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  • Amnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge
    Jun 27 2025
    Avec la Birmanie et le Laos, le Cambodge est le centre du monde de l’escroquerie en ligne. Les victimes sont bien sûr les internautes, qui se font arnaquer, mais un nouveau rapport d’Amnesty International documente l’autre face de la médaille : sur 242 pages, l’ONG plonge dans l’enfer de ces centres d’arnaque. Torture, esclavage, travail forcé, autant de violations des droits humains que Amnesty a retracées. Cette enquête, la plus complète à ce jour, a permis de mettre en lumière les cas de 58 victimes. Leurs témoignages donnent un aperçu du cauchemar qu’ils ont vécu et que des dizaines de milliers d’autres vivent encore. Selon une estimation des rapporteurs spéciaux des Nations unies, plus de 100.000 personnes de différentes nationalités étaient victimes de trafic d’être humains en 2022 au Cambodge. Dix-mois d’enquête ont été nécessaires pour ce rapport d’Amnesty International intitulé « J’ai été la propriété de quelqu’un ». Être la propriété d’une bande criminelle, c’est exactement ce qui est arrivé à une jeune Thaïlandaise de 18 ans, qui cherchait sur les réseaux sociaux un travail pour ses vacances scolaires. Des recruteurs lui envoient alors de belles photos d’un hôtel avec piscine, accompagnée de la promesse d’un bon salaire pour un job administratif en Thaïlande. Une promesse qui tourne au cauchemar, car elle sera emmenée de nuit au Cambodge. Cette victime de traite des êtres humains y passera dix mois, séquestrée par des hommes armés et forcée d’escroquer des internautes dans le monde entier. « Leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique » Lorsqu’elle tente de s’échapper, elle est violemment battue. Voici ce que la jeune femme a déclaré aux enquêteurs d’Amnesty International : « Il y avait quatre hommes, trois d’entre eux m’ont maintenue par terre pendant que leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique. Ils m’ont dit que si je n’arrêtais pas de crier, ils continueraient à me frapper jusqu’à ce que j’arrête ». Cinquante des 58 victimes qu’Amnesty a pu interviewer, n’ont pas été payés pour des journées de travail de 12, voire 16 heures. À l’instar de Chao, un Chinois à qui ses geôliers disent qu’il doit travailler pendant au moins deux ans ou bien payer 30.000 dollars pour retrouver la liberté. Bao, un Chinois de 37 ans, qui ose demander de rentrer chez lui, est, lui, torturé avec des décharges électriques et restera attaché à son lit durant 20 jours. Impossible de toute façon de s’échapper : les réseaux criminels qui gèrent ces camps de travail enferment leurs victimes dans d’anciens hôtels ou casinos, derrière de hauts murs surmontés de barbelés, avec des caméras de télésurveillance. « Le dépeçage du cochon » Le travail de ces « d’arnaqueurs en ligne » consiste à contacter des personnes sur Facebook, Instagram ou TikTok pour entamer une conversation, en promettant une histoire d’amour, un bon investissement ou encore des produits, qui ne seront jamais livrés. Le but : extirper de l’argent à leur proie. Dans le jargon de ces bandes, cela s’appelle « le dépeçage de cochon ». À lire aussiLe Cambodge sur le bout de la langue avec Jean-Baptiste Phou Qui tire les ficelles dans ces centres d’escroquerie qui brassent des milliards d’euros ? Ce sont des réseaux criminels tentaculaires, selon Amnesty, qui prolifèrent au Cambodge depuis que la Chine y a massivement investi. « Des Chinois ou des intérêts chinois se trouvent derrière la quasi-totalité sinon tous ces centres que nous avons identifiés, dit Montse Ferrer, directrice régionale Asie de la recherche pour Amnesty International et l’une des auteures du rapport, la corruption et la collusion sont systémiques entre les dirigeants de ces centres et la police. Qu’est-ce que le Cambodge fait contre cela ou ne fait plutôt pas ? La réponse des autorités a été totalement inadaptée, prouvant un consentement face à ces violations des droits humains, ce qui nous fait dire qu’elles sont complices. » Amnesty estime que le Cambodge a tout à fait la capacité de mettre fin à cette industrie de l’escroquerie, mais que le gouvernement a choisi de fermer délibérément les yeux.
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  • Aux Philippines, l’IA s’immisce dans la crise politique
    Jun 26 2025

    La vice-présidente Philippine Sara Duterte fait face à une procédure de destitution. Elle est accusée de corruption, de détournement de fonds et d’avoir participé à un projet d'assassinat présumé de son ancien allié, l’actuel président Ferdinand Marcos Jr. Et alors que l’affaire fait rage dans le pays, deux vidéos, des micro-trottoirs, publiées sur les réseaux sociaux, ont alimenté le débat. Deux visions opposées de l’affaire Duterte s’y affrontent. Ils s’agissaient en fait de fausses interviews réalisées par l’intelligence artificielle. Explications.

    Les vidéos ont été partagées par un compte Facebook, peu de temps après le refus du Sénat de se prononcer sur la destitution de Sara Duterte, remettant en cause la constitutionnalité de la procédure. Dans une rue bondée, un journaliste y interroge des passants sur l’affaire. Dans l’une des vidéos, des écoliers en uniforme soutiennent la vice-présidente. L’un d’eux affirme que l’affaire de destitution est motivée par des considérations politiques. L’autre que les élus en faveur de la destitution devraient balayer devant leur porte avant de s’en prendre à Sara Duterte. Il assure qu’en se concentrant seulement sur la vice-présidente, la justice est sélective. Soit mot pour mot, le discours du camp Duterte. Sur l’autre vidéo, qui reflète l’opinion du camp opposé, on voit une vieille dame vendant du poisson dans la rue. Elle reproche au Sénat de ne pas avoir procédé à la destitution de la vice-présidente.

    Des vidéos virales

    Ces vidéos ont fait des millions de vues. Celle des deux écoliers a même été partagée des dizaines de milliers de fois. C’est à s’y méprendre. Les images sont propres et si l’on ne s’attarde pas sur certains détails, tout porte à croire que ce sont de véritables interviews de rue comme on en voit souvent sur TikTok. Mais plusieurs choses clochent. D'abord, le logo VEO qui apparaît en filigrane en bas à droite de la vidéo. Et VEO, c’est le générateur de vidéos alimenté par l’intelligence artificielle de Google. D’autres détails permettent de comprendre qu’il s’agit de vidéo artificielle. Les inscriptions sur les polos des deux écoliers sont incompréhensibles, tout comme les écritures sur les devantures des magasins à l'arrière-plan.

    Un retentissement national

    La vidéo des deux écoliers a été reprise jusque dans le camp Duterte. Le sénateur Ronald Bato Dela Rosa a partagé la publication à son million de followers. Son commentaire : « Les jeunes comprennent ce qui se passe actuellement ! » Confronté à la fausseté de ces images, il ne s'est pas excusé : « Si c'est de l'IA, le créateur a raison. Si ce n'est pas de l'IA, alors les enfants qui parlent ont raison », a-t-il déclaré. La vice-présidente Sara Duterte aussi a réagi. Pour elle, il n'y a aucun problème à partager une vidéo d'intelligence artificielle pour la soutenir, “tant qu'il ne s'agit pas de se faire de l'argent avec.” La secrétaire philippine du Bureau des communications présidentielles a déploré un épisode qui allait éroder la confiance avec la population, d’autant plus quand la désinformation et les fausses nouvelles proviennent des élus eux-mêmes. Le créateur des deux vidéos, un Philippin de 34 ans, a indiqué que ses personnages créés par l'IA permettent d'exprimer des opinions sans s'exposer aux critiques d’internet.

    Une tendance inquiétante en politique

    Certaines entreprises d'IA comme OpenAI se sont déjà engagées à empêcher les utilisateurs de créer des deepfakes de personnes réelles, y compris de candidats politiques. Mais il existe une zone grise, celle de la génération de personnages anonymes comme c’est le cas dans cette affaire aux Philippines. Ce n’est pas la première fois que l’intelligence artificielle est mise au service de la désinformation politique. En 2024 aux États-Unis, un opposant à Joe Biden avait fait fuiter un faux enregistrement d’appel dans lequel l’ancien président américain décourageait ses partisans de voter aux primaires américaines.

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  • Conflit frontalier Thaïlande-Cambodge : la Première ministre thaïlandaise sur un siège éjectable
    Jun 25 2025

    En Thaïlande, le gouvernement de Paetongtarn Shinawatra est mis à rude épreuve après le départ, il y a une semaine, du principal partenaire de la coalition au pouvoir. La fuite d’une conversation privée où la Première ministre s’en prend à l’armée a plongé le royaume dans une énième crise politique, sur fond de conflit frontalier avec le Cambodge qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le parti qui a quitté la coalition au pouvoir vient d'annoncer ce matin qu'il allait déposer une motion de censure à l'encontre de la Première ministre. Éclairages

    Avec notre correspondant à Bangkok,

    Les accrochages militaires, fin mai, à la frontière entre les deux royaumes ont fragilisé Paetongtarn Shinawatra, accusée par les franges nationalistes de ne pas réagir assez fermement pour défendre le territoire thaïlandais.

    Et un scandale, la semaine passée, n’a fait qu’aggraver son cas : dans une conversation enregistrée à son insu avec Hun Sen, l’ex-Premier ministre du Cambodge toujours très influent, la jeune dirigeante de 38 ans critique la toute-puissante armée et, aux yeux de ses détracteurs, courbe un peu trop l’échine dans un contexte de différend territorial.

    D’autant que les dynasties Shinawatra, en Thaïlande, et Hun, au Cambodge, sont connues pour entretenir des relations étroites.

    Éteindre le feu

    Après avoir présenté ses excuses face caméra, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra s’est rendue le week-end dernier près de la frontière cambodgienne où se sont déroulés les heurts, dans la province d’Ubon Ratchathani. Objectif : véhiculer une image de cohésion avec l’armée. Sur place, elle a aussi rencontré le général qu’elle avait qualifié « d’opposant » lors de l’entretien controversé qui a fuité, assurant qu’il n’y avait plus aucun problème entre eux.

    À lire aussiThaïlande: fortune et dynastie politique des Shinawatra

    Parallèlement, le gouvernement Shinawatra tente de recoller les morceaux en adoptant une position plus ferme à l’égard du Cambodge, alors que les deux pays sont à couteaux tirés et ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter tout voyage non essentiel. L’armée thaïlandaise a drastiquement restreint les passages de l’autre côté de la frontière.

    Garde le pouvoir

    Bien que dans la tourmente, la Première ministre a fait savoir qu’elle souhaitait rester à la tête du gouvernement. Malgré les appels à la démission ou à la dissolution du Parlement des conservateurs royalistes comme des progressistes, Paetongtarn Shinawatra entend rester au pouvoir. Mais jusqu’à quand le pourra-t-elle ?

    En raison du départ de son principal partenaire de coalition après le scandale, la dirigeante ne dispose désormais que d’une courte majorité à l’Assemblée pour gouverner. Et de nombreux défis l’attendent. Samedi, une manifestation anti-gouvernementale organisée par les royalistes est prévue à Bangkok. Des sénateurs ont déjà engagé une procédure judiciaire afin de la destituer.

    Pour rappel, son prédécesseur Srettha Thavisin fut évincé l’an passé pour bien moins que cela.

    Enfin, le spectre d’un coup militaire, certes peu probable pour le moment, est néanmoins une option qu’il ne faut jamais écarter en Thaïlande, pays qui a connu plus d’une dizaine de putschs réussis depuis 1932. La jeune héritière Shinawatra ne le sait sans doute que trop bien : son père Thaksin, puis sa tante Yingluck, ont tous deux été renversés par l’armée.

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  • Détroit d’Ormuz: accès crucial pour les importations de pétrole de la Chine
    Jun 24 2025

    Le détroit d’Ormuz est de nouveau sous haute tension. Après les frappes américaines sur des sites nucléaires en Iran, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a appelé Pékin à intervenir : selon Washington, la Chine devrait convaincre Téhéran de ne pas fermer ce couloir stratégique. Et pour cause : le détroit d’Ormuz est un point névralgique pour les approvisionnements énergétiques de la Chine. Éclairages.

    Avec notre correspondante à Pékin,

    C’est un passage clé pour les importations de pétrole dont la Chine dépend massivement. La Chine est le plus grand importateur mondial de pétrole et près de la moitié de ce pétrole vient du Moyen-Orient, de pays comme l’Arabie saoudite, l’Iran ou l’Irak.

    Or, pour rejoindre la Chine, ce pétrole doit passer par le détroit d’Ormuz : un étroit passage maritime, coincé entre l’Iran et Oman, qui relie le golfe Persique à l’océan Indien. En un mot : ce détroit est petit sur la carte, mais immense par son impact sur l’économie chinoise.

    Détroit bloqué ?

    La Chine subirait un choc énergétique majeur. D’abord, une interruption immédiate des livraisons de pétrole en provenance du Golfe. Ensuite, une hausse mondiale des prix du pétrole, qui ferait grimper les coûts pour l’industrie, les transports, l’électricité… avec un effet domino sur toute l’économie.

    Cela pourrait entraîner un ralentissement industriel, une baisse des exportations et un risque de hausse de l’inflation. Pékin devrait puiser dans ses réserves stratégiques, mais celles-ci ne permettent de tenir que quelques semaines ou mois.

    À lire aussiGuerre Israël-Iran: pourquoi bloquer le détroit d’Ormuz serait une décision très risquée pour Téhéran

    Enfin, ce scénario mettrait en lumière la vulnérabilité structurelle de la Chine, qui dépend de routes maritimes qu’elle ne contrôle pas. D’où l’intérêt pour Pékin d’accélérer ses projets de routes alternatives, notamment via le Pakistan, la Russie ou l’Asie centrale.

    Réactions internes

    D’un point de vue économique, une telle crise ferait grimper le prix du carburant, de l’électricité, des transports et pourrait peser sur le pouvoir d’achat, dans un contexte déjà fragile.

    Le gouvernement chinois réagirait sans doute très vite, avec des subventions ciblées, des prix encadrés et l’activation de ses réserves stratégiques. Mais ce genre de choc pourrait aussi alimenter une prise de conscience plus large : celle de la dépendance énergétique.

    Pékin en profiterait pour renforcer son discours d’autosuffisance : plus de renouvelables, plus de nucléaire, plus de projets « Made in China ».

    Enfin, sur le plan politique, l’État chercherait à éviter toute panique : contrôle de l’information, appel au calme, et sans doute un récit très nationaliste autour de la résilience chinoise face aux pressions extérieures.

    Répercussions géopolitiques

    Un blocus du détroit d’Ormuz forcerait la Chine à repenser sa stratégie globale. On verrait un rapprochement encore plus fort avec l’Iran et la Russie, qui fournissent du pétrole sans passer par Ormuz, et qui sont hors du giron occidental.

    La Chine chercherait aussi à renforcer sa présence navale, notamment dans l’océan Indien, pour protéger ses routes commerciales. Parallèlement, la Chine chercherait à accélérer la construction de routes commerciales alternatives, comme le corridor Chine-Pakistan, afin de contourner Ormuz.

    La Chine pourrait adopter une posture plus active sur le plan diplomatique : tenter de jouer les médiateurs au Moyen-Orient, afficher une image de puissance stabilisatrice.

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    Si les États-Unis ou leurs alliés s’impliquent davantage militairement dans la région, les tensions sino-américaines risquent de se durcir, Pékin dénonçant alors la domination occidentale sur la sécurité maritime mondiale.

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  • Affaire de drogue en Malaisie: le calvaire sans fin de Tom Félix, après presque deux ans de détention
    Jun 20 2025
    Accusé de possession de drogue en Malaisie, le jeune français de 34 ans Tom Felix devait être jugé cette semaine. Mais son procès a été suspendu au quatrième jour, ce jeudi 19 juin. Sa famille est très inquiète pour sa santé. Son cas rappelle celui d’autres ressortissants français détenus en Asie, où la législation est particulièrement stricte. Sur l’une des rares photos, on voit Tom Félix au premier jour de son procès devant la Haute cour criminelle de Alor Setar (nord-ouest), flanqué de deux policiers, le regard perdu. En tongs, le crâne rasé, cet ancien jeune cadre de Véolia Malaisie semble éprouvé, après presque deux ans de détention. Il dort à même le sol et partage sa cellule infestée de moustiques avec une vingtaine d’hommes. « Les prisonniers sont enfermés dans leur cellule 23 sur 24 heures, avec très peu de communication avec l’extérieur, affirme Marie-Lina Perez, responsable Asie et Afrique auprès de l’association « Ensemble contre la peine de mort », tout est en langue malaisienne, ce qui est très dur en particulier pour les étrangers. Les rations de nourriture sont très limitées, l’hygiène aussi ». À lire aussiLes parents d'un Français détenu en Malaisie, reçus par Emmanuel Macron, «espèrent» un changement « Il n’y a aucune preuve contre Tom » Tom Félix était sur le point d’ouvrir un restaurant sur l’île de Langkawi, lorsqu’il a été arrêté le 9 août 2023. Dans la maison, où il était hébergé par son associé malaisien, la police a trouvé plusieurs centaines de grammes de cannabis dans les parties communes. Mais il a toujours nié être le propriétaire de la drogue. Ces jours d’audience « ont confirmé ce que nous disions depuis le début : il n’y a aucune preuve contre Tom », a réagi son avocat François Zimeray, ancien ambassadeur pour les droits de l’homme, dans un message transmis à l’AFP, « il est temps que cesse le calvaire de Tom et que son innocence soit enfin reconnue ». Le procès de Tom Félix ne reprendra qu’en septembre prochain. Deux nouveaux jours d’audience sont prévus le 17 septembre et le 5 octobre. Son calvaire continuera donc sans le moindre jugement. Ses parents se disent « dévastés ». Tom Félix, décrit comme un garçon sans histoire dont le casier judiciaire était vierge, attendra la reprise de son procès en prison. Ensuite, il faudra compter encore au moins trois mois pour que la cour prononce son verdict. En Malaisie, comme à Singapour, en Indonésie ou en Chine, la possession et le trafic de drogue sont passibles de la peine de mort, si les quantités dépassent un certain seuil. « Jusqu’en 2023, la peine de mort était obligatoire dans les affaires liées à la drogue, explique Marie-Lina Perez, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Donc, le juge a retrouvé son pouvoir discrétionnaire en la matière, et nous espérons qu’il en fera bon usage. Si Tom Félix est toutefois reconnu coupable, il pourra être condamné à entre 30 et 40 ans de réclusion et au maximum à 24 coups de canne, ce qui est déjà énorme ». Ce qui n’est pas rassurant, même si on sait qu’aucune exécution n’a eu lieu en Malaisie depuis 2018. À lire aussiTrafic de drogue: la sévérité extrême mais inefficace de l'Asie du Sud-Est Plusieurs ressortissants français dans des prisons en Asie Le cas de Tom Felix n’est pas sans rappeler d’autres affaires liées aux stupéfiants en Asie. Un cas qui a fait beaucoup de bruit est celui de Serge Atlaoui, condamné à la peine capitale en 2007 en Indonésie, après avoir été arrêté dans une usine clandestine de fabrication d’ecstasy. Grâce à de multiples interventions de la France, ce sexagénaire originaire de Metz, père de quatre enfants, a finalement pu être transféré dans une prison française en février dernier. En revanche, au moins un autre Français purge encore sa peine en Indonésie. Félix Dorfin, originaire de Béthune, avait été arrêté en septembre 2018 à l’aéroport de Lombok, une île touristique proche de Bali, avec plusieurs kilos d’héroïne, d’ecstasy et d’amphétamines cachés dans une valise à double fond. Selon son avocat, Félix Dorfin ignorait transporter de la drogue. Agé de 35 ans à l’époque, il avait été condamné à mort, mais la Haute cour de Lombok a ramené à 19 ans de réclusion en 2019. À lire aussiCondamné à mort en Indonésie, Serge Atlaoui de retour en France et incarcéré « L’application de la peine de mort est teintée d’opacité » Difficile de suivre et de défendre ces ressortissants français pour l’association « Ensemble contre la peine de mort », comme le regrette Marie-Lina Perez : « De façon générale, l’application de la peine de mort est teintée d’opacité. Il est très difficile d’obtenir des données transparentes, en particulier en Asie, où pour certains états cela relève du secret d’...
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  • Guerre civile en Birmanie: le trafic illégal de teck accélère la déforestation
    Jun 19 2025

    La Une en Asie vous emmène aujourd’hui en Birmanie, pays qui abrite les dernières forêts de teck naturel au monde. Le trafic illégal de ce bois précieux, très prisé par l’industrie nautique notamment, explose depuis la guerre civile et accélère la déforestation.

    Plusieurs enquêtes ont démontré que le phénomène s’était amplifié depuis le putsch militaire en 2021 qui a plongé le pays dans la guerre civile. La dernière enquête menée par un journal birman, Frontier Myanmar, dans la région centrale de Bago Yoma, a mis au jour un développement effréné de trafic de teck, aussi bien par la junte militaire que les groupes rebelles, dont les insurgés de la Force de défense du peuple (PDF).

    Un commerce juteux

    Les journalistes qui ont enquêté dans cette région montagneuse et très boisée ont constaté un mouvement incessant de camions chargés de ce bois précieux. Les villageois ont raconté qu’ils se livraient aussi à ce commerce juteux pour arrondir leurs fins de mois, en transportant le teck à bord de charrettes tirées par des bœufs vers les points de collectes. Les troncs sont ensuite acheminés vers Rangoun ou Mawlamyine, capitale de l’État Mon, et troisième plus grande ville du pays, où la marchandise est récupérée par les trafiquants pour être transportée ensuite vers les marchés internationaux.

    Embargo contourné

    L’exportation du teck est pourtant soumise à des sanctions européennes et américaines depuis le coup d’État, l’embargo ayant pour objectif de restreindre les financements à la junte qui détient le monopole sur de nombreux secteurs dont l’industrie du bois et qui s’appuie sur l’exploitation des ressources naturelles.

    Or, dans la pratique, l’embargo est allègrement contourné. L’entreprise d’État, la Myanma Timber Entreprise, contrôlée par la junte, continue chaque mois de vendre du teck aux enchères, une manière de s’approvisionner en devises. Les monnaies acceptées sont l’euro, le dollar, le yuan chinois et le baht thaïlandais. La dernière enchère remonte au 4 juin où l’entreprise proposait à la vente 351 tonnes de teck. Le commerce continue.

    Si l’importation est interdite dans l’Union européenne et les États-Unis, les sanctions sont bafouées de différentes manières. Les commerçants et les divers intermédiaires exportent le teck vers des pays tiers, la Malaisie, l’Indonésie, l’Inde et l’exporte sous un faux certificat de provenance vers l’Occident.

    Environnement menacé

    Ce commerce qui nourrit toutes les parties en conflit a des effets dévastateurs sur l’environnement.

    C’était déjà le cas dans le passé, avant que le gouvernement démocratique dirigé par Aung San Suu Kyi n’impose en 2016 un moratoire sur l’exploitation forestière. La suspension dans la partie centrale arrive à échéance l’an prochain. Malgré ce moratoire, les factions se livrent plus que jamais à un juteux pillage des ressources, l’abattage illégal bat son plein et personne dans un pays en guerre n’a la capacité d’endiguer ces activités, qui rapportent beaucoup et permettent aux parties en conflit de se procurer de la nourriture, des armes, des munitions et d’autres fournitures. À titre d’exemple, un camion transportant cinq tonnes de teck doit débourser un peu moins de 400 euros par trajet. L’argent est payé comptant aux checkpoints contrôlés par les rebelles ou la junte. Un seul tronc peut se vendre - en fonction de sa qualité - entre 340 et 2400 euros.

    La situation est donc hors de contrôle et tout le monde en profite. Le grand perdant c’est bien sûr l’environnement. On estime que la Birmanie a perdu en 20 ans, 20% de sa couverture forestière, augmentant les risques d’inondations et de perte de sa biodiversité.

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  • Iran : la Chine fait de la diplomatie d’équilibre
    Jun 18 2025

    Alors que les tensions entre Israël et l’Iran s’aggravent, la Chine sort de sa réserve habituelle. Pékin dénonce les frappes israéliennes, soutient Téhéran et propose sa médiation. Une prise de position qui reflète à la fois ses alliances stratégiques et ses ambitions diplomatiques dans la région. Décryptage

    Avec notre correspondante à Beijing, Clea Broadhurst

    La Chine a immédiatement réagi en condamnant fermement les frappes israéliennes sur le territoire iranien. Elle parle de violation grave de la souveraineté nationale de l’Iran et d’une menace pour la stabilité régionale.

    Pékin a appelé à la retenue et à une désescalade rapide, tout en réaffirmant son attachement au respect du droit international et à l’intégrité territoriale des États. C’est un message clair adressé à Israël, mais aussi à la communauté internationale.

    Pékin affirme que l’Iran n’est pas responsable de cette escalade et défend le droit de Téhéran à assurer sa propre sécurité. Cette posture s’inscrit dans une relation bilatérale renforcée ces dernières années : la Chine est l’un des principaux partenaires économiques et énergétiques de l’Iran.

    À lire aussiÀ la Une: comment la Chine s'est-elle préparée au grand choc commercial avec les États-Unis?

    Les deux pays partagent une opposition commune aux sanctions occidentales et aux interventions militaires unilatérales. Le soutien de Pékin à l’Iran est donc à la fois idéologique, économique et stratégique.

    Pékin comme médiateur

    Le ministre chinois des Affaires étrangères a pris contact avec ses homologues iranien et israélien. Pékin se positionne comme un acteur neutre et crédible, capable de faciliter le dialogue.

    Cette posture s’inscrit dans sa stratégie diplomatique plus large : proposer une alternative au modèle occidental de résolution des conflits, avec des principes comme le respect mutuel, la non-ingérence et le développement partagé.

    La Chine cherche à capitaliser sur son image de pacificateur, comme elle l’avait fait dans le rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite en 2023.

    Même si la critique envers Israël est explicite, Pékin évite d’aller trop loin. Elle ne parle pas de sanctions, ni de rupture des relations. La Chine continue d’entretenir des liens économiques et technologiques avec Israël, tout en maintenant un ton mesuré pour ne pas braquer Washington.

    Diplomatie d’équilibre

    C’est une forme de diplomatie d’équilibre : afficher ses alliances régionales sans compromettre ses intérêts globaux.

    Pékin veut renforcer son statut de puissance responsable, capable d’influencer les grandes crises internationales. Cette stratégie vise à montrer que la Chine peut jouer un rôle central dans la sécurité mondiale, et pas seulement dans le commerce ou la technologie.

    En se posant en médiateur entre Téhéran et Tel-Aviv, Pékin cherche aussi à étendre son influence au Moyen-Orient, une région clé pour ses approvisionnements énergétiques et sa stratégie d’expansion géopolitique face aux États-Unis.

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  • Nouvelle-Zélande: des centaines de personnes manifestent en soutien avec la bande de Gaza
    Jun 17 2025

    Ce week-end, les néozélandais ont rejoint la marche mondiale vers Gaza visant à symboliquement « briser le blocus Israélien ». Les manifestants d’une dizaine de villes de Nouvelle-Zélande se sont donc coordonnés pour défiler en même temps et ainsi donner plus de poids à leurs revendications.

    De notre correspondante à Auckland en Nouvelle-Zélande, Garboud-Lorenzoni Emma

    À Auckland, ils étaient quelque 500 manifestants à s’être réunis pour demander un cessez-le-feu à Gaza et la fin du blocus israélien. Les images des atrocités subies par les gazaouis circulant sur les réseaux sociaux ont incité beaucoup de néozélandais à rejoindre la marche.

    À lire aussiLa marche de solidarité pour Gaza: «C'était incroyable le soutien que nous avons eu» en Tunisie

    D’ailleurs, l’un des organisateurs est Palestinien et confie qu’avant le 7-Octobre, il avait du mal à mobiliser les foules. Selon lui, depuis cette date et l’intensification des bombardements israéliens dans la bande de Gaza, de nombreux néozélandais se mobilisent.

    Et c’est une réaction qui s’inscrit dans un mouvement mondial puisque des milliers de militants venus d’une cinquantaine de pays différents se sont réunis pour réellement marcher vers Gaza. Si aujourd’hui cette marche a été avortée, car bloquée en Égypte, les militants néozélandais espéraient leur apporter du soutien.

    Peser sur la politique nationale

    Avec cette mobilisation, les participants espèrent aussi peser sur leur gouvernement pour qu’ils prennent des sanctions plus fermes contre Israël parce qu’ils savent que les décisions politiques des États membres de l’ONU peuvent peser dans l’issue du conflit.

    Les manifestants ont donc aussi interpellé leurs députés, les appelant à reconnaître l’État de Palestine au même titre que l’État d’Israël.

    Dans le cortège, Ricardo Menendez représentait le parti des Verts. Il en a profité pour rappeler que son groupe est à l’initiative d’un projet de loi imposant des sanctions économiques à Israël. Le texte est aussi soutenu par le parti Travailliste ainsi que par le parti Maori. Il ne manquerait plus que six voix pour qu’il entre en vigueur.

    Dans ce pays composé de plusieurs communautés différentes comme les Maoris par exemple, une telle coalition politique illustre vraiment l'intérêt pour la situation à Gaza ? Bien sûr, et ça se ressent dans le cortège. Il y avait beaucoup de drapeaux maoris et certains discours ont été prononcés dans leur langue. Nombre d’entre eux m’ont expliqué que ça faisait écho à leur propre histoire, notamment la colonisation de leur terre par les Britanniques. Leur présence serait un signe de solidarité entre peuples opprimés.

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    Malgré tout, les Maoris semblent divisés sur la question. Un mouvement chrétien de la communauté a fait le buzz sur les réseaux sociaux en effectuant un haka en soutien au gouvernement israélien. Alors si d’autres vidéos montrent des hakas en soutien aux Palestiniens, ce qui se passe sur internet illustre de réelles oppositions.

    Avant le départ de la marche, les organisateurs ont fait de la prévention en rappelant qu’il était important de ne pas répondre en cas d’invectives extérieures car leur mouvement est pacifique.

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