• Côte d'Ivoire: immersion dans l'école d'humour de Kôrô Abou, vivier des comédiens de demain
    Jan 12 2025

    En Côte d’Ivoire, l'humour a la cote. Les spectacles affichent complet, ce qui donne envie à de nombreux jeunes tentés par une carrière artistique à s'essayer à l'art comique. Certains peuvent bénéficier de conseils et même de cours d'artistes établis. C'est le cas à Abidjan, où le comédien Kôrô Abou, figure emblématique de la scène humoristique ivoirienne, s'est donné pour mission de transmettre son savoir-faire. Depuis une vingtaine d'années, son académie forme les talents de demain.

    Nous sommes sur le plateau de la série culte Cour Commune, diffusée depuis plus de dix ans sur la chaîne nationale ivoirienne. Ce programme met en lumière la vie dans une cour commune typique d'Abidjan, où cohabitent des personnages issus des différentes ethnies de Côte d'Ivoire : Bétés, Baoulés, Malinkés. Mais ce qui retient l'attention, c'est que les comédiens sont presque tous issus de l'académie Koro Abou.

    Parmi eux, Aka N'Dri, qui incarne avec brio un vieil homme bété. Un rôle qu'il doit à l'expertise et à l'exigence de son mentor : « C'est Kôrô Abou qui m'a appris à être dans ce personnage, à parler comme les Bétés. Au début, je n'aimais pas ce rôle, je trouvais ça difficile. Mais il m'a dit : "Lékilé, tu vas jouer ça et tu vas y arriver". »

    Dans cette académie, les enseignements théoriques laissent vite place à la pratique. Écriture comique, stand-up, improvisation... Tout est mis en œuvre pour faire éclore les talents. « Il disait toujours ''le travail d'abord'' », se souvient Karidja Traoré, une des élèves de l'académie. Elle explique le travail de fond du fondateur des lieux : « Il nous montrait comment se placer sur scène, comment bouger face à une caméra sans être stressé. Aujourd'hui, je monte sur scène sans peur, même devant des milliers de personnes. »

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    Des figures emblématiques de l'humour ivoirien issues de cette école

    Derrière ce projet ambitieux, il y a donc Dramé Abdrahmane, plus connu sous le nom de Kôrô Abou. Il encadre présentement une cinquantaine de jeunes. Du haut de ses 37 ans de carrière, il connaît les clés du succès : travail, discipline et passion.

    « Ceux qui sont intéressés par le domaine viennent s'inscrire. On fait du théâtre, de l'humour et de l'imitation. Mais tout dépend de ta volonté, de ta capacité à apprendre, et de l'amour pour cet art. Nous, on est là pour te coacher et faire de toi un produit que l'on peut vendre », confie-t-il.

    Après trois ans de formation, les élèves repartent diplômés, prêts à conquérir les scènes ivoiriennes et bien au-delà.

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    L'académie a vu naître des figures emblématiques de l'humour ivoirien, comme L'intellectuel Kaboré. Celui-ci assure : « Kôrô Abou m'a présenté à de nombreux réalisateurs et mécènes. Grâce à Dieu et à lui, je suis devenu ce que je suis aujourd'hui. C'est un grand homme de l'humour ivoirien. »

    Révélé dans les années 1990 grâce à l'émission Dimanche Passion, Kôrô Abou a su imposer son style. Aujourd'hui, il souhaite, à travers son académie, continuer à transformer la passion du rire de ces jeunes en une véritable vocation.

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  • Centrafrique: les feux de brousse font rage, favorisés par des actes nuisibles
    Jan 11 2025

    C'est la saison sèche en Centrafrique, où les feux de brousse se multiplient ces dernières semaines. Chaque jour, à Landja Mboko, des inconnus assimilés aux chasseurs et des groupes de bandits mettent le feu dans la brousse pour chercher des gibiers. Une action qui ravage l'environnement et nuit à la lutte contre la déforestation et le changement climatique. Alors qu'il est difficile de mettre la main sur les auteurs, les autorités développent des initiatives pour leur barrer la route.

    Des arbres calcinés, des produits alimentaires réduits en cendres ou encore des espaces noircis par le feu... Ce champ, situé à deux kilomètres du village de Landja Mboko, dans le sud-est de la Centrafrique, porte les marques du feu de brousse. Le feu n'a pas été maîtrisé à temps. En quelques minutes, il a dévasté une étendue d'environ 1 km². Armé de machettes, Bertrand Maléngao, un cultivateur, nous montre l'ampleur des dégâts :

    « Les feux de brousse sont utilisés par certains chasseurs inconnus pour capturer des gibiers. C'est de cette manière qu'il détruit chaque année plusieurs milliers d'hectares de forêts. On ne peut plus cultiver pendant la saison sèche parce qu'ils finiront toujours par tout brûler. Je comptais sur ces récoltes pour payer les scolarités de mes enfants. Malheureusement, il ne reste plus rien dans le champ. »

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    Les feux de brousse impactent la population locale

    Chaque année, dans cette localité, les feux de bourse ont un impact considérable sur la population. Plusieurs hectares de maïs, de manioc, de mil, de café ou encore de coton partent en fumée avant la récolte. Debout, l'air abattu devant sa maison partiellement détruite par le feu, Arsène, un éleveur, est très en colère :

    « Ils ont mis le feu partout et nos bétails n'ont plus rien à brouter. C'est pénible pour ces bêtes, parce que la saison sèche va encore durer deux mois. Je compte changer de localité en espérant trouver mieux ailleurs. Les flammes ont également consumé une partie de ma maison. J'ai presque tout perdu. »

    Même s'il est difficile d'identifier les auteurs de ces feux de brousse, le ministère des eaux et forêts, en partenariat avec les organisations de la société civile et les autorités locales, mettent en œuvre des séries d'actions préventives.

    « Il y a la perte économique pour ceux qui cultivent, qui produisent par les champs. Une fois qu'il y a ces incendies, ça peut détruire tous les micro-organismes qui sont dans le sol. Le sol est appauvri. Ainsi, il est plus difficile par exemple de trouver des gibiers. Face à ce phénomène, on peut sensibiliser. Il faudrait impliquer les communautés dans la sensibilisation de masse. Il faudrait qu'il y ait un encadrement et que la justice aussi fasse son travail. Peut-être même pour mettre ces auteurs en prison », explique Herson Ningatouloum, expert agronome.

    Selon les autorités locales, 39 cas de feux de brousse ont été enregistrés depuis le début du mois de novembre sur une superficie d'environ 300 hectares.

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  • Au Maroc, la percée des reconversions professionnelles
    Jan 10 2025

    Dans la société marocaine, la sécurité de l’emploi prime lors de l’orientation professionnelle. C’est le Graal des jeunes actifs, prêts à de nombreux sacrifices pour y parvenir. Pourtant, certains ne s’y retrouvent plus aujourd’hui et ont décidé de privilégier d’autres critères dans le choix de leur activité, quitte à changer totalement de carrière. La reconversion professionnelle fait son chemin au Maroc.

    De notre correspondant à Casablanca,

    Il avait des chiffres plein la tête, désormais ce sont des plans de maison, de meubles qui occupent ses pensées. Les mots sortent encore difficilement de sa bouche, Sofiane est décorateur d’intérieur : « J'ai 35 ans et je suis décorateur d'intérieur. C'est drôle de dire ça, confie Sofiane. Je pense que c'est la première fois que je dis ça. C'est la première fois que je me présente comme ça. »

    Il y a quelques mois, il a abandonné un emploi salarié bien payé et s’est lancé, à son compte, dans une activité qui n’avait rien à voir avec ses diplômes. « Je faisais de la comptabilité, j'ai une formation de comptable et de gestionnaire, témoigne-t-il. J'ai pratiqué durant sept ans. La vérité, c'était que ça devenait de plus en plus pénible de se lever, d'aller vers un travail ou un métier qui ne te définissait vraiment pas. En gros, je n'étais pas heureux dans ce que je faisais. »

    Ce matin-là, Sofiane est sur un chantier, dans un quartier huppé de Casablanca. « Quand mon client n'a pas trop envie de se casser la tête, il m'appelle et puis voilà, j'interviens. J'interviens à peu près dans tout ce qui est travaux dans la maison, dans tout ce qui est aménagement. On prend à cœur ce qu'on fait. Ça, c'est important. »

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    « Quand tu as du mal à te lever, quand tu te trouves des excuses pour ne pas faire un certain travail, c'est une sorte de dépression »

    Au Maroc, il fait figure d’ovni. Lâcher une bonne situation pour tenter une reconversion professionnelle, ce n’est pas encore entré dans les mœurs. « Mes proches ne sont pas au courant de mon changement de carrière. Une famille marocaine, jamais de la vie tu vas venir leur dire que tu as laissé tomber le salariat, affirme Sofiane. Ils ne vont jamais le comprendre. » Sa famille préfèrerait lui voir une vie stable : « Donc, un salaire, une maison à crédit, une femme, une bonne femme, des enfants et puis voilà, énumère-t-il. J'étais vraiment très très loin de tout ça. »

    Et dans sa vie de salarié, Sofiane avait fini par s’oublier. « Je suis passé par des moments assez difficiles et tu ne t'en rends pas compte sur le moment. Mais quand tu as du mal à te lever, quand tu te trouves des excuses pour ne pas faire un certain travail, c'est une sorte de dépression », juge-t-il.

    Sofiane a retrouvé le sourire, au contact de ses clients, de 7 à 77 ans. En quête de sens, il est plus épanoui désormais. Il a fondé une marque de meubles, Le Petit Colibri, et veut maintenant créer un showroom et son propre atelier. Ce sera alors le moment d’annoncer son changement de carrière à sa famille.

    Chaque mois, retrouvez les conseils aux jeunes diplômés dans 8 milliards de voisinsRecherche d'emploi: conseils aux jeunes diplômés

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  • À Bangui, les restaurants de fortune sont sources de maladies en raison de la saison sèche
    Jan 9 2025

    Installés au bord des avenues, routes et ruelles, petits restaurants et maquis se développent dans tous les quartiers de Bangui et proposent des recettes locales pour le bonheur des consommateurs. Sauf qu'avec la saison sèche, certaines routes de la capitale étant en latérite, le passage des véhicules, motocyclettes et piétons entraîne des poussières sur les produits alimentaires, ce qui peut provoquer de nombreuses maladies. Pour la plupart des clients, se détourner de ces restaurants est impossible, car les prix sont très abordables.

    De notre correspondant à Bangui,

    Dans une ruelle en latérite au cœur du quartier de Malimaka dans le cinquième arrondissement de Bangui, les restaurants de fortune poussent comme des champignons. Installé entre un caniveau et une décharge publique, le restaurant de Pélagie est exposé à tout type de danger. « Pour pratiquer ce commerce, il faut être forte, affirme Pélagie. J'ai installé ces vieux rideaux ainsi que ces morceaux de pagnes pour couvrir le maquis. Ici, je vends des feuilles de manioc, du poulet rôti, du poisson fumé et du gnetum. Je suis consciente que c'est un endroit insalubre, mais on fait avec pour l'instant. »

    Dans ce maquis, les consommateurs s'installent sur des bancs, les uns à côté des autres. « Je n'ai pas les moyens d'aller dans les restaurants chics, confie Juliano, qui vient de passer sa commande. Chaque jour, je mange dans ce maquis. Comme vous voyez, il y a de la boue d'un côté, des ordures de l'autre, sans oublier les chiens qui passent entre nos jambes. Les nourritures ne sont pas protégées malgré les poussières. Ce qui m'intéresse, c'est d'être rassasié. Le prix des plats varie entre 350 et 500 FCFA. »

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    Des conséquences graves pour la santé

    Si le prix de ces plats ne dépasse pas 1 euro, les conséquences sanitaires sont parfois dramatiques pour certains clients. « J'ai été hospitalisé pendant plusieurs semaines. La fièvre typhoïde a failli me tuer, témoigne Jonathan, tombé malade en 2023. Les véhicules qui passent soulèvent la poussière et dégagent des fumées toxiques. Même les assiettes utilisées pour servir les clients sont parfois mal nettoyées. Après ma guérison il y a deux ans, j'ai pris la résolution de ne plus manger dans les maquis malsains. »

    Jean-Christian Amédée Mandjeka, nutritionniste, confirme que le manque d'hygiène dans les restaurants publics peut être à l'origine d'une intoxication alimentaire : « Ces aliments-là peuvent être source de contamination pour le consommateur — la poussière qui se dépose sur les aliments quand ce n'est pas protégé, les personnes qui passent et qui toussent, la tuberculose, la transmission directe à travers la respiration, la salive, etc. Ces points noirs sont en fait des substances cancérigènes qui peuvent se poser dans les poumons, dans les voies respiratoires, etc., et ce sont des poisons pour les consommateurs lambda. »

    En attendant la mise en place de mesures sévères, la mairie de Bangui et le ministère centrafricain de la Santé continuent de sensibiliser les propriétaires de ces restaurants sur le respect des pratiques d'hygiène.

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  • RDC: quel est le bilan sécuritaire de Félix Thisesekdi dans le Nord-Kivu, un an après sa réélection?
    Jan 8 2025
    Il y a un an, le 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle confirmait l’élection de Félix Tshisekedi à la présidence de la République démocratique du Congo. À l'est du pays, à Goma, la capitale régionale, ils ont été nombreux à voter pour le président sortant en décembre 2023. En meeting, ce dernier avait promis le retour de la sécurité. La paix, les centaines de milliers de déplacés qui peuplent les camps à la sortie de Goma l’attendent encore. Certains sont même arrivés après la réélection du chef de l’État. De notre envoyée spéciale de retour de Goma, Pendant la campagne électorale, Félix Tshisekedi avait promis « qu’à la moindre escarmouche », il réunirait le Congrès pour attaquer le Rwanda - Kigali est en effet accusée d’avoir des soldats illégalement postés sur le sol congolais qui soutiennent la rébellion du M23, qui sévit dans l’est du pays depuis fin 2021. Un an après sa réélection, le président congolais n’a pas engagé de conflit ouvert avec son voisin, ses soldats alliés à des milices locales ont continué à perdre du terrain et la résolution de cette crise patine. Pourtant, les attentes sécuritaires restent nombreuses dans l’est du pays, notamment pour les centaines de milliers de déplacés qui peuplent les camps à la sortie de la ville. Norbert vient tout juste de réussir à se faire enregistrer sur les listes officielles du camp de déplacés. Sans ce précieux sésame, impossible de bénéficier de l’aide alimentaire. Ce père de famille est pourtant arrivé à Goma en mars dernier. « On s’est dirigé ici pour chercher où dormir sans problème, explique-t-il. Si la guerre se termine là-bas, vraiment, je ne peux pas souhaiter de rester ici. Et c’est ça notre prière. »Mais la paix semble encore loin. À la mi-décembre, les troupes progouvernementales ont encore perdu du terrain dans le territoire du Lubero. Placide Nzilamba, secrétaire de la société civile du Nord-Kivu, regrette que les promesses du chef de l’État n’aient pas été tenues. « Il faut dire que la situation a empiré parce que le M23, avec ses alliés, l’armée rwandaise, a continué à prendre des villages et des villages et donc, l’année qui suit pourrait être l’année d’un challenge, déplore-t-il. Il faut mouiller encore le maillot, il faut encore travailler davantage pour que la situation s’améliore et commencer à penser développement. Sinon, on se dira que ce sera un mandat perdu. »À lire aussiRDC: des combats intenses dans le territoire de Lubero entre l'armée et le M23« Le phénomène wazalendo reste une bombe à retardement »Pendant le premier mandat de Félix Tshisekedi, deux mesures sécuritaires phares avaient été promises. La première, celle de donner un statut légal aux wazalendo, des miliciens pro-gouvernementaux qui combattent la rébellion M23 alliée aux soldats rwandais. Si une loi sur la Réserve armée de la défense a bien été adoptée, la gestion des wazalendo reste opaque, estime Henry-Pacifique Mayala, coordinateur du Baromètre sécuritaire du Kivu. « Le phénomène wazalendo reste une bombe à retardement. C’est quoi le plan dans la pratique dont dispose le gouvernement quant à ce qui concerne la gestion des wazalendo ?, interroge-t-il. Personne ne peut le dire. Le nombre exact de wazalendo, leur chaîne de commandement, il n’y a personne qui sait répondre directement ou clairement à cette question. »La seconde mesure sécuritaire phare, c'est l’état de siège qui donne le pouvoir administratif aux militaires. Lui est toujours maintenu, contrairement aux recommandations des acteurs de la société civile. À écouter dans Afrique midiEst de la RDC: «Les nouveaux combats dans le Masisi ont entraîné plus de 100 000 déplacés»
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  • Jean-Marie Le Pen et l'Afrique, histoire d'une obsession migratoire
    Jan 7 2025

    Mardi 7 janvier, le fondateur du Front national, Jean-Marie-Le Pen, est mort à 96 ans. Celui qui aimait se faire appelait le Menhir aura mené une très longue carrière politique à l’extrême droite. Durant près de 70 ans, l'Afrique aura surtout été pour lui une obsession, celle d’une immigration qu'il honnissait. Retour sur les liens de Jean-Marie Le Pen avec le continent et ses dirigeants.

    L’histoire de Jean-Marie Le Pen avec le continent débute au mitant des années 1950. À peine élu député, il part à 27 ans combattre en Algérie contre l’indépendance du pays. Accusé de tortures, il niera plus tard ces accusations sans pour autant renier ce genre de pratiques : « Si des méthodes dures d'interrogatoire ont été employées, c'était une nécessité absolue, parce qu'il fallait trouver les bombes qui, je le rappelle, tuaient des gens et blessaient des gens et torturer des gens. »

    Son engagement en Algérie restera pour Jean-Marie Le Pen un marqueur. C’est d’ailleurs avec des partisans de l’Algérie française qu’il crée en 1972 le Front national. Le FN et Le Pen ont une obsession, l’immigration, notamment celle en provenance d’Afrique. Un sujet qu’ils parviennent à faire émerger dans le débat politique français. Pour ce faire, le tribun multiplie les provocations et les sorties racistes. Sorties qui lui valent de nombreuses condamnations. Comme en 1998 pour ses propos tenus deux ans plus tôt : « Je crois à l'inégalité des races. Oui, bien sûr, c'est évident. Toute l'histoire le démontre. Elles n'ont pas la même capacité ni le même niveau d'évolution historique », déclarait-il.

    Un fort rejet sur le continent

    Des déclarations et un positionnement qui suscitent un fort rejet de sa personne sur le continent. D’autant que Jean-Marie Le Pen n’a jamais caché son admiration pour la politique d’apartheid pratiqué en Afrique du Sud. Une parenthèse tout de même : en 1987, Jean-Marie Le Pen est reçu par le président gabonais Omar Bongo. Problème, il sera soupçonné d’avoir reçu, comme les autres dirigeants des grands partis politiques français, de l’argent de Libreville : « J'ai rendu visite d'ailleurs à Monsieur Bongo, mais j'ai rendu visite au roi du Maroc, à Monsieur Houphouët-Boigny, aux responsables du Congo-Kinshasa. J'ai rencontré le président Reagan. Aucun de ces personnages ne m'a jamais donné d'argent », affirmait Jean-Marie Le Pen.

    Au final, c’est seulement avec Jean-Bedel Bokassa que Jean-Marie Le Pen a entretenu un semblant de relation. L’empereur centrafricain déchu qu’il avait rencontré en France au début des années 1980. Les deux hommes avaient eu passé commun, la guerre d’Indochine au sein de l’armée française.

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  • Au Gabon, des taxis pour relancer l’emploi
    Jan 6 2025

    Des véhicules neufs offerts à de jeunes Gabonais pour lutter contre le chômage. Les militaires au pouvoir, la fonction publique désormais saturée ne peut pas embaucher. Taxi Gab+ a été lancé, il y a quelques semaines, pour initier les Gabonais à l’entrepreneuriat, mais aussi pour développer le secteur du transport à Libreville. Les 417 taxis sortis d'usine ont été distribués à des jeunes qui en deviendront propriétaires et gestionnaires à des conditions avantageuses au bout de 30 mois. L’initiative soutenue par le président Brice Clotaire Oligui enchante les bénéficiaires et les usagers.

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  • Madagascar: des cours de nutrition en milieu rural pour combattre la malnutrition infantile
    Jan 5 2025

    À Madagascar, sur les haute-terres centrales, aux abords des zones volcaniques, les fruits et légumes poussent à profusion. Pourtant, les voyants nutritionnels sont étonnamment rouges. Les chiffres de malnutrition chronique y sont même parmi les plus élevés de l’île : dans l’Itasy, un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre de retard de croissance par manque de diversification alimentaire. Un cours de cuisine est dispensé aux agricultrices de la région par une nutritionniste. Une manière ludique de montrer que l’on peut se nourrir bien, mieux, et surtout autrement qu’avec du riz. Et d’insuffler de nouvelles habitudes alimentaires.

    De notre correspondante à Madagascar,

    « Ok, tout le monde arrive à voir ? Le but de notre séance, aujourd’hui, va être de cuisiner une recette avec les denrées disponibles en ce moment au village. » Face à une trentaine de mères de famille d’Ambararatabe, Linah Raheriniaina, promotrice nutrition pour Action contre la faim (ACF) donne les consignes de l’activité culinaire du jour. « Je le rappelle, la propreté est capitale pour lutter contre la malnutrition, ok ? Donc, on se lave les mains avec du savon, mais aussi tous les ustensiles qu’on va utiliser ! »

    Au milieu du cercle formé par les mères trône le produit phare du jour : les patates douces à chair orange, introduites il y a deux ans dans le village, dans le but de combler certaines carences alimentaires. Toutes, ici ou presque, ont commencé à les cultiver sur leur parcelle, après avoir reçu gratuitement des semences. « D’après vous, qu’apportent les aliments de couleur jaune-orange ? » Tout en cuisinant, la promotrice questionne les participantes. « Bon, je récapitule : les patates à chair orange apportent des vitamines. Les cacahuètes contiennent l’huile qui donne de la force. Les haricots blancs peuvent remplacer la viande, car ils contiennent des protéines. Et rappelez-vous, hein : il faut qu’il y ait sept ingrédients diversifiés pour que ça fasse un repas nutritif pour un enfant. »

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    Cuisiner équilibré

    Accroupie devant une marmite, oignons à la main et couteau dans l’autre, Hanitra écoute attentivement. Elle aussi s’est mise à produire des patates douces, explique-t-elle. Seulement, ni elle ni aucun de ses trois enfants n’en mangent jamais. Sa situation est emblématique de celle des cultivateurs de la région. « Le riz que je récolte, c'est pour la famille. Mais tout ce que je cultive d’autre, maïs, patates douces, haricots blancs, je suis obligée de les vendre pour avoir de l’argent et payer les dépenses du quotidien comme l’écolage, l’église, le retournement des morts. Même si j’aimerais mieux en garder pour notre consommation. »

    Alors entre elles, les femmes s’encouragent à essayer de changer leurs habitudes, en fonction de leurs possibilités. Grâce à ces rendez-vous culinaires mensuels, les enjeux d’une alimentation plus équilibrée et plus nutritive sont intégrés, peu à peu. Faratiana a introduit le pain à la patate douce dans son foyer. Et c’est une réussite, explique la jeune mère entourée de ses quatre enfants : « Sans ces cours, je n’aurais jamais cuisiné toutes ces nouvelles choses. Grâce à la "patate orange", on a même diminué notre consommation de riz. »

    Faratiana représente l’espoir dans ces zones maraichères, minées par la malnutrition chronique. Se forcer à modifier son alimentation pour se nourrir mieux et plus équilibré, quand tout est déjà dans son potager : un immense défi, à l’échelle du pays.

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