peintures murales de Notre-Dame de Paris, Marie Parant-Andaloro et son équipe ont participé au chantier test. « Nous avons été sur place pendant six mois et nous avons testé tous les protocoles élaborés par le laboratoire de recherche des monuments historiques. Nous avons testé la co-activité, c'est-à-dire que nous avons travaillé en même temps que les restaurateurs de parement, les restaurateurs de sculptures et les restaurateurs de vitraux. Il fallait savoir si la co-activité était possible, connaitre l'incidence du protocole plomb sur notre temps de travail et suite à ces chapelles tests, l'établissement public a élaboré les appels d'offres avec un timing bien précis. Tout le calendrier était fait en amont et justement sur ce calendrier, nous voyions la co-activité que nous pouvions faire ou pas. »« À la suite de ces chapelles tests donc, l’établissement public a élaboré un appel d'offres. Mon groupement a répondu à l'appel d'offres et sur trois lots, nous en avons eu deux. J'ai mobilisé quatorze restauratrices de peinture murale et un doreur pour pouvoir remplir le challenge du planning. Nous étions quatorze pendant un an et nous avons été six ou sept l'année d'après. Au plus haut du travail, je dirais entre 20 et 25. Nous étions nombreux parce que nous avions deux lots, donc nous faisions trois chapelles en parallèle. C'est à peu près quatre par chapelle, entre douze et quinze. Après, cela dépendait un peu des plannings de chacune de mes collaboratrices, puisqu'il y a des gens qui ont d'autres chantiers, qui ont d'autres choses à faire en atelier. Cela dépendait un petit peu du planning des unes et des autres. »Les défis ont été nombreux et la nécessité de se remettre continuellement en question pour maintenir la qualité du travail a été importante pour Marie Parant-Andaloro afin de redonner vie aux peintures murales oubliées. Le plus grand enjeu, respecter la cohérence des restaurations. « Pour la peinture murale, nous travaillons sur des échafaudages. Sur place, nous avons été très gâtés parce que nous avions des échafaudages avec des escaliers à tous les étages, sauf une trappe pour aller sur la voûte, mais c'est normal. Nous avions de l'eau à tous les étages, c’est un grand plus parce que les corvées d'eau étaient beaucoup plus faciles, nous n’avions pas à monter, descendre les seaux, aller chercher l'eau... Pareil pour l'électricité, un étage sur deux. Il y avait beaucoup moins de pénibilité par rapport à d'autres chantiers. »« Le challenge, vraiment, c'était le temps, de respecter les délais. Comme j'avais une équipe très soudée par moment, si vraiment, je sentais que nous étions un petit peu en retard et pas assez nombreux sur le chantier, je sollicitais mes collègues qui étaient extrêmement réactives. Il ne faut jamais oublier que c'est un mur et qu'il faut que le résultat soit le même, que nous soyons en bas, au milieu ou en haut du mur. C'est le challenge le plus important pour la peinture murale. Ne jamais oublier l'édifice, ne jamais oublier, par exemple pour Notre-Dame, que s'il y a un mur peint de là où nous travaillons, en face, il y a une voûte qui est peinte aussi. Il ne faut jamais oublier l'ensemble. »Chaque projet de restauration présente des défis et apporte aussi des bonheurs. « La première, une très belle surprise, c'est l'homogénéité de l'ensemble, c'est-à-dire quels que soient les lots, le rendu est exactement pareil. C'était le ...
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  • Bertrand Cattiaux, facteur d'orgue et sculpteur de sons à Notre-Dame de Paris
    Dec 28 2024
    100% Création vous propose une série spéciale, en neuf épisodes, « Les rebâtisseurs de Notre-Dame ». Cinq ans après l'incendie de la cathédrale, nous partons à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur cette rénovation de ce chantier. Aujourd’hui, le métier de facteur d’orgue avec Bertrand Cattiaux. Les facteurs d’orgues imaginent, conçoivent, construisent, entretiennent, accordent, réparent et restaurent les orgues. Un univers souvent méconnu, alors qu’en France, il y a près de 10 000 instruments dont plus de 1 500 orgues protégés au titre des monuments historiques. Comme celui de Notre-Dame de Paris, sauvé des flammes. Explications de Bertrand Cattiaux, facteur d’orgue. « Le facteur d'orgues est à la fois un créateur et un restaurateur, donc ce sont deux branches de métiers un peu différentes. Cela touche la création ou la restauration d'orgues à tuyaux qui se trouvent principalement dans les églises, surtout en France ». Il décrit les différentes facettes de son métier : « Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance de restaurer des instruments de différentes époques en partant du XVIᵉ siècle jusqu'au XXᵉ siècle. Et j'ai aussi fait de la création d'orgues, entièrement neufs, en partant d'une feuille blanche. Ce sont deux approches totalement différentes. Le restaurateur, par essence, doit se retirer devant l'œuvre, alors que le créateur doit se mettre en avant ».Né à Étampes, près de Paris, Bertrand Cattiaux découvre sa passion pour la musique très jeune. Fasciné par l’orgue de l’église de son enfance, il apprend à en jouer, puis il commence son apprentissage à 17 ans, avec une première rencontre avec Notre-Dame de Paris. « Le jour où je suis arrivé, j'étais émerveillé de voir ce monument. C'est un immeuble de trois étages rempli de coursives, de tuyaux, de mécanismes diverses, etc. Donc, oui, c'est un instrument très impressionnant, mais très bien agencé, où tous les recoins de l'orgue sont accessibles sans trop de difficulté, ce qui n'est pas souvent le cas d'ailleurs. Et puis c'est Notre-Dame, il y a la majesté du lieu. Oui, c'était merveilleux et cela l'est resté. Donc, vous comprenez que Notre-Dame fait partie de mon parcours depuis 50 ans. Depuis 50 ans, je vais régulièrement à Notre-Dame », raconte-t-il. Après avoir été pendant 20 ans l’associé de son maître d’apprentissage, en 1998, il fondel'Atelier Bertrand Cattiaux en Corrèze, où il conçoit et restaure de nombreux instruments et gagne une renommée internationale. Il a été honoré de titres prestigieux, comme celui de Maître d’art et Chevalier des Arts et des Lettres. De l’orgue de l'église de son enfance aux chantiers de restauration d'orgues prestigieux, tels que ceux de la basilique Saint-Denis, et de Notre-Dame de Paris, sa carrière le renvoie toujours à l’harmonie entre le son et l'architecture. « J'ai aimé toute mon existence d'apprenti, et j'ai été apprenti pendant plus de quinze ans, donc je n'ai pas eu de plaisir plus intense à faire des sommiers, une des pièces compliquées de bois, que de faire des réservoirs, des tuyaux ou une mécanique. Mais aujourd'hui, je travaille plus le son, qui est la finalité. Je prends plaisir à pouvoir travailler un tuyau et lui donner la couleur sonore que l'on veut. Il y a une belle expression qui est sculpteur sur vent et effectivement, nous partons d'un tuyau qui est une pièce technique, à laquelle nous pouvons faire dire ce que nous voulons en fonction de paramètres déjà choisis. C'est très enthousiasmant ! Il faut avoir pris conscience et connaissance de l'acoustique du lieu pour pouvoir créer le son. Pour faire un orgue de style français, XVIIᵉ ou XVIIIᵉ ou XIXᵉ. Mais pour pouvoir dominer toutes ces différentes technicités de chaque époque, il faut les avoir pratiquées », explique le facteur d'orgues. Traquant les secrets de la facture d'orgues, Bertrand Cattiaux manie bois et métal avec habileté. Il partage, avec l’orgue de Notre-Dame de Paris, une histoire toute singulière. Un orgue exceptionnel par sa taille et sa musicalité ainsi que sa valeur historique. Bertrand Cattiaux a suivi les évolutions successives de l’orgue de Notre-Dame de Paris. Il est l'un des principaux restaurateurs et un lien sans faille l’unit à la cathédrale. « L'orgue de Notre-Dame a toujours évolué au fil des siècles. Il a été créé au début du XVIIIᵉ, et il a évolué au cours du XVIIIᵉ et puis au XIXᵉ. La grande restauration du temps de Viollet-le-Duc, par le facteur Aristide Cavaillé-Coll de 1868. Et puis l'orgue a encore un peu évolué, et en 1960, l'orgue n'est plus mécanique, il est électrifié, ce qui est une révolution. L'électrique, c'est bien, mais cela a un temps de vie limité. Dans les années 1980, nous maintenions l'orgue à bout de bras parce que tous les éléments ...
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  • Régis Mathieu, un maître artisan lustrier à Notre-Dame de Paris [4/9]
    Dec 21 2024
    Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame de Paris, 100 % création vous propose de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur ce chantier emblématique. Régis Mathieu, lustrier, est en charge de la rénovation des lustres de Notre-Dame de Paris. Maître artisan, sa vision artistique et sa quête d’excellence lui ont permis de collaborer avec de prestigieux monuments historiques, comme celui de Notre-Dame de Paris.  Le mot lustrier, quand je le dis pour la première fois, les gens me regardent bizarrement en disant c’est quoi ce métier, alors que tout le monde sait ce que c’est un lustre ! Régis Mathieu, lustrier  Je laisse cours à mon côté artistique qui est très développé chez moi. C’est très facile pour moi de créer des luminaires. C’est plus difficile de savoir lequel je vais vraiment créer ou lequel je vais garder en dessin ou dans ma tête. Je crée comme cela un pendant à ma collection de lustres qui m’est personnelle dans le choix et dans l’œil, si vous voulez, mais qui raconte aussi une histoire.Régis Mathieu est originaire de Marseille, sa famille est dans les luminaires, haut de gamme, contemporains. Il suit des études en école de commerce et en même temps son apprentissage du métier dès l’âge de 20 ans. Après le décès de son père, sa mère reprend l’entreprise. À la fin de ses études de commerce, c’est à son tour. Il repositionne alors l’entreprise pour que le lustre soit un objet de luxe, à la croisée de l’artisanat et de l’esthétique contemporaine.  « Cela m’a bien pris 10 ans pour que je me sente compétent. Après, j’acquiers ce savoir-faire par la restauration et par la passion. Une passion effrénée. J’achète des modèles, toute la biographie sur ce sujet, rencontrer des gens aussi passionnés que moi et devenir très vite le spécialiste des lustres. C’est arrivé vite parce que je n’avais pas de concurrence. Il n’y avait personne qui était spécialiste des lustres. C’est assez confortable pour moi. C’est-à-dire que même si je ne sais pas grand-chose sur mon sujet, j’en sais toujours plus que les personnes que j’ai en face de moi, donc, je peux leur apporter quelque chose. Pour ne pas être passéiste - à 25 ans, c’est sympa de faire "des métiers de vieux" poussiéreux et d’enlever les toiles d’araignées sur les lustres -, mais il faut que je sois un peu de mon temps, il faut que j’expose dans des foires, que je passe dans des journaux de mon temps. Je décide de créer des luminaires contemporains. C’est assez prétentieux parce que ce sont les mêmes mains qui rééditent les lustres des maîtres qui vont créer des luminaires contemporains. J’ai la prétention de me dire : "Qu’est-ce que nous allons restaurer demain quand nous parlerons d’aujourd’hui ?" Moi, je restaure des lustres de 1750, mais c’est quoi le lustre de 2000 par exemple ? Et je me dis, puisque je ne trouve pas, puisque je ne vois pas ce que c’est, je vais le créer. Je me sers, donc, des savoir-faire, des matériaux nobles et des savoir-faire historiques pour créer des formes d’aujourd’hui. » Un engagement pour la sauvegarde du patrimoineL’engagement de Régis Mathieu est profond pour la sauvegarde du patrimoine, avec des projets publics comme celui de Notre-Dame de Paris. « Nous sommes allés chercher les lustres. Nous les avons dépollués parce qu’ils étaient pleins de plomb, parce que le plafond avait fondu évidemment à l’intérieur. Un travail de dépollution avec des normes que je ne connaissais pas. Pour la petite anecdote, ma fille, Inès, est rentrée avec nous dans l’entreprise, et répondre à l’appel d’offres de Notre-Dame, cela a été son baptême du feu, elle l’a eu, c’est un signe qu’il faut qu’elle continue ! Je n’avais jamais fait de dépoussiérage de plomb aussi lourd que celui de Notre-Dame, où il fallait être en scaphandrier avec l’air qui était traité et faire un travail afin de pouvoir emmener les lustres en atelier, etc. Eh bien, c'est Inès, ma fille, qui s’en est chargée. Elle m’a dit : "C’était un beau souvenir". Je suis content qu’elle m’ait dit cela parce que c’était physique. »« Après, nous avons emmené les lustres à la lustrerie, avec un état des lieux, analyses, radiographies, pour savoir si c’était doré, pas doré, comment était la composition des vernis. Nous avons fait des sondages. Tout le travail classique de tous les restaurateurs. Nous arrivons à l’analyse que les lustres étaient vernis avec un gomme-laque plus jaune de chrome qui fait que cela fait une couleur très spécifique de jaune. Viollet-le-Duc a voulu des étoiles dans le ciel, les lustres ont, donc, une couleur d’étoile plus qu’une couleur d’or. Une fois que nous avons fait cela, la restauration des pièces a commencé. »C'est Notre-Dame qui choisit ...
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    9 mins
  • Ionna Vautrin, la designer choisie pour les chaises de Notre-Dame de Paris [3/9]
    Dec 14 2024
    Cinq ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris, 100 % création vous propose de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur ce chantier emblématique. Aujourd’hui, Ionna Vautrin, designer industrielle et artiste choisie pour les chaises de Notre-Dame de Paris. Ionna Vautrin ne se contente pas de créer des objets ; elle forge des histoires, construit des ponts entre le passé et le futur et initie un dialogue profond entre l'art et la fonctionnalité. « Moi, j'aime bien mélanger le côté sculptural des objets à leur réalisation technique, qu’ils puissent être conçus pour une fabrication en série. C'est vraiment quelque chose d'important. Tous les objets que je dessine ont un petit air de famille. Ils sont tous un peu cousins et en cela, j'ai une signature qui commence à se dévoiler au fur et à mesure des années », explique Ionna Vautrin, designer industrielle en charge du mobilier d’assises de Notre-Dame de Paris. Et d'ajouter : « Je dirais que ce que révèle un peu cette chaise, c'est le travail d'ébéniste. Une chaise, c'est à la fois une structure, mais c'est aussi une sculpture, dans le sens où c'est un objet qui raconte des choses, qui parle et qui est un vrai travail ouvragé. Cette arche qui se dessine à l'arrière de la chaise, nous sentons et voyons le travail ouvragé qui est un élément qui parle du travail d'ébéniste ».Ionna Vautrin est née en Bretagne, elle a obtenu son diplôme à l'École de design de Nantes Atlantique. Son parcours l’a amenée à travailler dans plusieurs pays, notamment en Espagne et en Italie, avant de s’établir en France. Elle a, aussi, acquis une renommée nationale et internationale grâce à des œuvres emblématiques comme la lampe Binic et le mobilier conçu pour la SNCF. Sa dernière commande marquante concerne le design de chaises pour la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Une aventure qui met en avant son expertise technique et son sens de l’esthétique. « Dans le cadre de Notre-Dame, le cahier des charges était assez contraint. Évidemment, la chaise devait être empilable, elle devait s'attacher les unes aux autres pour créer des rangées bien rectilignes. Elle doit aussi passer des tests de certification Afnor qui va justifier sa solidité, sa pérennité, etc. C'est des tests assez violents. Pendant des heures, une force très importante va être appliqué sur l'assise pour voir si la chaise ne cède pas. Il y avait aussi des contraintes liées au bâtiment, à la sécurité, à l'usage. Il faut savoir que toutes les semaines, environ la moitié des chaises de la nef est retiré pour les remettre en fin de semaine pour les cérémonies, ce qui fait qu'elles vont avoir une vie très cadencée, donc une usure potentiellement accélérée. Tout cela, il fallait vraiment y penser, dans la conception de la chaise. »Pour Ionna Vautrin, chaque création raconte une histoire. Sa recherche d’un dialogue entre ses créations et les architectures existantes est centrale, comme en témoigne le mobilier d’assises imaginé pour convenir à la cathédrale. « J'ai voulu jouer sur cette architecture d'inspiration gothique, c'est-à-dire beaucoup d'enchaînements, d'arches, de pilastres, de colonnes, de colonnettes. Il y a un jeu de transparence aussi dans cette chaise. Je l'ai imaginée comme une chaise à barreaux. D'abord, cela permet d'avoir un meilleur soutien lombaire et au-delà de parler de ce rythme architectural de la cathédrale. Et puis, la lumière qui peut taper dans ces barreaux peut rappeler les proportions des vitraux de Viollet-le-Duc. Par ailleurs, à l'arrière de cette chaise, il y a une arche qui se dessine. La chaise, évidemment, nous pouvons la prendre indépendamment, mais en vrai, c'est un projet plus global. C'est presque une micro architecture puisqu’elle ne sera jamais seule, cette chaise, elle sera toujours disposée en presque en marée de chaises. Il y a cette arche qui se dessine à l'arrière de la chaise qui vient une fois de plus rappeler les arches de la cathédrale. Et enfin, son dossier qui est légèrement abaissé est réalisé sur un plan droit pour créer un horizon très bas en termes de visualisation dans la nef, ce qui vient un peu lui donner un statut d'humilité et cela vient souligner la verticalité incroyable de la cathédrale. »Le choix de matériaux locaux et durables, comme le chêne français pour les chaises de Notre-Dame, montre l’engagement de Ionna Vautrin en faveur d'un design respectueux de l'environnement. « Moi, naturellement, je me suis orienté vers le bois, les chaises sont fabriquées en chêne massif. C'est du chêne français exploité de manière responsable, labellisé PEFC, un label spécifique à l'usage du bois. La chaise est aussi fabriquée dans les Landes par un fabricant qui s'appelle Bosc, elle est quasiment 100 % landaise. Dans cette entreprise, ils sont chaisiers de père en ...
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    8 mins
  • Alexandre Gougeon, un campaniste au service de Notre-Dame de Paris [2/9]
    Dec 7 2024
    100% création vous propose une série spéciale en neuf épisodes, Les rebâtisseurs de Notre-Dame. Cinq ans après l'incendie de la cathédrale, nous vous proposons de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur cette rénovation et ce chantier emblématique. Aujourd’hui, nous vous faisons découvrir les secrets du métier de campaniste avec Alexandre Gougeon. En France, plus de 6 000 cloches sont classées ou inscrites au titre des Monuments historiques. Les campanistes les installent et veillent à leurs fonctionnement, entretien et maintenance. Campaniste, si je résume très sommairement et caricature le métier : nous faisons sonner les cloches et tourner les aiguilles.Alexandre Gougeon, dirigeant de l’entreprise campanaire Gougeon « C’est la prise de la cloche, neuve ou non, du sol, nous la montons, la hissons dans le clocher. Nous nous occupons de toute la partie mécanique, c'est-à-dire de la construction, de l'assemblage ou de la restauration de la structure en bois, appelée le beffroi, qui porte la cloche. Nous nous occupons de cette partie mécanique, de poser la cloche dans cette structure, de l'assembler, de la mettre correctement de niveau, etc. pour que la cloche sonne correctement et en toute sécurité. Nous gérons aussi toute la partie automatisation. Il y a en général deux moteurs par cloche, un moteur qui va balancer la cloche et un moteur qui va la frapper à l'arrêt. Un marteau de tintement qui va faire sonner notamment les heures, là où on peut dénombrer les coups, les glas. Ensuite, toute cette partie automatisation, les câbles, la partie sécurité électrique et la partie de commande, c'est-à-dire un petit ordinateur que nous mettons, en général, dans la sacristie de l'église, qui va commander toute l'installation, les sonneries automatiques, les sonneries manuelles pour les déclenchements lors des cérémonies, sonner les heures, piloter le cadran extérieur, les horloges. Nous nous occupons de cela aussi de la restauration, de la pose. »Alexandre Gougeon est ledirigeant de l’entreprise familiale Gougeon, spécialisée dans le métier peu connu de campaniste. Né à Tours, il a suivi une formation d'ingénieur en chimie et a cumulé un double diplôme à l'École polytechnique de São Paulo, au Brésil. À la fin de ses études, après l’obtention de ses diplômes en 2008, sa passion pour le patrimoine sonore et son désir de travailler dans l'entreprise familiale l'ont conduit à devenir un expert dans l'installation, la restauration et l'automatisation des cloches. Alexandre Gougeon, campaniste un métier peu connu, nous raconte sa rencontre avec Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie, les huit cloches de la tour nord de Notre Dame de Paris. « Le beffroi de la tour nord a été abîmé par l'incendie dans l'angle sud-est. Les flammes ont commencé à attaquer le beffroi, la partie en bois et pour sa restauration, il fallait déposer les cloches. Nous avons donc descendu, en juillet 2023, les huit cloches ce qui a pris 15 jours pour réaliser cette opération. D'abord, nous avons descendu les cloches de leur emplacement jusqu'au plancher de la salle des cloches. Une fois descendues à cet endroit-là, nous avons enlevé le joug, la partie en bois qui permet de les suspendre. Nous les avons descendus par le jeu de trappes. Les quatre trappes successives dans les planchers et dans les voûtes en pierre pour les amener au sol. Nous avons des grues à Notre-Dame dans le chantier, mais il n'y a pas de possibilité de les sortir parce qu'il y a la maçonnerie que nous ne pouvons pas ouvrir. Tout se fait de l'intérieur, comme au Moyen Âge, lorsque les premières cloches ont été montées là-haut. » À lire aussiLes cloches de Notre-Dame de ParisDéposer et reposer les cloches de Notre-Dame ne s’est pas fait sans risques, notamment celui des poids et de la hauteur qui étaient en jeu.« Déjà, nous sommes à Notre-Dame, à 50 mètres de hauteur, avec des poids qui sont très importants, jusqu'à 4,2 tonnes pour la grosse cloche. Un premier enjeu. Il faut faire très attention. En plus, il y a une difficulté technique : l'enchaînement des trappes. Il y a quatre trappes à passer, mais elles ne sont pas alignées. Il faut jouer avec des poulies et des tendeurs sur les câbles du treuil qui va de haut en bas pour pouvoir passer les trappes successivement. Sachant que pour Gabriel, la plus grosse cloche de la tour nord, nous avions à peine 5 cm de jeu de chaque côté pour passer. Il faut être très précis sur des poids importants avec des enjeux, je ne dirais pas colossaux, mais des enjeux importants, et sur la cloche et sur la maçonnerie, parce qu'il ne faut pas les abîmer. »Avec une petite équipe de neuf personnes, Alexandre Gougeon gère des projets variés, mais le chantier de Notre-Dame a nécessité une coordination ...
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    9 mins
  • Sécuriser Notre-Dame de Paris: les défis et les secrets du métier d’échafaudeur [1/9]
    Nov 30 2024
    100% création vous propose une série spéciale, en 9 épisodes, « Les rebâtisseurs de Notre-Dame ». Cinq ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris, nous vous proposons de partir à la rencontre des compagnons, artisans d’art ou designers qui ont travaillé sur cette rénovation et sur ce chantier emblématique. Pour ce premier épisode, nous vous faisons découvrir les secrets du métier d’échafaudeur avec Didier Cuiset, directeur d’Europe Échafaudage et Mehdi Porcq, conducteur de travaux de la même société. À Notre-Dame, les échafaudeurs ont monté et démonté des centaines de tonnes d'échafaudages nécessaires à sa reconstruction. Quand nous avons vu tout ce qui s'est écroulé, au niveau des voûtes et même des murs qui partaient et que nous voyions notre échafaudage encore debout, cela a été une grande satisfaction.Mehdi Porcq, conducteur de travaux  Europe Échafaudage  Certaines personnes comme des ingénieurs ou autres disaient que si cet échafaudage-là était tombé, la cathédrale aussi ! Quelque part, tout cet échafaudage remplaçait le poids de la couverture de la charpente et tenait le tout. Donc, l'échafaudage là serait tombé, les murs, tout serait parti avec.Didier Cuiset, directeur d’Europe Échafaudage.  Né à Metz, en Moselle, dans l’est de la France, Didier Cuiset, a gravi les échelons pendant 40 ans. D’aide-monteur à directeur, aujourd’hui, d’Europe Échafaudage, son parcours illustre l'évolution professionnelle à travers des savoir-faire spécifiques. L'importance du courage, de l'aptitude physique et d'un certain goût pour l'assemblage sont des éléments de sa réussite.L'échafaudeur, un métier souvent méconnu et sous-estimé, se révèle être un pilier de la reconstruction du chantier de Notre-Dame de Paris. À la tête d'une équipe d’une quarantaine d'experts en échafaudage, Didier Cuiset raconte les défis, les découvertes et l'importance humaine qui ont marqué cette incroyable aventure. « Moi, je suis arrivé le soir de l'incendie. Le lendemain matin, nous rentrions à l'intérieur de la cathédrale avec l'architecte en chef, Mr. Villeneuve, les pompiers, afin d'examiner tout de suite ce qui se passait. Moi, j’avais en tête d'aller vers l'échafaudage pour essayer de constater et de voir ce qui se passait. Pour vous dire l'urgence, nous avons dû fretter [consolider] le mur du pignon nord la nuit, puis nous avons recommencé la nuit suivante. Il fallait urgemment tenir ce pignon-là pour ne pas qu'il tombe. J'ai dû aller me coucher au bout de 64 heures. »« Il y avait l'histoire de l'échafaudage incendié et j’ai réagi sous l'adrénaline. Je ne sais pas. J'ai demandé à mes gars qui voulait me suivre là-haut pour aller renforcer les pieds de l’échafaudage pour qu’il ne s'écroule pas. Personne n’a posé de question. Ils ont tous suivi. Nous avons renforcé tout cet échafaudage pour qu’il ne tombe pas. Ensuite, nous avons mis des capteurs pour le surveiller. Il faut quand même se rendre compte que l'incendie a touché du bois. Il n’a fait aucun mort, aucun blessé, donc, ce n'était pas le moment d'aller faire un blessé chez nous ou chez les autres ou qu'il se passe quelque chose après. »Pour Didier Cuiset, l’échafaudage est un art technique et éphémère. Un échafaudage bien conçu est un véritable mécano qui, avec soin, habille les monuments sans les défigurer.  « Un échafaudage, ce n'est pas un tas de ferraille. Peu importe le monument que vous faites, il faut aussi lui donner de l'allure, du style et de la classe. Ne pas hésiter des fois à faire ajouter des poteaux pour justement qu'il ait sa belle forme. C’est comme Notre-Dame, j'ai toujours dit, l’échafaudage autour de la flèche, nous n’avons plus qu'à lui mettre du filet et puis nous aurons fait le voile de la mariée. Il faut que cela s'équipe, mais il faut que ce soit beau à l'œil aussi. Nous sommes là pour embellir. Rendez-vous compte, les touristes, et tous les citoyens vont déjà être privés de ce monument-là pendant un moment donné. Si en plus, nous leur faisons un tas de ferraille comme cela devant ! Non, il faut que ce soit utile et beau. »Pour Mehdi Porcq, conducteur de travaux, le premier défi à relever a été celui de démonter l’échafaudage brûlé. Un processus délicat avec la rigueur de protocoles précis, mené en collaboration avec tous les acteurs présents sur le chantier, des pompiers aux architectes. L’urgence les a unis avec un objectif commun : préserver Notre-Dame et lui redonner vie. Mehdi Porcq :  « J'étais encore chef de chantier à l'époque, je me suis surtout occupé du démontage de l’échafaudage incendié, avec trois nacelles qui étaient disposées autour de la cathédrale, des nacelles de 90 mètres avec un bras articulé qui nous permettait d'aller dans le cœur de l'échafaudage incendié. À partir de là, nous ...
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  • Olivier Lapidus: l’innovation et l'artisanat au service du luxe
    Nov 23 2024
    Le parcours d’Olivier Lapidus est marqué par une recherche constante d’innovation. La lumière est un élément fondamental dans son travail, influençant ainsi tant sa production textile que ses pièces de design. Ses créations allient technologie et esthétique, tout en étant guidées par des valeurs écologiques. Olivier Lapidus cherche à fusionner art, luxe et éco-responsabilité. Pour la seconde édition du Salon professionnel de l’hôtellerie de luxe « Les places d’or », Olivier Lapidus présente un espace éphémère. Inédit et immersif, ce lieu est imaginé́ pour incarner l’essence du luxe contemporain, alliant design, innovation technologique et engagement écologique.Le design, pour moi, c’est la vie qui va avec la mode. C’est assez naturel.Olivier Lapidus, designerLa création, c’est une paresse intellectuelle. Je suis paresseux. Je n’ai vu de ma vie, enfant, que des créateurs, mon père Ted Lapidus. Je revis ces années de formation qui, pour moi, ont été uniquement des années d’observation, observation de parents absolument incroyables et observation de toute cette époque qui, pour moi, est un paradis perdu.Olivier Lapidus, designer et héritier d’une tradition familiale dans le domaine de la mode, a fait des allers-retours professionnels entre le textile et le design. Né à Neuilly-sur-Seine, il a fait des études littéraires, puis suivi une formation à la Chambre syndicale de la couture. Après son diplôme, sa première collaboration avec Pierre Balmain le conduit pendant quatre ans au Japon. À son retour en France, il intègre la maison de couture familiale, Lapidus. En 2000, il part en Chine. Après son retour à Paris, contraint par la crise sanitaire du Covid, il se tourne vers le design d’intérieur. Son travail s’articule autour de l’innovation technologique et du design durable, intégrant des matériaux écologiques. L’écologie est donc au cœur de sa démarche créative, cherchant à allier esthétisme et responsabilité. Son inspiration vient en partie de l’insouciance de son enfance et de son attirance pour la lumière.« Dans le process de création, j’ai un archétype très ancien qui vient des années 1960/70, quand j’avais dix ans et où mon œil s’est formé. Ce que je ressens de ces années de mon enfance, quelque part, c’est l’insouciance, c'est-à-dire “sky is the limit”, tout est possible. Et puis ces visions incroyables, quand vous croisez, John Lennon ou d’autres, vous prenez quelque chose. Les gens qui ont du talent vous en donnent, ne serait-ce que par leur présence. Il se passe quelque chose. Les ateliers, le fait d’aller dès l’âge de 2/3 ans couper des petits morceaux de tweed sous les tables des tailleurs qui étaient légion chez mon père. Et puis les défilés, ma maman défilait quand j’étais dans son ventre, donc, je pense que dans la profession, je dois être le plus jeune à assister à un défilé. Et puis après, je l’ai vue, elle posait d’ailleurs pour Dior pour des bijoux. J’ai vu des photos d’elle. Ce Paris-là reste pour moi une source d’inspiration inépuisable et en même temps des images, des flashs que j’ai et parfois que je retrouve au détour d’une robe, d’un meuble, d’un sac. »Olivier Lapidus a toujours intégré l’audace et la technologie dans ses créations. « L’axe que j’ai choisi a été l’innovation. Comment mettre autour d’une table un artisan, un chercheur et un financier ? Parce qu’il faut de l’argent pour payer la couture. Je déposais pratiquement un brevet par défilé. Avec les établissements Brochier, les textiles lumineux, des robes qui s’allument et qui aujourd’hui soignent la jaunisse du nourrisson en milieu hospitalier, m’avait appris ce mot merveilleux, la transversalité industrielle. C’est comment d'anciens métiers deviennent de nouveaux métiers. Par exemple, fibre de verre et fibre de carbone sont nés des métiers à tisser. Nous avons remplacé le fil de soie par un fil carbone de verre et c’est comme cela que sont nés les coques de Formule 1, par exemple. Cette transversalité, j’en ai joué pendant mes années couture, avec les téléphones intégrés dans les vêtements, les vêtements avec des panneaux solaires, des fibres écologiques à l’époque, je vous parle bien avant que cela ne devienne à la mode. Je me suis amusé pendant toutes ces années avec le CNRS, le Centre national de recherche scientifique, avec le CEA, le Commissariat à l’énergie atomique, avec d’autres laboratoires français et des artisans à créer cette mode, mais avec un angle qui était quand même un angle particulier puisque c’est le côté technologique qui ne plaisait pas forcément. Avant l’arrivée de l’iPhone, beaucoup pensaient que le luxe ne pouvait pas être technologique. »Pour Olivier Lapidus, l’écologie est au cœur de son métier en utilisant des matières recyclées et ...
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    10 mins